mardi 17 mars 2009

A LA RENCONTRE DES RROMS D'ALBANIE


Liberté 62 n°804

À la rencontre des Rroms d’Albanie


À l’occasion de la quatrième journée mondiale des Rroms qui s’est déroulée cette année ce mardi 8 avril, un ensemble d’initiatives culturelles et festives ont été prises un peu partout en France. En mission en Albanie, le Secours Populaire Français du Pas-de-Calais est allé à la rencontre des Rroms de Fushë-Krujë, une ville située à une vingtaine de kilomètres de Tirana. L’évocation de cette rencontre est une autre occasion de faire connaissance avec la communauté Rroms.



REPRÉSENTATIFS de leur communauté en Albanie, les Rroms de Fushë-Krujë sont sédentaires. Ils pratiquent le nomadisme, pour à peu près un tiers d’entre eux, pour fuir vers les montagnes les grandes chaleurs de l’été Albanais.

Les Rroms de Fushë-Krujë

À Fushë-Krujë, une ville moyenne située à une vingtaine de kilomètres de Tirana, la capitale de l’Albanie, les Rroms vivent, pour la plupart d’entre eux, dans un quartier distinct de situé au bord du Fleuve Noir. Installés à cet endroit depuis une quarantaine d’années, les terres sur lesquelles ils ont aménagé leur habitat ne leur appartiennent pas. Elles leur ont été octroyées, à titre gratuit, dans un esprit de solidarité, par d’autres membres de la société civile albanaise.

Un pays où l’Etat est insuffisamment impliqué dans le développement du bien et de l’intérêt public

La vie des Rroms de Fushë-Krujë, si elle est différente du fait de leurs traditions et de leurs coutumes, est similaire de celles des autres Albanais. Entre le petit commerce, le petit artisanat, le rare travail salarié et la débrouille, leurs conditions de vie sont précaires et difficiles. Dans un pays où l’Etat est peu impliqué dans le développement du bien et de l’intérêt public – une des raisons pour laquelle l’Albanie, pays en plein développement économique, souffre singulièrement de nombreuses carences dans les domaines de l’aide sociale, de la santé, de l’éducation ou encore de la collecte des déchets – la vie des Rroms est cependant plus particulièrement touchée par la pauvreté, la sous-qualification, l’analphabétisme et l’isolement social. À Fushë-Krujë, 50% des Rroms sont au chômage et 60% d’entre eux ne sont pas inscrits au bureau légal d’état civil.

Les maisons du quartier Rroms de Fushë-Krujë

Faites pour la plupart de bois, de tissus et de tôle, les maisons du quartier Rroms de Fushë- Krujë n’offrent souvent que les conditions minimales d’une vie familiale et sociale épanouies. Les habitants du quartier soulignent la promiscuité de leurs conditions de vie ou de celles de leurs voisins : les problèmes qu’ils rencontrent pour s’approvisionner en eau potable, pour se chauffer, pour garantir l’isolation des murs et des toits de leurs maisons. Dans ce domaine comme dans ceux de la santé ou de l’éducation, la solidarité intracommunautaire ou celle dont font preuve les autres membres de la société civile albanaise ne suffit pas. Dans la mesure où l’Etat Albanais ne s’implique pas pour améliorer leur condition économique et sociale, elle requiert un engagement important de la solidarité internationale.

La situation du quartier Rroms évolue cependant, des maisons «en dur» se construisent et certaines d’entre elles atteignent le standard de la maison individuelle de l’Albanais de condition sociale moyenne. En fait, entre l’extrême précarité des maisons en toile, en tôle ou en bois et les maisons de deux étages, il existe toute une palette intermédiaire d’habitats dans le quartier.

Une vie associative riche

Possédant une vie associative riche et vivant en bonne intelligence avec les autres membres de la société civile albanaise – il faut souligner ce dernier point : la bonne entente entre membres «ordinaires» de la communauté nationale et des Rroms est trop rare, non seulement dans les Balkans mais encore dans notre propre pays- , la vie des Rroms de Fushë-Krujë est appelée, comme celle des autres Albanais, à s’améliorer. Elle bénéficie d’un terrain propice du fait de l’esprit de tolérance, de respect et de laïcité qui règne dans la société civile albanaise. L’action des femmes du quartier – au centre de la vie sociale des Rroms de Fushë-Krujë comme dans celles des autres communautés Rroms d’Albanie – va résolument dans ce sens. Elle doit rencontrer d’urgence notre solidarité.



Jérôme Skalski

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