lundi 28 septembre 2009

JOURNEE DE GREVE ET DE MOBILISATION A LA POSTE


Dans le département du Pas-de-Calais, mardi 22 septembre, plusieurs rassemblements ont été organisés dont un à Lens et un autre devant La Poste d'Arras. Intervenant au terme de ce dernier, Michel Gérard, secrétaire général du syndicat départemental CGT FAPT du Pas-de-Calais a rappelé quelques faits démentant les allégations gouvernementales selon lesquelles la transformation de La Poste en société anonyme n'avait aucun rapport avec un projet de privatisation. «Il est d'ores et déjà annoncé 7 500 suppressions d'emplois environ au niveau national dans l'ensemble du groupe La Poste» a-t-il ainsi souligné : «Telle est la réalité à La Poste. Pour le département du Pas-de-Calais ce sont 38 600 heures dont la suppression est programmée et 116 emplois en moins. Déjà, des bureaux ont été purement et simplement fermé.» Le syndicaliste a fait ensuite le point sur l'état de la mobilisation dans le département : 100 % de grèvistes à Fruges, «une très forte mobilisation» dans la région de Boulogne, 53% de grévistes à Montreuil-sur-Mer, 100 % de grévistes à Rouvroy, 59 % à Sallaumines, 67 % à Aire-sur-la-Lys... «Nous sommes ni pour un statu quo ni pour la privatisation, nous sommes pour un véritable service public de La Poste» a-t-il conclu avant d'en appeler à la mobilisation pour la votation citoyenne organisée la semaine prochaine contre la privatisation de La Poste.

Jérôme Skalski

UN PREFET DROIT DAN SES BOTTES SOUS LA COUPOLE DE L'HOTEL DU DEPARTEMENT


Lundi dernier, c'est en deux parties que s'est déroulée la session de rentrée du Conseil général. En matinée, la séance a été marquée par le rapport introductif de son président ainsi que par un débat sur le RSA. L'après midi, l'accueil du préfet du département par les élus de l'assemblée délibérative du Pas-de-Calais devait constituer un événement.


Selon l'ordre du jour, la séance matinale était consacrée à divers rapports d'activité et au dépôt de plusieurs motions – une motion sur le droit des enfants, contre la casse du fret ferroviaire et sur le service public postal à l'initiative du groupe communiste.

Climat de panique

Dans son discours préliminaire, Dominique Dupilet, président du Conseil général du Pas-de-Calais, a mis en exergue deux points concernant l'actualité politique. La situation financière du département et le projet gouvernemental de réforme des collectivités territoriales. Sur le premier point, il a décrit un «climat de panique» chez de nombreux élus locaux, «climat de panique qui s'appuie sur une inquiétude légitime : la suppression de la taxe professionnelle et l'instabilité financière qu'elle entraîne au moment où les collectivités élaborent leur budget». Sur le deuxième point, le projet de réforme gouvernementale des collectivités territoriales, le président du Conseil général du Pas-de-Calais a souligné la «rupture conservatrice» qu'elle constituait qui «si elle devait voir le jour», serait «une catastrophe pour l'action des collectivités, une catastrophe pour les habitants du Pas-de-Calais, une catastrophe pour la France au moment où il nous faut relever collectivement beaucoup de défis. » Sur ces deux points un diagnostic et un pronostic convergents avec ceux développés par les élus communistes au Conseil général à la rentrée dernière. Un diagnostic et un pronostic qui appellent cependant, selon eux, non pas seulement un constat, mais une action efficace. Concernant le RSA par exemple, RSA auquel Alain Wacheux, président de la 7ème commission a consacré un long exposé. Intervenant dans le débat qui lui a fait suite, Martial Stienne, conseiller général de Vitry-en-Artois, a ainsi rappelé la position des élus communistes sur le RSA , dénoncé les conditions de contrôle pesant sur ses bénéficiaires et en a appelé à la responsabilité du Conseil général pour ne pas se faire l'«instrument» passif de la politique du gouvernement.

Evénement

Au cours de la séance de l'après-midi, le préfet du Pas-de-Calais, Pierre de Bousquet de Florian, après un rapport préliminaire portant sur les activités de l'Etat dans le département s'était engagé à répondre aux questions des élus du Conseil général, questions posées oralement ou indirectement, par écrit. Concernant les points soulevés en séance par les élus du groupe communiste, l'emploi industriel – intervention de Dominique Watrin -, la suppression de la taxe professionnelle et la sécurité dans les communes et quartiers populaires- interventions d'André Delcourt - ou encore la question de la qualité de l'accueil en maternelle et de la marchandisation de la santé – intervention d'Yvan Druon -, le représentant de l'Etat s'est peu ou pas départi des figures ordinaires de la rhétorique gouvernementales consistant à botter en touche ou à procéder par dénégation pure et simple.

Absence de réponse

Réagissant au rapport d'activité du préfet et intervenant tout d'abord au nom du groupe communiste, André Delcourt, conseiller général communiste de Divion, a souligné l'absence de réponse du préfet concernant les dettes de l'Etat à l'égard du département au titre des compensations de transfert de compétences – 162 millions d'euros en 2008 - et l'a interpelé au sujet du projet gouvernemental de réforme de la taxe professionnelle et de ses conséquences sur les finances et l'avenir des collectivités territoriales. «Par quoi le gouvernement va-t-il compenser cette perte de la taxe professionnelle quand les communes ont multiplié le nombre de commerces et d'entreprises et dégagé des sommes parfois très importantes pour répondre aux besoins des habitants ? Le but réel de cette réforme n'est-il pas de favoriser un transfert de la fiscalité des entreprises vers les ménages, d'amoindrir le champ d'action des collectivités locales pour mieux imposer aux Français la réforme institutionnelle qui prévoit la disparition des départements et l'effacement des petites et moyennes communes ?» a-t-il demandé. S'appuyant sur les déclarations du président de la République relativement au rapport Balladur sur le développement des intercommunalités comme «solution incontournable», la réponse du préfet, proposant la suppression des compétences et des capacités d'action actuelles des communes par l'asphyxie fiscale comme moyen pour sauver cet «échelon» auquels «tous» sont attachés, fut d'une subtilité byzantine. Avec la «garantie» apportée par le préfet des « engagements qui ont été pris de la façon la plus formelle par le président de la République ainsi que par le premier ministre» au sujet du maintien des ressources des collectivités locales, il est vrai que les élus du Conseil général auront sans doute été rassurés.
A la seconde question posée en séance par André Delcourt au sujet de la fermeture des commisariats, de la réduction de leurs horaires d'ouverture et de la disparition de la police de proximité, le préfet a été plus abrupt se réclamant de l'évidence des «bons chiffres» de la délinquance fourni par le ministère de l'Intérieur - juge et partie - et du «fait» que la «police nationale ne peut pas tout faire». «Nous avons fait évoluer la manière de faire de la police ces dernières années a-t-il souligné : «Pour le bassin minier nous n'avons pas diminué de manière significative le nombre de policiers mais nous les avons recentrés sur leurs missions. Nous les avons remis dans la rue en fermant, en limitant plus exactement, l'ouverture d'un certain nombre de circonscriptions de police qui sont devenues des bureaux de police moins ouverts mais avec des policiers redéployés dans des circonscriptions plus larges. La police de proximité n'a pas véritablement disparu. Elle s'exerce autrement, de façon plus incisive, avec des capacités d'intervention démultipliés.» «À la doléance quantitative je répondrai a-t-il conclu sur ce point, par le redéploiement qualitatif pour toujours mieux cibler et être à l'écoute en partenariat avec les élus», exemple de la plus belle eau de la langue de bois gouvernementale en la matière.

Aveu public

Aux questions posées par Yvan Druon, conseiller communiste de Harnes, concernant les services publics de la santé et de l'éducation, le préfet a été «droit dans ses bottes». A l'exemple évoqué par l'élu communiste d'une personne de son canton ayant appris par téléphone avoir le cancer et qui, une fois avoir pris contact avec son médecin traitant, s'est vue proposée, dans un cadre public, un rendez-vous dans les trois mois à l'hôpital de Lens pour un IRM et auprès d'un spécialiste, à titre de soin privé, dans la semaine pour le même examen , au même endroit, Pierre de Bousquet de Florian a déclaré ne pas croire «qu'il faut trop raisonner sur des cas particuliers» évoquant ensuite l'encouragement par le gouvernement des «bonnes pratiques» en matière de santé. Ce qui n'a pas empêché le préfet à propos la question posée sur la scolarisation des enfants en maternelle d'évoquer le «cas particulier» pour illustrer la «bonne rentrée» du département cette année.
Mais il serait partial de ne pas souligner l'aveu du représentant de l'Etat reconnaissant dans le département autant de suppression d'emplois pour la moitié de l'année 2009 que pour la totalité de l'année 2008 dans son rapport. Le fait a été remarqué par Dominique Watrin, conseiller communiste du canton de Rouvroy et président du groupe des élus communistes au Conseil général, soulignant dans sa question en séance l' «hécatombe de l'emploi industriel» dans le Pas-de-Calais et interrogeant le préfet sur l'utilisation des fonds publics en lui proposant de les mobiliser à l'aide d'un pôle public financier régional «en faveur des entreprises qui s'engagent réellement à maintenir ou à créer des emplois stables plutôt que de soutenir les grands groupes capitalistes qui procèdent en réalité à des délocalisations cachées.» Aveu qui n'a pas empêché le représentant de l'Etat, à nouveau, de botter en touche en évoquant, savamment, une «reprise» dont un «effet retard» nous contraint à nous reposer sur les «nombreuses» initiatives gouvernementales déjà engagées pour nous «éviter le pire».

Dans son rapport, sur l'ensemble des questions posés par les élus communistes au Conseil général – par écrit, sur le Pôle emploi et Sea France (Marcel Levaillant), sur l'accueil des enfants en cas d'absence d'un enseignant (Bruno Troni), sur la RGPP (Jean-Claude Juda) , sur la fermeture des Internats de Réusite Educative (André Delcourt) et sur la politique du logement (Lucien Andries) – ainsi que sur presque l'ensemble des questions posées en séance par les élus du Conseil général, le préfet a, semble-t-il, mis en application la thèse qui apparemment l'oppose au président du Conseil général à propos de l'implantation des éoliennes dans le département du Pas-de-Calais -problème posé à l'écrit par Martial Stienne pour le canton de Vitry-en-Artois. La preuve par le fait, - maigres espoirs de la plupart des élus de l'assemblée délibérative départementale déçus -, depuis la place d'honneur réservée au représentant de l'Etat et du gouvernement sous la coupole de l'hôtel du département : «Il y a encore de la place pour des éoliennes dans le Pas-de-Calais».

Jérôme Skalski

"C'EST NOUS QUI BRISONS LES BARREAUX POUR NOS FRERES"


Mort pour la France... Prononcés à la suite du nom de chacun des 218 Résistants tombés sous les balles de l'occupant Nazi dans les fossés de la citadelle d'Arras entre le mois d'août 1941 et le mois de juillet 1944, ces quatre mots ont résonné cette année d'une manière singulière à l'occasion de la commémoration du soixante cinquième anniversaire de la libération du Pas-de-Calais qui s'est déroulée dimanche dernier sur le lieu de leur dernier supplice.

Au rendez-vous de la cérémonie, grave et solennelle, parmi les trois cents personnes réunies, les représentants de diverses associations, partis, syndicats et communes du département ainsi que diverses personnalités politiques ou officielles ont déposé une gerbe de fleurs en souvenir des martyrs de la Résistance. Dans l'ordre de passage : Ivan Bouchier, sous-préfet, représentant le préfet du Pas-de-Calais, Jean-Marie Vanlerenberghe, sénateur maire d'Arras, Yves Delrue, conseiller municipal d'Arras délégué aux Affaires patriotiques, Catherine Génisson, députée du Pas-de-Calais, Alain Fauquet, conseiller général, représentant le président du Conseil général du Pas-de-Calais, une délégation de la Résistance Unie d'Arras, de l'Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de La Résistance (ANACR), du comité du Pas-de-Calais, de Carvin et d'Auchel de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP), de l'Association des Orphelins de Résistants, du Comité antifasciste allemand VVN de Duisbourg et de Herten, le directeur du Commonwealth, une délégation de l'Association Notre-Dame-de-Lorette, de l'Association France-Russie du Nord/Pas-de-Calais, de la Fédération départementale de la Ligue des Droits de l'Homme, de l'Association Mémoire et Culture de la Région minière, du Comité de Cooordination des Associations patriotiques de Carvin, de l'Union départementale des syndicats CGT du Pas-de-Calais, de l'USTM CGT du Pas-de-Calais, de l'Union locale des syndicats CGT d'Arras, du syndicat CGT EDF-GDF d'Arras, des syndicats CGT des retraités interprofessionnels d'Arras, de la Coordination CGT des mineurs du Nord/Pas-de-Calais, de la section du PS d'Arras, de la fédération PCF du Pas-de-Calais, des sections PCF d'Arras, d'Avion, de Grenay et de Carvin, de la section PS de Carvin, des villes d'Achicourt, Annezin-les-Bethune, Avion, Auchel, Billy-Montigny, Bois-Bernard, Carvin, Drocourt, Grenay, Harnes, Lens, Libercourt, Liévin, Marles-les-Mines, Montigny-en-Gohelle, Oignies, Sainte-Catherine, Saint-Nicolas, Sallaumines et Roeux.

«Nous ne saurions accepter que ce combats et ces sacrifices soient oubliés et escamotés»

Au terme de ce cortège chargé d'émotion, après une minute de silence et quelques mesures de La Marseillaise, Michel Defrance, président du comité du Nord de l'ANACR a souligné au cours de son allocution la nécessité de ne pas oublier la leçon de la Résistance et de la conjuguer toujours au présent. «C'est l'honneur de notre peuple a-t-il en outre déclaré, que d'avoir, durant les quatre années d'occupation, écrit et ce, dès ses premiers jours, ces pages de gloire de la France avec le sang de dizaines de milliers de femmes et d'hommes arrêtés, torturés, fusillés et déportés par les Nazi avec le concours de l'appareil pétainiste de répression. Des centaines de milliers d'autres ont risqué leur vie pour la liberté de notre pays et celle de son peuple, leurs proches se trouvant souvent, par là même, être la cible de la répression ou mis en danger. Nous ne saurions accepter que ce combats et ces sacrifices soient oubliés et escamotés et que leur portée soient minimisés. A travers ceux dont nous parlons, les fusillés de la citadelle d'Arras, a qui nous rendons hommage, sont entrés dans la légende ; comme ceux qui sacrifièrent les tâches les plus humbles sans qui la Résistance n'aurait pas existé, la France ne se serait pas libérée.»

«Ami entends-tu ...»


C'est sans doute cette leçon de la Résistance, au présent, qu'a voulu tirer Elisabeth Charpentier, professeur d'Allemand ainsi que trois de ses élèves du college Verlaine de Saint-Nicolas-lez-Arras en récitant depuis l'estrade officielle, mêlés, les poèmes Palestine, le secret dévoilé de Hassen Heerah, Palestine survivras-tu de Benoît Magnat, Quand les hommes vivront d'amour de Raymond Lévesque et La prière de Francis Jammes. Car si le caractère apparemment décalé de l'objet des deux premiers par rapport à l'événement – la Palestine, son soixantenaire et plus récent martyr – a pu créer quelque émoi chez les représentants de l'Etat présents, sans doute, c'est bien d'«ici», qu'il s'agissait. Au surlendemain de la dénonciation par un rapport de l'ONU des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis par l'Etat d'Israël pendant l'opération «Plomb durci» ; à l'avant-veille d'une opération «coup de poing» aux fragrances plus que douteuses organisée par le gouvernement Fillon-Sarkozy dans le Pas-de-Calais, il fallait le rappeler : c'est bien au présent que se conjugue la Résistance. D'ailleurs, l'incident, une fois rassis, a trouvé son écho conclusif dans de nombreuses têtes. Résistance au présent : au moment où l'orchestre entamait les premières mesures du Chant des partisans, le frisson d'un autre émoi parcourait l'assistance et presque sur les lèvres, au présent, se disait : «Ami entends-tu ...» Aucune pierre n'a pâli.

Jérome Skalski

mercredi 23 septembre 2009

LES ELUS COMMUNISTES AU CONSEIL GENERAL EN ORDRE DE BATAILLE


Au lendemain de la réunion de rentrée de leur groupe, les élus communistes au Conseil général du Pas-de-Calais se sont mis en ordre de bataille. Au cours d'une conférence de presse qui s'est déroulée à Arras le mercredi 9 septembre, ils ont exposés les thèmes de leurs interventions dans le cadre de la session extraordinaire du Conseil général programmée le 21 septembre prochain en présence du préfet du Pas-de-Calais. Ils ont aussi confirmé et souligné en particulier leur engagement sur trois grands dossiers d'intérêt public : la question de de l'emploi et notamment de l'emploi industriel, de la défense du service public postal et de la réforme des collectivités territoriales.

Dominique Watrin, conseiller du canton de Rouvroy et président des élus communistes et républicains au Conseil général, a tout d'abord présenté brièvement les thèmes de la future intervention de leur groupe auprès du préfet au cours de la réunion extraordinaire de l'assemblée délibérante du Pas-de-Calais programmée le 21 septembre prochain, scéance portant sur le rapport d'activité des services de l'État dans le département : la question de la crise économique et de l'emploi, du revenu de solidarité active, celle de la privatisation rampante de l'emploi public, la question de la réussite éducative, des énergies renouvelables, du droit à un accueil de qualité pour les enfants dès deux ans à l'école maternelle, la question des moyens des communes et de leur effacement programmé dans le cadre du projet gouvernemental de «réforme» des collectivités territoriales, celle des nouvelles suppressions de moyens envisagées pour la police de proximité, la question de la révision générale des politiques publiques et de ses effets negatifs sur le nombre de fonctionnaires d'Etat attachés au département, enfin, celle de l'évolution de la politique du logement et de la santé.
Sur tout ce «panel d'interventions et de questionnements» les élus communistes et républicains présents ont souligné leur engagement à s'atteler à trois «grandes préoccupations» en particulier : en trois mots : l'emploi, La Poste, les collectivités territoriales.

Une accélération de l'hémoragie des emplois industriels

Sur le premier point, Dominique Watrin a souligné : «On a rarement atteint un tel degré de crise avec de telles conséquences sociales. Le rapport du préfet souligne une explosion du surendettement dans le département. Depuis un peu plus d'un an, la région Nord-Pas-de-Calais a subi la suppression de 25 000 emplois et la perte de 14 000 emplois intérimaires dont 5 000 au sein de l'industrie automobile. Sans parler des 2000 postes supprimées dans la fonction publique dont une majorité dans l'éducation nationale.» Une situation qui s'apparente, selon l'élu communiste, à «une véritable hécatombe de l'emploi» et notamment de l'emploi industriel. Citant les exemples, parmi de nombreux autres, de la Française de mécanique (-2000 emplois ces dernières années dont 180 récemment), d'Arc international (-5 700 emplois en 12 ans avec un nouveau plan de 560 suppressions d'emplois prévus pour 2010), de Faurécia Auchel (-179 emplois), de Fils Artois Douvrin (-250 emplois), d'IBT Hénin beaumont (- 65 emplois) et de Bosal Annezin (- 400 emplois) c'est à une «accélération de l'hémoragie d'emplois industriels» qu'a à faire face le département du Pas-de-Calais selon Dominique watrin : emplois non «compensés» par des emplois de service qui manifestement «s'essouflent» alors qu'ils étaient «présentés par d'autres forces politiques comme une alternative à l'érosion de l'emploi industriel dans le département».

Donner plus de droits et plus de pouvoir aux salariés dans les entreprises

Cette situation «interpelle» les élus communistes au Conseil général «à plus d'un titre» a continué Dominique Watrin qui a souligné la pertinence des propositions portées par les élus communistes en la matière. «Il faut, a-t-il rappelé, donner plus de droits et plus de pouvoir aux salariés dans les entreprises pour leur permettre de faire valoir des propositions alternatives aux fermetures de sites et aux plans de licenciement qui se ramènent en fait le plus souvent à des délocalisations déguisées» : «Nous regrettons particulièrement que le premier acte de la droite lorsqu'elle est arrivé au pouvoir ait été, précisément, de supprimer les articles de la loi de modernisation sociale de janvier 2002 qui, de ce point de vue, donnaient quelques moyens aux salariés pour défendre leur outil de travail et l'outil de travail industriel en particulier.» Et le représentant des élus communistes au Conseil général de rappeler la proposition de loi déposée par les parlementaires PCF d'interdire les licenciements boursiers et les délocalisations pour les groupes qui font des bénéfices.

Une question de fond, celle de l'utilisation de l'argent public


«Et puis il y a une question de fond qui est posée» a-t-il insisté : «C'est celle de l'utilisation de l'argent public. Sur ces questions, nous souhaitons demander des comptes : A quoi ont servi les 6 milliards d'euros versés par Sarkozy à l'industrie automobile ? A quoi ont servi les 105 milliards qui ont été distribués aux banques ?» Questions qui appellent localement une réponse pratique concrète : la création d'un pôle public financier régional et d'un fonds régional pour l'emploi «afin d'orienter l'argent public et privé vers des dépenses utiles.»
«Force est de constater, a-t-il continué, que tout est fait dans le seul but de défendre les dividendes versées aux actionnaires en faisant payer la crise aux salariés et aux familles populaires». En témoignent en particulier, l'augmentation du forfait hospitalier et le projet d'une «taxe carbonne» «qui ne fait que transférer un impôt versé par les entreprises, la taxe professionnelle, vers les ménages sous pretexte de lutte en faveur du développement durable et de l'environnement» mais sans véritablement s'attaquer à ce problème.

Défense de La Poste et des collectivités territoriales

Deuxième point à l'ordre du jour de l'intervention publique des élus communistes et républicains au Conseil général : le projet de loi de privatisation de La Poste : «La Poste, a précisé Dominique Watrin, va annoncer, en octobre, 120 suppressions d'emplois, 38 500 heures de fermeture de bureaux par an dans le département du Pas-de-Calais et la transformation de 50 à 60 bureaux, notamment en zone rurale, en point poste et ceci détriment du service rendu à la population et aux habitants.» Dans la perspective de contrer le projet gouvernemental, les élus communistes au Conseil général ont décider d'adresser un courrier au maire de leur canton pour leur demander de s'impliquer au mieux dans l'organisation du référendum du 3 octobre contre la privatisation de La Poste et de «tout faire pour que dans chacune des communes concernées s'exprime un «non» ferme de la population à cette privatisation et faire avancer l'idée du développement du service public postal.»
Troisième point de préoccupation souligné par les élus communistes et républicains au Conseil général : la question de la réforme des collectivités territoriales. «Le comité Balladur a travaillé sur des propositions qui ont été remises au président de la République a expliqué Dominique Watrin : «Normalement, des décisions devraient être prises à l'automne.» La logique de cette réforme est nette selon l'élu communiste : une remise en cause des compétences locales visant au développement des solidarités sociales et territoriales, l'éloignements des citoyens des lieux de décision, la mise en concurrence des territoires et des habitants en concentrant services et richesses dans quelques grands pôles urbains avec pour conséquence un développement inédit des inégalités territoriales.
«Ce sur quoi joue Sarkozy a expliqué Dominique Watrin, c'est sur l'idée qu'il y a de plus en plus d'impôts locaux. Evidemment, il oublie de rappeler les transferts massifs de charges obligatoires effectués par l'État vers les collectivités territoriales. Pour le département, ce sont par exemple 162 millions d'euros en 2008 non compensées. Sarkozy joue là-dessus pour faire passer l'idée que les élus locaux dépensent trop et qu'il faut supprimer des échelons.»

Pour l'emploi, les salaires, la défense et le développement des services publics et contre le projet de liquidation gouvernemental des collectivités locales, les élus communistes et républicains au Conseil général se battront pied à pied au sein de l'assemblée délibérante départementale et ceci dès le 21 septembre a souligné pour conclure Dominique Watrin. Ils appellent en outre le plus grand nombre à participer à la riposte en manifestant dans les rue de Lille le 17 octobre dans le cadre du rassemblement organisé conjointement par les fédérations du Nord et du Pas-de-Calais du Parti Communiste Français.

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°879

RENTREE OFFENSIVE DU COMITE DEPARTEMENTAL CONTRE LA PRIVATISATION DE LA POSTE


Ils étaient une trentaine de personnes représentant diverses organisations politiques, associatives et syndicales du département (PCF, FSU, CGT, FO, CFTC, PS, ATTAC...) à s'être rassemblés à la Maison des Sociétés d'Arras, jeudi 10 septembre, dans le cadre de la réunion de rentrée du Comité départemental du Pas-de-Calais contre la privatisation de La Poste.

À l'ordre du jour de cette réunion, l'organisation d'une votation citoyenne – référendum d'initiative populaire - sur le service public postal le 3 octobre ainsi que le mouvement de grève du 22 septembre à La Poste. Dans le collimateur du comité départemental et national contre la privatisation de La Poste et des syndicats, le projet de loi engageant le changement du statut de l'entreprise publique en société anonyme, changement de statut engageant le processus de sa privatisation.

Une journée test


Pour les représentants syndicaux présents, la journée de grève du 22 septembre lancée à l'appel de l'ensemble des organisations syndicales de La Poste constituera un test pour ce qui est de la mobilisation populaire contre la privatisation de l'entreprise publique. Dans l'optique de faire grandir le débat sur l'avenir de La Poste, une manifestation régionale sera organisée à Arras le 22 septembre depuis la gare jusqu'à la préfecture. A cette manifestation, les syndicats signataires de l'appel à la grève convient le maximum de personnes à participer.

Alerter la population

Concernant l'organisation de la votation citoyenne sur le service public postal programmée au début du mois de juillet pour le 3 octobre à l'appel du Comité national contre la privatisation de La Poste, les membres du Comité départemental du Pas-de-Calais réunis ont tour à tour évoqué les diverses initiatives à engager pour alerter au mieux les élus locaux ainsi que la population du département sur les enjeux attachés au projet de loi gouvernemental et les convier à participer en masse à cette consultation. Pratiquement, le référendum contre la privatisation de La poste se déroulera entre le 28 septembre et le 3 octobre à 18 h00. Les votants pourront déposer leurs bulletins dans des urnes disposées dans de nombreux lieux publics : dans ou aux abords des mairies, sur les marchés, devant les bureaux de poste, dans ou aux abords des entreprises ou encore des établissements scolaires.

Mettre en échec le gouvernement

Intervenant dans le débat, Jean-Claude Danglot, sénateur communiste du Pas-de-Calais, a insisté sur une date. «Le débat sur La Poste est programmé au Sénat pour le 2 novembre» a-t-il expliqué : «Le 10 novembre s'ouvre aussi au Sénat le débat sur le budget. En fait, tout indique que le gouvernement veut passer en force. En prenant le 2 novembre comme ligne de mire, il faut mettre en échec le gouvernement sur le calendrier, l'empêcher de faire passer son projet de loi sur La poste et le contraindre à en repousser l'examen en janvier ou même au-delà. Sur le terrain parlementaire, nous allons engager une bataille d'amendements mais cette bataille ne peut aboutir que sur la base d'une mobilisation importante. C'est un objectif qu'on devrait pouvoir se fixer à l'échelle nationale.»

Des enjeux concrets

Dans la suite du débat, de nombreux intervenants ont souligné la nécessité de rendre sensibles les enjeux de la bataille engagée contre la privatisation de La Poste en insistant sur les conséquences concrètes de cette privatisation sur les usagers : augmentation du prix du timbre, augmentation des délais de distribution, disparition de nombreux bureaux de poste, fermeture de nombreux services, implantation de boîtes aux lettres collectives en bordure de rue ou de village plutôt que distribution personnelle du courrier, suppression du rôle social du facteur, limitation extrême des heures d'ouverture, éloignement et rencherissement du coût économique et social du service postal en général... Ils ont aussi souligné la nécessité d'expliquer au mieux la stratégie du gouvernement pour faire passer son projet de loi. Car, dans la bataille pour privatiser La Poste, le gouvernement ne recule que devant peu d'expédients : lui qui organise sciemment la dégradation du service public postal en vue de susciter le mécontentement des usagers et qui appuie de tout son poids pour mettre le couvercle sur le débat public, masquer ses intentions réelles et désinformer la population.

Suite au mouvement de grève du 22 septembre et à titre de nouveau point d'étape dans la perspective de la tenue du référendum du 3 octobre, une conférence de presse du Comité départemental du Pas-de-Calais contre la privatisation de La Poste est programmée le vendredi 25 septembre.

Jérôme Skalski


Publié dans Liberté 62 n°879

TABLEAU NOIR POUR UNE RENTREE SCOLAIRE

Tableau noir pour une rentrée scolaire

Selon les récentes déclarations du ministère de l'Education nationale, du rectorat et de l'inspection académique du Nord-Pas-de-Calais, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes scolaires à l'occasion de cette rentrée 2009. Une impression loin d'être partagée par les représentants de la FSU 62 réunis en conférence de presse ce lundi 7 septembre à la Maison des Sociétés d'Arras. Le contraste est même flagrant entre l'image officielle donnée de cette rentrée 2009, image flateuse pour le gouvernement et largement relayée par la plupart des grands médias, et la réalité constatée sur le terrain.

Loin de la vision idylique de la rentrée 2009 présentée officiellement par les représentants de l'Etat, les responsables syndicaux de la FSU 62 – FSU, SNES, SNUipp et SNEP - , à l'occasion d'une conférence de presse qui les a rassemblé en début de semaine à Arras, chiffres en main et témoignages à l'appui, dressent non seulement, pour cette rentrée 2009, le portrait d'une académie du Nord-Pas-de-Calais largement sinistrée mais qui s'enfonce de plus en plus dans le rouge, conséquences, principalement, de la réduction du nombre des postes d'enseignants dans la région depuis presque dix ans.

«Des centaines d'élèves de l'académie se retrouvent sans classes et bloqués pour poursuivre ou finir leur scolarité»


«D'abord il y a un gros scandale en cette rentrée» explique Catherine Piecuch du SNES-FSU : «Des centaines d'élèves de l'académie se retrouvent sans classes et bloqués pour poursuivre ou finir leur scolarité». Des exemples de ce fait se retrouvent dans tous les bassins scolaires du département. Ce sont les élèves titulaires d'un CAP à la fin de l'année 2008-2009 à qui l'administration rétorquant que le CAP est un diplôme de fin d'étude sont poussés en dehors du milieu scolaire. Même cas de figure pour les élèves titulaire d'un BEP . «Par exemple souligne Catherine Piecuch, les élèves qui ont obtenu un BEP carrières sanitaires et sociales pour qui la poursuite d'études est d'entrer en classe de ST2S se retrouvent face à un mur sans avoir la possibilité de continuer leur scolarité sur leur bassin scolaire.» Autre exemple : «Des élèves de seconde qui ne peuvent pas accéder aux premières pour lesquelles ils avaient été acceptés à l'issue des conseils de classe de fin d'année. A Boulogne, c'est par exemple une dizaine d'élèves qui ne peuvent pas rentrer en première L sur leur bassin et à qui l'administration propose d'aller à Montreuil-sur-Mer ou à Calais. Même chose pour les élèves de première STL ou, plus généralement , des doublants en terminale.»
Dénonçant le coût social de cette situation, Alain Dercourt du SNUipp précise : «Pour ceux qui n'auront pas les moyens de s'offrir un internat ou un transport, cela va va se payer très cher.»

Autosatisfecit gouvernemental et manipulation statistique

Concernant les déclarations officielles selon lesquelles la rentrée 2009 se ferait à moyens constants sur la base de la baisse de la démographie scolaire, les représentants de la FSU 62 sont unanimes pour dénoncer la manipulation statistique du gouvernement et clairement soulignent : pour 10 élèves en plus cette année c'est un poste en moins (+ 1 335 élèves entre 2001 et 2009 et – 133 enseignants). «En fait, le discours à moyens constants est fondé explique Catherine Piecuch sur une conception globale et moyenne qui masque la réalité de la situation.» Le sens de cette politique est résumé par Alain Dercourt : «La technique est simple. D'un côté, là où les effectifs d'élèves augmentent, on ne mettra pas de moyens supplémentaires. De l'autre, là où les effectifs d'élèves baissent, on diminue les moyens.» Le résultat étant une dégradation générale des conditions d'enseignement sur la base d'un choix politique volontaire de dégradation de la qualité du service public d'éducation. La question des effectifs dans les collèges est explosive avec des classes surchargées presque partout. En lycée, elle est critique. Globalement, avec des chiffres qui ne se sont pas vus depuis 20 ans.
Alain Dercourt continue : «Quand on choisit de diminuer les dépenses et de diminuer drastiquement les recettes avec des cadeaux fiscaux à n'en plus finir, on a beau jeu de dire que les caisses sont vides. C'est vraiment un discours idéologique. C'est de la politique des années 80 à la Thatcher ou à la Reagan : des politiques ringardes dont on connait d'avance le résultat en terme de pots cassés pour la société.» «D'ici 15 ans explique Catherine Piecuch, il va manquer de personnels qualifiés. La politique scolaire menée actuellement cherche à recréer une sorte d'élitisme social qui ne permettrait qu'à certains d'accéder aux formations supérieures avec en vue des principes très passéistes et pour lesquels sont sacrifiés ceux d'un enseignement démocratique accessibles à toutes les catégories sociales.» Le démantèlement du service public d'éducation signifiant aussi, pour les familles, des difficultés accrues en terme de vie quotidienne et de pouvoir d'achat.

Une situation catastrophique

Troisième point noir de cette rentrée évoqué par les syndicalistes de la FSU : la question des remplacements. «C'est quelque chose qui est très sensible depuis plus de trois ans maintenant souligne Catherine Piecuch. Mais cette année la situation est vraiment catastrophique notamment dans certaines disciplines. En mathématiques ce sont 40 % de remplaçants en moins en deux ans et moins 50 % en anglais. En documentation, pour le Nord-Pas-de-Calais, 88 postes sont vacants en documentation en cette rentrée.» Enormément de postes partagés aussi. Alain Dercourt évoque le cas d'une enseignante débutante à qui l'année dernière avait été confié trois niveau de classe : «Elle avait huit classes dans la semaine. En moyenne, elle passait trois quarts d'heure avec ses élèves par semaine. Des conditions de travail impossible.» Exemple de cas «extrême» qui se multiplie au détriment des enseignants, des familles et des élèves.
Le tout , la chose est à souligner, pour 1300 € en début de carrière et une baisse du pouvoir d'achat des enseignants de 20 % sur 20 ans, la montée des pratiques managériales dans les établissements scolaires et d'un culte de la «performance» notamment dans le premier degré.

De gros décrochages scolaires s'annoncent

La situation des lycées professionnels n'est pas en reste sur le tableau noir de la rentrée 2009 que dressent les responsables de la FSU 62. De gros décrochage scolaire s'annoncent dans les trois ans à venir avec la mise en place du bac professionnel en trois ans plutôt qu'en quatre. Illustration de la logique absurde du gouvernement qui, sous pretexte de pallier aux difficultés rencontrés par les élèves du technique, supprime une année de scolarité. Même aberration en ce qui concerne l'imposition d'une LV2 obligatoire pour les bacs professionnels tertiaires alors que la diversification de l'enseignement des LV2 n'est pas assurée dans les lycées professionnels. A la rentrée 2009, dans l'académie, ce sont 3000 élèves qui vont à être contraint de suivre un cursus d'espagnol en LV2 sans avoir fait d'espagnol antérieurement. Même diagnostic dans le le premier degré où ce sont, par exemple, 50 000 places supprimés en maternelle ou des RASED contraints de travailler de manière isolée.

Réagissant à cette situation, la FSU 62 a programmé plusieurs AG cette semaine avec la volonté d'organiser une action importante d'ici les vacances de la Toussaint. Des rencontre inter-syndicales sont en cours au niveau national. Un forum régional de l'éducation est programmé pour le mardi 10 novembre à Douai.

Jérôme Skalski

Publié dans Liberté 62 n°878

FIL ET FILS D'ARIANE


Présentant Les fils d'Ariane, fragments d'un roman savoyard, Paul Desalmand souligne le fait qu'il a «mis tout [son] coeur et beaucoup de ruse» dans son ouvrage, l'un des «quatre ou cinq livre» qu'il avoue avoir «écrit».

L'autobiographie se présente, selon Philippe Lejeune, comme un «récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité». L'auteur du Pacte biographique en déduit inversement que «quelqu'un qui vous propose un roman - même s'il est inspiré de sa vie - ne vous demande pas de croire pour de bon à ce qu'il raconte». Avec Les fils d'Ariane, fragments d'un roman savoyard, Paul Desalmand, semble mettre «beaucoup de ruse» à mêler pacte autobiographique et fictionnel. Pacte autobiographique car la force prise par la révélation qui s'y touve mise en scène suppose la sincérité d'un «coeur mis à nu» ainsi que l'annulation de la mise à distance fictionnelle de cet aveu et pacte romanesque car, à l'évidence, cet aveu reste irrémédiablement pris dans la trame fictive de ces «fragments d'un roman savoyard» que nous propose l'auteur et dont un unique fil d'Ariane semble insuffisant à nous dégager.

«Tout mon coeur et beaucoup de ruse»

Mais ces apparentes tracasseries littéraires ont un mérite flagrant dans Les fils d'Ariane de Paul Desalmand. Elles s'exposent en un récit qui emporte la lecture avec beaucoup de joie et même souvent, jubilation. Elles sortent l'autobiographie de l'ennui qui, le narrateur le souligne, prend souvent le lecteur «étranger» face la passion introspective qui s'est emparée de l'auteur. Il faut en effet donner au moins un «petit coup de pouce» à la vérité des faits pour donner à l'autobiographique un attrait universel , c'est-à-dire, pour le dire le plus clairement, la trahir. De la trahison du «mentir vrai» s'entend.

Village savoyard, écriture et tout ce qui s'ensuit

Si le Dieu du monothéisme a créé le monde en sept jours, c'est peut-être qu'il a suivi le plan d'un menu d'anniversaire : première et seconde entrée, plat principal, fromage, dessert, café serré et corrigé et... dernières douceurs. Le tout accompagné d'un ample cortège de vins de haute volée et toujours sur de la grande musique. L'évocation de leur vie, à l'occasion d'un repas fraternel, par deux jumeaux fêtant leur soixante-dixième anniversaire, en suit en tout cas, par le menu, les étapes : plateau anatolien et sancerre rouge, coquilles Saint-Jacques et pouilly fumé, coq au vin et Château d'Ausone, parmesan, gorgonzola, roblochon et suite du Château d'Ausone - l'abominable tomme vendéenne mise de côté - , frutier et champagne rosé, café et grappa et... dernières douceurs. En tout sept chapitre plus un, soit 20% de trop par rapport au plan divin. Le tout, en bonne compagnie féminine. Car si, en couverture, la reproduction d'Oedipe et Le Sphinx de Gustave Moreau illustre Les fils d'Ariane et reflète l'un des foyer incandescent de ce livre – l'autre est symbolisé par une reproduction de La pointe d'Andey exhibée en quatrième de couverture - , n'est-ce pas plutôt à un concert champêtre – pareil à celui du Titien - que nous convie Paul Desalmand dans son roman ? Certainement, car en cet appartement montmartrois où il est sans cesse question d'un village savoyard au siècle dernier, d'écriture et de tout ce qui s'ensuit, deux muses, au moins, se sont invitées.

Jérôme Skalski


Paul Desalmand, Les fils d'Ariane, fragments d'un roman savoyard, Arcadia Editions, Paris, 2009. 14 euros.

www.arcadia-editions.com




Paul Desalmand est né le 24 août 1937 à 6 h du matin. Il est originaire d'un village de Haute-Savoie (Arenthon). A propos de ses origines, il lui arrive de dire, paraphrasant Tchekhov : « Je suis né dans le peuple. On ne me fera pas le coup des vertus populaires. » Enseignant, puis écrivant, il a publié entre 50 et 60 ouvrages en différents genres (parascolaire, vulgarisation, contes pour enfants, essai, histoire, etc.) dont il estime que quatre ou cinq seulement méritent le titre de livres : Cher Stendhal. Un pari sur la gloire, Écrire est un miracle (tous deux chez Bérénice), Picasso par Picasso (Ramsay), Le Pilon (Quidam éditeur) , Les fils d'Ariane, fragments d'un roman savoyard (Arcadia Editions).


Publié dans Liberté 62 n°878

Autre version dans La Terre du 29 septembre au 5 octobre 2009

ASSEMBLEE DE RENTREE COMBATIVE DES COMMUNISTES DE L'ARRAGEOIS

Ce sont près de soixante communistes de l'Arrageois qui se sont rassemblés, vendredi 4 septembre, au siège de la section PCF de la capitale départementale du Pas-de-Calais. Au programme : un bilan d'activité pour l'année écoulée, un point politique de rentrée, un débat ainsi qu'un repas fraternel.

Pour Jean-Jacques Guillemant, concernant l'activité de la section, un bilan positif se doit d'être tiré pour l'année 2008-2009. «Les communistes de l'Arrageois a-t-il souligné ont été présents et actifs» : en continu, dans le cadre de la campagne des Européennes, dans les manifestations, avec la distribution de L'Humanité Dimanche, le samedi matin, au pied du beffroi. Ponctuellement, autour de quelques points forts : l'hommage à Marcel Roger, la fête de cellule de Beaurains avec une exposition sur la Résistance, la projection du film Bruxelles-Carracas dans le cadre de la fête de section à Saint-Laurent Blangy - exposition sur la Palestine , débat avec l'AFPS, exposition et débat sur Cuba en lien avec l'association France-Cuba - , le rendez-vous du 1er mai avec la participation de L'Humanité au Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale, la fête de La Terre ainsi que la participation d'une délégation à la fête du DKP en Allemagne...

Bilan positif et rendez-vous militants

Un bilan positif donc qui appelle satisfecit mais qui permet aussi d'envisager avec plus de netteté les points à préciser et à améliorer pour la période à venir : la recréation d'une cellule sur Achicourt et sur Saint-Laurent, la mise en place d'un pôle de formation militante, la réfection du siège de la section, la création et l'animation d'un comité de soutien pour la libération de Salah Hamouri, une action en collaboration avec le Mouvement de la paix...
Pour conclure, le secrétaire de la section de l'Arrageois, a rappelé les rendez-vous militants à venir : le 20 septembre, avec la cérémonie au Mur des fusillés, le Comité de section le 25, le 2 octobre, au pied du beffroi, le rassemblement en faveur de la libération des Cinq cubains ainsi que la fête qui lui fera suite, la consultation populaire sur La Poste programmée le 3 octobre et bien sûr, au plus près, le rendez-vous de la fête de L'Huma...

«Depuis longtemps, un des étés le plus pourris pour les salariés»

Intervenant pour le point politique, Xavier Schmidt a décrit «depuis longtemps, un des étés le plus pourris pour les salariés» : l'annonce d'un éventuel report de l'âge de la retraite à 67 ans, l'annonce par Xavier Darcos de la suppression d'annuités auxquels ont droit les mères salariées en vue de leur retraite, l'objectif affiché de mettre un terme au système de retraite par répartition reposant sur la solidarité, la fermeture de nombreuses entreprises industrielles, les menaces planant sur de très nombreuses PME, la hausse du chômage sur fond de soi-disant reprise, la dégradation de la situation des jeunes, la taxe carbone, la programmation de la suppression de la taxe professionnelle, une rentrée scolaire encore une fois bien difficile du fait de la pénurie organisée par le gouvernement...
«Les raisons ne manquent pas pour préparer la contre-offensive» a souligné Xavier Schmidt. Et pour se remonter les manches – le livre d'Alain Bocquet, Un Marx et ça repart en bandouillère - dans la perspective de la bataille des Régionales qui s'annonce.

Partir à la bataille avec en tête les réalités économiques et sociales que vit le salariat et le monde du travail

La discussion politique a continué au cours du débat. Intervenant, Hervé poly, secrétaire de la fédération PCF du Pas-de-Calais, a souligné la nécessité de partir à la bataille avec en tête les réalités économiques et sociales que vivent le salariat et le monde du travail. Il a insisté : «Nous, nous ne sommes pas là pour interpréter seulement le monde mais pour le transformer» : «L'enjeu des Régionales est fondamental» a-t-il précisé : «Est ce que face au rouleau compresseur nous donnons quitus à Sarkozy ou est-ce que nous le stoppons ? La question du contenu à mettre dans les politiques régionales est essentielle.» Dans cette perspective, Hervé Poly en a appelé à chacun pour se mobiliser pour la consultation du 3 octobre et en faire «une véritable consultation populaire». Il a annoncé enfin le rendez-vous de la manifestation organisée par le PCF du Nord et du Pas-de-Calais à Lille, le 17 octobre.
Au terme du débat, deux cartes ont été remises à deux nouveaux adhérents présents. La soirée s'est achevée par un repas fraternel et au son d'une Internationnale entonnée avec énergie et combativité.

JS

lundi 21 septembre 2009

UN SOLEIL AUSSI GENEREUX QUE SOLIDAIRE


Pour son trentième anniversaire, la «Journée des Oubliés des Vacances» organisée par la fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français s'est invitée sur le site du parc d'Olhain. Une journée «enchantée» pour près de 3000 personnes venues de tout le département dont 2 200 enfants pour qui cette journée de vacances sera celle, «innoubliable», dont ils se souviendront à la rentrée.

A en croire ses yeux et ses oreilles, le parc d'Olhain s'est transformé, mercredi 26 août, en un lieu «enchanté». Offrant d'habitude aux visiteurs, au grand air, «mille bonnes raisons pour mettre sur pied une petite sortie», la base départementale de nature et de loisir ainsi que son équipe d'encadrement et d'animation se sont mises en quatre pour en offrir ce jour-là, en partenariat avec le Secours Populaire Français (SPF), au moins mille autres «bonnes raisons» pour être présent à Olhain à l'occasion de la trentième édition de la «Journée des Oubliés des Vacances» (JOV) organisée par la fédération du SPF du Pas-de-Calais. Pari tenu, sous un soleil aussi généreux que solidaire.

Trentième anniversaire au grand air

Arrivés dans la matinée par des bus affrêtés par les nombreuses permanences d'accueil et de solidarité qui regroupent un peu partout dans le département les équipes bénévoles du populaire du Pas-de-Calais, ils étaient près de 3000 personnes dont 2 200 enfants, casquette orange sur la tête et panier repas jaune en bandouillère, à parcourir les allées du parc d'Olhain afin de participer aux multiples activités et spectacles proposés pour faire de cette «Journée des Oubliés des Vacances» , une journée anniversaire «innoubliable». Côté sportif, il y en avait pour tous les goûts et pour tous les tempéraments : acrobranche, hand-ball, speed-ball, natation, parcours aventure, VTT, tennis, poney, tir à l'arc, mini-golf, escalade, boxe, javelot, pétanque... Même variété côté «détente», dans les allées, assis en terrasse ou sur l'herbe : maquillage, concerts, bal musette, démonstration de danse country, spectacle de rue, jonglage, sculpture de ballons, magiciens, tournois de chevalerie... Au cours de la journée aucun stand n'a désempli. Partout les rires et les sourires étaient au rendez-vous.

Une journée «inoubliable»

Parmi les «moments forts» de la journée, le spectacle de chevalerie de la compagnie Cowprod a été particulièrement apprécié. Il faut s'imaginer, après une séance d'entraînement au maniement de l'épée ou à celui de la joute, porté sur cheval de bois; après avoir été l'objet d'un adoubement solennel, être transporté pour une demi-heure dans l'atmosphère des grands tournois du Moyen-Âge avec «escuyers» - à prononcer «es-cuyers» comme au temps jadis - , soudards incommodes et chevaliers en grande tenue pour mesurer l'effet du spectacle sur les esprits des plus petits... et des plus grands. Ces derniers auront pu se remettre de leurs émotions en assistant au spectacle de Dorys Verdy – autre «moment fort» de la JOV 2009 du Pas-de-Calais- ou en faisant quelques pas de danse au rythme de ceux des Liberty Country de Noeux-les-Mines.

Une journée mobilisation pour les droits de l’enfant

A côté de ces activités de loisir, la fédération du Secours Populaire Français du Pas-de-Calais, dans le cadre d'un village «Copain du monde» installé sous un marabout, proposait encore aux enfants de devenir «acteurs de la solidarité» en leur faisant participer à diverses initiatives consacrées aux droits de l'enfant : exposition, jeux interractifs, ateliers d'expression... A cet égard, les familles n'étaient pas en reste qui accompagnaient la démarche des enfants et même, en s'emparant partout sur la fête du questionnaire "Compte sur tes dix droits", les devançaient. Chose à rappeler, l'année 2009 ne marque pas seulement le trentième anniversaire de la «Journée de Oubliés de Vacances», initiative nationale du SPF déclinée dans chacune de ses fédérations, mais aussi le vingtième anniversaire de la «Convention internationale des droits de l’enfant» à laquelle est très attachée, «pour que les droits de l’enfant grandissent les hommes », l'association solidaire. Cette année, en France, un enfant sur trois n'est pas parti en vacances.

Un enfant sur trois n'est pas parti en vacances

Au cours de la conférence de presse à laquelle assistaient, auprès des responsables du Secours Populaire Français du Pas-de-Calais, diverses personalités – dont Claire Véron de l'Agence Nationale des Chèques Vacances (ANCV), Jean-Louis Callens, secrétaire général de la fédération du Nord du SPF ainsi que Corine Makowski, secrétaire nationale du SPF - et divers élus – dont Cathy Apourceau-Poly, conseillère régionale, Daniel Dewalle, maire d'Houdain et conseiller régional, Michel Dagbert, maire de Barlin, vice président du Conseil général et président du conseil d'administration du parc d'Olhain- , Julien Lauprêtre, président du Secours Populaire Français , «invité surprise» de la JOV 2009 du Pas-de-Calais, est intervenu pour rappeler le sens de cette initiative et de la démarche dans laquelle elle s'inscrit : cette année, dans la perspective de la tenue des «Etats généraux populaires de la solidarité pour les droits de l’enfant» qui auront lieu, en octobre et novembre prochain, au moment du congrès national du SPF. Pour conclure, après avoir remercié les divers partenaires de l'initiative, Christian Lampin , secrétaire général de la fédération du Pas-de-Calais du SPF, a souligné, depuis plus de trente ans, l'engagement des fédérations du Nord et du Pas-de-Calais du Secours populaire pour apporter à un maximum d'enfants et de familles de la région une journée de vacances en fin de periode estivale. La semaine précédente, c'étaient plus de 5000 personnes qui s'étaient rendues, avec les équipes du SPF du Nord, en Belgique, pour visiter les grottes de Han.

Jérôme Skalski


Au cours de son intervention en conférence de presse, Julien Lauprêtre, président du Secours Populaire Français, a rappelé avec beaucoup d'émotion le sens de la «Journée des Oubliés des Vacances» : une journée de vacances solidaire qui constitue le «bouquet final» de la campagne d'initiatives estivales du SPF. Il a aussi expliqué le sens de la démarche dans laquelle la JOV s'inscrit en particulier cette année : la défense et la promotion, pas seulement sur le papier mais dans la réalité, des droits de l'enfant. Un rendez-vous a été donné à tous pour rendre visite au stand du Secours Populaire Français à la Fête de L’Humanité, stand qui proposera des ateliers pour découvrir «Copain du monde», le mouvement d’enfants de l’association solidaire. A la Fête de L'Huma, pour préparer le vingtième anniversaire de la Convention des droits de l’enfant, un débat sera organisé au stand du SPF ainsi qu'un «parcours découverte» sur le site de la fête.

Coup de chapeau ou plutôt de casquette – orange- à l'équipe des jeunes bénévoles – jeunes travailleurs, lycéens, étudiants...- qui encadraient les activités proposées aux enfants dans l'espace «Copain du Monde» de la JOV 2009 du Pas-de-Calais. En préparation, les «Etats généraux populaires de la solidarité pour les droits de l’enfant» qui se dérouleront les 13, 14 et 15 novembre à l'occasion du congrès national du SPF. Résumant l'esprit de la «Convention internationale des droits de l'enfant» adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989, «Copain du Monde» oeuvre pour que les enfants, dans le cadre d'actions et de reflexions solidaires, comptent au mieux sur leurs «dix droits» et s'en fasse les acteurs et les défenseurs : droit de s'alimenter, droit d'être à l'abri , droit à la santé, droit des enfants handicapés, droit à l'école, droit aux loisirs , droit à la culture, droit aux secours, respect du milieu naturel, droit d'être protégé contre l'exploitation dans le travail, droit d'être protégé contre les mauvais traitements et droit à l'expression. Pour Frédéric Tortillard, animateur de l'équipe des jeunes bénévoles du village «Copain du Monde» au cours de la JOV 2009 du Pas-de-Calais, ce sont plus de 600 enfants qui ont participé aux activités et aux ateliers proposés.


Près de 3 000 personnes venues de tout le département dont 2 200 enfants ont participé, le mercredi 26 août, au trentième anniversaire de la «Journée des Oubliés des Vacances» organisé par la fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français. Outre ses partenaires - en particulier l'ANCV, la FSGT, Le Parc départemental d'Olhain, le Conseil général du Pas-de-Calais, le Conseil régional Nord/Pas-de-Calais et la ville d'Houdain - , c'est grâce au dévouement des bénévoles de plus de 30 permanences d'accueil et de solidarité du département que la JOV 2009 du Pas-de-Calais a pu rencontrer un tel succès.

Publié dans Liberté 62 n°877

RROMS,UNE NATION EN DEVENIR


Dans Les Rroms, une nation en devenir publié cette année aux éditions Syllepse, Morgan Garo, docteure en géographie et en géopolitique, interroge la réalité vivante de cette «nation» européenne méconnue. Résultat d'une série d'études consacrées aux Rroms de France, de Roumanie et de République Tchèque, son ouvrage fait le point, dans une perspective scientifique et historique, sur la situation des Rroms dans leur contexte social et politique réel et dresse un portrait nuancé de cette population «à part» ainsi que de sa lutte pour vivre et être reconnue, «à part entière», en Europe.

Originaire du nord de l'Inde et arrivés en Europe entre le XIIIème et le XVème siècle, ils sont entre 8 et 10 millions sur le territoire européen et sont désignés par différents termes selon le contexte : Manouches, Sintés, Kalés, Gitans, Tsiganes... Eux-même, en langue rromani, sont Rroms. «La plupart des études [qui leur sont consacrées] explique Morgan Garo, sont qualitatives et basées essentiellement, voire uniquement, sur les phénomènes les plus visibles et correspondent en général à l'image établie, c'est-à-dire que les Rroms apparaissent presque exclusivement comme un groupe socialement défavorisé.» Avec son ouvrage, l'auteure de Les Rroms, une nation en devenir, entend «remettre les pendules à l'heure» à ce sujet et réussit son pari. Tant il est vrai que la «tsiganophobie» s'alimente de l'ignorance, de la méconnaissance et du préjugé, son livre prend le parti de la lutte pour la reconnaissance engagée par cette «minorité», parti pris qui ne s'oppose en rien à la rigueur et à la pertinence du propos.

La «tsiganophobie» s'alimente de l'ignorance, de la méconnaissance et du préjugé

«Dans l'imagerie populaire, écrit Morgan Garo, seuls les Rroms pauvres sont considérés comme Rroms. Ainsi des distinctions sont faites par certains entre les Rroms et les forains, mieux considérés. Et quand vous leur dites par exemple que Marcel Campion, président des forains, organisateurs de la foire du trône, est [manouche] , ils ne vous croient pas, alors même que lui-même se revendique en tant que manouche et organisait un hommage à Django Reinhardt, Rrom illustre s'il en est, à Paris, le 25 mai 2003.» Mais la force du préjugé est si grande quelque fois qu'une image symétrique qui met l'accent sur la richesse de certaine familles rroms – thème extrêmement populaire dans les journaux à grand tirage de Roumanie par exemple ou, en France, autre exemple, à l'arrière plan de l'étonnement à la vue de «grosses cylindrées» des «Gens du voyage» - la sert encore. Autochtones aux allures étrangères – autochtones souvent de très haute lignée mais ayant connu une longue et dure ségrégation dans l'histoire -, sédentaires devenus nomades pour une infime partie d'entre eux – la plupart des Rroms de l'est européen sont sédentaires -, inversement, nomades et «fiers de l'être» mais quelque fois sédentarisés, croyants ou athés, la vérité du monde rrom est dans cet entre-deux qui confronte des réalités parfois opposées.

Un devenir en commun

Au travers une réflexion procédant de la confrontation de trois études consacrées aux Rroms roumains, français et tchèques, Morgan Garo se met à l'écoute de cette réalité et dégage les ligne de forces de son «devenir» ainsi que des revendications européennes et nationales du peuple rrom – en France, droit au voyage, application réelle de la loi Besson, droit à l'éducation, reconnaissance de l'histoire, de la langue et de la culture rrom... Devenir qui, s'il est commun à la «nation» qui voilà presque quarante ans s'est doté d'un drapeau représentant une roue de roulotte rouge (avec un chakra à seize branche pour rappeler l'origine indienne des Rroms) sur un fond vert (symbolisant la terre) et bleu (symbolisant le ciel), est aussi celui des autres habitants - gadjé - de la vieille Europe. A ceux qui entendent le partager, la lecture de l'ouvrage de Morgan Garo, Les Rroms, une nation en devenir publié cette année aux éditions Syllepse s'impose. Bonne route , lacho drom.

Jérôme Skalski

Morgan Garo, Les Rroms, une nation en devenir , Editions Syllepse, Paris, 2009. 21 euros.

www.syllepse.net



publié dans liberté 62 n°871