vendredi 26 février 2010

DU NORD AU SUD DE BAPAUME A DECAZEVILLE TOUS ENSEMBLE POUR LA DEFENSE DE L'HOPITAL PUBLIC !

A l'appel du collectif «Tous ensemble», ils étaient plus de 2 500 personnes à manifester devant l'hôpital de Decazeville, mercredi 10 février dernier, afin de protester contre la décision de l'Agence Régionale d'Hospitalisation (ARH) de Midi-Pyrénées de fermer le service de réanimation de cet établissement de proximité situé au coeur d'un territoire de santé de près de 50 000 habitants.

Les services de chirurgie et de maternité de l'hôpital de Decazeville sont aussi visés. Dans cette ville de l'Aveyron comme un peu partout en France, la résistance grandit et s'organise. Au niveau national, un mouvement de convergence des luttes pour la défense de l'hôpital public se fait jour. Une Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité est d'ores et déjà constituée (http://www.coordination-nationale.org).
Contacté par le Comité de défense du CHB, le collectif «Tous ensemble pour le bassin de Decazeville» a transmis la semaine dernière un message de solidarité à destination des populations du Bapalmois mobilisés pour la défense de leur hôpital (Voir ci-dessous). Au-delà des arguments conjoncturels avancés ici et là pour justifier la «casse» de tel ou tel hôpital de proximité ce sont bien les «réformes» gouvernementales de l'hôpital public qui sont responsables de la situation. Tentant de masquer cette réalité dernière l'argument d'une «cabale» politique locale par exemple, ceux qui les portent et les appliquent auront sans doute de plus en plus de mal à se faire entendre à mesure que les faits seront connus. A Decazeville, le collectif «Tous ensemble» regroupe syndicats, associations, membres de partis politiques et élus locaux appartenant à des formations aussi diverses que le PCF, le PS ou...l'UMP. Liberté 62 a contacté Maxime Gaillac, aide soignant, représentant CGT du personnel de l'hôpital de Decazeville et responsable du collectif «Tous ensemble pour le bassin de Decazeville». Interview.


Liberté 62 : «Comment et à quelle occasion s'est engagée votre mobilisation au sujet de l'hôpital de Decazeville ?»



Maxime Gaillac
: «Sur Decazeville, nous avons commencé à mobiliser «Tous ensemble», le collectif de défense de l'hôpital, vers les mois de septembre et d'octobre parce que nous savions que nos services de chirurgie et de maternité étaient menacés. Là-dessus, le 30 décembre dernier, nous avons a reçu une lettre de l'Agence Régionale d'Hospitalisation (ARH ndlr) qui nous disait qu'il ne nous financerait plus le service de réanimation, du jour au lendemain, à partir du 1er janvier 2010. Du coup, nous avons accéléré la mobilisation avec des Assemblées générales du personnel et des réunions collectives plus régulières. Ensuite, nous avons engagé des actions pour nous faire entendre. Nous sommes allé bloquer des axes routiers et puis, il y a eu la manifestation du 10 février où il y avait plus de 2500 personnes devant l'hôpital. Un rendez-vous avait été pris pour rencontrer le directeur de l'ARH le lendemain. Au cours de ce rendez-vous, il nous a dit clairement que pour la réanimation, on pourrait trouver une solution si on remontait un dossier mais que par contre, pour la maternité et la chirurgie, il faudrait que ces services soient fermés avant 2011 en transformant la maternité en centre de périnatalité et la chirurgie en chirurgie programmée de 8h00 à 19h00. Bref, ce rendez-vous s'est très mal passé. Du coup, nous on continue sur notre lancée. On ne va rien lâcher. On a le soutien de la population et une forte mobilisation pour le maintien de l'hôpital et les services de soins. Une nouvelle réunion du collectif est prévue le 3 mars pour décider des actions a venir.»

Liberté 62 : «Qui est mobilisé au sein de votre collectif «Tous ensemble pour le bassin de Decazeville»?»

Maxime Gaillac : «Le collectif «Tous ensemble» réunit les syndicats de toutes les unions locales syndicales de Decazeville : CGT , FO, CFDT, des élus locaux et des maires des communes qui sont concernées par l'hôpital, des représentants de partis politiques et d' associations : le club de rugby par exemple et le club de football. En plénière, nous sommes entre 30 et 40 en réunion. Les élus sont surtout dans des partis de gauche mais on a aussi des maires ruraux, notamment de petites communes, qui sont de droite mais qui ont, à un moment donné, eu besoin de l'hôpital, qui se sont rendus compte de son utilité et qui combattent à nos côtés . Par exemple, il y a une petite commune agricole, juste à côté de Decazeville, qui a 600 habitants et qui s'appelle Saint-Santin. Eh bien, le maire est a droite mais l'hôpital lui a sauvé la vie. Il le dit très clairement. Pour lui se mobiliser au sein du collectif avec les syndicats, cela ne le gêne pas du tout et pourtant il a a sa carte à l'UMP !»

Liberté 62 : «Dans le message de soutien à la lutte des habitants de la région de Bapaume mobilisés pour la défense de leur hôpital que vous adressez au Comité de défense du CHB, vous parlez d'«assassins» du service public de proximité à propos de ceux qui portent les réformes actuelles de l'hôpital. Ne trouvez-vous pas l'expression exagérée ?»


Maxime Gaillac
: «Le terme utilisé est «dur» nous nous rendons compte. Mais la réalité l'est aussi. On dit souvent que la santé n'a pas de prix. A partir du moment où on commence à mettre un prix dessus en rentrant dans un calculs de rentabilité comme dans le privé, pratiquement c'est une volonté de tuer l'hôpital public de proximité qui est en jeu. Certains vont forcément en bénéficier parce certains auront les moyens de se déplacer et puis les autres, le plus grand nombre, les personnes âgées par exemple n'auront pas les moyens de se déplacer pour aller dans une structure que sera beaucoup plus éloignée et vont rester sur le bord de la touche. Donc, oui, en fermant les services de soin de proximité , c'est une sorte d'assassinat qui est commis : la création de déserts sanitaires où on ne peut plus se soigner. Encore une fois, le mot est fort mais c'est bien de cela dont il s'agit pour l'avenir.»

Liberté 62 : «A Bapaume, à Decazeville ou ailleurs, des arguments conjoncturels concernant de dettes par exemple ou des déficits sont avancés pour justifier fermetures de services et restructurations. Qu'en pensez-vous ?»


Maxime Gaillac
: «L'attaque contre l'hôpital de proximité n'est pas liée à une conjoncture particulière ou à une situation locale. C'est une attaque globale. Déjà, avec la mise en place de la tarification à l'activité (T2A ndlr), le but était bien de faire mourir les hôpitaux de proximité. A Decazeville, depuis la mise en place de la T2A à 100 % donc depuis que Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, on nous ampute de 2 millions d'euros par an. Au niveau du budget de l'hôpital cela a créé, volontairement, un déficit. Avec ce système de tarification, tout est fait pour qu'on ne puisse pas s'en sortir. En fait, c'est depuis 1996 et le plan Juppé que vient cette volonté de casser le service public hospitalier de proximité. Seulement, la gouvernement actuel avec la loi Bachelot (loi HPST ndlr), veut en finir et aller vite. Dans cette perspective, avant 2012, nous savons que les coups vont pleuvoir de partout.»

Liberté 62 : «Votre message au Comité de défense du Centre Hospitalier de Bapaume se veut partie prenante d'une convergence des luttes locales pour sauver l'hôpital public. Pourquoi une telle démarche ?»


Maxime Gaillac
: «Si notre mobilisation peut servir celle des habitants de la région de Bapaume pour défendre leur hôpital, c'est une démarche utile à laquelle nous sommes prêts à donner suite. De notre côté par exemple, nous somme en contact avec le collectif de défense de l'hôpital de Carhaix en Bretagne. Nous sommes aussi en contact avec le comité de défense de l'hôpital de Valréas dans la Vaucluse. Nous n'arriverons pas à sauver l'hôpital public de proximité en nous battant chacun chez soi. C'est en faisant converger tous les mouvements que nous arriverons à quelque chose. À cette convergence, tout le monde va y gagner. Nous n'arriverons à les faire lâcher que si il y a un poids de masse ! Il faut que le maximum de monde se mobilise et c'est le message que nous adressons à la population de Bapaume et de ses environs. Si la population civile doit se mobiliser, les élus le doivent aussi. De toute façon, les élus se mobiliseront nécessairement à partir du moment où la population bougera. Il faut un vaste mouvement populaire. Il faut une vaste pression de la population qui les oblige à se mettre en avant et à prendre part au combat.»


Propos recueillis par Jérôme Skalski.

Publié dans Liberté 62 n°902


APPEL A LA RESISTANCE, A L'UNITE, A LA CONVERGENCE DES LUTTES



Communiqué de soutien du collectif «Tous Ensemble pour le Bassin de Decazeville » à la lutte de la population de Bapaume pour le maintien de tous les services de soins de son hôpital. Texte intégral.


«Le collectif de défense de l'hôpital de Decazeville soutient la lutte de la population de Bapaume pour le maintien de tous les services de soins de son hôpital. Aujourd'hui le gouvernement, dans le cadre de la loi Bachelot (loi HPST), et dans la continuité des gouvernements successifs depuis le plan Juppé en 1996, souhaite détruire l'offre de soins de proximité en s'attaquant ouvertement à nos hôpitaux en faisant planer le manque de sécurité de ces structures et des « déficits » mirobolants !
Mais est-ce qu'un service public doit gagner de l'argent, est-ce qu'un hôpital doit choisir ses patients en fonction de la taille de son portefeuille? Et pourtant il s'agit bien de cela. En attaquant sans relâche les hôpitaux de proximité comme à Decazevile et à Bapaume, le gouvernement veut inévitablement créer des zones de non soins, une marchandisation de la santé donc un véritable abandon des plus pauvres, des plus malades et des plus isolés par la création de véritables désert sanitaire accentuant les distances entre les patients et les soins hospitaliers avec des conséquences accidentelles et parfois mortelles .
Un hôpital a un rôle sanitaire et social à mener du mieux possible sur un territoire. Il est le pilier de l'organisation des soins. Mais au delà de ses missions, il à un rôle structurant dans les politiques locales d'aménagement du territoire.
Pas d'hôpital, pas d'industrie. Pas d'industrie, pas d'emplois. Pas d'emplois, pas de services publics. Pas de services publics, pas d'hôpital – et la boucle est bouclé.
Nous devons exiger une véritable égalité d'accès aux soins, le maintien et le développement des hôpitaux de proximité afin de répondre aux besoins exprimés par toute une population. A Decazeville la lutte pour le maintient de l'hôpital à commencé et continue « tous ensemble » : élus, syndicats, associations, partis politiques, personnels hospitaliers et toute la population. Aujourd'hui à Decazeville, à Bapaume, et dans tous nos hôpitaux montrons aux «assassins » du service publics de proximités qu'unis dans la lutte, on ne lâchera rien !»

LA DIRECTION DE FINIMETAL REPETE L'AVARE A BIACHE

Depuis lundi, 80 des 120 ouvriers de Finimétal Biache-Saint-Vaast (groupe Rettig) sont mobilisés pour leurs salaires avec blocage des entrées et piquet de grève.

(Suite) Rettig, multinationale familiale finlandaise se porte bien, très bien même. Une situation que semble connaître aussi sa filiale Finimétal installée à Biache-Saint-Vaast et spécialisée dans la fabrication de radiateurs de haut de gamme et de systèmes de chauffage par le sol si l'on considère sa production et son «flux» : une bonne année 2009 écoulée et un mois de janvier exceptionnel au cours duquel près de 60 000 radiateurs ont été expédiés du dépot, «une première depuis cinq ans d'activité».

Une situation «inacceptable»

Par la magie des transferts de trésorerie au sein du groupe, Finimétal Biache affiche cependant, officiellement, pour l'année écoulée, un «léger déficit». Histoire de «radiner» au moment des négociations salariales ? Une situation «inacceptable» : c'est ce qu'en pensent au moins 80 des 120 ouvriers de Finimétal Biache-Saint-Vaast qui sont mobilisés depuis lundi pour leurs salaires avec blocage des entrées et piquet de grève.

«Les salariés se rendent bien compte qu'ils travaillent»

«Les salariés se rendent bien compte qu'ils travaillent explique Christian Orlowiez, délégué CGT chez Finimétal : «Surtout en ce moment où il y a beaucoup d'heures supplémentaires.» Les revendications des Finimétal ne sont pourtant pas mirobolantes : une augmentation de salaire de 60 euros pour un salaire moyen mensuel de 1 300 euros net, une prime de vacances de 75 euros et une prime de pénibilité au dépôt de 32 euros. A ces revendications, la direction de Finimétal fait la sourde oreille et propose, terme à terme, une augmentation de salaire de 36 euros, une prime de vacances de 45 euros et «pour la prime de pénibilité dans les dépots explique Christian Orlowiez, ils ne donnent rien : la direction veut l'indexer sur la productivité alors que dans les ateliers de fabrication, elle est fixée à 32 euros.»
Une différence de 40 000 euros, augmentations de salaire et primes de vacances cumulées pour l'ensemble des 120 ouvriers de Finimétal Biache-Saint-Vaast. Rien qu'à les comparer avec les 1 million d'euros payés chaque année par Finimétal pour payer à sa maison «mère» le droit de porter son propre nom, vraiment pas de quoi perturber la trésorerie et l'activité de Finimétal ou du groupe Rettig. Mais il est vrai que «quand il y a à manger pour huit, il y en a bien pour dix» disait Harpagon dans L'Avare de Molière. Une nouvelle formule pour la «com» de Rettig à destination de ses clients et de ses «ouvriers» qui «en veulent plus» ?

J.S.

Publié dans Liberté 62 n°902

LES POSTIERS EN ONT RAS LA CASQUETTE


Faisant écho à une manifestation analogue organisée à la même date à Saint-Omer, près de 200 postiers se sont rassemblés devant la direction départementale de La Poste d'Arras, jeudi 18 février, à l'appel de la FAPT CGT, de FO, de la CFDT, de SUD et de la CFTC.

Motif de cette mobilisation unitaire, le ras-le-bol des postiers face à une politique de leur direction déclinant réduction de la masse salariale, atteinte aux droits et garanties des personnels, menaces, sanctions et licenciements.

Ras-le-bol des postiers

«Il faut que cela cesse» a déclaré Michel Gérard, secrétaire départemental de la FAPT CGT du Pas-de-Calais, au cours d'une intervention faite devant ses collègues rassemblés : «Cela passe nécessairement par l'arrêt immédiat de tout projet de privatisation de La Poste, la mise en place d'un référendum, l'arrêt immédiat des semaines et jours sécables, journées bleues et autres arnaques à la distribution qui ne visent qu'à réduire la masse salariale et donc l'emploi. Cela passe aussi par l'arrêt des fermetures et des diminution d'horaires d'accueil des usagers aux guichets qui se traduisent par une mobilisation forcée des personnels sans aucune compensation.» Egalement en ligne de mire des syndicats, l'augmentation du stress, la multiplication des accidents de travail, les dépassements d'horaires en heures supplémentaires non payées et la question des salaires. Effets de «choix organisés avec l'appui du gouvernement et du Medef dont La Poste est adhérente», ils doivent être combattus au moyen de «la mobilisation des postières et des postiers avec les élus et les usagers» a souligné le responsable départemental de la FAPT CGT.

En mars, un feu roulant d’actions pour le service public postal

Plusieurs initiatives seront engagées en ce sens dans les semaines qui viennent a-t-il rappelé. Au niveau local : pétitions, délégation de masse, élaboration de propositions revendicatives, arrêts de travail et AG de personnels. Au niveau national, rendez-vous est donné le 1ermars, date effective de la transformation de La Poste en société anonyme, pour participer à une initiative revendicative du Comité national contre la privatisation de La Poste et, le 2 mars, dans le département, pour un nouveau rassemblement unitaire devant les postes de Saint-Omer et d'Arras.

J.S.

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samedi 13 février 2010

LA CGT SANTE REGIONALE TIRE LE SIGNAL D'ALERTE


Mardi, le jour même où Nicolas Sarkozy, en campagne dans le Loir-et-Cher, dissertait sur le désenclavement des zones rurales et annonçait une série de mesures en faveur de l'accès de leurs populations «à une santé de proximité», les responsables du Nord et du Pas-de-Calais de la fédération CGT de la Santé et de l'Action sociale se réunissaient, dans une salle de l'hôpital de Bapaume, pour préparer une série d'actions destinées à mobiliser les personnels et les habitants de la région pour la défense du service public de santé et convoquer une conférence de presse.

«Plus le mensonge est gros, plus il passe» a-t-on dit. La CGT ne se résout pas à ce propos. Dans les locaux flambant neufs de l'hôpital de Bapaume, à l'endroit même où les plans de sa future extension étaient exposés sur un mur - «étaient» car, opportunément, la direction du CHB les avait fait retirer pour éviter,selon la CGT, qu'ils ne rentrent, une seconde fois, dans le cadre de la photographie de presse -, le lieu choisi se voulait un symbole dans cet hôpital situé en plein coeur d'une zone rurale et menacé de se voir transformer en une vaste maison de retraite. Car, à la manière de leur mentor, sur un lit de promesses, de propos rassurants et, la main sur le coeur, avec en bouche la résolution de «sauver l'hôpital de Bapaume», c'est bien, toujours selon la CGT, à la liquidation du CHB que sont engagés Jean-Paul Delevoye, maire UMP de la capitale du Bapalmois et André Flageolet, député UMP de la neuvième circonscription du Pas-de-Calais
La transformation du CHB en une maison de retraite est en marche
«Concernant l'avenir de l'hôpital de Bapaume, nous sommes toujours dans le flou le plus total» a expliqué Michel Carré, responsable CGT du CHB : «Ce que nous pouvons dire, c'est que tout indique que sa transformation en une maison de retraite est en marche. Aujourd'hui, suite à la suppression des gardes médicales, il ne reste qu'un médecin sur les cinq qui travaillaient ici. Quand nous l'interrogeons, le directeur nous dit que notre médecine serait transformée en service de soins de suite et de rééducation à orientation gériatrique c'est-à-dire qu'on ferait de notre hôpital un grand pavillon de convalescence pour personnes âgées.»
«En terme d'emploi, à la CGT, a-t-il continué, nous réclamions la titularisation de 19 agents hôspitaliers. Pour l'instant, sept d'entre eux l'ont été. Il en reste 12 à titulariser. Nous sommes sensés en savoir plus le 25 février à l'occasion du prochain CTE [Comité Technique d'Etablissement ndlr] où le projet médical de l'hôpital est à l'ordre du jour. Nous sommes inquiets. Ces dernières semaines, le directeur a laissé entendre qu'il fallait peut-être supprimer notre service de radiologie. A l'externalisation des services de cuisine et de lingerie s'ajoutrerait donc celui de la radiologie. Quand Jean-Paul Delevoye dit qu'il veut «sauver l'hôpital de Bapaume», il ne dit pas en quoi celui-ci sera transformé. Ce que nous constatons, nous, c'est que bientôt, on ne pourra plus qualifier notre établissement d'hôpital.»

L'objectif très clair de casser le service public de santé

«Nous nous sommes réunis ici à Bapaume pour dénoncer, dans cet hôpital menacé d'être transformé en maison de retraite, la loi “Hôpital, patients, santé, territoires” [HPST ndlr] dont André Flageolet, député du Pas-de-Calais est l'un des initiateurs a expliqué Roger Maly, responsable régional Nord-Pas-de-Calais de la CGT de la Santé et de l'Action sociale.
«C'est une loi antidémocratique qui a été élaborée sans tenir compte ni les personnels hospitaliers, ni des usagers a-t-il continué. C'est une loi qui ne tient pas compte du tout de la proximité et qui a pour objectif très clair de casser le service public de santé au profit du secteur privé et lucratif. L'idée, avec cette loi c'est de transférer le budget de la sécurité sociale sur les départements et, une fois de plus, à terme, ce sont les usagers qui vont payer par le biais des impôts. Son but aussi, c'est de supprimer des emplois de la fonction publique. Par exemple, à l'hôpital de Lens, ce sont 400 emplois qui ont été supprimés au mépris des personnels et des services. La fusion et le rattachement des hôpitaux, par exemple dans le département, de l'hôpital de Bapaume à celui de Douai ou de l'hôpital de Saint-Omer avec celui de Calais vont dans le même sens.»

Alerter la population et les élus

«Notre but avec cette conférence de presse a souligné Roger Maly, c'est d'alerter la population et les élus, de tout bord, y compris Jean-Paul Delevoye, président du Conseil d'Administration du CHB, maire de Bapaume, ancien ministre, ancien député et médiateur de la République qui est en train de laisser démolir l'hopital de Bapaume, un établissement, a priori, en excellente santé. Nous envisageons aussi d'organiser, dans les semaines qui viennent, à Bapaume, une journée d'action départementale ou régionale pour dénoncer le loi HPST et la politique gouvenementale de casse
organisée du service public de santé.»

Le temps presse

«Le temps presse au niveau de Bapaume a pour sa part indiqué Patrick Vanderpotte, secrétaire général de la fédération CGT de la Santé et de l'Action sociale du Pas-de-Calais. Avant la journée d'action départementale ou régionale que nous envisageons d'organiser ici, une action locale va être engagée au plus vite. La santé, dans notre région, la plus démunie de France à cet égard, est particulièrement menacée. Ce n'est pas un hasard si c'est dans notre région que le gouvernement veut appliquer les premières mesures impliquées par la loi HPST. Ce n'est pas un hasard si André Flageolet, député du Pas-de-Calais en est un des principaux initiateur et que Jean-Paul Delevoye et Natacha Bouchart, maire UMP de Calais, soient en charge des deux gros dossiers hospitaliers qui sont en cours actuellement.»
«Il faut bien comprendre que ce à quoi s'attaque le gouvernement en attaquant l'hopital public, après EDF, GDF, La Poste, et caetera et caetera, c'est un nouveau pan de la fonction publique. Ce qui est en jeu c'est l'avenir, non seulement de la fonction publique hospitalière mais de toute la fonction publique. Le «déficit» du CHB , ici, à Bapaume n'est qu'un prétexte. Il faut le comparer aux deux milliards d'euros qu'a couté aux contribuables l'affaire du vaccin contre la grippe HAN1. Plus de deux fois le montant du «déficit» de l'ensemble des hôpitaux publics de France ! L'hôpital public est fait pour soigner. On sait que le Nord-Pas-de-calais manque cruellement de lits, de services et de moyens et aujourd'hui, le gouvernement est en train de tuer encore plus l'hôpital public dans la région ! Où vont aller les gens pour se soigner ? Cela nous fait froid dans le dos. Voilà : s'il y a un accident à 500 mètres d'ici, si on n'a plus les moyens de faire rentrer un patient dans cet établissement de proximité, en combien de temps va-t-il être soigné ? Quelles conséquences graves cela aura-t-il ? Ils sont en train de tout casser. A tous ces gens qui ont mis en place ce système, je dirais : «Le seul nom qu'on va pouvoir vous donner, c'est celui d'assassins.»»
A transmettre dans le Loir-et-Cher, à Bapaume ou ailleurs aux bonimenteurs de tout poil qui, selon la CGT, enfument l'opinion publique au service d'un projet politique et social au service exclusif du profit et de l'intérêt privé. Car s'il faut «sauver» l'hôpital public et l'hôpital de Bapaume en particulier, pour la CGT, c'est contre des choix politiques qu'ils ont fait ou qu'ils soutiennent. Leurs choix politiques.

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°900

UN PROJET D'ENVERGURE POUR LES F2M



Associés à Colères du Présent, le groupe de Rap F2M recoit Casey et le collectif Zone Libre pour animer un atelier d'écriture dans les quartiers ouest d'Arras. En préparation, un concert performance pour le prochain Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale qui se déroulera, le premier mai prochain, dans la capitale du Pas-de-Calais.

Plusieurs années de «galère» se sont passées suite à la fermeture du studio d'enregistrement des Hochettes, fermeture resentie à l'époque comme une «punition collective» prise à l'encontre des jeunes des quatiers ouest d'Arras. Placés sous la responsabilité de COPIRATE, association composée de graffeurs, de rappeurs et d'acteurs sociaux réunis dans le but de promouvoir les artistes de la scène urbaine ainsi que d'AMSTERBLAM'S, association et label de Hip-Hop, il a enfin réouvert ses portes, après trois ans, à la Maison de Quartier Colucci d'Arras en septembre 2009. A l'origine de ce retournement de situation, les efforts, entre autres, des membres du groupe de Rap F2M, artistes engagés par ailleurs dans un projet d'envergure avec l'association Colères du Présent.

Retournement de situation

«C'est peu de temps avant la création d'AMSTERBLAM'S que nous avons pris contact avec les jeunes du groupe F2M explique de Didier Andreau, président de Colères du Présent : «Leur démarche nous intéressait. Nous nous sommes dit qu'il était possible que nous fassions quelque choses ensemble. Après plusieurs rencontres, nous leur avons proposé de venir se produire sur le pôle des musiques alternatives du Salon du livre du 1er mai 2009 et depuis, les projets s'enchaînent.»

«Pour nous, c'était l'expérience d'un brassage des cultures»

«Pour nous, c'était l'expérience d'un brassage des cultures. Tout le monde a accroché avec le public» explique Zinedine, membre des F2M à propos du concert du 1er mai dernier. «Après, avec Will's [chanteur du groupe ndlr] , nous nous sommes allés, avec Colère du Présent, à la Fête Internationale du livre d’expression populaire et de critique sociale sur l'Île de La Rénion. Nous avons participé àdes ateliers d'ériture, nous avons fait quelques scènes dans les quartiers. Avec Charb, Babouse, les érivains qui éaient avec nous, nous nous étions les rappeurs du groupe : le courant est très bien passé.» Une expérience qui s'est renouvelé pour Zinédine, à Saint-Louis du Sénéal, en compagnie de Omar, un autre membre des F2M.
«Suite à cette collaboration, nous nous sommes dit qu'il fallait continuer souligne Didier Andreau : «Après en avoir parlé entre nous, l'idée de lancer, pour 2010, un atelier d'écriture sur le quartier s'est imposé. Du côté de Colères du Présent, nous avons engagé des démarches pour organiser, événtuellement, une résidence et faire accompagner cet atelier par des rappeurs pros.»

Du «lourd»

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le réseau de Colères du Présent à joué à plein. La rappeuse Casey et le groupe Zone libre, plus qu'intéressés par la démarche engagée, ont rejoint le projet. Une présence périodique de Casey par animer l'atelier d'écriture avec les jeunes du quartier dans le studio de la Maison Colucci et une résidence pour préparer avec les F2M un concert avec Zone Libre pour le prochain Salon du Livre d'expression populaire et de critique sociale sont d'ores et déjà engagées. Un programme plus que sérieux. Du «lourd» pour les F2M et les jeunes des quartiers ouest d'Arras.

Jérôme Skalski


"Dans le Rap, il y a des choses qui sont universelles"


Si vous lui parlez de «star» du Rap, il est probable que vous passiez un fichu quart d'heure avec Casey. Pas une «star», Casey. Et pourtant, du talent, la rappeuse en a à revendre. Oui, mais «pas à vendre». Choses dites, à l'occasion de la participation de Casey à l'atelier d'écriture des jeunes des quartiers ouest d'Arras au studio des Hochettes en janvier dernier.

«Sur l'atelier d'écriture, je dirais que, pour moi, le Rap n'est pas quelque chose qui s'enseigne. C'est une rencontre. Ce que tu apprends, tu l'apprends avec le temps. Ce que je leurs dit, aux jeunes, ici, ils l'auraient peut-être trouvé seuls. Pour moi, cela a pris du temps avant de le comprendre. Si on m'avait dit telle ou telle chose quand j'étais plus jeune, je me serais moins pris la tête sur des trucs que je ne comprenais pas. Pourquoi mon texte sonne bizarre, par exemple.
Dans le Rap, il y a des choses qui sont universelles : les rimes, les temps... Si tu peux leur expliquer, alors c'est parfait. Après, sur le reste, sur ce que tu a envie d'écrire, sur ce que tu écris, chacun vas trouver son truc à lui. Quand tu es jeunes tu te cherches. Pour moi, mes premiers textes, c'était du n'importe quoi : trop de mimétisme. Quand tu es jeune, tu as du mal à trouver ta singularité. Cela vient avec le temps. Au début, bien sûr, tu es dans la reproduction. C'est normal. C'est ce qu'il y a de plus rassurant. Après, tu développes ton propre propre souffle, ta propre voix, ta propre manière de dire.
Dans un atelier comme celui-là où tu es avec des plus jeunes : c'est mortel. Des jeunes, ça se trompe. Ça sait des trucs sans savoir. Ça affirme des choses sans connaître. Mais c'est ça, «être jeune». En même temps, tu as toute latitude pour apprendre et puis comprendre deux ou trois choses. Ce n'est pas vrai seulement pour le Rap mais pour la vie en général. Dans le fond, au-delà de faire du Rap, ici, on réfléchit à qu'est-ce que c'est qu'écrire. Pour moi, dans cet atelier, le Rap est un alibi. Je suis un alibi pour qu'on fasse du français pas pour devenir rappeur. Un alibi pour faire plein d'autres choses. Ce qui est important, c'est que les jeunes sachent écrire, qu'ils parlent correctement. Les vraies armes qui t'aident dans la vie, c'est d'avoir un peu d'éducation, d'avoir des bagages, pas de faire du Rap. Après, avoir près de soi quelqu'un qui fait du Rap, cela peut donner confiance.»

Publié dans Liberté 62 n°900

dimanche 7 février 2010

UNE "DECLARATION DE GUERRE" ADRESSEE AUX COLLECTIVITES LOCALES

Au cours du débat d'orientation budgétaire du Conseil général du Pas-de-Calais, les élus communistes en ont appelé à résister par les actes aux menaces que fait peser sur lui une politique gouvernementale destinée à asphyxier et à corseter l'action de l'Assemblée départementale.


Au programme de la première session plénière de l'année du Conseil général du Pas-de-Calais qui s'est déroulée lundi, le débat d'orientation budgétaire a donné lieu à de nombreuses interventions de la part des élus de l'Assemblée départementale. Plus d'une vingtaine en trois heures sans compter le discours introductif du président Dominique Dupilet, l'exposé d'Alain Fauquet, rapporteur Général du Budget et l'analyse du représentant du cabinet de conseil en finances locales Klopffer traçant de sombres perspectives pour l'évolution des finances du Département.
En cause, «une déclaration de guerre que le président de la République et de sa majorité de droite et de droite extrême sont en train d'adresser aux collectivités locales» selon les termes employés par Dominique Watrin, président du groupe communiste au Conseil général. Une «déclaration de guerre» tenant dans une politique d'«asphyxie délibérée» menée par le gouvernement du fait, notamment, de la suppression de la Taxe Professionnelle, de l'accumulation d'une dette de l'Etat à l'égard du Département s'élevant, depuis 2004, à 700 millions d'euros - l'équivalent de la moitié de son budget annuel - et d'une réforme territoriale (RGPP) tendant à réduire les marges de manoeuvre des collectivités et à les transformer en simple agences d'exécution de la volonté gouvernementale.
«Il y a une volonté claire, exprimée et calculée de mettre fin à ce que nous faisons, et de faire disparaître ce que nous incarnons par notre action» a expliqué Dominique Dupilet : «Cela a commencé tout doucement par le biais de la non-compensation des transferts de compétences. Route, transfert des TOS, réforme de la petite enfance, RMI puis RSA : on nous a tué à petit feu, on nous a saigné progressivement. Le premier coup, c'est celui de la suppression de la taxe professionnelle qui nous prive de l'autonomie fiscale qui permettait d'ajuster nos budgets en fonction de la conjecture et des besoins. Si la taxe professionnelle sera compensée en 2010, l'incertitude est totale pour 2011. Le deuxième coup, le pire, c'est celui de la réforme territoriale qui, avec la fin de la clause générale de compétences, nous interdira d'agir dans bien des domaines.» Un constat partagé par la plupart des représentants socialistes de la majorité du Conseil général avec un maître-mot au cours de leurs interventions : «résistance». Une volonté de «résistance» affichée devant se traduire en actes ont souligné pour leur part les élus du Groupe communiste.

Résister par des actes

«Nous sommes allés à Paris. Nous nous sommes adressé aux élus. Nous avons lancé une pétition. Aujourd'hui, la lutte doit pouvoir s'amplifier» a expliqué Bruno Troni, maire de Billy-Montigny et élu du canton de Noyelles-sous-Lens. «Profitons de ce débat d'orientation budgétaire pour réaffirmer notre refus d'être placé sous tutelle de l'État et notre volonté de continuer à oeuvrer avec les communes pour être plus près des habitants, de leurs besoins et de leurs ambitions. Servons-nous de la préparation budgétaire comme d'un bras armé pour demander le retrait des réformes et faire échec à celles en cours. Lettres aux maires, aux associations, pétitions... Amplifions le mouvement, mobilisons concrètement les maires sur le devenir des aides et des coopérations à venir entre les Communes et le Département et plus généralement entre les collectivités» a surrencheri Martial Stienne du canton de Vitry-en-Artois. «Ce n'est pas à nous de nous auto-censurer, de renoncer à mettre en oeuvre les politiques départementales nécessaires à la population du Pas-de-Calais» a souligné pour sa part Jean-Claude Juda, maire de Saint-Etienne-au-Mont et conseiller général représentant le canton de Samer : «Ce n'est pas au Département de «serrer les boulons» alors que l'État ne rembourse pas ses dettes et réduit notre capacité financière. Son objectif est de réduire la dépense publique pour donner toujours plus d'argent aux riches de ce pays ! Ce n'est pas le nôtre !» «L'action, les actes, voilà les priorités du Groupe communiste dans les sept semaines qui nous séparent du vote du budget. Oui à une manifestation départementale avec les forces vives de notre territoire ! Oui à une manifestation nationale rassemblant toutes les associations d'élus, tous les maires, tous les conseillers généraux de France, seul moyen de faire plier le gouvernement ! Oui à un budget qui préserve en priorité les ménages ! » a martelé Dominique Watrin.

Un défi pour le Département

«Dans le cadre de ce débat d'orientation budgétaire a-t-il expliqué. Nous sommes confrontés à un défi d'une tout autre dimension que celui des années antérieures. Ce qui est inédit dans la situation actuelle, c'est que nous ne devons pas faire face, comme les années précédentes, à une ou plusieurs difficultés supplémentaires pour boucler le budget départemental mais à une attaque frontale. Tout d'abord contre les Communes sommées de déléguer l'essentiel de leurs compétences et de se dissoudre dans des entités incontrôlables par les citoyens. Avec des ressources fiscales amputées de centaines de millions d'euros, c'est un mauvais coup porté contre les projets d'aménagement des Communes et des Intercommunalités qui s'inquiètent à juste titre de voir les aides départementales diminuées. C'est un mauvais coup contre l'éducation populaire et la prévention dans les quartiers et les villages avec des associations culturelles et sportives qui craignent à leur tour la perte de subventions. C'est un mauvais coup contre les ménages du Pas-de-Calais et le monde ouvrier. Après la taxe carbone qu'ils devront acquitter en lieu et place des 1018 sites industriels les plus polluants qui en sont aujourd'hui exemptés, après le bouclier fiscal pour les plus riches, voilà maintenant le bouclier fiscal des grosses entreprises mis à la charge des salariés ! C'est un mauvais coup aussi contre le monde de l'entreprise. La suppression de la taxe professionnelle profitera aux grands groupes industriels mais que feront les actionnaires avec cette manne financière ? Cesseront-ils par exemple leur délocalisation ? Par contre, les entreprises de travaux publics, du bâtiment, les artisans sont déjà affectés par le ralentissement de l'activité. L'incertitude financière qui pèse sur les collectivités locales les amène en effet à mettre le pied sur le frein de leurs investissement qui représentent 75 % de l'investissement public. Et puis, il faudrait parler aussi de l'explosion prévisible de la cotisation foncière acquittée par les PME, les commerçants et artisans avec le passage progressif à la valeur vénale pour son calcul»

Un piège

«La droite nous tend volontairement un piège en nous plaçant dans la situation d'avoir à assumer la responsabilité politique d'une augmentation lourde des impôts où à des coupes sombres dans nos politiques volontaristes» a conclu le président du Groupe communiste au Conseil général du Pas-de-Calais : «Le gouvernement veut mettre au pas les collectivités locales et les instrumentaliser dans la mise en place d'un super plan d'austérité dont pâtiraient encore la population et les territoires les plus défavorisés.» Le vote du budget départemental interviendra mi-mars, au cours de la prochaine session plénière du Conseil général.

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°899

mardi 2 février 2010

MOTION DES CONSEILLERS GENERAUX COMMUNISTES DU PAS-DE-CALAIS POUR LA LIBERATION DE SALAH HAMOURI

Au cours de la dernière session plénière du Conseil général du Pas-de-Calais, le lundi 1er février, une motion demandant la libération de Salah Hamouri a été adressée aux représentants de l'Etat par les élus du Groupe communiste.



«En dépit d’un fort mouvement d’opinion et d’interventions multiples auprès des autorités concernées, en France comme en Israël, le jeune franco-palestinien de 23 ans, Salah Hamouri, est toujours en prison alors qu’il est innocent. Au terme de trois années de prison durant lesquelles son procès a vu l’annulation de plus de vingt audiences faute du moindre témoin se présentant à la barre du tribunal militaire chargé de le juger, il a été placé devant un choix impossible de « plaider coupable » sous peine de se voir infliger une peine de prison supérieure à sept ans de prison.
Ce que l’on lui reproche ? Etre passé trois mois avant son arrestation devant le domicile de Yossef Ovadia, chef du parti Shass, rabbin connu pour ses positions extrêmes.
Ce fait banal, joint à l’accusation, du reste non-fondée, de son appartenance au FPLP, ont conduit le tribunal militaire israélien installé en territoire palestinien à considérer que Salah Hamouri avait « l’intention » d’attenter à la vie de cette personne. Alors qu’aucune preuve concrète n’a pu être présentée et que son habitation a été fouillée au peigne fin par les services spéciaux israéliens qui n’ont rien trouvé y compris dans le disque dur de son ordinateur, Salah Hamouri, bien qu’innocent, a été condamné à sept ans de prison pour un « délit d’intention ».
Malgré toutes les démarches effectuées et les assurances prodiguées, Salah Hamouri est toujours en prison après quatre années tandis que son cas fait l’objet d’un silence assourdissant.

Les conseillers généraux sous-signés

> soutiennent Salah Hamouri et sa famille dans son combat pour sa libération,

>rappellent que Salah Hamouri est un citoyen de nationalité française et palestinienne, et, à ce titre, demandent au Président Nicolas Sarkozy de mettre tout en œuvre pour intervenir en personne auprès du Premier ministre israélien afin d’obtenir la libération de Salah Hamouri, en évoquant l’illégitimité du Tribunal militaire d’occupation, au regard des résolutions de l’O.N.U. sur les territoires occupés.

>demandent au Président de la République de faire pression sur le gouvernement israélien pour obtenir la libération de notre jeune compatriote."

Lucien ANDRIES - André DELCOURT - Yvan DRUON - René HOCQ - Jean-Claude JUDA - Marcel LEVAILLANT - Jacques ROBITAIL - Martial STIENNE - Bruno TRONI - Dominique WATRIN -

lundi 1 février 2010

MUMIA ABU JAMAL NEMACE D'ETRE A NOUVEAU MENE DANS LE COULOIR DE LA MORT

Par arrêt du 19 janvier, la Cour suprême des Etats-Unis a renvoyé le dossier de Mumia Abu-Jamal devant la Cour d’Appel fédérale de Pennsylvanie en lui signifiant expressément de réexaminer sa décision «à la lumière» d'un arrêt rendu une semaine auparavant dans l'affaire Frank Spisak dont la peine de prison à vie a été commuée en condamnation à mort par les neuf membres de la plus haute juridiction des Etats-Unis.

Obtenue suite à une mobilisation internationale en 2008, la commutation de la peine de mort du journaliste militant des Black Panthers condamné pour le meurtre du policier Daniel Faulkner en 1981 sur la base d'un procès politique entâché d'irrégularités et de racisme – lors de ce procès, la sélection du jury avait donné lieu à 15 récusations dont 10 concernaient des noirs, le juge présidant au procès ayant déclaré à l'époque : "Je vais les aider à faire frire ce nègre" – est donc remise en cause. L'année dernière, la Cour suprême avait refusé de se saisir d'une autre requête, portant celle-ci sur la culpabilité de Mumia Abu-Jamal, la défense faisant valoir qu'en 1999, un certain Arnold Beverly avait avoué à la justice avoir été engagé par la mafia pour assassiner Daniel Faulkner parce que ce policier enquêtait de trop près sur certaines figures du crime organisé.
En donnant à la justice de Pennsylvanie le feu vert pour son exécution, dans l'attente de voir sa peine capitale définitivement confirmée ou infirmée, Mumia Abu-Jamal, aujourd'hui âgé de 55 ans, se retrouve ainsi menacé d'être à nouveau plongé dans le couloir de la mort dans lequel il avait vécu pendant 26 ans.

Retourner la situation

«Au regard de l’arrêt rendu dans l’affaire Spisak, cette décision de la Cour Suprême n’est pas une surprise. Ce n’est pas une mauvaise nouvelle, au sens où nous le redoutions. J’irai plaider contre la peine de mort car, bien que similaire, le cas Mumia est différent tant sur la forme que dans les faits» a déclaré, Maître Robert Bryan. L’avocat principal de Mumia Abu-Jamal a aussi rappelé l’importance et l’urgence de donner sa pleine dimension à la campagne pour le sauver de l’acharnement du Ministère public de Pennsylvanie à l’origine du recours auprès de la Cour suprême.

Donner sa pleine dimension à la campagne pour sauver Mumia Abu-Jamal

Dans ce but, un appel international à destination du président des Etats-Unis a été lancé par plusieurs personnalités : Danielle Mitterrand (France), Günter Grass (Allemagne), prix Nobel de littérature, Mgr Desmond Tutu (Afrique du Sud), Fatima Bhutto (Pakistan), écrivain, Noam Chomsky (Etats-Unis), linguiste, Ed Asner (acteur), Mike Farrell (acteur) et Michael Radford (directeur de l’Oscar du meilleur film Il Postino).
Le Collectif Unitaire National de soutien à Mumia Abu-Jamal appelle les organisations, les collectivités, et plus généralement tous ceux et toutes celles qui veulent sauver Mumia Abu-Jamal, à faire connaître la gravité de la menace judiciaire à laquelle il est exposée et à s’inscrire dans la campagne d’interpellation de Barack Obama. En ce sens, il demande au plus gand nombre de personnes de signer et faire signer en ligne cet appel sur le lien : http://www.PetitionOnline.com/Mumialaw/petition.html
Constitué de 80 organisations françaises, le Collectif Unitaire National de soutien à Mumia Abu-Jamal entend donner un retentissement international à cette affaire à l’occasion du prochain congrès contre la peine de mort qui se déroulera à la fin du mois de février à Genève. Pour la libération de Mumia Abu-Jamal, un rassemblement hebdomadaire est par ailleurs organisé, à Paris, chaque mercredi de 18h à 20h face au Consulat des Etats-Unis, Place de La Concorde.

Jérôme Skalski,

d'après l'appel du Collectif Unitaire National de Soutien à Mumia Abu-Jamal, 43 boulevard de Magenta 75010 Paris – Tel. : 01 53 38 99 99 - abujamal@free.fr - http://www.mumiabujamal.net

Publié dans Liberté 62 n°899