dimanche 29 novembre 2009

LA FSU REFUSE DE PARTICIPER A L'UNION SACREE MISE EN SCENE AUTOUR DE L'IUFM DE DOUAI

A la veille d'une manifestation organisée sur le campus arrageois à l'initiative d'élus du Douaisis et suite à l'annonce «surprise» de la fermeture de l'IUFM de Douai par le président de l'université d'Artois, les représentants régionaux des syndicats de la FSU (SNES, SNEP, SNES-SUP, SNUipp) ont tenu une conférence de presse le jeudi 5 novembre à la Maison des sociétés d'Arras.

Une conférence de presse nécessaire pour expliquer une position syndicale fondée sur de fortes raisons mais susceptible d'apparaître comme paradoxale ou ambivalente dans un contexte de mobilisation à l'allure d'«union sacrée».

Une position syndicale fondée sur de fortes raisons

«Ce qui nous réunit aujourd'hui a tout d'abord souligné Karine Boulonne du SNES (enseignement secondaire), c'est l'annonce surprise, par le président de l'université d'Artois, de la fermeture du centre de Douai. Aucune instance n'avait été informée, ni le Conseil d'Ecole, ni le Conseil d'Administration, le personnel lui-même ayant été averti par voie de presse, ce qui est un procédé inqualifiable.»

Défendre une véritable formation professionnelle des maîtres


«Alors, pourquoi ne nous sommes nous pas associés à la manifestation organisée vendredi sur le campus Arrageois de l'université d'Artois ?» a-t-elle demandé face à la presse : «Tout d'abord parce que nous n'avons pas été invité à le faire en tant qu'organisation syndicale ce qui est tout à fait curieux au vu d'une situation qui concerne, entre autres, les personnels. D'autre part, les motivations qui sont à l'origine de cette manifestation ne correspondent pas forcément à nos positions. Le maire (UMP de Douai ndlr) défend le maintien de l'IUFM à Douai un peu comme il a défendu récemment le maintien de la garnison. Ce n'est pas la formation des maîtres qui le motive. Nous, nous sommes dans une autre démarche : défendre une véritable formation professionnelle des maîtres. La fermeture du centre IUFM de Douai découle de réformes qui ont été passées en force il y a quelques mois. Ces réformes ont été portées par l'UMP, elles n'ont pas été combattues par le maire de Douai et maintenant qu'elles le concerne, sur le terrain, il lance une manifestation.»

«Certains ont insisté pour que nous fassions cette manifestation»

«Certains ont insisté pour que nous fassions cette manifestation en disant qu'il fallait la faire malgré tout a précisé Jérôme Durésy du SNES-SUP (enseignement supérieur). Or, dans la manifestation prévue, le lien avec la LRU, précisément, n'est pas fait, ce qui, compte tenu de la mobilisation de l'année dernière et notamment à l'université d'Arras, n'était pas acceptable pour nous. Sans avoir été convié à son organisation, nous risquions de nous retrouver pris au piège d'une banderole et de slogans purement locaux.» Ce qui, ont souligné tour à tour les syndicalistes de la FSU présents, consite à enterrer et à masquer le ressort réel de la mobilisation : la réforme de la formation des enseignants dite «mastérisation» engagée par le gouvernement dont la suppression des IUFM et de l'IUFM de Douai est un «symptôme».
«Pour nous, a ainsi insisté Pierre Laumenerch du SNU-ipp (enseignement primaire), derrière l'avenir de l'IUFM de Douai sur lequel est focalisé la mobilisation, c'est l'avenir des IUFM et de la formation des maîtres qui est en jeu en général et ceci aussi bien au niveau de l'académie qu'au niveau national. Supprimer une antenne de proximité telle que celle de Douai aujourd'hui, ou celle de Gravelines, d'Outreau, d'Arras ou de Lille, c'est supprimer la possibilité pour les étudiants de se former sur le terrain.»

L'IUFM de Douai , «élément phare»

Au cours de la manifestation arrageoise du lendemain, une lettre ouverte de la FSU a été distribuée dans le cortège pour exposer les motifs de sa non-participation mais aussi ses revendications. A bien considérer le déroulement et le résultat de cette manifestation : l'écho des déclarations ministérielles faites mercredi à l'Assemblée nationale passant pour une «victoire» et un «acquis» – écho retransmis sans autre forme de procès par l'ensemble des médias couvrant l'événement, sauf un -, les soupçons de la FSU ne semblent pas avoir été démentis. S'il ne s'est pas mis dans le champ pour être sur la photo et jouer par là - au cours de ce qui ressemblait beaucoup à une opération de «blanchiment politique» pour le maire UMP de Douai, le ministère de l'Education nationale et l'Etat Sarkozy - le rôle de faire-valoir - en tant que figurant consentant ou d'otage rétif, la participation à cette manifestation était, malgré son caractére problématique, incontournable pour les acteurs politiques, syndicaux ou associatifs locaux dans une région doauisienne sinistrée par les politiques réactionnaires et libérales mais seulement pour ceux-ci -, le premier syndicat enseignant est bien explicitement engagé contre le projet gouvernemental de suppression des IUFM dont celui de Douai constitue, la chose a été souligné à plusieurs reprises par les syndicalistes de la FSU au cours de cette conférence de presse, «l'élément phare» d'une lutte qui vient ouvertement de s'engager et qui ne sera pas sans lendemain. Au niveau national, le 24 novembre prochain, la FSU appelle à «une journée de grève et de manifestations» dans l’éducation et la recherche «pour un système éducatif qui assure la réussite de tous les jeunes». Elle appelle tous les personnels à participer à cette mobilisation et à débattre de ses suites, en AG, «dès le jour de la grève».

Jérôme Skalski

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