dimanche 15 mars 2009

A LA RENCONTRE DES HABITANTS DE GERDEC

Arrivée au centre du village de Gërdec, l’équipe du Secours Populaire Français va à la rencontre des habitants. L’un d’entre eux les conduit vers ce qui reste de l’école. Une conversation s’engage.
Dans cette partie du village où l’on compte près de 90 maisons, beaucoup de gens sont partis se réfugier à Durrës. D’autres sont logés par leurs familles aux alentours. Ceux qui sont encore ici vivent sous des tentes apportées par les secours. D’autres déplacent des matelas vers ce qui reste de leur maison. Si quelques personnes sont revenues chez elles après avoir fuit l’explosion, c’est, pour la plupart, pour s’occuper de leur bétail, leur gagne pain principal. L’interlocuteur de l’équipe du Secours Populaire est berger. Dans cette partie de la vallée protégée par des collines, l’explosion a fait moins de dégâts qu’en aval. Si les murs sont debout, l’intérieur des maisons est complètement détruit. C’est aussi le cas de l’école de Gërdec. Les vitres brisées ne laissent apercevoir qu’un chaos de meubles soufflés par l’explosion. Dans la remise de l’école comme dans certaines maisons, des obus dorment encore.


Dans la voix du berger, l’amertume. Les gens d’ici se sentent abandonnés. L’eau n’est pas potable. Les citernes endommagées. L’aide distribuée arrive à la mairie de Vorë, au-delà de la crête, trop loin. L’homme évoque l’événement. Une première explosion. La fuite des villageois. Un voisin mort après avoir reçu un éclat d’obus. Les autres explosions. Les hélicoptères emportant enfants et vieillards.
Au départ, l’usine de désarmement de munitions a fait travailler des gens du centre du village. Ils ont pris peur. Le travail était trop dangereux. Ils n’y sont pas retournés. Tout le monde savait qu’un accident pouvait se produire. L’usine est allée recruter son personnel ailleurs. Plus bas, plus près… Une “chance” que l’explosion se soit passée un samedi à l’heure du déjeuner. En Albanie, il n’y a pas de classe le samedi. Une “chance” que la première explosion ait été la moins importante et que les gens aient pu se sauver et se protéger. Une chance. Pour ce berger de Gërdec, la chose reste à voir. Dans l’école de Gërdec dont le souffle a brisé l’ensemble des vitres, des tables, des chaises et dont les murs sont criblés d’impacts, au moment de l’explosion, il y aurait eu près de 200 enfants.

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