samedi 26 décembre 2009

POURQUOI TANT D'ADN


Elisabeth Darras, membre de la Confédération paysanne, refuse d'être fichée pour avoir participé à une action syndicale. Après les récentes convocations, par le TGI de Douai, d'Antoine Jean et de Bernard Coquelle, militants de la Confédération paysanne, c'était au tour d'Elisabeth Darras, ce mardi 8 décembre, d'avoir à se présenter devant la justice pour avoir refusé un prélèvement de son ADN.

La capitale départementale du Pas-de-Calais a été l'occasion, mardi dernier, d'une scène analogue à celles qui se sont déroulées à Douai, il y a deux semaines pour Bernard Coquelle et plus d'un mois pour Antoine Jean. Devant le tribunal : une trentaine de personnes venues témoigner de leur solidarité auprès d'une table dressée non loin du Tribunal de Grande Instance par les membres de la Confédération paysanne et, après l'audience, diverses interventions sur fond d'attente. Maître Riglaire, défenseur d'Elisabeth Darras, a exposé un des termes possible à l'issue de l'audience du tribunal : «une amende pouvant aller jusque 600 euros avec une partie de sursis qui a été demandée par la procureur».

«Rien n'est fini aujourd'hui»

«Je ne m'attends pas à une relaxe a-t-il souligné mais, peut-être, à une condamnation symbolique à un euro avec sursis. Le souci, c'est que rien n'est fini aujourd'hui, parce que, si la justice s'acharne, elle peut renvoyer la même brigade territoriale pour demander un nouveau prélèvement et reconvoquer Élisabeth Darras. Pour moi, le plus gros enjeu, ce n'est pas seulement le délibéré d'aujourd'hui, c'est de voir ce que la justice va faire.»

«J'ai refusé»

«Pourquoi est-ce que je refuse de donner mon ADN a expliqué Elisabeth Darras, agricultrice à Ficheux et membre de la Confédération paysanne ? Parce que, tout d'abord, je ne veux pas être fichée et que je ne me considère ni comme une délinquante, ni comme une criminelle. Si on m'a demandé mon ADN, c'est parce que, il y a cinq ans, en 2004, j'ai participé à une action syndicale chez Nestlé a Cuincy pour défendre les producteurs de lait. A l'issue de cette manifestation, nous avons été mis en garde à vue. Ensuite, nous sommes passés devant le tribunal et nous avons été condamné. A partir du moment où vous êtes condamnés, on peut vous demander de donner votre ADN : c'est ce qui s'est passé pour moi et j'ai refusé.»

Un «acharnement judiciaire» engagé pour «casser le mouvement syndical et le mouvement social»

Dénonçant un «acharnement judiciaire» engagé pour «casser le mouvement syndical et le mouvement social» , «dégoûter les militants par la peur», Elisabeth Darras, a souligné la nécessité de «se battre et de se mobiliser sans avoir à être inquiété pour ses actions syndicales.»

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°891 p.8

http://www.liberte62.com/article-liberte-62-n-891-41560139.html

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