samedi 26 décembre 2009

UNE REFORME DU LYCEE POUR MOINS DE SERVICE PUBLIC D'EDUCATION

Manifestations, blocages d'établissements, distributions de tracts..., le projet gouvernemental de réforme du lycée fait l'objet d'une contestation grandissante de la part des élèves et des enseignants. Pour faire le point sur ce projet porté par Luc Chatel, ministre de l'Education nationale, Liberté 62 s'est entretenu avec Romain Gény, professeur de Sciences Economiques et Sociales (SES) au lycée Pablo Picasso d'Avion, responsable local du SNES.

Liberté 62 : «Actuellement, Luc Chatel, le ministre de l'Education nationale se dépense beaucoup dans les médias pour faire la promotion de son projet de réforme des lycées, réforme qui, si on s'en réfère à son discours, devrait satisfaire les élèves, leur parents et les enseignants. Pourquoi n'est-ce pas le cas ?»

Romain Gény : «Oui, si on la rapporte à la communication du ministre, effectivement, cette réforme du lycée est sensée assurer un meilleur accompagnement de l'élève. Elle est sensée proposer une meilleure orientation et donner plus de souplesse grâce à l'autonomie des établissements. En fait, il n'en est rien, et, à l'examen, c'est même tout le contraire.
Dans son contenu cette réforme porte des changements de structure et des changements d'organisation. En ce qui concerne les changements de structure, la première modification est celle qui concerne les classes de seconde générale. Dès la rentrée prochaine, si la réforme passe, très concrètement, c'est une diminution des horaires des élèves d'environ deux heures qui est programmée. Sachant que lorsqu'on enlève une heure aux élèves au niveau national, on supprime 900 postes et qu'il y a 16 000 postes à supprimer à la rentrée prochaine selon le gouvernement, on voit à quoi sert tout d'abord cette mesure.
Dans la réforme, il y a aussi la suppression de l'aide individualisée pour toutes les classes de seconde. L'aide individualisée, ce sont deux heures d'enseignement données en tout petit groupe : des groupes de huit élèves maximum en Français et en Maths notamment. C'est un dispositif qui existe depuis une petite dizaine d'années maintenant. Ce point est un argument de poids à opposer au ministre qui affirme qu'avec sa réforme, le travail de lycée sera plus personnalisé et mieux accompagné. En fait, c'est l'inverse qu'il fait : supprimer un dispositif qui permet d'avoir des élèves en tout petit groupe.
Autre point de la réforme : la disparition des horaires dits de dédoublement c'est-à-dire de la possibilité de diviser la classe en travaillant en demi-groupe pour travailler en module ou en TP. Cela se fait beaucoup en Sciences Physiques et en SVT (Sciences de la Vie et de la Terre ndlr) mais aussi en Histoire, en Français et en SES. Toutes ces heures qui permettent d'avoir la classe par moitié et de travailler de manière plus individualisée avec les élèves, éh bien, elles n'apparaissent plus dans les grilles horaires des élèves ! Il n'y a plus que des horaires en classe complète. En compensation, le projet de réforme prévoit de nous donner officiellement dix heures qui ne sont affectées à aucune discipline. De cette manière, dans chaque établissement, les profs seront mis en concurrence pour récupérer ces heures de dédoublement dans leurs disciplines respectives. Parce que, évidemment, si vous ne récupérez pas d'heures, à terme, votre poste est menacé. Cela nous ramène à une gestion des ressources humaines fondées sur la concurrence entre les salariés et cela veut dire aussi que, d'un lycée à l'autre, les horaires ne seront plus les mêmes pour une discipline donnée. Un élève pourra se retrouver dans un lycée avec zéro heures dédoublées en Maths alors que s'il était allé dans un autre lycée, il aurait eu trois heures dédoublées en Maths par exemple. Pratiquement, c'est la fin de l'égalité des élèves face à l'éducation.»

Liberté 62 : «Mais la création d'un accompagnement personnalisé proposé avec le projet de réforme de Luc Chatel n'est-il pas un progrès ?»

Romain Gény : «Oui, c'est la dernière grande dernière nouveauté ! Le problème, c'est que c'est vraiment de l'affichage mensonger de la part du ministre. D'un côté, on supprime l'aide individualisée, de l'autre, on crée de l'accompagnement personnalisé. Apparemment c'est équivalent contre équivalent : l'accompagnement personnalisé, c'est deux heures et l'aide individualisée, deux heures : cela a l'air de se compenser. Sauf que l'accompagnement personnalisé tel qu'il est prévu s'effectuera en classe complète c'est-à-dire que les élèves seront «accompagnés de façon personnalisée» à 35 par classe. Les parents commencent à se rendre compte de la supercherie. Si ces heures peuvent être dédoublées, théoriquement, et pourraient être données, en demi classe, ce que prévoit la réforme c'est que si on veut les dédoubler, il faudra prendre ces heures sur les dix heures de dédoublement déjà offertes : ce sera, pratiquement, moins de dédoublement pour les disciplines et encore plus de pénurie à gérer.»
Liberté 62 : «L'année dernière, la réforme de Xavier Darcos sur le lycée avait été repoussée suite à la mobilisation des lycéens et des enseignants. Qu'est-ce qui distingue la réforme du lycée de l'année dernière et celle d'aujourd'hui ?»
Romain Gény : «Avec la mobilisation de l'année dernière, nous avons mis en échec le gouvernement sur un certain nombre de choses notamment sur tout ce qui concerne l'organisation qu'on appelait modulaire et semestrielle de l'année scolaire. Le but de Xavier Darcos était de faire un lycée avec des modules, à la carte, organisé sur plusieurs semestres : c'était un lycée complètement éclaté et sans séries. Ces «propositions», officiellement, sont absentes de la réforme actuelle. Cela dit, dans certaines disciplines, apparaissent dans les grilles de seconde des horaires qui ne sont plus hebdomadaires mais annuels. Au fond, le gouvernement na pas complètement lâché sur ce point. Ce qui ne change pas, c'est que la réforme portée par Luc Chatel est tout sauf pédagogique. Elle n'est pas du tout pensée pour améliorer la réussite des élèves et notamment en direction des élèves des classes populaires. Elle n'est pas du tout pensée en termes de formation du citoyen. Pour le comprendre encore mieux, il faut se pencher sur ce qu'elle contient en terme de réforme de l'organisation des enseignements.
À peu près toutes les disciplines perdent des heures mais certaines plus que d'autres. Le débat sur l'Histoire-Géo montre quelque chose de particulier mais cela est vrai aussi pour les SES, la SVT ou les Sciences Physiques. Comment former mieux le citoyen ? En le formant moins ? Encore une fois, cette réforme n'a pas du tout été été pensée pour contruire un lycée plus intelligent ou plus efficace mais pour supprimer des postes. Dans le détail, si on prend la seconde, les disciplines qui souffrent le plus ce sont désormais ce qu'on appelle les enseignements d'exploration qui actuellement s'appellent les disciplines d'orientation. De trois heures par semaine, avec la réforme, elles passent à une heure et demie. Leur horaire est divisé par deux. Les enseignements concernés sont en particulier les enseignements technologiques, industriels et tertiaires, bref, toutes ces disciplines qui ont fait pour beaucoup dans la démocratisation du lycée. Pour les SES, c'est pareil : on passe de trois heures à une heure et demie. Si on regarde le cycle première et terminale, les SES perdent deux heures en première et une heure et demi en terminale. En série S, une diminution des enseignements scientifiques est programmée : il y aura moins de Maths, moins de Sciences Physiques et moins de SVT. En première L, il n'y aura plus de Maths du tout. Les langues vivantes sont particulièrement massacrées aussi par la réforme de Luc Chatel . La particularité des langues vivantes, c'est que tous les horaires de langue, LV1 comme LV2, seront globalisés. Toutes les terminales auront quatre heures de langue et chaque établissement établira la répartition horaire entre LV1 et LV2 à sa convenance. Encore une inégalité entre les établissement. Pour les série L, ce sera une heure de moins pour les langues vivantes par rapport à la situation actuelle. Avec la suppression de l'Histoire-Géo en terminale et son introduction en première dans le cadre d'un tronc commun à toutes les séries l'idée, encore une fois, est de supprimer des postes et de diminuer l'offre éducative publique.»

Liberté 62 : «Avec cette réforme, n'est-ce pas le bac, sa qualité et sa généralité, qui est visée ?»

Romain Gény : «Officiellement, non. Mais à partir du moment où tous les élèves n'ont pas le même horaire d'un lycée à l'autre, comment maintenir le bac si tous n'ont pas eu le même contenu d'enseignement en fonction de sa scolarité ? Cette menace sur le bac n'est pas à exprimée explicitement mais pèse particulièrement sur les filières technologiques et techniques. Il y a quelque chose qui se développe depuis pas mal d'années, c'est le contrôle en cours de formation. Ce n'est pas en soi une mauvaise chose mais le développement d'un contrôle par les profs pendant l'année cela veut dire que la note obtenue au bac et émise pour partie par le prof fait sortir le bac de l'anonymat et de la garantie d'une validité universelle. Avec un tel contrôle purement local, le bac tend à devenir un bac «maison», un bac à géométrie variable selon les réputations des établissements. Effectivement, avec des horaires qui changent d'un établissement à l'autre, derrière la réforme de Luc Chatel, une grave menace pèse sur le bac et l'égalité des élèves devant l'éducation.»

Propos recueillis par Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°892

http://www.liberte62.com/article-liberte-62-n-892-41560192.html

POURQUOI TANT D'ADN


Elisabeth Darras, membre de la Confédération paysanne, refuse d'être fichée pour avoir participé à une action syndicale. Après les récentes convocations, par le TGI de Douai, d'Antoine Jean et de Bernard Coquelle, militants de la Confédération paysanne, c'était au tour d'Elisabeth Darras, ce mardi 8 décembre, d'avoir à se présenter devant la justice pour avoir refusé un prélèvement de son ADN.

La capitale départementale du Pas-de-Calais a été l'occasion, mardi dernier, d'une scène analogue à celles qui se sont déroulées à Douai, il y a deux semaines pour Bernard Coquelle et plus d'un mois pour Antoine Jean. Devant le tribunal : une trentaine de personnes venues témoigner de leur solidarité auprès d'une table dressée non loin du Tribunal de Grande Instance par les membres de la Confédération paysanne et, après l'audience, diverses interventions sur fond d'attente. Maître Riglaire, défenseur d'Elisabeth Darras, a exposé un des termes possible à l'issue de l'audience du tribunal : «une amende pouvant aller jusque 600 euros avec une partie de sursis qui a été demandée par la procureur».

«Rien n'est fini aujourd'hui»

«Je ne m'attends pas à une relaxe a-t-il souligné mais, peut-être, à une condamnation symbolique à un euro avec sursis. Le souci, c'est que rien n'est fini aujourd'hui, parce que, si la justice s'acharne, elle peut renvoyer la même brigade territoriale pour demander un nouveau prélèvement et reconvoquer Élisabeth Darras. Pour moi, le plus gros enjeu, ce n'est pas seulement le délibéré d'aujourd'hui, c'est de voir ce que la justice va faire.»

«J'ai refusé»

«Pourquoi est-ce que je refuse de donner mon ADN a expliqué Elisabeth Darras, agricultrice à Ficheux et membre de la Confédération paysanne ? Parce que, tout d'abord, je ne veux pas être fichée et que je ne me considère ni comme une délinquante, ni comme une criminelle. Si on m'a demandé mon ADN, c'est parce que, il y a cinq ans, en 2004, j'ai participé à une action syndicale chez Nestlé a Cuincy pour défendre les producteurs de lait. A l'issue de cette manifestation, nous avons été mis en garde à vue. Ensuite, nous sommes passés devant le tribunal et nous avons été condamné. A partir du moment où vous êtes condamnés, on peut vous demander de donner votre ADN : c'est ce qui s'est passé pour moi et j'ai refusé.»

Un «acharnement judiciaire» engagé pour «casser le mouvement syndical et le mouvement social»

Dénonçant un «acharnement judiciaire» engagé pour «casser le mouvement syndical et le mouvement social» , «dégoûter les militants par la peur», Elisabeth Darras, a souligné la nécessité de «se battre et de se mobiliser sans avoir à être inquiété pour ses actions syndicales.»

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°891 p.8

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LES PERES NOELS VERTS DU SECOURS POPULAIRE POUR DES FETES DE FIN D'ANNEE ENCORE PLUS SOLIDAIRES


Si le Père Noël rouge attendu pour les fêtes suscite quelquefois l'inquiétude d'enfants peu sûrs d'avoir été assez sages au cours de l'année écoulée, les Pères Noël verts du Secours Populaire Français, toujours en avance, apporte toujours une joie sans mélange aux enfants qu'il comble des cadeaux qu'il transporte dans sa hotte solidaire. Le fait, évidemment, grâce à ses bénévoles, à ses donateurs, à ses parrains et marraines ainsi qu'à ses partenaires.

Parmi ces derniers cette année, Ferrero France, la Fédération Française de Basket-ball au niveau national comme au niveau du département avec, notamment, Julie Bertin et Juliana Nialoundama, basketteuses du club de basket féminin d'Arras-Pays d’Artois, «Marraines de Coeur» cette année, des Pères Noël Verts du Secours Populaire Français du Pas-de-Calais.

Le basket au coeur

«Dix clubs de basket se sont associés dans le département cette année à la campagne des Pères Noël verts a expliqué Christian Lampin, membre du Bureau national du Secours populaire et directeur général de la fédération du SPF du Pas-de-Calais : «Le club d'Arras-Pays d’Artois de basket féminin, le club Calais Amicale Cuvier , l'Ambleteuse Basket club, le basket club féminin de Oye-plage, le Longnesse basket club, le club de basket de Carvin, de Loison, de Ardres, le basket club de Les Attaques et le club de basket Loossois.»

De nombreuses initiatives solidaires dans tout le département


A l’occasion de cette opération «Basket en famille» qui aura lieu entre le 16 et le 24 décembre, les parents des jeunes licenciés seront invités à un moment convivial et festif au sein des clubs cités pendant que leurs partenaires organiseront une collecte au profit du SPF. A côté de ces initiatives, de nombreuses autres seront prises un peu partout dans le département pour soutenir la campagne des Pères Noël verts et apporter un peu de chaleur, de réconfort et de dignité aux victimes de la pauvreté et de la précarité. La Foire au manège de Lens organisée cette année le 22 décembre constituera l'un des moments forts de cette campagne solidaire.



Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°891 p.15

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CUBA, DANS LES FLANDRES


Plus de cinquante personnes ont participé a l'assemblée générale de l'association France-Cuba Lille Métropole, ce dimanche 6 décembre, au restaurant La p'tite Havane en Flandres à Oxelaere près de Cassel. Occasion d'un débat riche et instructif sur la réalité de la plus grande île des Caraïbes, ce rassemblement a été aussi celle d'un moment fraternel et festif.

La présence de représentants de l'ambassade de Cuba en France ainsi que de militants associatifs impliqués et investis a beaucoup fait pour la réussite de cette initiative et la profondeur du débat auquel celle-ci a donné lieu. Dans l'après-midi, l'intervention de Salim Lamrani, enseignant chargé de cours, journaliste spécialiste des relations entre Cuba et les États-Unis et auteur de Cuba, ce que les médias ne vous diront jamais a permis l'engagement d'un échange de vues pertinentes et informées ainsi que le dégagement, au surlendemain d'une manifestation Arrageoise en faveur des «5 de Miami» ayant rassemblé plus de 70 personnes, de pistes d'interventions concrètes pour mettre en oeuvre, en France, une solidarité active à l'égard de Cuba.

Mettre en oeuvre, en France, une solidarité active à l'égard de Cuba

Conformément au titre de son ouvrage, Salim Lamrani s'est attaché, au cours de son intervention, a souligner le caractère la plupart du temps fallacieux du discours médiatique dominant sur Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais sur Cuba, c'est aussi ce qu'ils vous disent presque toujours : une rhapsodie de lieux communs penchant du côté de la caricature voire de la calomnie. Salim Lamrani démontre ce fait avec force dans son livre, vade-mecum obligé pour tous ceux qui entendent faire valoir la vérité au sujet du crocodile rouge de la Caraïbe et de tous ceux qui veulent l'apercevoir sans ornières sur la base d'une réflexion critique approfondie et de documents incontournables.

Jérôme Skalski

Salim Lamrani, avec un prologue de Nelson Mandela, Cuba, ce que les médias ne vous diront jamais, aux éditions Estrella, Paris, 2009. 18 €

Publié dans Liberté 62 n°891 p.15

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LA MARCHE CONTRE LA PRECARITE S'EST ARRETEE AU POLE EMPLOI


Lancée un peu partout en France le vendredi 20 novembre à l'appel de la CGT, de AC, de l'APEIS, et du MNCP, la marche contre les précarités, le chômage et les licenciements s'est engagée dans le Pas-de-Calais. Les marcheurs mobilisés convergeront pour une manifestation nationale le samedi 5 décembre à 14 heures, place Stalingrad, à Paris. A Arras, mercredi 25 novembre, les marcheurs se sont rendus au siège de Pôle emploi ainsi qu'à la mairie. Les communistes de l'Arrageois étaient présents à leurs côtés pour soutenir leurs revendications. Parmi celles-ci : la suppression du 39 49 à Pôle emploi, le rétablissement de l'accueil, la cessation des radiations et du suivi mensuel imposé, l'information des chômeurs concernant leurs droits, une législation sociale qui garantisse des emplois convenables et soit fondée sur la continuité des droits, un revenu décent, avec ou sans emploi, pour toutes et tous, ainsi que l'augmentation des minima sociaux, des allocations et du SMIC.

R.C/J.S.

Publié dans Liberté 62 n°890 p 15

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FICHAGE ADN LES ACTIONS SYNDICALES NE SONT PAS DES DELITS


Mardi dernier, après la convocation, au début du mois de novembre, d'Antoine Jean, porte-parole de la Confédération paysanne du Nord-Pas-de-Calais par le TGI de Douai et avant celle d'Elisabeth Darras, le 8 décembre prochain, par le TGI d'Arras, c'était au tour de Bernard Coquelle, militant de la Confédération paysanne, d'être convoqué par la justice pour avoir refusé un prélèvement de son ADN.

Noël 200 : une cinquantaine de militants de la Confédération paysanne du Nord-Pas-de-Calais mènent une action syndicale symbolique à l’encontre de Nestlé dénonçant, d’une part, une politique de baisse des prix du lait et, d’autre part, les profits engagés sur le dos des producteurs et des consommateurs. Quelques cartons de produits laitiers sont prélevés à l’usine de Cuincy près de Douai et redistribués dans les quartiers populaires de Lille. Cette action visait aussi à dénoncer la politique de libéralisation européenne entraînant les producteurs de lait dans une politique de baisse continue des prix, le résultat de cette politique étant une concentration des moyens de productions et la destruction des petites et moyennes structures agricoles.

Un fichage ADN assimilants des militants syndicaux à des criminels ou à des terroristes


Sanctionnés une première fois par la justice, il a été exigé à six de ces paysans un prélèvement ADN en vue d'un fichage définitif les assimilants à des criminels ou à des terroristes. Ce que la plupart d'entre eux a refusé.

Acharnement

Mardi dernier, après la convocation, au début du mois de novembre, d'Antoine Jean, porte-parole de la Confédération Paysanne du Nord-Pas-de-Calais par le TGI de Douai et avant celle d'Elisabeth Darras, le 8 décembre prochain, par le TGI d'Arras, c'était au tour de Bernard Coquelle d'être convoqué par la justice pour avoir refusé un prélèvement de son ADN. Condamné à 1 euro d’amende en première instance à la fin de l'année 2008, c'était, dans son cas, devant la Cour d’appel qu'il devait se présenter ce jour-là. Après examen, la décision de la Cour d'appel sera rendue le 12 janvier prochain.
A l'occasion de la comparution de Bernard Coquelle devant le TGI de Douai, une trentaine de personnes représentant divers syndicats, partis et associations s'étaient rassemblés non loin du siège du tribunal pour marquer leur solidarité envers les militants de la Confédération paysanne ayant participé à l'action de Cuincy et manifester leur refus de voir des actions syndicales assimilées par la loi à des délits de droit commun.

Jérôme Skalski

publié dans Liberté 62 n°890 p 15

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AU CAFE PETER PAN D'ARRAS "CUBA SI"


C'est au Peter Pan, café situé sur la place Victor Hugo d'Arras, qu'ont été reçus, vendredi 27 novembre en soirée, Orlando Requeijo Gual, nouvel ambassadeur de Cuba en France et Leyde Ernesto Rodriguez Hernandez, son premier conseiller.

Occasion de témoigner de leur solidarité à l'égard du rouge crocodile vert de la Caraïbe pour près de trente personnes dont des membres de France-Cuba Pas-de-Calais, de France-Cuba Lille métropole, de l'UL-CGT d'Arras ainsi que de la section PCF de l'Arrageois, cette réception fut aussi celle d'un débat fouillé sur l'actualité de Cuba et d'une l'Amérique latine qui refuse de se plier au dictact du néocolonialisme étasunien qui, malgré les espoirs entrevus avec l'accession à la présidence des E.U.A. par Barack Obama, ne cesse d'entendre peser – le récent cas du Honduras en témoigne de manière éclatante actuellement - sur les mouvements d'émancipation des peuples sud-américains.

Une Amérique latine qui refuse de se plier au dictact du néocolonialisme étasunien

Ainsi que l'a rappelé Orlando Requeijo Gual, l'action solidaire à l'égard de Cuba, malgré le peu de retentissement dont elle fait l'objet de la part des médias dominants en France du fait d'une censure explicite relayant idéologiquement le blocus dont Cuba fait l'objet depuis cinquante ans maintenant, est d'une importance extrême pour soutenir l'alternative politique et la perspective révolutionnaire représentée par Cuba socialiste. Une anecdote tout à fait significative à cet égard fut rapportée ce soir là par le nouvel ambassadeur de Cuba en France.

Anecdote significative

«En 1994, a expliqué Orlando Requeijo Gual, Felipe González alors president – social-démocrate ndlr - de L'Espagne avait envoyé son ministre des finances à Cuba pour nous fournir la recette idéale à appliquer à Cuba. En trois mots : vendre le pays, dénationaliser, privatiser... En 2007, alors que j'étais à Madrid pour une conférence internationale, Felipe González, invité a cette conférence, a pris le micro et a commencé à exposer une condamnation extrêmement forte du néolibéralisme qui, selon ses propres mots avait créé des problèmes irréversibles pour l'économie mondiale, avec ses privatisations sauvages, ses dénationalisations etc. Je me suis demandé ce qu'il avait pris pour le petit déjeuner ce jour-là ! C'était incroyable ! À la fin, je me suis approché de lui et lui ai demandé : - «Monsieur le Président, je vous félicite pour votre discours. Puis-je en avoir une copie écrite ? -«Pourquoi ?» m'a-t-il demandé. - «Pour l'envoyer à Fidel Castro.... parce que c'est exactement le contraire de ce que vous nous avez recommandé il y a quatorze ans !». Il m'a souris, m'a prié de passer son bonjour à Fidel et a tourné les talons. Quelques jours plus tard nous avons reçu la copie de son discours à Cuba. Je l'ai montré à Fidel, à Raul et à nos économistes : apparemment nous avions «récupéré» Felipe González ! Une leçon d'histoire !»

Une leçon d'histoire et de résistance


Une leçon d'histoire en effet et de résistance aussi pour souligner l'enjeu de la lutte de Cuba pour défendre, en toute indépendance, la voie sur laquelle l'île Caraïbe est engagée pour construire le socialisme et, en France pour en faire connaître la réalité. Une leçon aussi pour la rejoindre pratiquement, avec les autres peuples sud-américains, en Bolivie et au Venezuela notamment, dans cet effort.


Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°890

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CONFERENCE DE PRESSE A TROIS VOIX SUR L'HOPITAL DE BAPAUME

Au lendemain d'un Conseil d'Administration (CA) de rentrée du Centre Hospitalier de Bapaume (CHB) placé sous le signe de la «crise» suite à la mise en exergue d'un déficit chronique de l'établissement public de 1,5 millions d'euros par un audit commandé par Jean-Paul Delevoye, maire de Bapaume et président du CA du CHB, Michel Carré, secrétaire de la CGT du CHB, Denis Gaillet, président de l'association Pour Bapaume ainsi qu'Ahmed Berami, médecin chef de pôle et president de la Commission Médicale d'Etablissement (CME) du CHB, ont interpelé la population bapalmoise au cours d'une conférence de presse qui les a réunis dans une salle de l'hôpital.

Sur le mur de cette salle dans laquelle Michel Carré, Denis Gaillet, et Ahmed Berami s'exprimaient ensemble devant la presse, l'image prometteuse du récent projet de développement de hôpital de Bapaume, image formant un contraste saisissant avec les sombres perspectives projetées aujourd'hui sur son avenir par sa direction et ses tutelles.

Le personnel vit très mal ce qui se passe

«Autant on avait, récemment encore, des projets ambitieux pour le CHB, autant, actuellement, le personnel vit très mal ce qui se passe avec des menaces qui se sont accumulées du jour au lendemain» a souligné Michel Carré, délégué CGT du personnel du CHB, au cours de son intervention. «Pendant le CA qui vient de se dérouler, nous n'avons rien appris de plus que ce que nous savions déjà» a précisé le syndicaliste. «Pour la CGT, a-t-il continué , le déficit mis en avant pour l'hôpital de Bapaume reste une excuse pour arriver à quelque chose d'autre». «Quelques pistes ont été évoquées pour faire des économies avec, par exemple, l'abandon de la vidéosurveillance, le transfert de la maintenance informatique et la résiliations d'abonnements de journaux. En tout, 300 000 euros d'économies. De quelque manière que les choses tournent, pour nous, une chose reste une priorité pour la CGT : ces 300 000 euros d'économies doive servir à conserver de l'humain et à préserver l'emplois au CHB» a insisté Michel Carré.

Une forte inquiétude de la part de la population


Intervenant pour sa part en tant que président de l'association Pour Bapaume, Denis Gaillet, a tout d'abord évoqué le succès rencontré par la pétition lancée par son association pour sauver le CHB, pétition ayant recueilli près 400 signatures en quelques jours. «Il y a une forte inquiétude de la part de la population quant à la disparition éventuelle de certains services de l'hôpital» a-t-il souligné. «Pour nous, si l'hôpital de Bapaume disparaît, en partie ou en totalité, c'est une catastrophe en terme d'attractivité pour la ville entière, ses habitants et son territoire» a-t-il continué.

Le Nord-Pas-de-Calais, «une des régions les plus sinistrées de France au niveau médical»


Rappelant certains chiffres concernant la santé dans la région Nord-Pas-de-Calais, «une des régions les plus sinistrées de France au niveau médical», Denis Gaillet a ensuite insisté sur l'incompréhension engendré par les menaces pesant sur l'hôpital de Bapaume , un hôpital reconnu pour la qualité de son accueil par ses usagers. «Avant de penser à des plans de retour à l'équilibre, il faut penser aux besoins de la population sur le territoire» a-t-il poursuivi : «Le maintien de l'hôpital et des services de proximité est pour nous un symbole fort. C'est une question d'égalité d'accès aux soins pour tous et de défense du milieu rural.» «Il y a deux tiers des hôpitaux qui son endéficit a-t-il conclu. La raison principale de ce fait, c'est l'asphyxie des hôpitaux publics. Il y a une volonté de la part des pouvoirs publics pour, tout doucement, les privatiser et instaurer une santé à deux vitesses.»

Un point de vue médical

Une analyse tempérée par Ahmed Berami, médecin chef de pôle et president de la CME du CHB qui entendait ne fonder son jugement que sur les faits positivement établis. «Moi, je parlerais en prenant la question d'un point de vue médical» a-t-il déclaré : «Avant de proposer un traitement, il faut établir un diagnostic. Nous ne voulons pas entrer dans la polémique des chiffres mais, jusqu'à présent, nous n'avons pas une analyse fine de la situation financière de l'hôpital. Cette analyse fine, nous l'attendons tous.»
Décrivant les services du CHB, «un hôpital de proximité qui remplit totalement sa fonction d'hôpital de proximité» avec un service d'accueil de jour et de nuit assurant une présence médicale 24 heures sur 24 sécurisant l'établissement sur le plan sanitaire et quatre grandes filières : une filière gériatrique pour des «patients âgés qui ont beaucoup de difficultés à domicile et qui sont contents d'avoir un service de médecine qui peut les accueillir dans des conditions de prise en charge de qualité avec une grande humanité ainsi qu'un personnel vraiment très dévoué à sa mission», une filière de soins palliatifs avec dix lits identifiés et une équipe mobile reconnue pour faire «du bon boulot», une filière en adictologie et enfin une filière de médecine générale, Ahmed Berami a souligné : «Nous avons un hôpital ouvert son environnement et vraiment bien ancrée dans le territoire. Comme dans de nombreux hôpitaux publics, nous travaillons souvent à flux tendus mais ce qui est indéniable, c'est qu'il y a un travail de qualité auprès des patients qui a été reconnus par les experts de la haute autorité de soins et un bel outil que nous devons le préserver dans cette ville.»

Expectative


«Est-ce qu'il y a des services qui sont menacés ?» s'est-il interrogé : «Nous ne le savons pas encore. Nous ne le savons pas parce qu'à la sortie du CA, nous, ce que nous avons compris, c'est qu'il n'y avait encore aucune décision de prise». Interrogé concernant le déficit, le president de la CME du CHB a précisé et insisté : «Dans le détail, si je prends les 26 lits de médecine que nous avons au CHB, ces 26 lits sont excédentaires. Il y a des consultations externes programmées qui coûteraient, je parle au conditionnel, 700 000 euros. Sur ce point, nous avons besoin de faire une analyse financière fine pour essayer de comprendre. C'est la première étape avant de proposer quoi que ce soit.» Sortant du plan de l'analyse pour renter dans celui de la conjecture, Ahmed Berami a conclu : «D'après les bruits qui courrent, les consultations externes risquent d'être supprimées. Nous, nous sommes très étonnés de cela parce que c'est un service qui rend d'énormes services et s'avère être un service de proximité très intéressant et très important pour les gens. Pour ce que nous savons de l'origine du déficit, lorsqu'on a installé le service de psychiatrie qui a ouvert en 2004, celui-ci n'avait de dotation que pour six mois. Nous nous sommes donc retrouvé avec un déficit chronique de 500 millions d'euros tous les ans qui s'est ajouté à celui engendré par d'autres sous-dotations.»
Sur cet aspect de la question, le représentant CGT du personnel du CHB a été plus précis rappellant, chiffres à l'appui, les analyses faites par son syndicat sur la base de comptes rendus officiels des CA et des Comités Techniques d'Etablissement du CHB depuis cinq ans. Il a été plus incisif aussi insistant sur le fait que les services logistiques de l'hôpital de Bapaume étaient d'ores et déjà en voie d'externalisation. La défense de l'emploi étant en premier lieu, a insisté Michel Carré, le point de focalisation de la mobilisation CGT du CHB.

Jérôme Skalski


Dans le cadre de la Commission de l'Organisation de la Permanence des Soins (COPS) du CHB, le président de la CME du CHB vient de donner son accord pour abandonner les gardes de nuit et les transformer en astreintes volontaires. Départ, pour l'instant non compensés, de certains médecins, restriction de l'amplitude horaire des accueils non programmés à compter du 1er décembre... Deux événements qui, menaçant le coeur de l'activité médicale du CHB, semblent signer, en catimini, la mise à mort de l'hôpital de Bapaume.

Publié dans Liberté 62 n°890 p.8

http://www.liberte62.com/article-liberte-62-n-890-40810395.html

dimanche 29 novembre 2009

"L'OUBLI POURRAIT PERMETTRE A LA BETE IMMONDE D'ETRE TOUJOURS FECONDE"


Pour le vingt-cinquième anniversaire du jumelage de la capitale départementale du Pas-de-Calais et de Herten, une délégation de la VVN-BdA (Verein der Verfolgten des Nazi-Regims - Bund der Antifaschisten) a rendu hommage aux Résistants de la citadelle d'Arras.

Membres de la délégation allemande venue de Herten pour participer aux cérémonies organisées pour le vingt-cinquième anniversaire du jumelage de la capitale départementale du Pas-de-Calais et de la ville du nord de la Rhénanie-Westphalie, Peter Heinrich, Karl Heinz Sobolewski, Hans Heinrich Holland, Gerd Lange et Martin Schwirske de l'Association des Victimes du Régime Nazi - Union des Antifascistes (VVN-BdA) ont rendu hommage, dans les fossés de la citadelle d'Arras, samedi après-midi, aux 218 Résistants assassinés entre le mois d'août 1941 et le mois de juillet 1944. Ils étaient accompagnés par les représentants de la section PCF de l'arrageois et par ceux de l'ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance) du Pas-de-Calais.

«La construction d'un monde nouveau de paix et de liberté, c'est notre but»

L'événement fut l'occasion pour ces derniers de rappeler le devoir de mémoire qui s'impose à tous ceux qui travaillent à la paix en Europe car, selon les mots de Bertolt Brecht rappelés par Bernard Belgeulle (ANACR) au cours de son intervention, «l'oubli pourrait permettre à la bête immonde d'être toujours féconde».
Peter Heinrich, vétéran de la VVN-BdA, a souligné pour sa part le message de son association aux jeunes générations : «La destrution du nazisme et du fascisme avec ses racines, c'est notre solution; la construction d'un monde nouveau de paix et de liberté, c'est notre but.»

Oeillets rouges

En signe de solidarité entre les travailleurs des régions minières du Pas-de-Calais et du nord de la Rhénanie-Westphalie, la délégation de la VVN-BdA de Herten a tenu à fleurir d'oeillets rouges, de manière symbolique, la stelle de plusieurs Résistants mineurs de fond. Le lendemain, la délégation de la VVN-BdA de Herten a participé à la cérémonie d'hommage organisée officiellement en mémoire des victimes de la guerre et du nazisme devant le monument aux morts d'Arras.

Jérôme Skalski

REFORME D ELA TAXE PROFESSIONNELLE ET DES COLLECTIVITES - POUR LES ELUS COMMUNISTES DU CONSEIL GENERAL DU PAS-DE-CALAIS "RIEN N'EST ENCORE JOUE"

Vote de la DM2 (ajustement technique des recettes et des dépenses avant la clôture du budget 2010), examen du projet de taxation du transport routier initié par l'Etat (écotaxe), examen de différents rapports - accueil des enfants par des assistantes maternelles, mise en oeuvre de l'opération «manger autrement», protection du patrimoine dans le Pas-de-Calais, plan de développement de la lecture publique- ainsi que diverses interventions des élus du département sur des questions d'actualité étaient au programme de la dernière scéance pleinière du Conseil général qui s'est déroulée ce lundi 23 novembre.

Intervenant au nom du groupe des élus communistes au Conseil général du Pas-de-Calais, Dominique Watrin a insisté sur le fait que concernant les réformes gouvernementales des collectivités territoriales et de la taxe professionnelle voulues par Sarkozy «rien n'est encore joué»

«Rien n'est encore joué»

«D'ici juin 2010, a-t-il souligné, ce sont quatre ou cinq paquets de lois qui devront être soumises au Parlement. Toutes les actions que nous pourrons engager compteront. Nous devons donc redoubler d'efforts pour expliquer à la population l'entreprise de mise à mort des collectivités locales qui est la raison d'être de cette soi-disant réforme. Nous devons multiplier les initiatives pour éclairer nos concitoyens sur les vraies motivations qui animent l'Élysée et Matignon : recentralisation, réduction des politiques publiques, transfert massif de l'impôt-entreprise, vers l'impôt-ménage, hold-up électoral...»

Recentralisation, réduction des politiques publiques, transfert massif de l'impôt-entreprise vers l'impôt-ménage et hold-up électoral

Il a résumé l'esprit de ces réformes : avec la réforme de la taxe professionnelle, la suppression des moyens d'action des départements et, avec la réforme des collectivités, la suppression de ses compétences légales, «première étape vers la disparition des départements et du remodelage en profondeur de l'organisation territoriale au service du capital». «Le but, a précisé Dominique Watrin, n'est pas en effet de satisfaire les besoins ou les demandes des habitants malgré l'habillage populiste qui en est fait lorsque le pouvoir dit qu'il aurait trop d'échelons et d'élus locaux. Non ! Le but est de mettre en concurrence les différents territoires entre eux et de livrer au privé des services qui étaient assurés jusqu'alors par les collectivités publiques locales.» «Ce qui est en jeu, a-t-il indiqué, c'est notre système républicain, notre démocratie qui a la particularité de s'appuyer sur les 36 000 communes de notre pays, sur un réseau d'élus de proximité inégalé en Europe, une richesse démocratique pour les citoyens. M. Sarkozy et tous ceux qui l'ont appuyé dans sa démarche ou le laissent faire sans rien dire ont aussi pour but de casser l'autonomie communale, de réduire les pouvoirs des communes et de transférer les pouvoirs réels à des super intercommunalités, voire à des métropoles qui absorberaient les compétences des communes et même des départements.»

Inclure dans l'impôt des entreprises la taxation à 0,5 % de leurs actifs financiers, une mesure qui permettrait de drainer 24 milliards d'euros vers les collectivités locales

Après avoir démontré l'inanité des arguments gouvernementaux en faveur de ses réformes, Dominique Watrin a fait valoir une propositione concrètee avancée par les élus communistes pour faire de la taxe professionnelle un impôt «plus juste et plus efficace» : «Nous proposons d'inclure dans l'impôt des entreprises la taxation à 0,5 % de leurs actifs financiers. Cette mesure, si elle était mise en application, permettrait de drainer 24 milliards d'euros vers les collectivités locales soit près de 400 € par habitant. Cette réforme, une vraie réforme celle-là, permettrait également de mettre en place dans le même temps une véritable politique de redistribution des richesses en faveur des territoires les plus pauvres en alimentant un vrai fonds national de péréquation.»
A l'initiative du groupe communiste au Conseil général, trois motions ont été déposées. Sur le forfait hospitalier tout d'abord – exigeant la clarté sur les comptes de la sécurité sociale, de vraies mesures pour assurer ses recettes et mettre un terme à son asphyxie organisée, le retour à l'équilibre des comptes sociaux par une taxe sur les actifs financiers, les stock-options, les parachutes dorés ainsi que par la mise à contribution des bénéfices mirobolants de l'industrie pharmaceutique. Une motion contre la taxation des indemnités des accidents du travail ensuite et, enfin, sur l'identité nationale, un thème «qui ne peut que raviver la haine et plonger la France dans ses heures les plus noires de Vichy» et qui, insistent les élus communistes du Conseil général, détourne des réformes nécessaires à mettre en oeuvre «en faveur du bien-être social, éducatif, culturel et économique» qui doit être «la priorité pour toutes les personnes, les familles, les enfants, les jeunes qui vivent dans notre pays.»

Jérôme Skalski

MONTEE DES MENACES SUR LE SERVICE PUBLIC D'EPS

Parmi les disciplines scolaires, l'Education Physique et Sportive (EPS) fait partie des plus affectées par la politique gouvernementale de désengagement de l'Etat touchant l'Education nationale. Responsables du Syndicat National de l'Education Physique de la Fédération Syndicale Unitaire (SNEP-FSU), Marc Boulogne, secrétaire académique du Nord et Manuel Cabrera, secrétaire départemental du Pas-de-Calais font le point avec Liberté 62 sur la situation de l'EPS en France et dans la région.

Premier aspect abordé par les syndicalistes du SNEP-FSU, les suppressions des postes. «Sur l'ensemble de la fonction publique, il y a un départ sur deux en retraite qui n'est pas remplacé, taux de non-remplacement qui se retrouve pour la plupart des disciplines scolaires. En EPS ce sont deux départs sur trois qui ne sont pas remplacés» explique Marc Boulogne.

En EPS, deux départs en retraite sur trois ne sont pas remplacés


Dans le contexte d'une politique d'intensification des suppressions de postes dans l'Education nationale – 16 000 postes en moins en 2010, 13 500 supprimés en 2009, 11 200 en 2008, 8 700 en 2007 etc.- , l'EPS se trouve particulièrement visée par le gouvernement. En 6 ans, ce sont 6 000 postes de professeurs d’EPS qui ont été rayé de la carte au niveau national avec un recrutement au concours se faisant au compte-gouttes. Depuis quatre ans, le nombre des CAPES d'EPS est bloqué chaque année à environ 400 embauches pour, en moyenne, 1 300 départs en retraite. Conséquence de ces suppressions de postes -cours supprimés, encadrement insuffisant, services partagés...- la discipline s'enfonce dans le rouge.

Une situation particulièrement critique pour les remplaçants titulaires


La situation est particulièrement critique pour les remplaçants titulaires (TZR) en EPS. Sur les 3 000 suppressions de TZR dans l’Education nationale, 550 concernent l’EPS cette année soit 20 % de l’ensemble, alors que les professeurs d'EPS ne représentent que 10 % de l’effectif global des enseignants. Première conséquence, les remplaçants ne représentent plus aujourd’hui que 4 à 5 % % des effectifs d’enseignants d’EPS alors que ce chiffre devrait tourner autour de 10 % estiment le syndicalistes. Dans certains départements plus un seul remplaçant titulaire n’est disponible. Deuxième conséquence, le développement de la précarisation avec des chefs d’établissements qui se tournent vers des vacataires. Troisième conséquence, des conditions de travail qui se dégradent jusqu'à la limite du supportable. «Dans la région, beaucoup de TZR se retrouvent sur deux établissements avec des emplois du temps qui se chevauchent presque et impliquent des déplacements dans l'urgence avec tous les dangers, l'impossibilité de s'intégrer dans les équipes pédagogiqiues et le stress que cela entraîne» souligne Manuel Cabrera. «De véritables situations de crise sont vécue par les collègues TZR explique pour sa part Marc Boulogne, situations de crise qui tournent quelque fois en situations de désespérance pour des collègues qui ont le le sentiment d'être des profs Kleenex.»

Un tableau alarmant

Cette dégradation programmée de l'enseignement sportif par la voie du recrutement n'affecte pas seulement les conditions de travail des enseignants d'EPS mais le contenu de la discipline elle-même. Si le phénomène est général dans l'Education nationale, il produit des effets démultipliés pour l'EPS du fait de ses particularités pédagogiques. «Dans l'EPS, explique Marc Boulogne, le lieu dans lequel on fait cours est souvent éloigné. La perte de temps est importante du fait du déplacement des élèves, du passage en vestiaire ou encore de la mise en oeuvre des matériels. Pour une séance de deux heures en lycée, c'est moins d'une heure trente de pratique réelle et, à l'intérieur de cette durée, si on se retouve en sureffectif d'élèves, le temps de cette pratique réelle tend vers zéro.» «C'est une aberration politique par rapport aux déclarations officielles qui fixent à 30 ou 40 minutes de pratique sportive par jour pour les jeunes en terme d'objectif de santé soit au-delà de trois heures par semaine, chiffres qui sont loin d'être la réalité en France» souligne de son côté Manuel Cabrera. A titre de comparaison, les syndicalistes du SNEP-FSU rappellent que si les emplois du temps comprennent actuellement deux heures d'EPS en lycée et LEP, trois heures de la cinquième à la troisième et quatre heures en sixième, elles étaient de cinq heures dans les années 70. Pour les équipements sportifs de l'Education nationale, même tableau alarmant. Dans les stades, les salles de sport et les piscines, les conséquences du désengagement massif de l’Etat à l'égard de l'EPS se font cruellement sentir. Accidents, suppressions de cours, problèmes de sécurité se multiplient.


Menaces sur le sport scolaire

Autre fait souligné par les syndicalistes régionaux du SNEP-FSU, le processus de récupération des heures consacrées par les enseignants d'EPS à l'association sportive de l'établissement et le transfert de l'activité de ces associations vers un dispositif d'accompagnement éducatif à encadrement précaire ou moins qualifié. «Dans nos statuts, en tant qu'enseignant d'EPS, explique Manuel Cabrera, nous avons dix-sept heures de cours dans les classes ordinaires et trois heures consacrées à l'animation de l'association UNSS (Union nationale du sport scolaire) de l'établissement. C'est une particularité qui est une richesse pour l'enseignement sportif public, un dispositif unique en Europe qui permet aux élèves de se perfectionner dans les activités sportives pour un prix peu élevé. Or, dans ce domaine aussi, l'État retire ses billes dans le cadre des réductions de moyens. Cela fait déjà un certain temps que l'UNSS est menacé. Par exemple, depuis quatre ou cinq ans, l'État n'a pas réévalué les subventions consacrées à l'UNSS. Autre exemple, sous De Robien (ministre de l'Education nationale de 2005 à 2007 ndlr), la tentative de supprimer le caractère obligatoire de l'animation de l'association sportive pour les enseignants avait été engagée mais, du fait de la mobilisation des collègues, sans succès. Le but pour le gouvernement, c'est, d'une part, de récupérer ces trois heures pour chaque enseignant d'EPS et les transformer en postes et, d'autre part, de faire prendre en charge les heures d'UNSS par un accompagnement éducatif sportif sous-encadré, précarisé et moins qualifié.»
«Le sport scolaire c'est une oeuvre est un service public souligne Marc Boulogne. Dans le département du Pas-de-Calais, il y a plus de 20 000 licenciés à l'UNSS, plus de 60 000 pour l'académie et près d'un million pour la France. Des chiffres impressionnants. Pour nous, le changement de statut des cadres implique un changement d'orientation de la structure avec des risques, notamment, de concurrence entre l'enseignement de l'EPS et le sport à l'école en général. Ce qui est visé aussi c'est le statut de notre discipline et de notre métier, la transformation du sport scolaire en accompagnement scolaire sportif correspondant au fait de transformer le sport à l'école en une animation plutôt que de lui laisser sa place parmi les disciplines scolaires à proprement parler.»
A l'horizon du processus, soulignent les syndicalistes du SNEP-FSU, l'externalisation des activités attachées à l'éducation physique et sportive en vue de leur marchandisation : un processus de privatisation rampant du service public d'éducation dont l'EPS constitue un champ d'expérimentation et de test.

Jérôme Skalski

DEGAGER L'AGRICULTURE DU GROET DU CAPITALISME


C'est en présence de Marie Grauëtte, sorcière croque-mitaine des campagnes de l'Artois, du Ternois et du Hainaut que s'est déroulé, samedi dernier, au café «Tartous et Compagnie» de Monchy-Breton, un débat organisé par les Amis du journal la Terre sur les «dossiers chauds de l'agriculture».


Gerard Le Puill, auteur de Planète alimentaire, l'agriculture française face au chaos mondial en était l'invité principal. Daniel Dewalle, maire PCF de Houdain et membre de la commission agriculture, pêche et développement durable au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Mickaël Poillion, secrétaire général adjoint du syndicat des Jeunes Agriculteurs, François Théry, porte-parole de la Confédération paysanne du Pas-de-Calais ainsi qu'Hervé Poly, premier secrétaire de la fédération du PCF du Pas-de-Calais sont intervenus tour à tour à la suite d'un exposé de Gerard Le Puill. Un débat s'est noué entre les intervenants et la salle, débat passionné et passionnant, concentré et sérieux.

Un sujet d'importance

Le sujet abordé, en effet, était d'importance : «nourrir la planète». Gérard Le Puill, l'a souligné avec force et gravité : «Durant ce XXIème siècle, les trois grands enjeux que nous avons devant nous c'est : l'agriculture, l'eau et les matières énergétiques et tout cela dans le cadre du réchauffement climatique.» Agriculture conventionnelle et agriculture bio, relocalisation de la production agricole et promotion du modèle d'une agriculture paysanne, rôle de la grande distribution dans la fixation des prix et des rémunérations agricoles, régulation des prix sur le marché agricole mondial et spéculation, émeutes de la faim et pénuries organisées, rôle de la Région dans la politique agricole locale, bétonage ou préservation du foncier, exode rural et installation des jeunes agriculteurs.. : autant de questions et de thèmes abordés pendant les deux heures d'une rare densité qu'aura duré le débat.

Dossiers chauds

Marie Grauëtte, dans la légende picarde, vient «saquer chés infints brayoux avec sin groët (crochet)" pour les emmener au fond de l'eau et les noyer. Une fois l'an, on peut cependant lever le sortilège en allant «s'mucher» derrière les arbres, la surprendre au bord de l'eau avec rires, chants, musique et déguisements et l'éloigner ainsi des enfants. A Monchy-Breton, village situé entre Saint-Pol-sur-Ternoise et Houdain, au cours de ce débat sur les «dossiers chauds de l'agriculture», près de quarante personnes auront pu s'apercevoir, au fil des analyses, questions et réponses esquissées, dans la réflexion et dans l'échange, qu'assurer l'avenir de la «planète alimentaire» passait par le fait de la dégager du «groët» du capitalisme, prédateur aussi bien de la vie des campagnes que de celle des villes.

Fatalisme et illusionnisme


Dans le conte picard, le «groët» devient, une fois le charme maléfique brisé, une branche de noisetier magique qui prend le pays sous sa protection et transforme «el' méchint' chorchèle» en une fée. Loin de la résignation engendrée par un sentiment de fatalité au service du maintien de l'ordre établi, loin de l'illusionnisme masquant, sous les dehors et les couleurs de l'utopie, l'application de politiques faites de faux-semblants, de reniements et de demi-mesures, dans la vie réelle, seul le fait de s'engager, collectivement, dans la lutte et l'action politiques renverse la tendance. Sur ce terrain, dans le domaine des questions environnementales dans leur articulation aux questions économiques et sociales, les communistes du Pas-de-Calais apportent leur engagement, leur expérience, leur organisation et leurs propositions pour s'y mettre, à Monchy-Breton, c'est comme cela qu'on le dit : «tartous»».

Jérôme Skalski

"IL FAUT FAIRE UN SYMBOLE NATIONAL DE CETTE BATAILLE QUI EST MENEE POUR LE CAS DE L'IUFM DE DOUAI"


La mobilisation contre la réforme gouvernementale de la formation des enseignants qui devrait entrer en vigueur à partir de la rentrée 2010 gagne du terrain dans le département. Point d'accroche récent, la disparition de l'IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres) de Douai.

Lundi, suite à l'annonce par Christian Morzewski, président de l'université d'Artois, de fermer l'IUFM de Douai sous pretexte du caractère vétuste de ses bâtiments, l'émotion de ses personnels et des étudiants était à son comble. Mercredi, l'annonce faite à l'Assemblée nationale par Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, déclarant que "s'agissant du pôle de Douai», «l'engagement du président de l'université d'Artois de maintenir ce pôle» avait été «obtenu» venait troubler les esprits. Afin de protester contre la fermeture de l'IUFM de Douai et demander des éclaircissements sur la situation, un collectif mené par divers élus du Douaisis a organisé vendredi une manifestation de plus de 800 personnes dans les locaux de l'université arrageoise. Une délégation d'élus a assisté et pris la parole au cours du Conseil d'Administration de l'université d'Artois. Bilan satisfaisant pour Jacques Vernier, maire UMP de Douai, un des porte-parole de la délégation, qui a déclaré que celle-ci avait «obtenu que le président de l'université d'Artois revienne sur sa décision de fermer le centre IUFM et qu'il resterait à Douai un potentiel de formation » «On aura un débat sur ce qu'on va continuer à faire à Douai ou ce qu'on y fera en plus» a déclaré publiquement pour sa part le député du Parti de Gauche Marc Dolez au sortir de la délégation. Des annonces et des déclarations qui ne lèvent que très partiellement les incertitudes pesant sur l'avenir de l'IUFM de Douai.

Interrogé par Liberté 62, Freddy Kaczmarek , maire PCF d'Auby ayant pris part à la délégation du collectif douaisien au Conseil d'Administration de l'Université d'Artois explique son point de vue sur la situation.

Liberté 62 : « Comment interpréter les déclarations qui vous ont été faites et les assurances qui vous ont été données par le président de l'université d'Artois ?»

Freddy Kaczmarek : «Je ne partage pas l'enthousiasme de mes collègues élus sur l'évolution de la situation. D'abord, j'ai assisté à un Conseil d'Administration qui, pour ce qui me concerne, m'a sidéré. Quand on entend le président de l'université évoquer la situation en disant qu'il s'inscrit, aujourd'hui, dans un contexte de concurrence libérale entre les universités pour essayer de s'accaparer le marché des étudiants à former pour demain, je suis très inquiet. Je crois que la question de fond qui est posée ce n'est ni celle des locaux, ni celle d'une discussion qui opposerait Douai aux autres villes. La question de fond qui est posée c'est celle de la réforme de M. Sarkozy et de sa conception qu'il a de tout mettre en concurrence. Derrière les questions de formation, chose importante pour les futures générations, il est question d'une politique d'aménagement du territoire et de répartition des compétences. On ne règlera pas cela avec la réforme des masters telle que M. Sarkozy veut l'imposer.»

Liberté 62 : «Quel était l'état d'esprit des représentants des personnels et des étudiants du CA de l'université d'Artois ?»

Freddy Kaczmarek : «Aujourd'hui j'ai entendu des déclarations des représentants des personnels, des organisations syndicales et des étudiants. Ils sont les premiers concernés et tous sont férocement opposés à la réforme de M. Sarkozy. Ils l'ont dit clairement au sein du Conseil d'Administration. J'ai dit au président de l'université que je constatais qu'il était là pour faire le sale boulot, qu'il avait une lourde responsabilité à porter et que j'espérais que le Conseil d'Administration n'entérinerait pas la décision de fermer l'IUFM de Douai. Maintenant, il faut faire un symbole national de cette bataille qui est menée pour le cas de l'IUFM de Douai et mettre sur le tapis la véritable réforme à engager et, enfin, mettre autour de la table tout le monde et toutes les personnes concernées dont les élus locaux pour qu'y ait un débat national sur le sujet. Mais qu'on revienne d'abord sur cette réforme ! Je crois que la première décision à prendre c'est que le président de la République annule cette réforme de refonte de la formation des maîtres qui est la clé du problème.»

Liberté 62 : «Quel avenir pour l'IUFM de Douai ?»

Freddy Kaczmarek
: «Quant le président de l'université dit : «Je maintiens un IUFM ouvert à Douai pour la rentrée 2010», il ne dit pas dans quelles conditions ! Cela peut être pour un petit groupe d'étudiants de dix étudiants logés dans un placard à la fac de droit ! Il faut faire très attention. Je crois qu'il y encore des manipulations qui sont possibles derrière. Il faut être très vigilant. Il faut que les personnels enseignants restent mobilisés sur la question. En tout cas, avec Jean-Jacques Candelier (député PCF du Nord ndlr) qui ne pouvait pas être présent aujourd'hui puisqu'il intervenait sur la question de la défense à l'Assemblée nationale et que je représentais, nous allons essayer, à notre niveau, effectivement, de mobiliser les organisations syndicales et les personnels pour faire en sorte que cette affaire là devienne un symbole et qu'à travers ce symbole M. Sarkozy soit obligé de changer d'avis. C'est la seule solution.»

Jérôme Skalski.

LA FSU REFUSE DE PARTICIPER A L'UNION SACREE MISE EN SCENE AUTOUR DE L'IUFM DE DOUAI

A la veille d'une manifestation organisée sur le campus arrageois à l'initiative d'élus du Douaisis et suite à l'annonce «surprise» de la fermeture de l'IUFM de Douai par le président de l'université d'Artois, les représentants régionaux des syndicats de la FSU (SNES, SNEP, SNES-SUP, SNUipp) ont tenu une conférence de presse le jeudi 5 novembre à la Maison des sociétés d'Arras.

Une conférence de presse nécessaire pour expliquer une position syndicale fondée sur de fortes raisons mais susceptible d'apparaître comme paradoxale ou ambivalente dans un contexte de mobilisation à l'allure d'«union sacrée».

Une position syndicale fondée sur de fortes raisons

«Ce qui nous réunit aujourd'hui a tout d'abord souligné Karine Boulonne du SNES (enseignement secondaire), c'est l'annonce surprise, par le président de l'université d'Artois, de la fermeture du centre de Douai. Aucune instance n'avait été informée, ni le Conseil d'Ecole, ni le Conseil d'Administration, le personnel lui-même ayant été averti par voie de presse, ce qui est un procédé inqualifiable.»

Défendre une véritable formation professionnelle des maîtres


«Alors, pourquoi ne nous sommes nous pas associés à la manifestation organisée vendredi sur le campus Arrageois de l'université d'Artois ?» a-t-elle demandé face à la presse : «Tout d'abord parce que nous n'avons pas été invité à le faire en tant qu'organisation syndicale ce qui est tout à fait curieux au vu d'une situation qui concerne, entre autres, les personnels. D'autre part, les motivations qui sont à l'origine de cette manifestation ne correspondent pas forcément à nos positions. Le maire (UMP de Douai ndlr) défend le maintien de l'IUFM à Douai un peu comme il a défendu récemment le maintien de la garnison. Ce n'est pas la formation des maîtres qui le motive. Nous, nous sommes dans une autre démarche : défendre une véritable formation professionnelle des maîtres. La fermeture du centre IUFM de Douai découle de réformes qui ont été passées en force il y a quelques mois. Ces réformes ont été portées par l'UMP, elles n'ont pas été combattues par le maire de Douai et maintenant qu'elles le concerne, sur le terrain, il lance une manifestation.»

«Certains ont insisté pour que nous fassions cette manifestation»

«Certains ont insisté pour que nous fassions cette manifestation en disant qu'il fallait la faire malgré tout a précisé Jérôme Durésy du SNES-SUP (enseignement supérieur). Or, dans la manifestation prévue, le lien avec la LRU, précisément, n'est pas fait, ce qui, compte tenu de la mobilisation de l'année dernière et notamment à l'université d'Arras, n'était pas acceptable pour nous. Sans avoir été convié à son organisation, nous risquions de nous retrouver pris au piège d'une banderole et de slogans purement locaux.» Ce qui, ont souligné tour à tour les syndicalistes de la FSU présents, consite à enterrer et à masquer le ressort réel de la mobilisation : la réforme de la formation des enseignants dite «mastérisation» engagée par le gouvernement dont la suppression des IUFM et de l'IUFM de Douai est un «symptôme».
«Pour nous, a ainsi insisté Pierre Laumenerch du SNU-ipp (enseignement primaire), derrière l'avenir de l'IUFM de Douai sur lequel est focalisé la mobilisation, c'est l'avenir des IUFM et de la formation des maîtres qui est en jeu en général et ceci aussi bien au niveau de l'académie qu'au niveau national. Supprimer une antenne de proximité telle que celle de Douai aujourd'hui, ou celle de Gravelines, d'Outreau, d'Arras ou de Lille, c'est supprimer la possibilité pour les étudiants de se former sur le terrain.»

L'IUFM de Douai , «élément phare»

Au cours de la manifestation arrageoise du lendemain, une lettre ouverte de la FSU a été distribuée dans le cortège pour exposer les motifs de sa non-participation mais aussi ses revendications. A bien considérer le déroulement et le résultat de cette manifestation : l'écho des déclarations ministérielles faites mercredi à l'Assemblée nationale passant pour une «victoire» et un «acquis» – écho retransmis sans autre forme de procès par l'ensemble des médias couvrant l'événement, sauf un -, les soupçons de la FSU ne semblent pas avoir été démentis. S'il ne s'est pas mis dans le champ pour être sur la photo et jouer par là - au cours de ce qui ressemblait beaucoup à une opération de «blanchiment politique» pour le maire UMP de Douai, le ministère de l'Education nationale et l'Etat Sarkozy - le rôle de faire-valoir - en tant que figurant consentant ou d'otage rétif, la participation à cette manifestation était, malgré son caractére problématique, incontournable pour les acteurs politiques, syndicaux ou associatifs locaux dans une région doauisienne sinistrée par les politiques réactionnaires et libérales mais seulement pour ceux-ci -, le premier syndicat enseignant est bien explicitement engagé contre le projet gouvernemental de suppression des IUFM dont celui de Douai constitue, la chose a été souligné à plusieurs reprises par les syndicalistes de la FSU au cours de cette conférence de presse, «l'élément phare» d'une lutte qui vient ouvertement de s'engager et qui ne sera pas sans lendemain. Au niveau national, le 24 novembre prochain, la FSU appelle à «une journée de grève et de manifestations» dans l’éducation et la recherche «pour un système éducatif qui assure la réussite de tous les jeunes». Elle appelle tous les personnels à participer à cette mobilisation et à débattre de ses suites, en AG, «dès le jour de la grève».

Jérôme Skalski

CHB

PRESIDENT DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE L'HOPITAL DE BAPAUME "A L'INSU DE SON PLEIN GRE"

"ON A L'IMPRESSION DE RETOMBER DANS LES HEURES LES PLUS SOMBRES DE LA REPUBLIQUE"

jeudi 5 novembre 2009

AVEC LE SECOURS POPULAIRE, DES ENFANTS QUI SAVENT COMPTER SUR LEUR «DIX DROITS»


A la veille de l'ouverture, à Drocourt, des travaux du XXXIIème Congrès du Secours Populaire Français dans le département, la fédération du SPF du Pas-de-Calais a créé l'événement avec la tenue de ses Etats généraux populaire de la solidarité pour les droits de l'enfant.

En matinée, venus, pour la plupart, des écoles de Drocourt, ce sont 160 enfants pour un Relais et une Vague de la solidarité et plus de 400 enfants pour une Cavalcade pour les droits de l'enfant qui ont animé les rues de la ville à l'initiative de la fédération du SPF du Pas-de-Calais. Les enfants, acteurs de la solidarité et de leurs droits, s'étaient impliqués dans l'événement, depuis plusieurs semaines, grâce au travail des enseignants des écoles. Lancés pour le vingtième anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant, les éclats de rire et de voix des Etats généraux populaire de la solidarité pour les droits de l'enfants du SPF du Pas-de-Calais rejoindront l'écho de milliers d'autres à l'occasion du XXXIIème Congrès national de l'association solidaire les 13, 14 et 15 novembre prochain à Nantes.

Dans l'après-midi, c'est à compter sur leurs «dix droits» que les enfants se sont appliqués dans l'espace Copains du Monde de la salle principale du Complexe Agora : droit de s'alimenter, droit d'être à l'abri, droit à la santé, droit des enfants handicapés, droit à l'école, droit aux loisirs, droit à la culture, droit au secours, respect du milieu naturel, droit d'être protégé contre l'exploitation dans le travail, droit d'être protégé contre les mauvais traitements et droit à l'expression. Le matin, chacun des droits étaient portés à la connaissance de tous par les enfants au cours de la Cavalcade et de la Vague de la solidarité. Un spectacle de la solidarité présenté par les enfants à leur parents – plus de 150 participants - a cloturé l'événement.

MANIFESTATION EN FAVEUR DE L'AVENIR D EL'HOPITAL DE BAPAUME


Menacé de restructuration et de liquidation, le Centre Hospitalier de Bapaume (CHB) est l'objet d'une mobilisation grandissante en faveur de sa sauvegarde et de son développement. Mardi, venus de tout le département à l'appel de la CGT, ils étaient près de deux cents personnes à manifester dans les rues de la capitale du Bapalmois.

Venus des hôpitaux de Lens, Calais, Béthune et Saint-Venant, arborant des drapeaux de la CGT et de Solidaires, personnels de santé, syndicalistes et citoyens venus du Bapalmois, de l'Arrageois et de la Gohelle, ils étaient près de deux cents personnes, mardi 20 octobre, à manifester à l'appel de la CGT dans les rues de Bapaume pour défendre l'avenir du centre hospitalier de cette ville située, au coeur d'une région rurale, à 25 km au sud d'Arras. Le motif principal de cette manifestation tenait dans la contestation de la sincérité et de la finalité de la démarche engagée par les personalités liées à la gestion du CHB. La mise en exergue d'un déficit de 1,5 millions d'euros pour le CHB par un récent audit financier commandé auprès de l'Agence Régionale Hospitalière (ARH) par Jean-Paul Delevoye, maire UMP de Bapaume et président du CA de l'établissement public apparait en effet, de plus en plus, comme l'élément d'une mise en scène médiatique où la «surprise» feinte de l'édile le dispute à une «amnésie» à géométrie variable. Si elle s'annonce comme visant à épurer les comptes du CHB et à le remettre financièrement à flot, la démarche des gestionaires du CHB cache de plus en plus mal la manoeuvre consistant, selon la CGT du CHB, à la veille d'un CA lourd de menaces qui devait se dérouler jeudi, à faire passer la pilule d'une restructuration des services de l'hôpital qui se présente comme le point névralgique d'un projet de liquidation en bonne et due forme et ceci sur la base d'un déficit sciemment provoqué et, de fait, connu de longue date.

Surprise feinte et amnésie à géométrie variable

Intervenant devant la mairie de Bapaume au cours de la manifestation, Patrick Vanderpotte, secrétaire départemental de la CGT santé et action sociale a rappelé le contexte de ce qui devient l'«affaire» du CHB. «Il faut savoir, a-t-il déclaré, qu'on a supprimé 300 postes au Centre Hospitalier de Lens, 150 postes à Calais et 100 à Béthune; qu'on est en train de fusionner l'hôpital de Saint-Omer et l'hôpital de Calais; qu'on on est en train de préparer la fusion entre public et privé au Centre Hospitalier de Lens; qu'on est en train de tuer le Centre Hospitalier de La Bassée au profit du Centre Hospitalier de Béthune. Aujourd'hui, c'est Bapaume. Pourquoi ? Parce qu'on s'est d'abord occupé des grands centres hospitaliers.»
Continuant, il a souligné : «M. Delevoye nous annonce aujourd'hui qu'il est surpris de voir un déficit aussi important à Bapaume. C'est vraiment se moquer du monde ! M. Delevoye fait parti de la majorité, il a ses proches là-bas, il sait très bien que le gouvernement a pris la décision de casser l'hôpital public comme il l'a fait avec EDF, avec France Telecom et avec La Poste. La «solution» présentie pour le CHB est prévue de longue date. On essaie de la faire passer en chargeant l'ancien directeur. Ce qui s'est fait à Bapaume, depuis quelques années, c'était uniquement de rattraper des retards : retard pour des locaux insalubres, retard sur les personnels qui travaillaient dans des conditions déplorables, retard pour une population qui a véritablement besoin d'un hôpital de proximité. Aujourd'hui cet hôpital de proximité est mis en danger et on veut en faire un centre réservé aux personnes âgées !»
Pour finir, Patrick Vanderpotte en a appelé aux usagers de l'hôpital et ses personnels pour se mobiliser : «Il faut continuer de se battre pour défendre l'hôpital de Bapaume sinon, dans quelques semaines ou quelques mois, il ne restera plus que le Centre Hospitalier d'Arras pour pouvoir mettre un plâtre ou pour pouvoir faire une radio. Ou bien, ce sera le secteur privé. C'est sur ce secteur que le gouvernement compte aujourd'hui pour régler le déficit de la sécurité sociale ! Je crois que le combat qui est mené par les camarades de Bapaume est plus que légitime. A voir la mobilisation des personnels de l'établissements, je crois que la mobilisation est très grande aujourd'hui.»

«Les gens qui disaient avoir perdu la mémoire la retrouvent peu à peu»

Concernant cette mobilisation, son ampleur et son extension, le changement de ton et de discours, du maire de Bapaume notamment, mais aussi de son relais dans la presse locale semble témoigner d'un virage dans l'opinion bapalmoise et d'une prise de conscience grandissante de ce qui se trame effectivement autour du CHB. «Aujourd'hui, nous a précisé Michel Carré, secrétaire général de la CGT du CHB, les gens qui disaient avoir perdu la mémoire la retrouvent peu à peu. C'est le cas notamment de Jean-Paul Delevoye qui reconnait maintenant que l'hôpital est en déficit depuis 2005 alors qu'il a prétendu ne le découvir que cet été. C'est le cas aussi de Jean-Jacques Cottel, Conseiller général et administrateur du CHB qui, aujourd'hui, en appelle à la population pour soutenir l'hôpital et les services hospitaliers dans le milieu rural de Bapaume.
A la veille d'un CA décisif pour l'avenir du CHB, Michel Carré insiste : «Aujourd'hui nous n'avons encore que des brides de suspiscion. La seule chose qu'on nous dise c'est que nous risquons d'avoir de grandes surprises. On évoque l'idée que le directeur proposerait de soutenir un projet de création de 14 lits en gériatrie. Si tel est le cas, nous, ce que nous souhaitons c'est que ce soit 14 lits supplémentaires et qu'ils s'ajoutent à nos 26 lits de médecine. En outre, il ne faut pas retomber dans ce qu'on est tombé par le passé. Il nous faut des dotations supplémentaires et des moyens. Ce n'est pas tout de nous faire des annonces. Nous voulons des engagement explicites, que tout soit inscrit noir sur blanc. Aujourd'hui, M. Delevoye a reçu le syndicat Force ouvrière. Hier, il a fortement insisté pour recevoir les membres du bureau de la CGT avant le CA de jeudi. Nous ne sommes pas fermés à la discussion mais, pour nous, une chose est claire : nous maintiendrons la pression jusqu'au bout ! Ce que nous voulons c'est sauver notre médecine et l'exercer comme nous l'avons fait depuis toujours. Le personnel du CHB est compétent. Les gens qui viennent à l'hôpital de Bapaume sont très heureux de venir. Nous répondons à un fort besoin de la population. Les gens n'ont pas à se déplacer pour se faire soigner dans des hôpitaux dont le premier est à 25 km.»

Jérôme Salski

vendredi 9 octobre 2009

UN NON MASSIF AU PROJET GOUVERNEMENTAL DE PRIVATISATION DE LA POSTE


Organisée du 28 septembre au 3 octobre, la votation citoyenne sur l'avenir de La Poste a plus que réalisé les objectifs que se donnaient ses organisateurs.


Lancée au début du mois de juillet à l'initiative du Comité national contre la privatisation de La Poste, organisation unitaire fédérant partis politiques (PCF, PG, Verts, PS, NPA, Alternatifs, etc.), syndicats (CGT, SUD, FSU, FO, CFTC), associations et collectifs de défense des services publics, l'événement a tout d'abord contraint par le fait médias dominants et gouvernement à prendre en compte l'exigence d'un débat que les représentants de l'Etat entendaient éviter. Ensuite, il a imposé dans l'opinion l'idée que seul un référendum, expression de la souveraineté populaire, pouvait trancher la question de l'avenir de l'entreprise publique postale. Le fait, c'est la participation de 2 123 717 personnes à cette consultation. Le fait, c'est le «non» massif – 98,51% - exprimé en réponse à la question : «Le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser, êtes vous d'accord avec ce projet ?»

Plus de deux millions de votants

Dans les 10 000 bureaux de vote implantés sur l'ensemble du territoire français, ce «non» s'est toujours décliné massivement et partout avec une participation importante compte tenu du caractère non officiel de la votation – une moyenne de 5% des électeurs inscrits pour la France entière . A titre d'exemple, Seine-Maritime, Haute-Garonne et Seine-Saint-Denis, départements à population jeune et ouvrière qui avaient battu des records d'abstention aux élections européennes, totalisaient 225 000 votants, soit presque 10% des électeurs inscrits. En région Ile-de-France, ils étaient en tout 293 332 à voter. Dans le Nord et les Bouches-du-Rhone respectivement 77 480 et 153 045 votants. En Bretagne, se sont près de 133 000 personnes qui ont participé à la votation. Une réussite saluée à gauche. Un «résultat est sans appel» pour le PCF. Pour Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, un "coup de semonce assez significatif". Une "mobilisation historique" pour le PS. «Un magnifique succès» pour le NPA.

Arguments chocs


Mais le caractère massif de la votation et l'absence d'ambiguité de son résultat n'ont pas empêchés les «ténors» de la majorité présidentielle de monter au créneau sur la scène médiatique en répétant en choeur des «arguments chocs» aussi pertinents que chancelants. Deux couplets accompagnés du refrain : «Non, le gouvernement ne veut pas privatiser La Poste» formaient le gros du texte de leur ritournelle. Le premier portait sur le thème de la non transparence du vote, le deuxième sur sa non représentativité. Luc Chatel, porte-parole du gouvernement , a ainsi, par exemple, qualifié de «tartufferie» la votation citoyenne et lui a porté un fatal coup en déclarant : "si vous faites voter vingt fois la même personne, ça ne veut pas dire grand-chose.» Même son de cloche chez Frédéric Lefebvre, porte parole de l'UMP, qui a évoqué "des témoignages qui nous arrivent chaque jour sur les conditions staliniennes du vote avec des gens qui se sont amusés à voter 22 fois, juste pour voir" ajoutant : "on me dit que Louis de Funes et Marlon Brando ont voté". Nul doute que les sincères «témoignages» en question provenaient directement du Quartier Général de l'UMP et que les facétieux voteurs de trouble déguisés en citoyen lambda dépéchés sur site pour la bonne farce cotisent, «juste pour voir», à ladite organisation bien connue pour le caractère transparent et démocratique de son organisation interne. Quant à l'inénarable Raffarin, actuel sénateur de la Vienne, en déclarant tout de go : "Même s'il y a deux millions de personnes" qui ont participé à la votation "ce n'est pas le peuple. A deux millions, ce n'est pas une majorité de Français", il a tranché. Mais la lapalissade du Sphinx du Haut-Poitou ne prouve cependant qu'une chose, c'est que l'ancien premier ministre n'a définitivement «pas changé». Pas plus d'ailleurs que Marine Le Pen, vice-présidente du FN, qui a dénoncé la votation citoyenne en la qualifiant de "leurre institutionnel" et d'"escroquerie politique".

La mobilisation continue


Si l'assurance de l'Etat UMP concernant la votation et l'efficacité de sa «communication» ne doit pas être évaluée à la seule apparence de Matamore de ses défenseurs – comme le montre la campagne de publicité gouvernementale lancée mardi et titrée "La Poste, vous l'aimez, nous l'aidons à se moderniser" - , sa détermination à passer en force ne doit pas être sous estimée. Un point mis en avant par les représentants du Comité national contre la privatisation de La Poste. Visant à mettre en échec le projet gouvernemental, le comité national a appelé dès lundi ses comités locaux à «rencontrer immédiatement les sénateurs et les députés de leur département et circonscription pour exiger du gouvernement le retrait du projet de loi» ainsi qu'à mettre «immédiatement en débat dans les comités locaux avec la population des suites à donner à la votation : forum citoyen, journée nationale de manifestations, et nouvelle votation.» En ligne de mire, l'examen parlementaire du projet de loi gouvernemental qui doit s'engager au Sénat au début du mois de novembre.

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°882

SOLIDARITE AVEC LES CINQ DE CUBA


Ils étaient une trentaine de personnes à se rassembler en faveur de la libération des cinq patriotes cubains, de 18 à 19 heures, vendredi 02 octobre, place du théâtre à Arras. Rendez-vous militant qui s'est pousuivi par une soirée festive organisée par le comité du Pas-de-Calais de France-Cuba au centre Chico Mendes de Beaurains.

Publié dans Liberté 62 n°882

FRATERNITE ET COMBATIVITE DES RETRAITES CGT DE L'ARRAGEOIS


Pour leur fête annuelle, les membres de la section interprofessionnelle CGT des retraités de l'Arrageois se sont retrouvés à La Diligence, restaurant situé à Etrun, dans les proches environs d'Arras.

A l'occasion de ce repas fraternel auquel ont participé environ quarante personnes, André Capron, secrétaire pendant six ans de de la section interprofessionnelle CGT des retraités de l'Arrageois, a passé publiquement le témoin à Jean Dal, nouveau secrétaire.

Un repas fraternel

Dans son discours, il a rappelé les prochains rendez-vous militants et notamment celui du vendredi 16 octobre, journée de mobilisation des retraités. Pour le département, un rassemblement est organisé devant l'Hôtel de ville de Lens, à cette date, à 10 heures. A l'ordre du jour de la plate forme revendicative intersyndicale : le maintien du pouvoir d’achat des retraités largement affecté par les hausses de prix enregistrées en 2008 et la suppression de la revalorisation des pensions pendant le premier trimestre 2009 ; un effort particulier envers les retraités ayant les revenus les plus modestes ;l’annonce officielle de l’abandon du projet de décret gouvernemental libéralisant et augmentant le coût de l’hébergement dans les maisons de retraite publiques et à but non lucratif et donc du reste à charge créant des disparités entre personnes hébergées et consolidant les inégalités territoriales ; la publication rapide de mesures concrètes mettant fin aux dépassements abusifs des honoraires médicaux, à la mise en place effective et généralisée de permanences de soins de qualité ; une répartition équilibrée des professionnels de santé sur tout le territoire ; l’amélioration des réponses à la hauteur des besoins des personnes en situation de perte d’autonomie à leur domicile et en établissement sur la base d’une organisation nationale collective et solidaire.

Un niveau d'organisation indispensable à la défense des intérêts des travailleurs retraités

Jean Dal, pour sa part, a rappelé la nécessité, pour les nouveaux retraités des sections professionnelles CGT de l'Arrageois de se rapprocher de leur section interprofessionnelle pour faire vivre au mieux ce niveau d'organisation indispensable à la défense des intérêts des travailleurs retraités. Pour tout contact s'adresser au siège de l'UD CGT du Pas-de-Calais ou bien au 03 21 59 00 23. Une permanence de la section interprofessionnelle CGT des retraités de l'Arrageois se déroule tous les mardi après-midi de 14h30 à 16h00 au premier étage de la Maison des Sociétés à Arras – locaux de la CGT- , permanence qui est l'occasion d'une réunion pleinière, chaque deuxième mardi du mois.

J.S.

HOPITAL DE BAPAUME LA CGT REFUSE LA SAIGNEE

L'hôpital de Bapaume est sur la sellette. Dans une lettre adressée mi-septembre à tous les habitants de la ville, Jean-Paul Delevoye, maire de Bapaume et président du conseil d'administration de l'établissement, se dit «malhereux et furieux» du déficit financier de 1,5 millions d'euros du Centre Hospitalier de Bapaume (CHB) mis en exergue par l'audit financier qu'il avait commandé auprès de l'Agence Régionale Hospitalière (ARH) au début de l'été. « Nous sommes déterminés à redresser rapidement la situation et à offrir à l'hôpital de Bapaume un avenir solide» : à mots couverts, une déclaration ressentie comme une sérieuse menace sur l'«avenir» de l'établissement public par les habitants de Bapaume et de sa région. Liberté 62 fait le point sur l'affaire avec Michel Carré, secrétaire général de la CGT du Centre Hospitalier de Bapaume .

Liberté 62 : «Dans sa lettre aux Bapalmois, Jean-Paul Delevoye se dit «malhereux et furieux» suite au déficit constaté de 1,5 millions d'euros par l'audit qu'il a commandé à son «arrivée au conseil d'administration, en juin 2009». Qu'en pensez-vous ?»

Michel Carré : «Les choses sont clairement indiquées, noir sur blanc, dans les procès-verbaux des CTE (Comité Technique d'Etablissement où siègent les représentants des personnels hospitaliers ndlr) et des CA (Conseil d'Adminstration) . Dans le procès verbal de la réunion du 15 juin 2006, il est affiché un déficit comptable de 144 805 euros au budget général. Le procès-verbal rapporte aussi que la CGT impute ce fait à la mise en place de la T2A (Tarification à l’Activité, mode de financement des établissements de santé fondé sur une logique de «résultats» - La T2A est issue de la réforme hospitalière du plan Hôpital 2007 et se trouve finalisée par la loi Bachelot sur l'hôpital ndlr) avec une montée en charge de 25 % en 2005, de 30 % en 2006 pour passer à 50 % en 2007 et 100 % en 2008. À l'époque Monsieur Makowiak, directeur en titre de l'établissement, répond que Bapaume se trouve en bonne position par rapport à d'autres hopitaux pour mettre en application la T2A. Il demande en outre de développer les consultations externes, ce qui aujourd'hui complètement «tabou». Aujourd'hui, après quelques années d'absence et de retour à la tête du CHB, il nous dit le contraire et que les consultations externes sont déficitaires. En décembre 2006, la projection d'un déficit de 134 000 euros est établie en CTE sur la base d'une nouvelle augmentation de la part de T2A dans la dotation de l'hôpital. Dans le compte rendu du CA qui fait suite à ce CTE, Monsieur Deroubaix, alors directeur de l'ARH, constate le dysfonctionnement de l'hôpital en matière de financement et reconnaît que la T2A n'est pas adapté à un établissement de la taille de l'hôpital de Bapaume. Il déclare envisager un retour à la dotation globale (mode de financement des établissements de santé fondé sur une logique des «besoins» ndlr) en declarant l'hôpital sous le statut d'hôpital local ce qui l'exonérerait de la T2A. En 2007, la T2A atteint 50 % du budget de l'hôpital et il est prévu que l'activité connaîtra une augmentation de 8 % dans l'année. Dans le même temps l'ARH baisse ses tarifs de 3,7 %. Cela veut dire que nous devons monter en activité et que de l'autre côté nos recettes diminuent. Nouvelles pertes pour l'établissement : entre 300 et 400 000 € qui s'ajoutent aux pertes et déficits antérieurs. Toujours en CTE, la CGT monte au créneau et insiste sur le fait que le besoin du retour à la dotation globale se fait de plus en plus sentir. En 2008, pour l'exercice 2007, l'analyse montre que le service de médecine dégage une marge bénéficiaire d'environ 40 % et que ce qui nous «coûte», quand on considère la globalité du fonctionnement de l'hôpital , ce sont la radio, les consultations externes, les manipulateurs, les secrétaires médicaux et les médecins spécialistes. Le secteur psychiatrique dégage un déficit de 470 000 €. À ce moment-là, en 2007, nous nous rendons compte que ce n'est pas seulement la T2A qui grève le budget de l'hôpital. En 2004 et 2005, deux nouveaux services ont été ouvert : un service de soins de suite et de rééducation et un service spécialisé en psychiatrie. En fait, dès cette époque le service de psychiatrie s'avère sous-doté, chose qui est reconnue officiellement, après étude, en 2008. Preuve de ce fait, l'ARH décide d'attribuer une dotation pérenne de 300 000 € en octobre 2008 pour ce service. Or, nous, à la CGT, nous disons que c'est au moins cinq fois 300 000 € qu'on aurait dû nous donner pour rétablir nos comptes du fait de cette erreur reconnue, sur le tard, par l'ARH. Le compte n'y est pas avec 300 000 € pour le fonctionnement du service de psychiatrie depuis sa création. Avec cinq fois 300 000 €, le compte tombe plus juste : 1,5 millions d'euros, le montant du déficit annuel actuel. Lors du dernier CA, a été reconnu une deuxieme sous-dotation pour le service de soin de suite et de rééducation et une enveloppe pérenne de 500 000 euros a été débloqué pour ce service. Mis en place en 2005, le service de soin de suite et de rééducation est donc sous-doté depuis sa création soit quatre fois 500 000 euros soit 3,5 millions d'euros.»

Liberté 62 : «D'après ce que vous affirmez sur la base des rapports officiels des CTE et des CA de l'hôpital, les difficultés financières de l'établissement étaient connues de longue date. Est-ce à dire que la «surprise» actuelle de Jean-Paul Delevoye a quelque chose de feint ?»


Michel Carré : « Certainement. Au point de vue de mon analyse personnelle, je pense que les responsables de l'établissement étaient plus ou moins au courant de la situation de l'établissement depuis 2006. En fait, on nous a laissé ouvrir la brèche. C'est stratégique. On laisse filler les déficits, on commande un audit et puis l'affaire est pliée : redressement sur le dos des personnels et des services. Le déficit actuel de l'hôpital vient du fait qu'on ne nous a pas donné les moyens suffisants pour fonctionner et non pas de dépenses excessives ou anormales par rapport à notre activité, activité qui correspond à un réel besoin des populations de la région de Bapaume.»

Liberté 62 : «Dans sa lettre, Jean-Paul Delevoye a l'air de vouloir remettre les compteurs à zéro et parle d' «offrir à l'hôpital de Bapaume un avenir solide». Voyez-vous quelque chose de menaçant pour l'avenir de l'établissement public dans le ton quelque peu martial du président de son conseil d'administration ?


Michel Carré : «Oui, la lettre de Jean-Paul Delevoye est menaçante. Si vous la lisez bien, il y est écrit qu'il s'agit «en début d'année 2010, de présenter un projet médical correspondant aux besoins de la population.» C'est une belle phrase et un projet auquel nous ne pouvons que souscrire. Mais Jean-Paul Delevoye ajoute : «s'articulant avec les autres hôpitaux de la région.» Nous savons ce que cela veut dire : réduire l'activité de l'hôpital de Bapaume. En fait, le gouvernement ne veut plus d'hôpitaux de proximité. La médecine ce serait donc pour les grands centres et avec le «petit hôpital» on fait une grande maison de retraite. Monsieur Mackowiak revient en sauveur et on nous dit que personne ne veut faire le constat du passé. Or, pour nous il est essentiel d'aller chercher les causes de la situation actuelle. Les causes, il les connaissent très bien. Jean-Paul Delevoye sait très bien que le déficit actuel est lié à un manque chronique de dotation. Ils prétendent en rester à la constatation du déficit et puis déclarent qu'ils vont régler le déficit. Comment fait-on pour régler le déficit ? C'est clair à leur point de vue : en transformant certaines activités du centre hospitalier de Bapaume en d'autres activités. Nous savons que notre médecine est, à elle seule, excédentaire. Eh bien, on transférera l'activité de médecine au Centre Hospitalier d'Arras ou de Douai ! Je pense que tout est déjà calculé mais on ne nous annonce rien. Dans leur démarche, ils veulent précipiter les choses. Il y a un conseil d'administration le 22 octobre prochain. Quelle nouvelle et mauvaise «surprise» nous réserve-t-on ? Dans cette affaire, l'ancien directeur (celui qui a succédé à Edmond Mackowiack et qui l'a précédé à la tête du CHB ndlr) fait largement office de bouc émissaire.»

Liberté 62 : « Mais Jean-Paul Delevoye écrit pourtant dans sa lettre qu'il veut un centre hospitalier qui corresponde «aux besoins de la population» de Bapaume et ajoute vouloir «offrir à chacun le meilleurs parcours de consultation et de soins».
Michel Carré : «En fait, nous nous attendons tout d'abord à l'externalisation de notre cuisine et de notre lingerie vers Douai pour en rentabiliser un pôle logistique qui a coûté très cher. Ensuite, à ce que soient supprimés les postes de garde des médecins c'est-à-dire à rendre impossible le maintien de notre service d'accueil non programmé (accueil d'urgence informel ndlr). A moyen terme, c'est l'hémoragie, la saignée. Sans le service d'accueil non programmé, d'un côté, cela va rengorger les urgences d'Arras et, d'autre part, cela va conduire les médecins, écoeurés, à la porte et le service médical avec. Les populations aujourd'hui sont inquiètes. Ils présentent le «mauvais coup». Beaucoup de gens par dans notre région rurale n'ont pas de voiture et sont âgés. Comment vont-ils faire ? Nous, nous ne laisserons pas faire. Dans leur démarche, ceux qui préparent un si sombre «avenir» pour l'hôpital de Bapaume cherchent à diviser : diviser les syndicats et divisers les personnels. Ils cherchent aussi à jeter le trouble dans la tête des habitants de Bapaume. Pourquoi ? Parce qu'ils veulent aller vite. Nous, nous ne voulons pas opposer les intérêts des uns et des autres. C'est dans l'unité que nous devons faire face. Une association s'est créé pour sauver l'hôpital de Bapaume. Nous en faisons partie intégrante. Un tract CGT sera bientôt distribué dans toute la ville pour informer et mobiliser la population.»

Propos recueillis par Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°881