vendredi 26 février 2010

DU NORD AU SUD DE BAPAUME A DECAZEVILLE TOUS ENSEMBLE POUR LA DEFENSE DE L'HOPITAL PUBLIC !

A l'appel du collectif «Tous ensemble», ils étaient plus de 2 500 personnes à manifester devant l'hôpital de Decazeville, mercredi 10 février dernier, afin de protester contre la décision de l'Agence Régionale d'Hospitalisation (ARH) de Midi-Pyrénées de fermer le service de réanimation de cet établissement de proximité situé au coeur d'un territoire de santé de près de 50 000 habitants.

Les services de chirurgie et de maternité de l'hôpital de Decazeville sont aussi visés. Dans cette ville de l'Aveyron comme un peu partout en France, la résistance grandit et s'organise. Au niveau national, un mouvement de convergence des luttes pour la défense de l'hôpital public se fait jour. Une Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité est d'ores et déjà constituée (http://www.coordination-nationale.org).
Contacté par le Comité de défense du CHB, le collectif «Tous ensemble pour le bassin de Decazeville» a transmis la semaine dernière un message de solidarité à destination des populations du Bapalmois mobilisés pour la défense de leur hôpital (Voir ci-dessous). Au-delà des arguments conjoncturels avancés ici et là pour justifier la «casse» de tel ou tel hôpital de proximité ce sont bien les «réformes» gouvernementales de l'hôpital public qui sont responsables de la situation. Tentant de masquer cette réalité dernière l'argument d'une «cabale» politique locale par exemple, ceux qui les portent et les appliquent auront sans doute de plus en plus de mal à se faire entendre à mesure que les faits seront connus. A Decazeville, le collectif «Tous ensemble» regroupe syndicats, associations, membres de partis politiques et élus locaux appartenant à des formations aussi diverses que le PCF, le PS ou...l'UMP. Liberté 62 a contacté Maxime Gaillac, aide soignant, représentant CGT du personnel de l'hôpital de Decazeville et responsable du collectif «Tous ensemble pour le bassin de Decazeville». Interview.


Liberté 62 : «Comment et à quelle occasion s'est engagée votre mobilisation au sujet de l'hôpital de Decazeville ?»



Maxime Gaillac
: «Sur Decazeville, nous avons commencé à mobiliser «Tous ensemble», le collectif de défense de l'hôpital, vers les mois de septembre et d'octobre parce que nous savions que nos services de chirurgie et de maternité étaient menacés. Là-dessus, le 30 décembre dernier, nous avons a reçu une lettre de l'Agence Régionale d'Hospitalisation (ARH ndlr) qui nous disait qu'il ne nous financerait plus le service de réanimation, du jour au lendemain, à partir du 1er janvier 2010. Du coup, nous avons accéléré la mobilisation avec des Assemblées générales du personnel et des réunions collectives plus régulières. Ensuite, nous avons engagé des actions pour nous faire entendre. Nous sommes allé bloquer des axes routiers et puis, il y a eu la manifestation du 10 février où il y avait plus de 2500 personnes devant l'hôpital. Un rendez-vous avait été pris pour rencontrer le directeur de l'ARH le lendemain. Au cours de ce rendez-vous, il nous a dit clairement que pour la réanimation, on pourrait trouver une solution si on remontait un dossier mais que par contre, pour la maternité et la chirurgie, il faudrait que ces services soient fermés avant 2011 en transformant la maternité en centre de périnatalité et la chirurgie en chirurgie programmée de 8h00 à 19h00. Bref, ce rendez-vous s'est très mal passé. Du coup, nous on continue sur notre lancée. On ne va rien lâcher. On a le soutien de la population et une forte mobilisation pour le maintien de l'hôpital et les services de soins. Une nouvelle réunion du collectif est prévue le 3 mars pour décider des actions a venir.»

Liberté 62 : «Qui est mobilisé au sein de votre collectif «Tous ensemble pour le bassin de Decazeville»?»

Maxime Gaillac : «Le collectif «Tous ensemble» réunit les syndicats de toutes les unions locales syndicales de Decazeville : CGT , FO, CFDT, des élus locaux et des maires des communes qui sont concernées par l'hôpital, des représentants de partis politiques et d' associations : le club de rugby par exemple et le club de football. En plénière, nous sommes entre 30 et 40 en réunion. Les élus sont surtout dans des partis de gauche mais on a aussi des maires ruraux, notamment de petites communes, qui sont de droite mais qui ont, à un moment donné, eu besoin de l'hôpital, qui se sont rendus compte de son utilité et qui combattent à nos côtés . Par exemple, il y a une petite commune agricole, juste à côté de Decazeville, qui a 600 habitants et qui s'appelle Saint-Santin. Eh bien, le maire est a droite mais l'hôpital lui a sauvé la vie. Il le dit très clairement. Pour lui se mobiliser au sein du collectif avec les syndicats, cela ne le gêne pas du tout et pourtant il a a sa carte à l'UMP !»

Liberté 62 : «Dans le message de soutien à la lutte des habitants de la région de Bapaume mobilisés pour la défense de leur hôpital que vous adressez au Comité de défense du CHB, vous parlez d'«assassins» du service public de proximité à propos de ceux qui portent les réformes actuelles de l'hôpital. Ne trouvez-vous pas l'expression exagérée ?»


Maxime Gaillac
: «Le terme utilisé est «dur» nous nous rendons compte. Mais la réalité l'est aussi. On dit souvent que la santé n'a pas de prix. A partir du moment où on commence à mettre un prix dessus en rentrant dans un calculs de rentabilité comme dans le privé, pratiquement c'est une volonté de tuer l'hôpital public de proximité qui est en jeu. Certains vont forcément en bénéficier parce certains auront les moyens de se déplacer et puis les autres, le plus grand nombre, les personnes âgées par exemple n'auront pas les moyens de se déplacer pour aller dans une structure que sera beaucoup plus éloignée et vont rester sur le bord de la touche. Donc, oui, en fermant les services de soin de proximité , c'est une sorte d'assassinat qui est commis : la création de déserts sanitaires où on ne peut plus se soigner. Encore une fois, le mot est fort mais c'est bien de cela dont il s'agit pour l'avenir.»

Liberté 62 : «A Bapaume, à Decazeville ou ailleurs, des arguments conjoncturels concernant de dettes par exemple ou des déficits sont avancés pour justifier fermetures de services et restructurations. Qu'en pensez-vous ?»


Maxime Gaillac
: «L'attaque contre l'hôpital de proximité n'est pas liée à une conjoncture particulière ou à une situation locale. C'est une attaque globale. Déjà, avec la mise en place de la tarification à l'activité (T2A ndlr), le but était bien de faire mourir les hôpitaux de proximité. A Decazeville, depuis la mise en place de la T2A à 100 % donc depuis que Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, on nous ampute de 2 millions d'euros par an. Au niveau du budget de l'hôpital cela a créé, volontairement, un déficit. Avec ce système de tarification, tout est fait pour qu'on ne puisse pas s'en sortir. En fait, c'est depuis 1996 et le plan Juppé que vient cette volonté de casser le service public hospitalier de proximité. Seulement, la gouvernement actuel avec la loi Bachelot (loi HPST ndlr), veut en finir et aller vite. Dans cette perspective, avant 2012, nous savons que les coups vont pleuvoir de partout.»

Liberté 62 : «Votre message au Comité de défense du Centre Hospitalier de Bapaume se veut partie prenante d'une convergence des luttes locales pour sauver l'hôpital public. Pourquoi une telle démarche ?»


Maxime Gaillac
: «Si notre mobilisation peut servir celle des habitants de la région de Bapaume pour défendre leur hôpital, c'est une démarche utile à laquelle nous sommes prêts à donner suite. De notre côté par exemple, nous somme en contact avec le collectif de défense de l'hôpital de Carhaix en Bretagne. Nous sommes aussi en contact avec le comité de défense de l'hôpital de Valréas dans la Vaucluse. Nous n'arriverons pas à sauver l'hôpital public de proximité en nous battant chacun chez soi. C'est en faisant converger tous les mouvements que nous arriverons à quelque chose. À cette convergence, tout le monde va y gagner. Nous n'arriverons à les faire lâcher que si il y a un poids de masse ! Il faut que le maximum de monde se mobilise et c'est le message que nous adressons à la population de Bapaume et de ses environs. Si la population civile doit se mobiliser, les élus le doivent aussi. De toute façon, les élus se mobiliseront nécessairement à partir du moment où la population bougera. Il faut un vaste mouvement populaire. Il faut une vaste pression de la population qui les oblige à se mettre en avant et à prendre part au combat.»


Propos recueillis par Jérôme Skalski.

Publié dans Liberté 62 n°902


APPEL A LA RESISTANCE, A L'UNITE, A LA CONVERGENCE DES LUTTES



Communiqué de soutien du collectif «Tous Ensemble pour le Bassin de Decazeville » à la lutte de la population de Bapaume pour le maintien de tous les services de soins de son hôpital. Texte intégral.


«Le collectif de défense de l'hôpital de Decazeville soutient la lutte de la population de Bapaume pour le maintien de tous les services de soins de son hôpital. Aujourd'hui le gouvernement, dans le cadre de la loi Bachelot (loi HPST), et dans la continuité des gouvernements successifs depuis le plan Juppé en 1996, souhaite détruire l'offre de soins de proximité en s'attaquant ouvertement à nos hôpitaux en faisant planer le manque de sécurité de ces structures et des « déficits » mirobolants !
Mais est-ce qu'un service public doit gagner de l'argent, est-ce qu'un hôpital doit choisir ses patients en fonction de la taille de son portefeuille? Et pourtant il s'agit bien de cela. En attaquant sans relâche les hôpitaux de proximité comme à Decazevile et à Bapaume, le gouvernement veut inévitablement créer des zones de non soins, une marchandisation de la santé donc un véritable abandon des plus pauvres, des plus malades et des plus isolés par la création de véritables désert sanitaire accentuant les distances entre les patients et les soins hospitaliers avec des conséquences accidentelles et parfois mortelles .
Un hôpital a un rôle sanitaire et social à mener du mieux possible sur un territoire. Il est le pilier de l'organisation des soins. Mais au delà de ses missions, il à un rôle structurant dans les politiques locales d'aménagement du territoire.
Pas d'hôpital, pas d'industrie. Pas d'industrie, pas d'emplois. Pas d'emplois, pas de services publics. Pas de services publics, pas d'hôpital – et la boucle est bouclé.
Nous devons exiger une véritable égalité d'accès aux soins, le maintien et le développement des hôpitaux de proximité afin de répondre aux besoins exprimés par toute une population. A Decazeville la lutte pour le maintient de l'hôpital à commencé et continue « tous ensemble » : élus, syndicats, associations, partis politiques, personnels hospitaliers et toute la population. Aujourd'hui à Decazeville, à Bapaume, et dans tous nos hôpitaux montrons aux «assassins » du service publics de proximités qu'unis dans la lutte, on ne lâchera rien !»

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