lundi 29 juin 2009

BAISSE DU PRIX DU LAIT-"LES PRODUCTEURS EUROPEENS DE LAIT SONT MIS EN CONCURRENCE LES UNS CONTRE LES AUTRES"


A en croire son bruit médiatique actuel, la mobilisation des producteurs contre la baisse du prix du lait semble être retombée. En fait, la colère des producteurs de lait reste entière. Engagée dans un processus d'interpellation de l'opinion publique et de structuration sur le long terme du mouvement, la Confédération Paysanne organise un peu partout en France réunions et conférences de presse. Pour le Nord et le Pas-de-Calais, Antoine Jean, porte parole régional de la Confédération Paysanne répond aux questions de Liberté 62.


Liberté 62 : «Récemment de nombreux producteurs de lait se sont mobilisés pour dénoncer publiquement la baisse du prix du lait. Quelle est l'origine de cette situation ?»


Antoine Jean : «La question du prix du lait n'est pas un problème franco-français. La baisse du prix du lait d'aujourd'hui est d'abord due à la politique engagée par la Commission Européenne avec l'aval des ministres français de l'agriculture. Depuis quelques années, une libéralisation de la production agriciole en général, mais surtout de la production du lait avec en ligne de mire l'arrêt des quotas laitiers pour coller à un marché mondial tantôt à la hausse tantôt à la baisse, tire l'ensemble des produits agricoles et en particulier des produits laitiers vers le bas. Nous, notre message, c'est qu'il faut maîtriser la production, adapter l'offre à la demande sur le long terme c'est-à-dire à la réalité de la consommation européenne et arrêter de baser une politique complète sur le marché.»

Liberté 62 : «En quoi le politique de l'Union Européenne est-elle en cause ?»

Antoine Jean : «La Commission Européenne a engagé l'arrêt des quotas pour 2015 avec une augmentation progressive de la production depuis deux ans. A peine engagée, cette politique produit des dégats considérables. Le prix actuel pour 1000 litres de lait tourne autour des 240 euros. Nous, nous disons qu'il n'est pas possible de vivre à ce niveau de prix. Pour l'Institut de l'Elevage aujourd'hui, 1000 litres de lait coûte entre 320 et 350 euros à produire. L'accord signé par la branche laitière de la FNSEA établit le prix du lait à 280 euros les 1000 litres. C'est scandaleux ! C'est comme si un syndicat de salariés signait un SMIC négatif.»

Liberté 62 : « Comment interprétez vous l'attitude de la FNSEA qui d'une part signe un tel accord et qui, d'un autre côté, se retrouve dans les mobilisations ?

Antoine Jean : «La FNSEA a signé cet accord au niveau de l'interprofession, interprofession sur laquelle ils continuent de garder la main sans partage. Pour eux, il s'agissait de se maintenir en place et de donner un coup de main à Michel Barnier, ministre de l'Agriculture et candidat à la veille des élections européennes. Ce n'est pas nouveau de la part de la FNSEA : engager des gens sur le terrain et signer des avis contraires. Aparemment, leur base syndicale a très mal pris cette attitude et bon nombre de producteurs sont venus sur des barrages à l'appel de la Confédération Paysanne ou de la Coordination Rurale pour dénoncer cet accord qui nous mène droit dans le mur.»

Liberté 62 : « Quel est l'état de la mobilisation actuellement ?»


Antoine Jean : « La mobilisation dans le Nord et le Pas-de-Calais, actuellement, est assez faible. En déplaçant le problème sur la grande distribution, la FNSEA a réussi à désorienter les producteurs de lait du fait qu'elle avait signé un mauvais accord. Mais, de ce point de vue, il n'y avait rien de nouveau. Pour ce qui nous concerne, cela fait 20 ans que nous dénonçons les marges scandaleuses faites par la grande distribution sur le dos des producteurs et des salariés. Sur le terrain, nous sommes engagés dans un processus d'information. Des conférences de presse ont été organisées un peu partout dans la région. Dans d'autre départements, dans la Loire par exemple ou dans l'ouest, régions plus spécialisées dans la production laitière que la Nord, le terrain reste occupé. Dans le Nord et le Pas-de-Calais, c'est plus difficile. L'Association des Producteurs de Lait Indépendants organise actuellement des réunions un peu partout en France pour proposer une grève du lait début juillet afin de destabiliser la collecte et obliger les collecteurs de lait à négocier. Pour ce qui nous concerne, nous n'y croyons pas trop du fait de la situation des producteurs de lait déjà confrontés à d'énormes problèmes de trésorerie. Mais, si une grève du lait s'engage effectivement, pour nous, il faudra bloquer les grosses unités laitières. Derrière toute la politique actuelle du lait en effet, il y a un processus de restructuration important et de concentration en faveur des grandes unités de production avec de gros troupeaux qui se créent et derrière chaque crise comme celle que nous vivons en ce moment, ce sont des produteurs qui disparaissent. Pour nous, il faut insister sur ce point : le problème doit se régler au niveau européen. Il ne peut pas se régler uniquement au niveau français. Récemment, nous avons eu écho d'une grosse coopérative laitière qui faisait venir du lait d'Allemagne parce qu'il était encore moins cher. Tous les producteurs européens de lait sont mis en concurrence les uns contre les autres et toujours sur le principe du moins disant. Cette semaine, au niveau de la Confédération Paysanne, une commission «lait» se réunit au niveau national. Une autre réunion se déroule à Paris avec la Via Campesina européenne pour discuter des actions à mettre en oeuvre et faire des propositions au niveau de la Commission européenne pour la faire changer de politique.»

Propos recueillis par Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°867 p 7

VICTOIRE DE LA GREVE DES SALARIES DE RETTIG-FINIMETAL

Après quatre jours de mobilisation contre la remise en cause de leurs accords sur les 35 heures par la direction de leur entreprise, les salariés de Rettig-Finimétal de Biaches-Saint-Vaast ont obtenu satisfaction sur leurs revendications.

A l'appel de la CGT, le mouvement de grève et de mobilisation des salariés de l'entreprise Finimétal de Biaches-Saint-Vaast contre la remise en cause de leur accord sur les 35 heures par leur direction s'est engagé lundi 15 juin à 14h00. Il a mobilisé plus de 90% des 200 employés et ouvriers de cette entreprise du groupe finlandais Rettig spécialisée dans la fabrication de chauffages et de sèche-serviettes. Jeudi 18 juin dans l'après midi, il s'est achevée sur une victoire totale des salariés avec un accord de fin de conflit donnant entière satisfaction aux revendications portées par les personnels en grève.

Une victoire totale


Pratiquement, la dénonciation de l'accord local sur les 35 heures par la direction de Rettig-Finimétal se ramenait à «reprendre» 31 jours de travail aux salariés. Dans le détail, à faire passer la journée de travail de huit à sept heures et vingt minutes en supprimant la rémunération des vingt minutes de pause déjeuner. A la clef, selon la CGT de Rettig-Finimétal, la suppression programmée d'une trentaine d'emplois. «Au terme de ce mouvement, les grandes lignes de nos acquis sociaux sont conservés explique Christian Orlowiez, délégué syndical CGT chez Finimétal : « Nous continuerons à faire des journées de huit heures de travail, nous conservons nos RTT, nous repartons sur la base de 200 jours de travail dans l'année, nous gardons notre pause payée, nous conservons nos trois jours de repos compensateur et notre lundi de ducasse [férié ndlr].»

Un mouvement est allé crescendo


Au cours de ces quatre jours de mobilisation, le mouvement est allé crescendo avec arrêt des unités de production, arrêt de l'activité des dépots, piquet de grève et action de masse. Sur les lieux, militants de l'Union Départementale CGT, de l'Union Locale CGT ainsi que de l'USTM-CGT sont venus manifester leur solidarité auprès des grèvistes. Mercredi, une manifestation était organisée devant les bureaux de la direction pour réclamer une réunion et l'ouverture de négociations. A ce moment, pour la direction, une réunion n'était envisageable que pour le 3 juillet. «Le lendemain, nous avons remis la pression explique Christian Orlowiez. La direction a fini par accepter de nous recevoir et après plusieurs rencontres organisées au cours de la journée nous avons abouti, jeudi soir, à un protocole de fin de conflit.»
Satisfaits par la réussite de leur mouvement, les salariés et la CGT de Rettig-Finimétal restent vigilants.

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 p 7

LE SPF DU PAS DE CALAIS PREPARE LA TRENTIEME ANNIVERSAIRE DE LA JOV


La Journée des Oubliés des Vacances organisée par le Secours Populaire Français du Pas-de-Calais sera fêté en grand cette année. Le mercredi 26 août prochain, près de 3 000 personnes sont attendues au parc d'Olhain pour participer à une journée de plein air mêlant spectacles, activités sportives et de loisir. Pour que «les droits de l'enfant grandissent les hommes», cet anniversaire est associé à celui de la signature de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant qui souffle, en 2009, ses vingt ans.

Le programme de la prochaine édition départementale de la Journée des Oubliés des Vacances (JOV) a été présenté à la presse mardi dernier dans le cadre du parc d'Olhain où elle sera organisée avec le soutien du Conseil Général du Pas-de-Calais, sur 110 hectares, le 26 août prochain.

Un programme impressionnant

Un programme et un objectif - faire participer pas moins de 3000 personnes à cette journée de vacances - impressionnants. La liste des activités sportives et de loisir proposées parle d'elle même : piscine, parcours VTT, speed ball, tir à l'arc, parcours d'orientation, boxe, athlétisme, mini-moto, multisport, mini-golf, poney, acrobranche, tennis... Encadrées par des moniteurs de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail, elles feront la joie des enfants et des parents...courageux.

Spectacles de qualité et tournoi de chevalerie

Pour souffler un peu, spectacles et animations scanderont cet événement depuis la séance de maquillage pour les enfants au concert de variété de Dorys Verdy en passant par un bal musette. Une animation déambulatoire de sculpture de ballons, de jonglage, de bulles de savon et de tours de magie sera assuré par la compagnie Elixir Spectacles. Autre moment forts de la future JOV : deux spectacles de la Compagnie Art Questro qui feront se plonger familles et enfants dans l'atmosphère , en vrai, des joutes chevalresques du Moyen-Age. Des enfants tiré au hasard parmi le public seront initiés à l'art de la chevalerie. Tous pouront assister, en toute sécurité, à la reconstitution d'un véritable tournoi avec chevaux au galop et chevaliers en armure.

Les droits de l'enfant mis à l'honneur

Associée au vingt ans de la signature de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, la trentième édition de la JOV organisé par le SPF du Pas-de-Calais, mettra les droits de l'enfant au premier plan de sa démarche éducative dans le cadre d'ateliers «Copain du Monde», «pour que les enfants deviennent acteurs de la solidarité». Cette démarche s'inscrit dans la préparation des Etats Généraux Populaires de la Solidarité pour les Droits de l’Enfant qui auront lieu en octobre prochain.
Cette journée qui se déroulera de 10 à 18 heures sera précédée par la distibution d'un panier pique-nique et d'un goûter. Le transport sur les lieux sera effectué par bus depuis de nombreuses villes du département. Les inscriptions pour l'édition 2009 de la JOV s'effectuent auprès des Permanences d'Accueil et de Solidarité du SPF du Pas-de-Calais.

J.S.

Publié dans Liberté 62 n°867 p 6

mardi 23 juin 2009

LES CH'TIS FETENT LA TERRE


Marche campagnarde, visite d'un élevage de cochons, stands associatifs, interventions politiques, repas en plein air, débat, concerts... Le programme de la première fête du journal La Terre organisée par la cellule Marc Lanvin de la section d'Arras se voulait placé sous le signe de la convivialité et d'un militantisme ouvert sur les questions environementales dans leur articulation aux questions sociales. Pari tenu. Une première qui est appelée à renouveler son succès.


Ils étaient près de 150 à participer, ce samedi 13 juin, à la journée festive du journal La Terre organisée dans la campagne arrageoise par la cellule Marc Lanvin de la section d'Arras. Près de 150 personnes sous le soleil, soit une cinquantaine en plus de celles attendues. Ce succès explique sans doutes certaines difficultés rencontrées au cours de l'événement, difficultés heureusement surmontées grâce au dévouement des militants communistes de la section arrageoise engagés sur le pont et, il faut aussi le souligner, de ceux venus en nombre du Nord, pour le coup de main.

Le soleil était au rendez-vous


Le soleil était au rendez-vous. Avec, entre autres, deux biaux cochons grillés pour de bielles assiettes, la joie des papilles aussi. Mais l'aspect convivial de la première fête Ch'ti du journal La Terre tenait aussi à ses ambitions politiques. Outre la présence militante de Colère du Présent et de l'AFPS, pendant près de deux heures et demi, ce sont près de 60 personnes qui ont participé au débat organisé autour du livre Planète Alimentaire, l'agriculture française face au chaos mondial de Gérard le Puill. Ce débat était animé par son auteur, rédacteur à La Terre et à L'Humanité, par Daniel Dewalle, maire PCF de Houdain ainsi que par Xavier Compain, ex-président du Modef et responsable national sur les questions de l’agriculture et de la pêche au PCF.

Une fête en musique...

En soirée, c'est en musique et avec un concert de Jef Kino que s'est achevée la première fête de La Terre, événement qui a été, en outre, l'occasion de cloturer la campagne électorale européenne et de saluer la réélection de Jacky Hénin, tête de liste communiste du Front de Gauche au Parlement de l'UE pour la région Nord-Ouest.
J.S.

Publié dans Liberté 62 n°866 page 8

LES SALARIES DE FINIMETAL MOBILISES CONTRE LA DENONCIATION DE LEUR ACCORD 35 HEURES


Depuis lundi, 90% des salariés de Finimétal à Biaches-Saint-Vaast sont en grève pour sauvegarder les acquis de leur accord 35 heures. Jeudi matin, ils restaient toujours plus déterminés dans leur revendication.

Deux mouvements sociaux massifs en moins de quatre mois chez Finimétal, entreprise du groupe finlandais Rettig installée à Biache-Saint-Vaast et spécialisée dans la production de sèche-serviettes et de chauffages. En février, ils étaient 90% des 200 salariés de l'usine à se mobiliser contre le gel des augmentations de salaire «proposé» par la direction dans le cadre des négociations salariales annuelles (voir Liberté 62 n°849). Depuis lundi, ils sont la même proportion et le même nombre d'employés et d'ouvriers à faire grève à l'appel de la CGT contre la dénonciation par la direction de l'accord local sur les 35 heures.

«Pratiquement ce sont 31 jours sur 200 dans l'année que la direction veut nous reprendre»


«Pratiquement, explique Christian Orlowiez délégué syndical CGT chez Rettig, ce sont 31 jours sur 200 dans l'année que la direction veut nous reprendre et, à terme, ce qui est visé, c'est une trentaine de postes dans l'entreprise.» «Mercredi matin, nous avons organisé une action de masse devant les bureaux de la direction continue-t-il. Dépôt et production sont à l'arrêt. Pour le moment, la direction refuse de nous recevoir et affirme qu'elle ne négociera que si nous cessons notre mouvement, exactement ce qu'elle nous disait en février.»

Changement d'ambiance chez Finimétal


Pourquoi un tel changement d'ambiance chez Finimétal, entreprise qui jusque récemment n'avait pas connu de tel mouvement de masse de ses salariés ? Pas de problème du côté des commandes, pas de problème du côté de la «santé» du groupe Rettig, multinationale familiale florissante. Ici, pas de «crise» mais, confient ouvriers et employés de Finimétal sur le piquet de grève, l'arrivée récente d'un «nettoyeur» à la DRH. Bref, des appétits de profits du côté de la direction du groupe qu'une mobilisation déterminée entend faire plier.

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°866 page 8.

JOUR J SOLIDAIRE

Franc succès...

L'AFFAIRE DES CINQ "L'UN DES PLUS GRAND SCANDALE JUDICIAIRE DU XXIème SIECLE"

Signé par une quinzaine de personnalités de renommée internationale – écrivains, journalistes, avocats, professeurs, dont, Noam Chomsky, Howard Zinn et Ingnacio Ramonet -, Washington contre Cuba, un demi-siècle de terrorisme – L'affaire des Cinq, recueil d'articles publié au Temps des Cerises sous la direction de Salim Lamrani, est un livre de combat en faveur de la vérité, de la justice et des droits humains. Son objectif, «offrir au grand public les outils historiques qui lui permettront de formuler un jugement pertinent sur l'un des pans les plus anachroniques et cruels de la politique étrangère des Etats-Unis».

«Quoique les Etats-Unis commettent des actions totalement indéfendables du point de vue de la morale et de la justice, il existe dans mon pays, par malheur, une espèce de dépendance psychologique et politique insurmontable envers eux, malgré les cinquante années écoulées depuis que les troupes nord-américaines nous aidèrent à nous libérer du fascisme. Une espèce de myopie qui ne permet pas de voir la vérité en face et perpétue, sans plus de justification, une idée de la démocratie que la culture des Etats-Unis depuis le cinéma jusqu'au jazz, depuis la grande littérature moderne jusqu'au sport, depuis le théâtre d'avant-garde jusqu'au rock&roll, nous a transmise en nous conquérant» explique Gianni Mina, journaliste italien et collaborateur du journal La Repubblica dans le chapitre qu'il consacre à «L'affaire des Cinq» dans Washington contre Cuba, un demi-siècle de terrorisme. A considérer, en France, le caractère le plus souvent unilatéral et partial des «informations» diffusées par nos «grands médias» concernant l'histoire et l'actualité des relations américano-cubaines, leur silence à propos des «Cinq» – médias de «gauche» inclus – , ce jugement porté sur l'Italie semble indéniablement pouvoir être importé en-decà des Alpes.

Une espèce de dépendance psychologique et politique insurmontable envers les Etats-Unis


Evoquant son implication dans «L'affaire des Cinq» au début des années 2000, Gianni Mina écrit : «En Italie, en raison de ma profession de journaliste, j'ai essayé plusieurs fois d'attirer sur ce cas l'attention de tous les gouvernements qui se sont succédés, celle des partis politiques, en particulier ceux de gauche et des grands médias, mais sans résultat tangible». Concluant, il exprime son espoir de voir cette «histoire censurée» portée enfin à la conscience du plus grand nombre et que cesse l'injustice subie par les «Cinq» et le peuple cubain. En fait, la force de la «censure» témoigne de la force du «censuré» : il lui suffit de passer à la conscience pour que s'impose, à la femme et à l'homme de bonne volonté, l'acte qu'il appelle et exige. Car qu'est-ce que «L'affaire» des Cinq» ? Ignacio Ramonet du Monde diplomatique – auteur du chapitre «Miami, nid de terroristes» dans Washington contre Cuba, un demi-siècle de terrorisme - la qualifie sans ambage, rien moins que «l'un des plus grand scandale judiciaire de ce début du XXIème siècle».

Un procès kafkaïen


L'avocat d'Antonio Guerrero - l'un des «Cinq» -, Leonard Weinglass – connu en outre comme le défenseur d'Anthony Russo dans l'affaire des Dossiers du Pentagone, d'Angela Davis, de Jane Fonda ou encore de Mumia-Abu-Jamal – résume dans Washington contre Cuba, un demi-siècle de terrorisme les circonstances, les conditions et le déroulement du «Procès des Cinq cubains».
«Cinq Cubains, qui devaient plus tard être connus comme les Cinq, ont été arrêté en septembre 1998 à Miami, en Floride, et accusés de 26 violations des lois fédérales des Etats-Unis écrit-il. Parmi celles-ci 24 constituent des délits de caractères techniques et relativement mineurs (...) Aucun des chefs d'accusation ne comprenait d'utilisation d'armes d'acte de violence ou de desctruction de bien.» Les deux chefs d'accusation principaux qualifient leurs actes de «conspiration».

Dix-sept mois de confinement en cellule disciplinaire et de mise au secret

Il poursuit : «Au cours de 17 mois qui ont précédé le procès et alors qu'ils étaient encore présumés innocents, les Cinq ont été confinés en cellule disciplinaire et mis au secret, ceci dans le but de les amenés à plaider coupable au moyen de cette intimidation. Généralement ces cellules sont réservées aux délinquants de droits communs qui violent les règles de la prison. Les Cinq n'ont pas cédé mais cela a limité leur possibilité de préparer leur défense. Avant l'arrestation des Cinq, s'efforcant de réunir des peuves contre eux, les agents du gouvernement des Etats-Unis ont perquisitionné 5 fois chez eux sans mandat (...) Le gouvernement a frappé du sceau du secret tout les documents saisis (...) Il a ensuite refusé, après une réunion à huis-clos avec la juge, de remettre certains de ces documents à la défense comme l'exige la loi.»
«Au cours de la procedure de la séléction du jury, précise Leonard Weinglass, les procureurs se sont livrés à une épuration ethnique : ils ont éxclu tout un groupe de jeunes afro-américains critiques et les ont remplacé par des afro-américains plus âgés et susceptible d'être plus influencables. De fait, les procureurs ont agit sans éthique en rappelant, au début des audience, que ce procès était une question «de nous contre eux» et, ensuite, ont proféré de nombreux commentaires déplacés, peu conformes à la déontologie, propos qui se sont terminés par une diatribe, répétée à trois reprises, sur le fait que les Cinq étaient venus de Cuba «pour détruire les Etats-Unis».»

Les douze membres du jury ont déclaré les Cinq coupables sans poser une seule question ou demander une nouvelle lecture des témoignages

«Le procès a commencé à la fin de l'automne 2000 continue l'avocat d'Antonio Guerrero, il s'est terminé sept mois après, en juin 2001, c'est-à-dire qu'il a été le procés le plus long de l'histoire des Etats-Unis jusqu'à présent. Plus de 70 témoins ont défilé à la barre (...) Le déroulement du procès représente 119 tomes de transcriptions, outre 15 tomes de déclarations et de témoignages utilisés avant le procès. Plus de 800 preuves, certaines de plus de 40 pages, ont été produites. Le dossier était énorme. Début juin 2001, les douze membres du jury ont déclaré les Cinq coupables des 26 chefs d'accusation, sans poser une seule question ou demander une nouvelle lecture des témoignages, ce qui est très surprenant dans le cas d'un procès aussi long et complexe que celui-ci. En décembre 2001, la juge a édicté les peines maximales pour le Cinq (...) : Gerardo ández a été condamné à deux fois à la détention à vie, Antonio Guerrero et ón Labañino à la prison à vie, Fernado ález à 19 ans de prison et René ález à 15 ans.»

La mission des Cinq n'étaient pas d'obtrenir des secrets militaires étatsuniens, mais de surveiller les activités terroristes des mercenaires et d'en informer Cuba


Et Leonard Weinglass d'évoquer le contexte de ce «procès» aux allures kafkaïennes : «Les Cinq, originaires de Cuba, sont arrivés aux Etats-Unis après des années de violence exercées par des mercenaires armés appartenant à la communauté des exilés cubains de Floride. Cuba subit des pertes humaines considérables et d'importants dégats. Les protestations du gouvernement cubain auprès des Etats-Unis et des Nations Unies ont été vaines. Après la disparition des pays socialistes au début des années 1990, la violence a augmenté au fur et à mesure que Cuba s'efforcait de développer le tourisme. Les mercenaires de Miami ont répondu par une violente campagne par laquelle ils entendaient dissuader des étrangers de se rendre sur l'île. Une bombe a été découverte dans un des aéroport de la Havane, d'autres ont été déposées dans des bus et dans des hôtels et un touriste italien a été tué. Des hôtels et installations touristiques ont été mitraillés depuis des vedettes venues de Miami. La mission des Cinq n'étaient pas d'obtrenir des secrets militaires étatsuniens, mais de surveiller les activités terroristes des mercenaires et d'en informer Cuba. Ils n'ont jamais été armés, ils n'ont jamais violé les règles de sécurité, ils n'ont jamais cherché ni obtenu la moindre information classée top secret. Ils n'ont fait de mal à personne et n'ont provoqué aucun dommage matériel.» Il conclu : «Pourtant, trois d'entre eux purgent une peine de détention à vie dans des prisions étatsuniennes et l'un des trois à même été condamné à deux peines de prison à peprétuité.»


Jérôme Skalski

http://les5.org ou http:/
http://www.freethefive.org/

Publié dans Liberté 62 n°864 page 8.

"LE DIALOGUE EST OUVERT"

Depuis le transfert...

LE LAIT TOURNE POUR LACTALIS NESTLE ULTRA FRAIS

Réclamant une somme d'environ 15 000 euros à titre de préjudice aux syndicalistes de la Confédération Paysanne qui avaient participé en 2004 à une action militante dans l'usine Nestlé de Cuincy, la société Lactalis-Nestlé Ultra Frais a été déboutée par le TGI de Douai.

Prélèvement de produits laitiers dans l'usine Nestlé de Cuincy près de Douai, distributions de tracts devant le siège de l'entreprise, distribution de ces produits dans les quartiers populaires de Lille... Pour avoir organisé et mené en décembre 2004, dans un cadre militant et syndical, une action de protestation contre la baisse du prix du lait payé par les industriels, baisse entraînant, pour les producteurs laitiers, en moyenne, une perte de revenu de 2500 euros par an, sept syndicalistes de la Confédération Paysanne du Nord et du Pas-de-Calais avaient été poursuivis et six d'entre eux condamnés, en mai 2008, à 800 euros d’amende pour «vol en réunion» – une relaxe, trois amendes fermes et trois avec sursis.

Une peine insuffisante pour Lactalis-Nestlé


Une peine insuffisante pour la société Lactalis-Nestlé Ultra Frais (LNUF) qui réclamait en outre une somme d'environ 15 000 euros à titre de préjudice. Après une audience devant le tribunal de grande instance de Douai au cours de laquelle la société LNUF demandait, dans le détail, 5000 euros pour les produits prélevés, 5000 euros à titre de dommages et intérêts pour trouble d’exploitation et 3 000 euros au titre de l’article 475-1 du code de procédure pénale, le jugement est tombé le 19 mai dernier déboutant la SA LNUF.

«Ce n'était pas nous les «voleurs»»

«Nous contestions la qualification de «vol» attaché par Lactalis-Nestlé à notre action syndicale explique Antoine Jean, porte parole régional de la Confédération Paysanne : «Etant donné leurs bénéfices, bénéfices faits sur le dos des producteurs et des salariés de l'usine, ce n'était pas nous les «voleurs». Ensuite, Lactalis-Nestlé n'a jamais su ammener d'élements probants devant le tribunal pour justifier le montant de sa demande.» «La société Lactalis-Nestlé compte-t-elle faire appel ? A considérer son acharnement contre notre action syndicale qualifée de «vol en réunion» par la justice, nous l'envisageons sérieusement» souligne-t-il.

Un véritable acharnement

A cet égard, à propos de cet «acharnement», l'actualité récente jette une certaine lumière sur cette «affaire». «Oui, c'est un véritable acharnement de la part de Nestlé Lactalis que nous subissons, avec un procureur de la République tout à fait à son écoute» souligne le porte parole régional de la Confédération Paysanne. «Nous mettons notre action en parallèle avec la mobilisation actuelle des producteurs de lait et à l'action actuelle de la FNSEA. Nous ne contestons pas du tout ce qui se fait mais nous sommes bien obligé de constater qu'il y a deux poids deux mesures. Aujourd'hui on voit des rayons de supermarché totalement vidés pour des dizaine de milliers d'euros. Dans une laiterie de l'Ile-et-Vilaine, récemment, 70 000 euros de dégats ont été constatés dans les bureaux d'une coopérative laitière. Des pneus sont brûlés devant des préfectures... Bref, des actions très dures. Leurs auteurs seront-ils poursuivi par la justice pour «vol en réunion»» ? C'est peu probable» souligne-t-il.

Deux poids deux mesures


«Il y a deux poids deux mesures. Pourquoi ?» s'interroge Antoine Jean : «Dans notre perspective, notre action visait à dénoncer la manière dont les multinationales s'emparent de la valeur ajoutée sur les produits laitiers sur le dos des producteurs mais aussi, nous insistons sur ce point, sur le dos des salariés. A travers notre action la direction de Nestlé visait explicitement des syndicalistes de l'usine de Cuincy et notamment ceux de la CGT, syndicalistes accusés par la direction d'avoir agit de connivences avec nous. Cet acharnement s'explique aussi parce que nous posons les vraies questions. Quand les producteurs de lait vont manifester en revendiquant un prix du lait acceptable, nous les approuvons. Mais, pour nous, telle quelle, cette revendication est insuffisante. Pourquoi en sommes nous arrivés là ? Pourquoi la grande distribution a-t-elle un tel poids ? Pourquoi le prix du lait est-il conditionné par l'exportation d'une partie des produits industriels dans le monde ? Si nous en sommes dans la situation actuelle c'est en partie du fait de la FNSEA qui gère l'inter-profession sans partage et qui n'a jamais remis en cause la maîtrise de la production. Par rapport au prix du lait, nous, nous tirons la sonnette d'alarme depuis deux ans. Depuis 2003, a été décidé, au niveau européen, la libéralisation de la production du lait en augmentant progressivement les quotas. Il y a un an, c'était l'euphorie, le prix du lait était élevé sur le marché mondial. Aujourd'hui, les prix se sont effondrés. La FNSEA mais aussi le gouvernement ont une très grosse responsabilité dans cette situation. Contrairement au syndicat majoritaire pour qui il faut une gestion privée de la production laitière, pour nous, il faut une gestion publique de la production laitière en Europe et en France.»



Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°863 page 20.
Egalement publié dans La Terre du 2 au 8 juin 2009 page 11

MOBILISATION CONTRE LA PRECARITE DANS LES ECOLES

Répondant...

LES AKEBONO EN GREVE DEPUIS PLUS D'UNE SEMAINE

Mobilisés depuis le 12 mai, les salariés d'Akebono, entreprise implantée sur la zone industrielle arrageoise Artoipole et spécialisée dans la fabrication de plaquettes de freins automobiles, sont en grève. Une rencontre programmée mardi matin entre la CGT, FO et la CFDT et le directeur d'Akebono Europe n'a pas abouti.

Remettant en cause des baisses de salaires associées à la suppression par la direction d'Akebono d'une équipe de nuit - passage en 2X8 - et l'imposition de mesures de chômage partiel, au centre des revendications des salariés d'Akebono en lutte, une prime de 100 euros mensuels - l'équivalent du maintien des primes de postes de nuit supprimés par la direction - , le paiement à 75 % du chômage partiel imposé et le paiement des jours de grève. Devant l'usine, une banderole proclame : «Contre l'exploitation et le capitalisme, la lutte continue».

«Contre l'exploitation et le capitalisme, la lutte continue»


A titre de «concessions», «la direction nous propose de travailler sur quatre jours en 2x8 explique Alain Dubois de la CGT. Pour nous, il est hors de question de l'accepter.» Si la grande majorité des salariés d'Akebono sont mobilisés, quelques cadres sont sur les chaînes. «La boîte a même voulu faire travailler un jeune de 15 ans en stage découverte» s'indigne Alain Dubois. Mardi matin, la rencontre programmée entre le directeur d'Akebono Europe et les trois syndicats CGT, FO et CFDT n'a rien donnée. «Ils disent qu'ils n'ont pas d'argent en poche» explique Alain Dubois, un argument difficile à «avaler» par les salariés d'Akebono qui maintiennent leur piquet de grève. Face aux difficultés, un appel à la solidarité avec les salariés en lutte est lancé.

Jérôme Skalski

UN NOUVEAU SUCCES POUR LE SALON DU LIVRE D'EXPRESSION POPULAIRE ET DE CRITIQUE SOCIALE

Un peu plus d'une semaine après la tenue du 8ème Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale organisé par Colères du présent à Arras le 1er mai dernier, les éléments d'un bilan de l'événément se font jour peu à peu.

Un succès indéniable pour ce qui est de la fréquentation et de la qualité du contact des auteurs présents avec le public. Un succès grandissant aussi en ce qui concerne l'intérêt porté au Salon avec, cette année, la présence de nombreux médias nationaux et un effort important de certains médias locaux – dont Liberté Hebdo et Liberté 62 en particulier - pour mieux le faire connaître et aprécier. Un succès aussi porté par la qualité des débats organisés et, précise Didier Andreau, président de l'association, du fait «du contexte politique, social et économique» dans lequel s'est inscrit le Salon.

Un succès grandissant

«Du point de vue de l'offre des débats, le Salon, cette année, se voulait plus politique encore que les années précédentes» souligne Didier Andreau. Et pour cause, avec, en ouverture, un débat sur le pluralisme de la presse organisé en partenariat avec L'Humanité et un autre sur l'actualité de la Palestine en présence de Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union Européenne, le «la», pour ainsi dire, du niveau des interventions et des discussions, était assez haut perché. Au sujet du débat de clôture sur le récent mouvement social des Antilles, «ce qui était très intéressant de mon point de vue témoigne Didier Andreau, c'est que nos amis du LKP ont rappelé l'ancrage historique de leur lutte, ses ressorts profonds avec le passé colonial et son unité, son extension et sa portée au-delà des revendications simplement catégorielles.»

Un événement préparé une année à l'avance

La satisfaction de l'association Colères du Présent à l'égard du succès du 8ème Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale, loin de la faire se reposer, selon l'expression consacrée, sur ses lauriers, l'engage plus activement encore dans sa dynamique. Préparé une année à l'avance, résultat de la synergie de diverses initiatives , le Salon se prépare au lendemain même de son achèvement. Sa 9ème édition est en marche avec plusieurs rendez-vous fixés et différentes opérations d'ores et déjà engagés : la mise en place d'une université d'écriture populaire, la participation à l'espace livre de la fête de L'Humanité en septembre, une résidence d'auteurs jusqu'en octobre, la participation, en fin d'année au Salon du livre de La Réunion et à l'édition 2010 du Salon du livre de Saint-Louis du Sénégal, une attaque «littéraire» de la Banque de France dans la région de Béthune... Avant première pour l'édition 2009 du Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale : plein feu sur le cinquantième anniversaire des indépendances africaines et sur le centième de la naissance de Jean Amila-Meckert.

Jérôme Skalski

www.coleresdupresent.com

AUX FEUX DE LA FORGE LORSQUE L'ACIER PREND L'AME

De fer et de Feu...

SIX JOURS D'ARRET DE PRODUCTION SUR LE SITE ARRAGEOIS DE HAWKER ENERSYS

L'annonce avait été faite en début d'année par la direction de Hawker Enersys, leader mondial des batteries industrielles . Pour faire «face à la crise», trois jours d'arrêt de la production étaient programmés les 4,11 et 22 mai. Pour le même motif avancé, baisse des commandes et baisse d'activité, trois jours supplémentaires viennent de s'y ajouter les 3, 6 et 10 avril.

AU total, six jours à prendre sur le «compteur» des salariés avec, en cours, une demande faite par la direction de Hawker de chômage partiel auprès de la direction départementale du Travail et de l'Emploi.Consultés, les délégués syndicaux CGT du Comité d'Entreprise se sont prononcés contre.

Mesures suspectes

«Nous sommes les victimes de la crise, ce n'est pas à nous à la payer» explique Jérôme Mariel de la CGT de Hawker Enersys. La baisse d'activité, sur le site arrageois de Hawker, se faire sentir depuis plusieurs années maintenant avec la délocalisation d'unités de production en Pologne et en Bulgarie. Cette situation, associée à l'annonce de bénéfices confortables pour l'entreprise, rend éminemment suspecte les mesures prises et, pour la CGT, inadmissible le recours au chômage partiel et aux jours d'arrêt de travail.

«La crise, c'est l'excuse»


«La crise, c'est l'excuse» souligne Serge Piedplat, secrétaire général de l'USTM-CGT du Pas-de-Calais : «L'an dernier, un plan de «départ volontaire», en fait un plan de licenciement déguisé, de plus de 90 personnes a été mis en oeuvre par la direction de Hawker en même temps que la fermeture d'une unité de production.
L'activité, en fait, a été délocalisé en Bulgarie. La direction fait valoir l'argument de la «crise» et de la baisse des commandes à Arras. En réalité, le groupe choisit en priorité le traitement des commandes par les sites de production situés dans les pays à faible coût de main d'oeuvre avec pour objectif de faire le maximum de profit.»

J.S.