lundi 28 septembre 2009

"C'EST NOUS QUI BRISONS LES BARREAUX POUR NOS FRERES"


Mort pour la France... Prononcés à la suite du nom de chacun des 218 Résistants tombés sous les balles de l'occupant Nazi dans les fossés de la citadelle d'Arras entre le mois d'août 1941 et le mois de juillet 1944, ces quatre mots ont résonné cette année d'une manière singulière à l'occasion de la commémoration du soixante cinquième anniversaire de la libération du Pas-de-Calais qui s'est déroulée dimanche dernier sur le lieu de leur dernier supplice.

Au rendez-vous de la cérémonie, grave et solennelle, parmi les trois cents personnes réunies, les représentants de diverses associations, partis, syndicats et communes du département ainsi que diverses personnalités politiques ou officielles ont déposé une gerbe de fleurs en souvenir des martyrs de la Résistance. Dans l'ordre de passage : Ivan Bouchier, sous-préfet, représentant le préfet du Pas-de-Calais, Jean-Marie Vanlerenberghe, sénateur maire d'Arras, Yves Delrue, conseiller municipal d'Arras délégué aux Affaires patriotiques, Catherine Génisson, députée du Pas-de-Calais, Alain Fauquet, conseiller général, représentant le président du Conseil général du Pas-de-Calais, une délégation de la Résistance Unie d'Arras, de l'Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de La Résistance (ANACR), du comité du Pas-de-Calais, de Carvin et d'Auchel de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP), de l'Association des Orphelins de Résistants, du Comité antifasciste allemand VVN de Duisbourg et de Herten, le directeur du Commonwealth, une délégation de l'Association Notre-Dame-de-Lorette, de l'Association France-Russie du Nord/Pas-de-Calais, de la Fédération départementale de la Ligue des Droits de l'Homme, de l'Association Mémoire et Culture de la Région minière, du Comité de Cooordination des Associations patriotiques de Carvin, de l'Union départementale des syndicats CGT du Pas-de-Calais, de l'USTM CGT du Pas-de-Calais, de l'Union locale des syndicats CGT d'Arras, du syndicat CGT EDF-GDF d'Arras, des syndicats CGT des retraités interprofessionnels d'Arras, de la Coordination CGT des mineurs du Nord/Pas-de-Calais, de la section du PS d'Arras, de la fédération PCF du Pas-de-Calais, des sections PCF d'Arras, d'Avion, de Grenay et de Carvin, de la section PS de Carvin, des villes d'Achicourt, Annezin-les-Bethune, Avion, Auchel, Billy-Montigny, Bois-Bernard, Carvin, Drocourt, Grenay, Harnes, Lens, Libercourt, Liévin, Marles-les-Mines, Montigny-en-Gohelle, Oignies, Sainte-Catherine, Saint-Nicolas, Sallaumines et Roeux.

«Nous ne saurions accepter que ce combats et ces sacrifices soient oubliés et escamotés»

Au terme de ce cortège chargé d'émotion, après une minute de silence et quelques mesures de La Marseillaise, Michel Defrance, président du comité du Nord de l'ANACR a souligné au cours de son allocution la nécessité de ne pas oublier la leçon de la Résistance et de la conjuguer toujours au présent. «C'est l'honneur de notre peuple a-t-il en outre déclaré, que d'avoir, durant les quatre années d'occupation, écrit et ce, dès ses premiers jours, ces pages de gloire de la France avec le sang de dizaines de milliers de femmes et d'hommes arrêtés, torturés, fusillés et déportés par les Nazi avec le concours de l'appareil pétainiste de répression. Des centaines de milliers d'autres ont risqué leur vie pour la liberté de notre pays et celle de son peuple, leurs proches se trouvant souvent, par là même, être la cible de la répression ou mis en danger. Nous ne saurions accepter que ce combats et ces sacrifices soient oubliés et escamotés et que leur portée soient minimisés. A travers ceux dont nous parlons, les fusillés de la citadelle d'Arras, a qui nous rendons hommage, sont entrés dans la légende ; comme ceux qui sacrifièrent les tâches les plus humbles sans qui la Résistance n'aurait pas existé, la France ne se serait pas libérée.»

«Ami entends-tu ...»


C'est sans doute cette leçon de la Résistance, au présent, qu'a voulu tirer Elisabeth Charpentier, professeur d'Allemand ainsi que trois de ses élèves du college Verlaine de Saint-Nicolas-lez-Arras en récitant depuis l'estrade officielle, mêlés, les poèmes Palestine, le secret dévoilé de Hassen Heerah, Palestine survivras-tu de Benoît Magnat, Quand les hommes vivront d'amour de Raymond Lévesque et La prière de Francis Jammes. Car si le caractère apparemment décalé de l'objet des deux premiers par rapport à l'événement – la Palestine, son soixantenaire et plus récent martyr – a pu créer quelque émoi chez les représentants de l'Etat présents, sans doute, c'est bien d'«ici», qu'il s'agissait. Au surlendemain de la dénonciation par un rapport de l'ONU des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis par l'Etat d'Israël pendant l'opération «Plomb durci» ; à l'avant-veille d'une opération «coup de poing» aux fragrances plus que douteuses organisée par le gouvernement Fillon-Sarkozy dans le Pas-de-Calais, il fallait le rappeler : c'est bien au présent que se conjugue la Résistance. D'ailleurs, l'incident, une fois rassis, a trouvé son écho conclusif dans de nombreuses têtes. Résistance au présent : au moment où l'orchestre entamait les premières mesures du Chant des partisans, le frisson d'un autre émoi parcourait l'assistance et presque sur les lèvres, au présent, se disait : «Ami entends-tu ...» Aucune pierre n'a pâli.

Jérome Skalski

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