samedi 13 février 2010

UN PROJET D'ENVERGURE POUR LES F2M



Associés à Colères du Présent, le groupe de Rap F2M recoit Casey et le collectif Zone Libre pour animer un atelier d'écriture dans les quartiers ouest d'Arras. En préparation, un concert performance pour le prochain Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale qui se déroulera, le premier mai prochain, dans la capitale du Pas-de-Calais.

Plusieurs années de «galère» se sont passées suite à la fermeture du studio d'enregistrement des Hochettes, fermeture resentie à l'époque comme une «punition collective» prise à l'encontre des jeunes des quatiers ouest d'Arras. Placés sous la responsabilité de COPIRATE, association composée de graffeurs, de rappeurs et d'acteurs sociaux réunis dans le but de promouvoir les artistes de la scène urbaine ainsi que d'AMSTERBLAM'S, association et label de Hip-Hop, il a enfin réouvert ses portes, après trois ans, à la Maison de Quartier Colucci d'Arras en septembre 2009. A l'origine de ce retournement de situation, les efforts, entre autres, des membres du groupe de Rap F2M, artistes engagés par ailleurs dans un projet d'envergure avec l'association Colères du Présent.

Retournement de situation

«C'est peu de temps avant la création d'AMSTERBLAM'S que nous avons pris contact avec les jeunes du groupe F2M explique de Didier Andreau, président de Colères du Présent : «Leur démarche nous intéressait. Nous nous sommes dit qu'il était possible que nous fassions quelque choses ensemble. Après plusieurs rencontres, nous leur avons proposé de venir se produire sur le pôle des musiques alternatives du Salon du livre du 1er mai 2009 et depuis, les projets s'enchaînent.»

«Pour nous, c'était l'expérience d'un brassage des cultures»

«Pour nous, c'était l'expérience d'un brassage des cultures. Tout le monde a accroché avec le public» explique Zinedine, membre des F2M à propos du concert du 1er mai dernier. «Après, avec Will's [chanteur du groupe ndlr] , nous nous sommes allés, avec Colère du Présent, à la Fête Internationale du livre d’expression populaire et de critique sociale sur l'Île de La Rénion. Nous avons participé àdes ateliers d'ériture, nous avons fait quelques scènes dans les quartiers. Avec Charb, Babouse, les érivains qui éaient avec nous, nous nous étions les rappeurs du groupe : le courant est très bien passé.» Une expérience qui s'est renouvelé pour Zinédine, à Saint-Louis du Sénéal, en compagnie de Omar, un autre membre des F2M.
«Suite à cette collaboration, nous nous sommes dit qu'il fallait continuer souligne Didier Andreau : «Après en avoir parlé entre nous, l'idée de lancer, pour 2010, un atelier d'écriture sur le quartier s'est imposé. Du côté de Colères du Présent, nous avons engagé des démarches pour organiser, événtuellement, une résidence et faire accompagner cet atelier par des rappeurs pros.»

Du «lourd»

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le réseau de Colères du Présent à joué à plein. La rappeuse Casey et le groupe Zone libre, plus qu'intéressés par la démarche engagée, ont rejoint le projet. Une présence périodique de Casey par animer l'atelier d'écriture avec les jeunes du quartier dans le studio de la Maison Colucci et une résidence pour préparer avec les F2M un concert avec Zone Libre pour le prochain Salon du Livre d'expression populaire et de critique sociale sont d'ores et déjà engagées. Un programme plus que sérieux. Du «lourd» pour les F2M et les jeunes des quartiers ouest d'Arras.

Jérôme Skalski


"Dans le Rap, il y a des choses qui sont universelles"


Si vous lui parlez de «star» du Rap, il est probable que vous passiez un fichu quart d'heure avec Casey. Pas une «star», Casey. Et pourtant, du talent, la rappeuse en a à revendre. Oui, mais «pas à vendre». Choses dites, à l'occasion de la participation de Casey à l'atelier d'écriture des jeunes des quartiers ouest d'Arras au studio des Hochettes en janvier dernier.

«Sur l'atelier d'écriture, je dirais que, pour moi, le Rap n'est pas quelque chose qui s'enseigne. C'est une rencontre. Ce que tu apprends, tu l'apprends avec le temps. Ce que je leurs dit, aux jeunes, ici, ils l'auraient peut-être trouvé seuls. Pour moi, cela a pris du temps avant de le comprendre. Si on m'avait dit telle ou telle chose quand j'étais plus jeune, je me serais moins pris la tête sur des trucs que je ne comprenais pas. Pourquoi mon texte sonne bizarre, par exemple.
Dans le Rap, il y a des choses qui sont universelles : les rimes, les temps... Si tu peux leur expliquer, alors c'est parfait. Après, sur le reste, sur ce que tu a envie d'écrire, sur ce que tu écris, chacun vas trouver son truc à lui. Quand tu es jeunes tu te cherches. Pour moi, mes premiers textes, c'était du n'importe quoi : trop de mimétisme. Quand tu es jeune, tu as du mal à trouver ta singularité. Cela vient avec le temps. Au début, bien sûr, tu es dans la reproduction. C'est normal. C'est ce qu'il y a de plus rassurant. Après, tu développes ton propre propre souffle, ta propre voix, ta propre manière de dire.
Dans un atelier comme celui-là où tu es avec des plus jeunes : c'est mortel. Des jeunes, ça se trompe. Ça sait des trucs sans savoir. Ça affirme des choses sans connaître. Mais c'est ça, «être jeune». En même temps, tu as toute latitude pour apprendre et puis comprendre deux ou trois choses. Ce n'est pas vrai seulement pour le Rap mais pour la vie en général. Dans le fond, au-delà de faire du Rap, ici, on réfléchit à qu'est-ce que c'est qu'écrire. Pour moi, dans cet atelier, le Rap est un alibi. Je suis un alibi pour qu'on fasse du français pas pour devenir rappeur. Un alibi pour faire plein d'autres choses. Ce qui est important, c'est que les jeunes sachent écrire, qu'ils parlent correctement. Les vraies armes qui t'aident dans la vie, c'est d'avoir un peu d'éducation, d'avoir des bagages, pas de faire du Rap. Après, avoir près de soi quelqu'un qui fait du Rap, cela peut donner confiance.»

Publié dans Liberté 62 n°900

Aucun commentaire: