samedi 13 février 2010

LA CGT SANTE REGIONALE TIRE LE SIGNAL D'ALERTE


Mardi, le jour même où Nicolas Sarkozy, en campagne dans le Loir-et-Cher, dissertait sur le désenclavement des zones rurales et annonçait une série de mesures en faveur de l'accès de leurs populations «à une santé de proximité», les responsables du Nord et du Pas-de-Calais de la fédération CGT de la Santé et de l'Action sociale se réunissaient, dans une salle de l'hôpital de Bapaume, pour préparer une série d'actions destinées à mobiliser les personnels et les habitants de la région pour la défense du service public de santé et convoquer une conférence de presse.

«Plus le mensonge est gros, plus il passe» a-t-on dit. La CGT ne se résout pas à ce propos. Dans les locaux flambant neufs de l'hôpital de Bapaume, à l'endroit même où les plans de sa future extension étaient exposés sur un mur - «étaient» car, opportunément, la direction du CHB les avait fait retirer pour éviter,selon la CGT, qu'ils ne rentrent, une seconde fois, dans le cadre de la photographie de presse -, le lieu choisi se voulait un symbole dans cet hôpital situé en plein coeur d'une zone rurale et menacé de se voir transformer en une vaste maison de retraite. Car, à la manière de leur mentor, sur un lit de promesses, de propos rassurants et, la main sur le coeur, avec en bouche la résolution de «sauver l'hôpital de Bapaume», c'est bien, toujours selon la CGT, à la liquidation du CHB que sont engagés Jean-Paul Delevoye, maire UMP de la capitale du Bapalmois et André Flageolet, député UMP de la neuvième circonscription du Pas-de-Calais
La transformation du CHB en une maison de retraite est en marche
«Concernant l'avenir de l'hôpital de Bapaume, nous sommes toujours dans le flou le plus total» a expliqué Michel Carré, responsable CGT du CHB : «Ce que nous pouvons dire, c'est que tout indique que sa transformation en une maison de retraite est en marche. Aujourd'hui, suite à la suppression des gardes médicales, il ne reste qu'un médecin sur les cinq qui travaillaient ici. Quand nous l'interrogeons, le directeur nous dit que notre médecine serait transformée en service de soins de suite et de rééducation à orientation gériatrique c'est-à-dire qu'on ferait de notre hôpital un grand pavillon de convalescence pour personnes âgées.»
«En terme d'emploi, à la CGT, a-t-il continué, nous réclamions la titularisation de 19 agents hôspitaliers. Pour l'instant, sept d'entre eux l'ont été. Il en reste 12 à titulariser. Nous sommes sensés en savoir plus le 25 février à l'occasion du prochain CTE [Comité Technique d'Etablissement ndlr] où le projet médical de l'hôpital est à l'ordre du jour. Nous sommes inquiets. Ces dernières semaines, le directeur a laissé entendre qu'il fallait peut-être supprimer notre service de radiologie. A l'externalisation des services de cuisine et de lingerie s'ajoutrerait donc celui de la radiologie. Quand Jean-Paul Delevoye dit qu'il veut «sauver l'hôpital de Bapaume», il ne dit pas en quoi celui-ci sera transformé. Ce que nous constatons, nous, c'est que bientôt, on ne pourra plus qualifier notre établissement d'hôpital.»

L'objectif très clair de casser le service public de santé

«Nous nous sommes réunis ici à Bapaume pour dénoncer, dans cet hôpital menacé d'être transformé en maison de retraite, la loi “Hôpital, patients, santé, territoires” [HPST ndlr] dont André Flageolet, député du Pas-de-Calais est l'un des initiateurs a expliqué Roger Maly, responsable régional Nord-Pas-de-Calais de la CGT de la Santé et de l'Action sociale.
«C'est une loi antidémocratique qui a été élaborée sans tenir compte ni les personnels hospitaliers, ni des usagers a-t-il continué. C'est une loi qui ne tient pas compte du tout de la proximité et qui a pour objectif très clair de casser le service public de santé au profit du secteur privé et lucratif. L'idée, avec cette loi c'est de transférer le budget de la sécurité sociale sur les départements et, une fois de plus, à terme, ce sont les usagers qui vont payer par le biais des impôts. Son but aussi, c'est de supprimer des emplois de la fonction publique. Par exemple, à l'hôpital de Lens, ce sont 400 emplois qui ont été supprimés au mépris des personnels et des services. La fusion et le rattachement des hôpitaux, par exemple dans le département, de l'hôpital de Bapaume à celui de Douai ou de l'hôpital de Saint-Omer avec celui de Calais vont dans le même sens.»

Alerter la population et les élus

«Notre but avec cette conférence de presse a souligné Roger Maly, c'est d'alerter la population et les élus, de tout bord, y compris Jean-Paul Delevoye, président du Conseil d'Administration du CHB, maire de Bapaume, ancien ministre, ancien député et médiateur de la République qui est en train de laisser démolir l'hopital de Bapaume, un établissement, a priori, en excellente santé. Nous envisageons aussi d'organiser, dans les semaines qui viennent, à Bapaume, une journée d'action départementale ou régionale pour dénoncer le loi HPST et la politique gouvenementale de casse
organisée du service public de santé.»

Le temps presse

«Le temps presse au niveau de Bapaume a pour sa part indiqué Patrick Vanderpotte, secrétaire général de la fédération CGT de la Santé et de l'Action sociale du Pas-de-Calais. Avant la journée d'action départementale ou régionale que nous envisageons d'organiser ici, une action locale va être engagée au plus vite. La santé, dans notre région, la plus démunie de France à cet égard, est particulièrement menacée. Ce n'est pas un hasard si c'est dans notre région que le gouvernement veut appliquer les premières mesures impliquées par la loi HPST. Ce n'est pas un hasard si André Flageolet, député du Pas-de-Calais en est un des principaux initiateur et que Jean-Paul Delevoye et Natacha Bouchart, maire UMP de Calais, soient en charge des deux gros dossiers hospitaliers qui sont en cours actuellement.»
«Il faut bien comprendre que ce à quoi s'attaque le gouvernement en attaquant l'hopital public, après EDF, GDF, La Poste, et caetera et caetera, c'est un nouveau pan de la fonction publique. Ce qui est en jeu c'est l'avenir, non seulement de la fonction publique hospitalière mais de toute la fonction publique. Le «déficit» du CHB , ici, à Bapaume n'est qu'un prétexte. Il faut le comparer aux deux milliards d'euros qu'a couté aux contribuables l'affaire du vaccin contre la grippe HAN1. Plus de deux fois le montant du «déficit» de l'ensemble des hôpitaux publics de France ! L'hôpital public est fait pour soigner. On sait que le Nord-Pas-de-calais manque cruellement de lits, de services et de moyens et aujourd'hui, le gouvernement est en train de tuer encore plus l'hôpital public dans la région ! Où vont aller les gens pour se soigner ? Cela nous fait froid dans le dos. Voilà : s'il y a un accident à 500 mètres d'ici, si on n'a plus les moyens de faire rentrer un patient dans cet établissement de proximité, en combien de temps va-t-il être soigné ? Quelles conséquences graves cela aura-t-il ? Ils sont en train de tout casser. A tous ces gens qui ont mis en place ce système, je dirais : «Le seul nom qu'on va pouvoir vous donner, c'est celui d'assassins.»»
A transmettre dans le Loir-et-Cher, à Bapaume ou ailleurs aux bonimenteurs de tout poil qui, selon la CGT, enfument l'opinion publique au service d'un projet politique et social au service exclusif du profit et de l'intérêt privé. Car s'il faut «sauver» l'hôpital public et l'hôpital de Bapaume en particulier, pour la CGT, c'est contre des choix politiques qu'ils ont fait ou qu'ils soutiennent. Leurs choix politiques.

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°900

Aucun commentaire: