jeudi 5 novembre 2009
MANIFESTATION EN FAVEUR DE L'AVENIR D EL'HOPITAL DE BAPAUME
Menacé de restructuration et de liquidation, le Centre Hospitalier de Bapaume (CHB) est l'objet d'une mobilisation grandissante en faveur de sa sauvegarde et de son développement. Mardi, venus de tout le département à l'appel de la CGT, ils étaient près de deux cents personnes à manifester dans les rues de la capitale du Bapalmois.
Venus des hôpitaux de Lens, Calais, Béthune et Saint-Venant, arborant des drapeaux de la CGT et de Solidaires, personnels de santé, syndicalistes et citoyens venus du Bapalmois, de l'Arrageois et de la Gohelle, ils étaient près de deux cents personnes, mardi 20 octobre, à manifester à l'appel de la CGT dans les rues de Bapaume pour défendre l'avenir du centre hospitalier de cette ville située, au coeur d'une région rurale, à 25 km au sud d'Arras. Le motif principal de cette manifestation tenait dans la contestation de la sincérité et de la finalité de la démarche engagée par les personalités liées à la gestion du CHB. La mise en exergue d'un déficit de 1,5 millions d'euros pour le CHB par un récent audit financier commandé auprès de l'Agence Régionale Hospitalière (ARH) par Jean-Paul Delevoye, maire UMP de Bapaume et président du CA de l'établissement public apparait en effet, de plus en plus, comme l'élément d'une mise en scène médiatique où la «surprise» feinte de l'édile le dispute à une «amnésie» à géométrie variable. Si elle s'annonce comme visant à épurer les comptes du CHB et à le remettre financièrement à flot, la démarche des gestionaires du CHB cache de plus en plus mal la manoeuvre consistant, selon la CGT du CHB, à la veille d'un CA lourd de menaces qui devait se dérouler jeudi, à faire passer la pilule d'une restructuration des services de l'hôpital qui se présente comme le point névralgique d'un projet de liquidation en bonne et due forme et ceci sur la base d'un déficit sciemment provoqué et, de fait, connu de longue date.
Surprise feinte et amnésie à géométrie variable
Intervenant devant la mairie de Bapaume au cours de la manifestation, Patrick Vanderpotte, secrétaire départemental de la CGT santé et action sociale a rappelé le contexte de ce qui devient l'«affaire» du CHB. «Il faut savoir, a-t-il déclaré, qu'on a supprimé 300 postes au Centre Hospitalier de Lens, 150 postes à Calais et 100 à Béthune; qu'on est en train de fusionner l'hôpital de Saint-Omer et l'hôpital de Calais; qu'on on est en train de préparer la fusion entre public et privé au Centre Hospitalier de Lens; qu'on est en train de tuer le Centre Hospitalier de La Bassée au profit du Centre Hospitalier de Béthune. Aujourd'hui, c'est Bapaume. Pourquoi ? Parce qu'on s'est d'abord occupé des grands centres hospitaliers.»
Continuant, il a souligné : «M. Delevoye nous annonce aujourd'hui qu'il est surpris de voir un déficit aussi important à Bapaume. C'est vraiment se moquer du monde ! M. Delevoye fait parti de la majorité, il a ses proches là-bas, il sait très bien que le gouvernement a pris la décision de casser l'hôpital public comme il l'a fait avec EDF, avec France Telecom et avec La Poste. La «solution» présentie pour le CHB est prévue de longue date. On essaie de la faire passer en chargeant l'ancien directeur. Ce qui s'est fait à Bapaume, depuis quelques années, c'était uniquement de rattraper des retards : retard pour des locaux insalubres, retard sur les personnels qui travaillaient dans des conditions déplorables, retard pour une population qui a véritablement besoin d'un hôpital de proximité. Aujourd'hui cet hôpital de proximité est mis en danger et on veut en faire un centre réservé aux personnes âgées !»
Pour finir, Patrick Vanderpotte en a appelé aux usagers de l'hôpital et ses personnels pour se mobiliser : «Il faut continuer de se battre pour défendre l'hôpital de Bapaume sinon, dans quelques semaines ou quelques mois, il ne restera plus que le Centre Hospitalier d'Arras pour pouvoir mettre un plâtre ou pour pouvoir faire une radio. Ou bien, ce sera le secteur privé. C'est sur ce secteur que le gouvernement compte aujourd'hui pour régler le déficit de la sécurité sociale ! Je crois que le combat qui est mené par les camarades de Bapaume est plus que légitime. A voir la mobilisation des personnels de l'établissements, je crois que la mobilisation est très grande aujourd'hui.»
«Les gens qui disaient avoir perdu la mémoire la retrouvent peu à peu»
Concernant cette mobilisation, son ampleur et son extension, le changement de ton et de discours, du maire de Bapaume notamment, mais aussi de son relais dans la presse locale semble témoigner d'un virage dans l'opinion bapalmoise et d'une prise de conscience grandissante de ce qui se trame effectivement autour du CHB. «Aujourd'hui, nous a précisé Michel Carré, secrétaire général de la CGT du CHB, les gens qui disaient avoir perdu la mémoire la retrouvent peu à peu. C'est le cas notamment de Jean-Paul Delevoye qui reconnait maintenant que l'hôpital est en déficit depuis 2005 alors qu'il a prétendu ne le découvir que cet été. C'est le cas aussi de Jean-Jacques Cottel, Conseiller général et administrateur du CHB qui, aujourd'hui, en appelle à la population pour soutenir l'hôpital et les services hospitaliers dans le milieu rural de Bapaume.
A la veille d'un CA décisif pour l'avenir du CHB, Michel Carré insiste : «Aujourd'hui nous n'avons encore que des brides de suspiscion. La seule chose qu'on nous dise c'est que nous risquons d'avoir de grandes surprises. On évoque l'idée que le directeur proposerait de soutenir un projet de création de 14 lits en gériatrie. Si tel est le cas, nous, ce que nous souhaitons c'est que ce soit 14 lits supplémentaires et qu'ils s'ajoutent à nos 26 lits de médecine. En outre, il ne faut pas retomber dans ce qu'on est tombé par le passé. Il nous faut des dotations supplémentaires et des moyens. Ce n'est pas tout de nous faire des annonces. Nous voulons des engagement explicites, que tout soit inscrit noir sur blanc. Aujourd'hui, M. Delevoye a reçu le syndicat Force ouvrière. Hier, il a fortement insisté pour recevoir les membres du bureau de la CGT avant le CA de jeudi. Nous ne sommes pas fermés à la discussion mais, pour nous, une chose est claire : nous maintiendrons la pression jusqu'au bout ! Ce que nous voulons c'est sauver notre médecine et l'exercer comme nous l'avons fait depuis toujours. Le personnel du CHB est compétent. Les gens qui viennent à l'hôpital de Bapaume sont très heureux de venir. Nous répondons à un fort besoin de la population. Les gens n'ont pas à se déplacer pour se faire soigner dans des hôpitaux dont le premier est à 25 km.»
Jérôme Salski
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