dimanche 29 novembre 2009

DEGAGER L'AGRICULTURE DU GROET DU CAPITALISME


C'est en présence de Marie Grauëtte, sorcière croque-mitaine des campagnes de l'Artois, du Ternois et du Hainaut que s'est déroulé, samedi dernier, au café «Tartous et Compagnie» de Monchy-Breton, un débat organisé par les Amis du journal la Terre sur les «dossiers chauds de l'agriculture».


Gerard Le Puill, auteur de Planète alimentaire, l'agriculture française face au chaos mondial en était l'invité principal. Daniel Dewalle, maire PCF de Houdain et membre de la commission agriculture, pêche et développement durable au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Mickaël Poillion, secrétaire général adjoint du syndicat des Jeunes Agriculteurs, François Théry, porte-parole de la Confédération paysanne du Pas-de-Calais ainsi qu'Hervé Poly, premier secrétaire de la fédération du PCF du Pas-de-Calais sont intervenus tour à tour à la suite d'un exposé de Gerard Le Puill. Un débat s'est noué entre les intervenants et la salle, débat passionné et passionnant, concentré et sérieux.

Un sujet d'importance

Le sujet abordé, en effet, était d'importance : «nourrir la planète». Gérard Le Puill, l'a souligné avec force et gravité : «Durant ce XXIème siècle, les trois grands enjeux que nous avons devant nous c'est : l'agriculture, l'eau et les matières énergétiques et tout cela dans le cadre du réchauffement climatique.» Agriculture conventionnelle et agriculture bio, relocalisation de la production agricole et promotion du modèle d'une agriculture paysanne, rôle de la grande distribution dans la fixation des prix et des rémunérations agricoles, régulation des prix sur le marché agricole mondial et spéculation, émeutes de la faim et pénuries organisées, rôle de la Région dans la politique agricole locale, bétonage ou préservation du foncier, exode rural et installation des jeunes agriculteurs.. : autant de questions et de thèmes abordés pendant les deux heures d'une rare densité qu'aura duré le débat.

Dossiers chauds

Marie Grauëtte, dans la légende picarde, vient «saquer chés infints brayoux avec sin groët (crochet)" pour les emmener au fond de l'eau et les noyer. Une fois l'an, on peut cependant lever le sortilège en allant «s'mucher» derrière les arbres, la surprendre au bord de l'eau avec rires, chants, musique et déguisements et l'éloigner ainsi des enfants. A Monchy-Breton, village situé entre Saint-Pol-sur-Ternoise et Houdain, au cours de ce débat sur les «dossiers chauds de l'agriculture», près de quarante personnes auront pu s'apercevoir, au fil des analyses, questions et réponses esquissées, dans la réflexion et dans l'échange, qu'assurer l'avenir de la «planète alimentaire» passait par le fait de la dégager du «groët» du capitalisme, prédateur aussi bien de la vie des campagnes que de celle des villes.

Fatalisme et illusionnisme


Dans le conte picard, le «groët» devient, une fois le charme maléfique brisé, une branche de noisetier magique qui prend le pays sous sa protection et transforme «el' méchint' chorchèle» en une fée. Loin de la résignation engendrée par un sentiment de fatalité au service du maintien de l'ordre établi, loin de l'illusionnisme masquant, sous les dehors et les couleurs de l'utopie, l'application de politiques faites de faux-semblants, de reniements et de demi-mesures, dans la vie réelle, seul le fait de s'engager, collectivement, dans la lutte et l'action politiques renverse la tendance. Sur ce terrain, dans le domaine des questions environnementales dans leur articulation aux questions économiques et sociales, les communistes du Pas-de-Calais apportent leur engagement, leur expérience, leur organisation et leurs propositions pour s'y mettre, à Monchy-Breton, c'est comme cela qu'on le dit : «tartous»».

Jérôme Skalski

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