Deux mois après la fin de l'offensive israélienne, la situation humanitaire dans la bande de Gaza est catastrophique. Dans cette région dévastée, tout manque. Les chiffres sont alarmants. Près de 50% des enfants sont anémiés et environ 20% souffrent de dénutrition. Toujours mobilisé en faveur des victimes de l'invasion dans le cadre de son opération «Urgence Gaza et environs», le Secours Populaire Français en appelle à la solidarité de tous. Entretien avec Christian Lampin, secrétaire général de la fédération du Pas-de-Calais du SPF.
Liberté 62 : «Depuis la fin de l'invasion de la bande de Gaza par l'armée de l'Etat d'Israël, le Secours Populaire Français s'est engagé dans plusieurs missions solidaires en direction des populations locales. Pouvez-vous faire le point sur les résultats de votre action ?»
Christian Lampin : «Dans le cadre de l'opération «Urgence Gaza et environs» lancée par le Secours Populaire Français, cinq objectifs ont été fixés dont trois ont été réalisés à ce jour. La première mission, menée en collaboration avec Jamel Debbouze, a consisté dans l'acheminement, le 28 janvier, de deux avions de matériel médical qui sont arrivés en Egypte et dont le contenu été acheminé par camion à Gaza. La deuxième mission, courant février, a consisté à débloquer des fonds pour venir en aide à 3 000 enfants de Gaza en leur fournissant des cartables et des couvertures. La troisième a été d'envoyer un chèque de 52 000 euros pour soutenir le fonctionnement de la clinique de Jabalya où opère le PMRS (Palestinian Medical Relief Society ndlr), notre partenaire local palestinien. Avec le matériel médical et les fonds engagés, ce sont près de 300 000 euros qui ont d'ores et déjà été mobilisés pour les populations de Gaza par le Secours Populaire.»
Liberté 62 : «Sur place, vos partenaires sont mobilisés et sont sans cesse en rapport avec vous. Qu'elle est-elle la situation actuelle des populations à Gaza et alentour ?»
Christian Lampin : «La bande de Gaza est l'une des zones où la population est la plus dense du monde. Sur 1,5 million habitants, il y a, aujourd'hui, 1,2 million de personnes qui sont assistées sur le plan alimentaire par l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés. Il faut le dire, très peu d'associations, actuellement, interviennent sur place. La situation est catastrophique. Les tirs et les bombardements ont fait beaucoup de victimes. Plus de 1 300 mort et 5 000 blessés, souvent dans un état grave voire très graves, notamment du fait de l'utilisation de bombes au phosphore blanc et ceci avec des conséquences que les médecins palestiniens ne connaissent pas encore. Un deuxieme aspect catastrophique de la situation, c'est la proportion de malnutrition qui sévit sur le territoire de la bande de Gaza. Sur les lieux, on estime que près d'un enfant sur deux souffre d'anémie, anémie dont les conséquences seront très lourdes, si l'on n'agit pas à temps, sur leur croissance et leur développement. Actuellement, en général, on peut dire que 85 à 90 % de la population de Gaza a besoin de l'aide alimentaire. Une autre conséquence catastrophique de la guerre, ce sont les traumatismes vécus par les enfants. Le soutien, aujourd'hui, que nous devons aussi apporter, avec l'aide de nos partenaires, consiste dans tout un travail psychologique à mener auprès des enfants.»
Liberté 62 : «Quelles sont les prochaines étapes de l'action d'urgence mise en oeuvre par le Secours populaire Français ?»
Christian Lampin : «Sous le titre de l'opération «Urgence Gaza et environs», il nous reste deux missions à accomplir. La première c'est de travailler avec nos partenaires du PHR, association des médecins israéliens pour les Droits de l'Homme, afin de venir en aide, en Israël, aux enfants israéliens ou palestiniens traumatisés vivant au-delà des frontières du territoire de la bande de Gaza. La seconde, c'est de continuer à aider la clinique de Jabalya où notre partenaire palestinien du PMRS doit faire face à des besoins immenses. La neutralité du Secours Populaire Français dans le conflit est pour nous très importante pour venir en aide aux victimes et en particulier aux enfants. Pour finir, il faut le souligner : dans toute son action, si le Secours Populaire Français a été une des rares associations a avoir réussi à mener des opérations sur la bande de Gaza, c'est grâce à son partenaire Egyptien de l'Egypt's Daughter Association for Developement and Services. Mais le Secours Populaire Français ne peut mener à bien ses missions, à Gaza ou ailleurs, que grâce à tous ceux qui, en France, par leur engagement ou leur don financier s'associent à son action. A Gaza, il y a toujours urgence.
Propos recueillis par Jérôme Skalski
http://www.liberte62.com/article-29524455.html
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