dimanche 29 novembre 2009

"IL FAUT FAIRE UN SYMBOLE NATIONAL DE CETTE BATAILLE QUI EST MENEE POUR LE CAS DE L'IUFM DE DOUAI"


La mobilisation contre la réforme gouvernementale de la formation des enseignants qui devrait entrer en vigueur à partir de la rentrée 2010 gagne du terrain dans le département. Point d'accroche récent, la disparition de l'IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres) de Douai.

Lundi, suite à l'annonce par Christian Morzewski, président de l'université d'Artois, de fermer l'IUFM de Douai sous pretexte du caractère vétuste de ses bâtiments, l'émotion de ses personnels et des étudiants était à son comble. Mercredi, l'annonce faite à l'Assemblée nationale par Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, déclarant que "s'agissant du pôle de Douai», «l'engagement du président de l'université d'Artois de maintenir ce pôle» avait été «obtenu» venait troubler les esprits. Afin de protester contre la fermeture de l'IUFM de Douai et demander des éclaircissements sur la situation, un collectif mené par divers élus du Douaisis a organisé vendredi une manifestation de plus de 800 personnes dans les locaux de l'université arrageoise. Une délégation d'élus a assisté et pris la parole au cours du Conseil d'Administration de l'université d'Artois. Bilan satisfaisant pour Jacques Vernier, maire UMP de Douai, un des porte-parole de la délégation, qui a déclaré que celle-ci avait «obtenu que le président de l'université d'Artois revienne sur sa décision de fermer le centre IUFM et qu'il resterait à Douai un potentiel de formation » «On aura un débat sur ce qu'on va continuer à faire à Douai ou ce qu'on y fera en plus» a déclaré publiquement pour sa part le député du Parti de Gauche Marc Dolez au sortir de la délégation. Des annonces et des déclarations qui ne lèvent que très partiellement les incertitudes pesant sur l'avenir de l'IUFM de Douai.

Interrogé par Liberté 62, Freddy Kaczmarek , maire PCF d'Auby ayant pris part à la délégation du collectif douaisien au Conseil d'Administration de l'Université d'Artois explique son point de vue sur la situation.

Liberté 62 : « Comment interpréter les déclarations qui vous ont été faites et les assurances qui vous ont été données par le président de l'université d'Artois ?»

Freddy Kaczmarek : «Je ne partage pas l'enthousiasme de mes collègues élus sur l'évolution de la situation. D'abord, j'ai assisté à un Conseil d'Administration qui, pour ce qui me concerne, m'a sidéré. Quand on entend le président de l'université évoquer la situation en disant qu'il s'inscrit, aujourd'hui, dans un contexte de concurrence libérale entre les universités pour essayer de s'accaparer le marché des étudiants à former pour demain, je suis très inquiet. Je crois que la question de fond qui est posée ce n'est ni celle des locaux, ni celle d'une discussion qui opposerait Douai aux autres villes. La question de fond qui est posée c'est celle de la réforme de M. Sarkozy et de sa conception qu'il a de tout mettre en concurrence. Derrière les questions de formation, chose importante pour les futures générations, il est question d'une politique d'aménagement du territoire et de répartition des compétences. On ne règlera pas cela avec la réforme des masters telle que M. Sarkozy veut l'imposer.»

Liberté 62 : «Quel était l'état d'esprit des représentants des personnels et des étudiants du CA de l'université d'Artois ?»

Freddy Kaczmarek : «Aujourd'hui j'ai entendu des déclarations des représentants des personnels, des organisations syndicales et des étudiants. Ils sont les premiers concernés et tous sont férocement opposés à la réforme de M. Sarkozy. Ils l'ont dit clairement au sein du Conseil d'Administration. J'ai dit au président de l'université que je constatais qu'il était là pour faire le sale boulot, qu'il avait une lourde responsabilité à porter et que j'espérais que le Conseil d'Administration n'entérinerait pas la décision de fermer l'IUFM de Douai. Maintenant, il faut faire un symbole national de cette bataille qui est menée pour le cas de l'IUFM de Douai et mettre sur le tapis la véritable réforme à engager et, enfin, mettre autour de la table tout le monde et toutes les personnes concernées dont les élus locaux pour qu'y ait un débat national sur le sujet. Mais qu'on revienne d'abord sur cette réforme ! Je crois que la première décision à prendre c'est que le président de la République annule cette réforme de refonte de la formation des maîtres qui est la clé du problème.»

Liberté 62 : «Quel avenir pour l'IUFM de Douai ?»

Freddy Kaczmarek
: «Quant le président de l'université dit : «Je maintiens un IUFM ouvert à Douai pour la rentrée 2010», il ne dit pas dans quelles conditions ! Cela peut être pour un petit groupe d'étudiants de dix étudiants logés dans un placard à la fac de droit ! Il faut faire très attention. Je crois qu'il y encore des manipulations qui sont possibles derrière. Il faut être très vigilant. Il faut que les personnels enseignants restent mobilisés sur la question. En tout cas, avec Jean-Jacques Candelier (député PCF du Nord ndlr) qui ne pouvait pas être présent aujourd'hui puisqu'il intervenait sur la question de la défense à l'Assemblée nationale et que je représentais, nous allons essayer, à notre niveau, effectivement, de mobiliser les organisations syndicales et les personnels pour faire en sorte que cette affaire là devienne un symbole et qu'à travers ce symbole M. Sarkozy soit obligé de changer d'avis. C'est la seule solution.»

Jérôme Skalski.

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