dimanche 15 mars 2009
SOUTENIR LA RECONCILIATION
Arrivée à Shkodër, l’équipe du Secours Populaire est accueillie par Mustapha Daija et Asllan Cafi, respectivement président et coordinateur de la Ligue des Missionnaires de la Paix. Avec Asllan Cafi, elle se rendra à la rencontre d’une personne recluse victime de la Reprise du Sang et de membres de la communauté Rroms de Shkodër. Dans les deux cas, la nécessité d’une intervention rapide et soutenue du Secours Populaire Français en faveur de l’aide alimentaire et vestimentaire dans la région de Shkodër a été particulièrement évoquée.
La Reprise du Sang, le Secours Populaire Français et
l’action de la Ligue des Missionnaires de la Paix
Dans le nord de l’Albanie, au début des années 1990 et
de la période de troubles civils qui s’ouvre à cette
époque, le Kanun, ou plus précisément le Kanun de Lek
Dukagjin – du nom du seigneur albanais qui l’a établi
et instauré au XVème siècle selon la tradition – retrouve
le statut de référence juridique pour de nombreux
Albanais.
Code de droit coutumier régissant de nombreux aspects
de la vie sociale et quotidienne, le Kanun définit en
particulier les règles de la vengeance en cas de crime
de sang. Partant, elle la codifie, la ritualise et, dans le
cadre de ses propres normes, la temporise. Les lois de
la Reprise du Sang – Gjakmarrja – sont strictes. Suite à
un homicide, après une trêve de 24 heures, le meurtrier
doit participer aux obsèques et au repas funèbre donné
en l’honneur de la victime. Une nouvelle trêve de
30 jours peut alors lui être accordée, trêve pendant
laquelle ses amis ou ses représentants peuvent
engager négociations et pourparlers auprès de la
famille de la victime en vue d’une réconciliation. Cette
période de négociation peut se prolonger de nombreuses
années moyennant la réclusion, de l’auteur du
meurtre, dans les limites de son domicile. Au cas de
non-respect de ces règles, l’auteur de l’homicide et les
membres masculins de sa famille deviennent, hors de
l’étroit espace de leur habitat, la cible légitime
– selon le Kanun – de la vengeance – meurtre pour
meurtre – de la famille lésée.
On le comprend, les conséquences sociales de l’application
des règles de la Reprise du Sang sont lourdes de
conséquences – enfermements prolongés, veuvages,
enfants orphelins et, dans une région montagneuse et
agricole, très grande pauvreté... Elles le sont d’autant
plus, que l’application des règles de la Reprise du Sang
est souvent entachée d’irrégularités – femmes et
enfants victimes de la vengeance meurtrière – voire,
devient le paravent et le prétexte de règlements de
comptes.
Actuellement, dans la région et l’arrière-pays de
Shkodër – une ville de 80 000 habitants située sur la
frontière de l’Albanie et du Monténégro –, près de
2 500 familles sont directement touchées par les conséquences
de la Reprise du Sang. Prés de 1 000 enfants,
sous menace de mort, vivent reclus, sans accès à l’école,
aux soins, aux loisirs.
Militant en faveur de la réconciliation des groupes
familiaux engagées dans les processus de Reprise du
Sang, la Ligue des Missionnaires de la Paix est, dans
un milieu social et naturel d’un abord extrêmement
difficile, un partenaire essentiel et privilégié de la
Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire
Français. Lors de sa mission “30 palettes pour l’Albanie”
en 2007, elle lui avait permis de faire parvenir son
aide alimentaire à de nombreuses familles de la région
de Shkodër.
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