Mercredi, au cours d'une Assemblée Générale (AG) qui a rassemblé près de 700 personnes, amphi Churchill, à l'université d'Arras, l'opération de blocage de l'établissement a été reconduite par 420 voix contre 94 soit 79% des étudiants présents.
Par ce vote confirmant le référendum organisé sur le campus le mardi 10 mars – voir Liberté 62 n°852 -, cela a été souligné à plusieurs reprise au fil du débat qui l'a précédé, les étudiants engagés ont voulu signifier leur détermination à la veille du rassemblement du 19 mars et à un «moment crucial» de leur mobilisation.
Un «moment crucial» de la mobilisation universitaire
Intervenant pour faire le point sur les résolutions de la sixième Coordination nationale universitaire qui s'est déroulée à Dijon en début de semaine, coordination rassemblant IATOS – personnels non enseignants-, enseignants-chercheurs et étudiants d'une cinquantaine d'universités, un professeur s'est fait applaudir à tout rompre suite à son compte rendu. «Il y a un constat a-t-il souligné. C'est que ni Pecresse, ni Darcos ne répondent aux revendications du monde universitaire. Dans cette situation, la coordination a décidé de se radicaliser et de demander la démission des deux ministres sur la base d'une amplification du rapport de force élargissant le mouvement non seulement aux établissements du secondaire et du primaire mais aussi aux secteurs du public et du privé en lutte.»
Montée des revendications
A propos des revendications, rappel a été fait. A l'exigence de l'élargissement des critères d'attribution des bourses, de la mise en place d'une allocation étudiante, du rétablissement de l'échelon zéro ainsi que du retrait de la loi LRU, du retrait des réformes concernant la formation des futurs enseignants – masterisation - et le statut des enseignants-chercheurs, les étudiants arrageois ont encore amplifié leur plate forme de revendications : aucun salaire en dessous de 1 500 euros, mise en place d'un plan pluriannuel d'embauche, fin de la précarité et, rejoignant ainsi les propositions de la Coordination nationale universitaire, démission des ministres de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur. Datée du 13 mars, une motion du Conseil d'adminstration de l'université d'Artois réclamant le retrait du projet de réforme du statut des enseignants-chercheurs et de «masterisation» de la formation des maîtres comme condition indispensable pour l'ouverture de négociations «avec l'ensemble de la communauté universitaire» a été lue par un étudiant.
Université «ouverte»
Au cours de l'AG, la projection d'une video a été l'occasion de faire le point sur les différentes actions mises en oeuvres pendant le blocage, blocage faisant de l'université d'Arras une université «ouverte» et non pas une «fac morte». Participation aux manifestations, lecture de textes dans les rues d'Arras, cours en plein air au pied du Beffroi, distributions de tracts, conférences, projections de films...telles sont les différentes initiatives prises par les étudiants arrageois mobilisés pour alerter l'opinion et faire aboutir leur mouvement. Avec la tenue d'AG animées par un souci permanent pour l'écoute mutuelle et le respect des règles de la démocratie, elles font de l'université d'Arras une université «exemplaire» sur le plan de la mobilisation nationale qui, à ce jour, engage plus de la moitié des établissements universitaires de France.
Jérôme Skalski
vendredi 20 mars 2009
ARRAS DIT «NON» AU FN
Près de 2000 personnes ont défilé, samedi 15 mars, pour protester contre la tenue de la «convention européenne» du FN à Arras. La manifestation répondait à un appel lancée par le collectif «Le FN à Arras ou ailleurs, nous disons non !».
Comment faire d'un non-événement – le lancement de la campagne européenne du FN pompeusement affublé du titre de «convention européenne» - voire d'un «flop» - entre 800 et 1000 participants selon les sources pour un rassemblement qui se voulait d'échelle «nationale» voire «continentale» apparaît, somme toute, plus que modeste -; comment faire donc d'un non-événement, un «événement» au moins médiatique ? La méthode Le Pen est bien connue et usée jusqu'à la corde : par la provocation.
Une méthode bien connue et usée jusqu'à la corde
D'abord choisir un lieu qui, par ses dimensions, provoquerait, par un effet quasi optique, un «grossissement» du non-événement : une ville de Province, ni trop grande ni trop petite, plutôt que Paris ou la région PACA par exemple – un poussif millier de militants frontistes, à Paris, cela serait passé pour ce que c'est, un «flop» et peut-être même presque inaperçu : le «flop», bien trop manifeste. Dans un bourg de Vendée en revanche, autre exemple, quelque peu «has been». Arras, portée par la vague Ch'ti, correspondait au profil. Choisir ensuite un lieu avec un passé récent et ancien douloureux en contraste avec le parfum exhalé par le non-événement. Arras faisait l'affaire. A deux pas des tombes profanées de Lorette, des fossés de la citadelle et de la stelle des héros de la Résistance, «inviter» des néo-fascistes flamingants, italiens et allemands était de très bon goût et d'un effet émotionnel certain sans qu'il soit nécessaire de prononcer un «bon mot» douteux qui soit susceptible de faire l'objet d'une poursuite judiciaire ou de froisser les nouveaux habits BCBG du FN.
Emoi politique en terre ouvrière
Choisir un lieu aussi avec des traditions propres à gommer le côté «bling-bling» du programme et des affidés du parti du millionnaire de Saint-Cloud et tel en outre que l' «émoi» politique engendré par cette incursion de classe en terre ouvrière mobilise de manière sensible le corps militant local et, dans son sillage, bien au-delà. L'occasion serait belle aussi de jouer, en grand, le numéro d'un FN «super-démocrate», outragé, faisant «front» face à des «appels à l'émeute» et des «menaces de mort» non signées – la chose est très tendance en ce moment. En pays Ch'ti, à deux pas du Bassin minier, la ville d'Arras était bien située.
Une jolie entourloupe
Enfin, choisir un lieu tel que l'entourloupe puisse se nouer sans embages. Une ville de Province aux traditions administratives débonnaires où la tenue d'un meeting du FN dans une salle municipale puisse être autorisée comme s'il s'agissait d'organiser un repas de communion ou un «anniversaire» – dans une interview donnée à un quotidien local, le terne et peu locace unique conseiller municipal frontiste de la capitale administrative du Pas-de-Calais s'en est amusé- et tel aussi, que le pot-aux-roses découvert, le courage politique des édiles locaux ne soit pas tel qu'il donne lieu plus qu'à un remords de conscience public, à une sortie «ubuesque» et surtout pas à une annulation de dernière minute. Surtout pas de feux d'alarme ! Arras s'imposait.
Un non-événement, devenu un «événement»
Donc, un non-événement – le lancement de la campagne européenne du FN – est devenu un «événement» par la grâce d'un calcul cynique. Cela a fait «parler de la ville» et rapproché la distance Arras-Paris de la distance Paris-Arras : les médias nationaux ont mis le «paquet», les médias locaux en ont fait - naïvement, c'est à voir... - des «tonnes». Ce calcul cynique porte bien la marque de fabrique de Le Pen : un joli cadeau fait par le vieux «chef» à sa fifille et future héritière des beaux quartiers parisiens en «résidence» actuellement, pour la gloriole plutôt que par sincère amour pour le Pays noir, dans la Bassin minier.
Des invités «remarquables»
Autre remarque. C'est sans doute pour empêcher les membres du Vlaams Belang invités à la «convention européenne» du FN de scander, pour la rime et le symbole, dans les rues d'Arras, un rat mort à la main, «franse ratten, rol uw matten ! » - « rats français, foutez le camp ! » - que la préfecture du Pas-de-Calais s'était soudain habillé de bleu pour la circonstance. Sans doute. Cela aurait fait «tâche». Mais la bonne ville d'Arras a vu bien d'autre «pestes». Elle s'en est relevé. La dernière poussée laissera le souvenir, juste, de vilaines traces brunes de caoutchouc sur les marches du Casino et sur les pavés de la ville martyre.
Jérôme Skalski
C'est à l'appel du collectif «Le FN à Arras et ailleurs, nous disons non» auquel participaient le PCF, la JC, la FSU 59/62, la Région Métallurgie CGT 59/62, l'Union départementale CGT 62, l'Union locale CGT d'Arras, le Comité d’Action de l’Université d’Artois, Citoyennes et Citoyens, Colères du présent, le Comité «Libérez-les !», l'Union Syndicale Solidaires 59/62, les Verts NPDC, les Jeunes Verts, le MJS de la section d’Arras, le Nouveau Parti Anticapitaliste, le Parti de Gauche 62, la section d'Arras du PS et le PCOF qu'était organisée, le 14 mars, la manifestation de protestation contre la tenue de la «convention européenne» du FN à Arras. La veille, un rassemblement au pied du Beffroi, place des Héros, à l’occasion du conseil de la C.U. d'Arras avait réuni une centaine de personnes, à 18 h 00, pour une ultime demande d'annulation du meeting frontiste au maire d'Arras. Le lendemain, un autre rendez-vous était donné, à 11 h 00, Place de la gare.
Comment faire d'un non-événement – le lancement de la campagne européenne du FN pompeusement affublé du titre de «convention européenne» - voire d'un «flop» - entre 800 et 1000 participants selon les sources pour un rassemblement qui se voulait d'échelle «nationale» voire «continentale» apparaît, somme toute, plus que modeste -; comment faire donc d'un non-événement, un «événement» au moins médiatique ? La méthode Le Pen est bien connue et usée jusqu'à la corde : par la provocation.
Une méthode bien connue et usée jusqu'à la corde
D'abord choisir un lieu qui, par ses dimensions, provoquerait, par un effet quasi optique, un «grossissement» du non-événement : une ville de Province, ni trop grande ni trop petite, plutôt que Paris ou la région PACA par exemple – un poussif millier de militants frontistes, à Paris, cela serait passé pour ce que c'est, un «flop» et peut-être même presque inaperçu : le «flop», bien trop manifeste. Dans un bourg de Vendée en revanche, autre exemple, quelque peu «has been». Arras, portée par la vague Ch'ti, correspondait au profil. Choisir ensuite un lieu avec un passé récent et ancien douloureux en contraste avec le parfum exhalé par le non-événement. Arras faisait l'affaire. A deux pas des tombes profanées de Lorette, des fossés de la citadelle et de la stelle des héros de la Résistance, «inviter» des néo-fascistes flamingants, italiens et allemands était de très bon goût et d'un effet émotionnel certain sans qu'il soit nécessaire de prononcer un «bon mot» douteux qui soit susceptible de faire l'objet d'une poursuite judiciaire ou de froisser les nouveaux habits BCBG du FN.
Emoi politique en terre ouvrière
Choisir un lieu aussi avec des traditions propres à gommer le côté «bling-bling» du programme et des affidés du parti du millionnaire de Saint-Cloud et tel en outre que l' «émoi» politique engendré par cette incursion de classe en terre ouvrière mobilise de manière sensible le corps militant local et, dans son sillage, bien au-delà. L'occasion serait belle aussi de jouer, en grand, le numéro d'un FN «super-démocrate», outragé, faisant «front» face à des «appels à l'émeute» et des «menaces de mort» non signées – la chose est très tendance en ce moment. En pays Ch'ti, à deux pas du Bassin minier, la ville d'Arras était bien située.
Une jolie entourloupe
Enfin, choisir un lieu tel que l'entourloupe puisse se nouer sans embages. Une ville de Province aux traditions administratives débonnaires où la tenue d'un meeting du FN dans une salle municipale puisse être autorisée comme s'il s'agissait d'organiser un repas de communion ou un «anniversaire» – dans une interview donnée à un quotidien local, le terne et peu locace unique conseiller municipal frontiste de la capitale administrative du Pas-de-Calais s'en est amusé- et tel aussi, que le pot-aux-roses découvert, le courage politique des édiles locaux ne soit pas tel qu'il donne lieu plus qu'à un remords de conscience public, à une sortie «ubuesque» et surtout pas à une annulation de dernière minute. Surtout pas de feux d'alarme ! Arras s'imposait.
Un non-événement, devenu un «événement»
Donc, un non-événement – le lancement de la campagne européenne du FN – est devenu un «événement» par la grâce d'un calcul cynique. Cela a fait «parler de la ville» et rapproché la distance Arras-Paris de la distance Paris-Arras : les médias nationaux ont mis le «paquet», les médias locaux en ont fait - naïvement, c'est à voir... - des «tonnes». Ce calcul cynique porte bien la marque de fabrique de Le Pen : un joli cadeau fait par le vieux «chef» à sa fifille et future héritière des beaux quartiers parisiens en «résidence» actuellement, pour la gloriole plutôt que par sincère amour pour le Pays noir, dans la Bassin minier.
Des invités «remarquables»
Autre remarque. C'est sans doute pour empêcher les membres du Vlaams Belang invités à la «convention européenne» du FN de scander, pour la rime et le symbole, dans les rues d'Arras, un rat mort à la main, «franse ratten, rol uw matten ! » - « rats français, foutez le camp ! » - que la préfecture du Pas-de-Calais s'était soudain habillé de bleu pour la circonstance. Sans doute. Cela aurait fait «tâche». Mais la bonne ville d'Arras a vu bien d'autre «pestes». Elle s'en est relevé. La dernière poussée laissera le souvenir, juste, de vilaines traces brunes de caoutchouc sur les marches du Casino et sur les pavés de la ville martyre.
Jérôme Skalski
C'est à l'appel du collectif «Le FN à Arras et ailleurs, nous disons non» auquel participaient le PCF, la JC, la FSU 59/62, la Région Métallurgie CGT 59/62, l'Union départementale CGT 62, l'Union locale CGT d'Arras, le Comité d’Action de l’Université d’Artois, Citoyennes et Citoyens, Colères du présent, le Comité «Libérez-les !», l'Union Syndicale Solidaires 59/62, les Verts NPDC, les Jeunes Verts, le MJS de la section d’Arras, le Nouveau Parti Anticapitaliste, le Parti de Gauche 62, la section d'Arras du PS et le PCOF qu'était organisée, le 14 mars, la manifestation de protestation contre la tenue de la «convention européenne» du FN à Arras. La veille, un rassemblement au pied du Beffroi, place des Héros, à l’occasion du conseil de la C.U. d'Arras avait réuni une centaine de personnes, à 18 h 00, pour une ultime demande d'annulation du meeting frontiste au maire d'Arras. Le lendemain, un autre rendez-vous était donné, à 11 h 00, Place de la gare.
UNE FETE DE SECTION POUR UN PRINTEMPS D'ACTIONS POLITIQUES ET DE LUTTES
Pendant deux jours, le week-end dernier, les communistes de l'Arrageois ont placé leur fête annuelle de section sous le signe de l'engagement internationaliste, engagement non pas lointain mais ancré dans les luttes et les actions politiques et sociales locales. Un succès pour ces premiers beaux jours de l'année annonciateurs du printemps populaire qui s'approche.
Solidarité internationaliste avec, le vendredi, le vernissage de La saison des olives, une exposition de photographies de Geneviève Caré consacrée aux fresques des murs de Ramallah et du camp Al Dhaïcheh de Bethlehem, exposition suivie d'un débat sur la situation actuelle de la Palestine au sortir de l'invasion israélienne de la bande de Gaza. Animé par Jean-François Larosière, président de France Palestine Solidarité Nord-Pas-de-Calais, ce debat a permis de tracer de nombreuses pistes d'engagements solidaires et politiques envers la Palestine et son peuple.
De nombreuses pistes d'engagements solidaires et politiques
Actions internationalistes aussi avec, le dimanche, la projection d'un film sur Cuba, une exposition et un débat sur l'émergence du socialisme en Amérique latine en présence d' Hervé Poly, secrétaire de la Fédération du Pas de Calais du PCF et d'Ernesto Rey Pino, premier secrétaire de l’ambassade de Cuba en France. Ce point a été rappelé par Jacky Hénin venu présenter son salut aux communistes de l'Arrageois. La crise actuelle loin de séparer les luttes qui se mènnent un peu partout dans le monde pour une transformation progressiste de la société, une rupture radicale avec le capitalisme, la construction d'une société nouvelle, les rapproche singulièrement. A l'echelle mondiale, comme à l'échelle européenne, les enjeux sont d'importance et la nécessité de donner à ces luttes une expression politique adéquate de plus en plus pressante. En France, dans le cadre des élections européennes, par le vote communiste.
Un succès militant
Se terminant par un repas fraternel, le succès militant de la fête de section des communistes de l'Arrageois augure d'une mobilisation et d'une implication certaines de ses membres en faveur du monde du travail et de la création pour la période qui s'ouvre avec, pour prochain rendez-vous, la manifestation du 19 mars.
J.S.
Photos Geneviève Caré
genevieve.care@wanadoo.fr
Solidarité internationaliste avec, le vendredi, le vernissage de La saison des olives, une exposition de photographies de Geneviève Caré consacrée aux fresques des murs de Ramallah et du camp Al Dhaïcheh de Bethlehem, exposition suivie d'un débat sur la situation actuelle de la Palestine au sortir de l'invasion israélienne de la bande de Gaza. Animé par Jean-François Larosière, président de France Palestine Solidarité Nord-Pas-de-Calais, ce debat a permis de tracer de nombreuses pistes d'engagements solidaires et politiques envers la Palestine et son peuple.
De nombreuses pistes d'engagements solidaires et politiques
Actions internationalistes aussi avec, le dimanche, la projection d'un film sur Cuba, une exposition et un débat sur l'émergence du socialisme en Amérique latine en présence d' Hervé Poly, secrétaire de la Fédération du Pas de Calais du PCF et d'Ernesto Rey Pino, premier secrétaire de l’ambassade de Cuba en France. Ce point a été rappelé par Jacky Hénin venu présenter son salut aux communistes de l'Arrageois. La crise actuelle loin de séparer les luttes qui se mènnent un peu partout dans le monde pour une transformation progressiste de la société, une rupture radicale avec le capitalisme, la construction d'une société nouvelle, les rapproche singulièrement. A l'echelle mondiale, comme à l'échelle européenne, les enjeux sont d'importance et la nécessité de donner à ces luttes une expression politique adéquate de plus en plus pressante. En France, dans le cadre des élections européennes, par le vote communiste.
Un succès militant
Se terminant par un repas fraternel, le succès militant de la fête de section des communistes de l'Arrageois augure d'une mobilisation et d'une implication certaines de ses membres en faveur du monde du travail et de la création pour la période qui s'ouvre avec, pour prochain rendez-vous, la manifestation du 19 mars.
J.S.
Photos Geneviève Caré
genevieve.care@wanadoo.fr
Libellés :
PCF ARRAS CUBA PALESTINE JACKY HENIN
mardi 17 mars 2009
L'UNIVERSITE RESTE UNIE
Faisant écho à l'appel national à la mobilisation "de la maternelle à l'université" et aux 60 000 personnes qui ont manifesté à cette occasion dans tout le pays, les étudiants de l'université d'Artois à Arras ont tenu leur deuxième Assemblé Générale depuis la rentrée avec, pour prochain grand rendez-vous, la journée du 19 mars.
Ils étaient près de 400 étudiants réunis en Assemblée Générale, ce mercredi 11 mars, amphi Churchill, sur le site arrageois de l'université d'Artois. A l'ordre du jour, le bilan local et national de la mobilisation ainsi que les initiatives à engager jusqu'au rendez-vous du 19 mars et au-delà.
Une plate-forme revendicative claire
Au centre de la mobilisation universitaire, une plate-forme revendicative claire : l'abandon du décret réformant le statut des enseignants-chercheurs, l'abandon de la LRU, l'abandon de la masterisation, le rétablissement de l'échelon zéro ainsi que l'élargissement des critères d'établissement des bourses et de l'allocation étudiante. Un débat de fond concernant la portée des revendications et les modalités d'actions formait l'essentiel des interventions.
Un référendum «ultimatum»
En débat aussi, en particulier, le référendum organisé la veille par l'administration sur la question du blocage de l'université. Cette initiative, décidée unilatéralement, sans concertation, mieux, selon divers témoignages convergents, en tentant de prendre à contre-pied étudiants et enseignants mobilisés, visaient, manifestement, à contrecarrer le vote majoritaire qui s'exprime, sans faille, depuis quatre semaines, en faveur du blocage au cours des différentes AG animées par les étudiants de l'établissement public arrageois. Malgré les précautions prises par la direction de l'université – selon des étudiants interrogés : précipitation du scrutin, «oubli» ciblé de l'envoi de convocations, annonce sans débat public... -, elle s'est retournée contre ses promoteurs qui voyait sans doute en ce scrutin, selon les termes d'une affiche étudiante, plutôt un «ultimatum» qu'un «référendum» à proprement parler. Un moyen, partial, mis en oeuvre pour briser la grève plutôt qu'une méthode, arbitrale – chose qui est attendue de la part de la direction d'un établissement public -, pour en apprécier, démocratiquement, la légitimité.
Reconduction du blocage de l'université arrageoise
Alors que l'AG du mardi 3 mars avait reconduit le blocage de l'université avec 666 voix, la base des suffrages exprimés en faveur du blocage au cours du référendum s'est élargi à 794 voix contre 366, vote corroboré et précisé par un autre référendum organisé simultanément par le comité étudiant et portant sur la question de la validité des votes en AG – 752 suffrages exprimant la reconnaissance de cette validité contre 92.
Eaux troubles
Autre point particulier abordé au cours de l'AG étudiante de mercredi. Le matin, l'interruption par des membres du personnel administratif de l'université d'un examen que passaient des élèves de master et l'annonce de la suppression et du report sine die des épreuves programmés pour l'après-midi et le reste de la semaine. Argument avancé, le «blocage» de l'université et l'obstruction des «bloqueurs». En fait, suite à l'intervention de membres du comité étudiant mis au courant de l'affaire, le blocage de l'université ne concernant ni les concours ni les examens, les étudiants concernés ont pu se rendre compte que l'initiative de «bloquer» leurs examen, malgré les dénégations officielles, avait une toute autre source que celle avancée et, de fait, un but bien connu, celui de semer la division. Novel echec. Les étudiants rassemblés en AG ont applaudi unanimement à l'annonce d'un membre du comité étudiant affirmant que «malgré la volonté du Président de l'université de couler notre mouvement, nous avons réussi à donner une bonne leçon : l'université reste unie quoiqu'il arrive.» D'aucuns ont même évoqué une «fessée».
J. S.
AGAZA IL Y A TOUJOURS URGENCE
Deux mois après la fin de l'offensive israélienne, la situation humanitaire dans la bande de Gaza est catastrophique. Dans cette région dévastée, tout manque. Les chiffres sont alarmants. Près de 50% des enfants sont anémiés et environ 20% souffrent de dénutrition. Toujours mobilisé en faveur des victimes de l'invasion dans le cadre de son opération «Urgence Gaza et environs», le Secours Populaire Français en appelle à la solidarité de tous. Entretien avec Christian Lampin, secrétaire général de la fédération du Pas-de-Calais du SPF.
Liberté 62 : «Depuis la fin de l'invasion de la bande de Gaza par l'armée de l'Etat d'Israël, le Secours Populaire Français s'est engagé dans plusieurs missions solidaires en direction des populations locales. Pouvez-vous faire le point sur les résultats de votre action ?»
Christian Lampin : «Dans le cadre de l'opération «Urgence Gaza et environs» lancée par le Secours Populaire Français, cinq objectifs ont été fixés dont trois ont été réalisés à ce jour. La première mission, menée en collaboration avec Jamel Debbouze, a consisté dans l'acheminement, le 28 janvier, de deux avions de matériel médical qui sont arrivés en Egypte et dont le contenu été acheminé par camion à Gaza. La deuxième mission, courant février, a consisté à débloquer des fonds pour venir en aide à 3 000 enfants de Gaza en leur fournissant des cartables et des couvertures. La troisième a été d'envoyer un chèque de 52 000 euros pour soutenir le fonctionnement de la clinique de Jabalya où opère le PMRS (Palestinian Medical Relief Society ndlr), notre partenaire local palestinien. Avec le matériel médical et les fonds engagés, ce sont près de 300 000 euros qui ont d'ores et déjà été mobilisés pour les populations de Gaza par le Secours Populaire.»
Liberté 62 : «Sur place, vos partenaires sont mobilisés et sont sans cesse en rapport avec vous. Qu'elle est-elle la situation actuelle des populations à Gaza et alentour ?»
Christian Lampin : «La bande de Gaza est l'une des zones où la population est la plus dense du monde. Sur 1,5 million habitants, il y a, aujourd'hui, 1,2 million de personnes qui sont assistées sur le plan alimentaire par l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés. Il faut le dire, très peu d'associations, actuellement, interviennent sur place. La situation est catastrophique. Les tirs et les bombardements ont fait beaucoup de victimes. Plus de 1 300 mort et 5 000 blessés, souvent dans un état grave voire très graves, notamment du fait de l'utilisation de bombes au phosphore blanc et ceci avec des conséquences que les médecins palestiniens ne connaissent pas encore. Un deuxieme aspect catastrophique de la situation, c'est la proportion de malnutrition qui sévit sur le territoire de la bande de Gaza. Sur les lieux, on estime que près d'un enfant sur deux souffre d'anémie, anémie dont les conséquences seront très lourdes, si l'on n'agit pas à temps, sur leur croissance et leur développement. Actuellement, en général, on peut dire que 85 à 90 % de la population de Gaza a besoin de l'aide alimentaire. Une autre conséquence catastrophique de la guerre, ce sont les traumatismes vécus par les enfants. Le soutien, aujourd'hui, que nous devons aussi apporter, avec l'aide de nos partenaires, consiste dans tout un travail psychologique à mener auprès des enfants.»
Liberté 62 : «Quelles sont les prochaines étapes de l'action d'urgence mise en oeuvre par le Secours populaire Français ?»
Christian Lampin : «Sous le titre de l'opération «Urgence Gaza et environs», il nous reste deux missions à accomplir. La première c'est de travailler avec nos partenaires du PHR, association des médecins israéliens pour les Droits de l'Homme, afin de venir en aide, en Israël, aux enfants israéliens ou palestiniens traumatisés vivant au-delà des frontières du territoire de la bande de Gaza. La seconde, c'est de continuer à aider la clinique de Jabalya où notre partenaire palestinien du PMRS doit faire face à des besoins immenses. La neutralité du Secours Populaire Français dans le conflit est pour nous très importante pour venir en aide aux victimes et en particulier aux enfants. Pour finir, il faut le souligner : dans toute son action, si le Secours Populaire Français a été une des rares associations a avoir réussi à mener des opérations sur la bande de Gaza, c'est grâce à son partenaire Egyptien de l'Egypt's Daughter Association for Developement and Services. Mais le Secours Populaire Français ne peut mener à bien ses missions, à Gaza ou ailleurs, que grâce à tous ceux qui, en France, par leur engagement ou leur don financier s'associent à son action. A Gaza, il y a toujours urgence.
Propos recueillis par Jérôme Skalski
http://www.liberte62.com/article-29524455.html
Liberté 62 : «Depuis la fin de l'invasion de la bande de Gaza par l'armée de l'Etat d'Israël, le Secours Populaire Français s'est engagé dans plusieurs missions solidaires en direction des populations locales. Pouvez-vous faire le point sur les résultats de votre action ?»
Christian Lampin : «Dans le cadre de l'opération «Urgence Gaza et environs» lancée par le Secours Populaire Français, cinq objectifs ont été fixés dont trois ont été réalisés à ce jour. La première mission, menée en collaboration avec Jamel Debbouze, a consisté dans l'acheminement, le 28 janvier, de deux avions de matériel médical qui sont arrivés en Egypte et dont le contenu été acheminé par camion à Gaza. La deuxième mission, courant février, a consisté à débloquer des fonds pour venir en aide à 3 000 enfants de Gaza en leur fournissant des cartables et des couvertures. La troisième a été d'envoyer un chèque de 52 000 euros pour soutenir le fonctionnement de la clinique de Jabalya où opère le PMRS (Palestinian Medical Relief Society ndlr), notre partenaire local palestinien. Avec le matériel médical et les fonds engagés, ce sont près de 300 000 euros qui ont d'ores et déjà été mobilisés pour les populations de Gaza par le Secours Populaire.»
Liberté 62 : «Sur place, vos partenaires sont mobilisés et sont sans cesse en rapport avec vous. Qu'elle est-elle la situation actuelle des populations à Gaza et alentour ?»
Christian Lampin : «La bande de Gaza est l'une des zones où la population est la plus dense du monde. Sur 1,5 million habitants, il y a, aujourd'hui, 1,2 million de personnes qui sont assistées sur le plan alimentaire par l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés. Il faut le dire, très peu d'associations, actuellement, interviennent sur place. La situation est catastrophique. Les tirs et les bombardements ont fait beaucoup de victimes. Plus de 1 300 mort et 5 000 blessés, souvent dans un état grave voire très graves, notamment du fait de l'utilisation de bombes au phosphore blanc et ceci avec des conséquences que les médecins palestiniens ne connaissent pas encore. Un deuxieme aspect catastrophique de la situation, c'est la proportion de malnutrition qui sévit sur le territoire de la bande de Gaza. Sur les lieux, on estime que près d'un enfant sur deux souffre d'anémie, anémie dont les conséquences seront très lourdes, si l'on n'agit pas à temps, sur leur croissance et leur développement. Actuellement, en général, on peut dire que 85 à 90 % de la population de Gaza a besoin de l'aide alimentaire. Une autre conséquence catastrophique de la guerre, ce sont les traumatismes vécus par les enfants. Le soutien, aujourd'hui, que nous devons aussi apporter, avec l'aide de nos partenaires, consiste dans tout un travail psychologique à mener auprès des enfants.»
Liberté 62 : «Quelles sont les prochaines étapes de l'action d'urgence mise en oeuvre par le Secours populaire Français ?»
Christian Lampin : «Sous le titre de l'opération «Urgence Gaza et environs», il nous reste deux missions à accomplir. La première c'est de travailler avec nos partenaires du PHR, association des médecins israéliens pour les Droits de l'Homme, afin de venir en aide, en Israël, aux enfants israéliens ou palestiniens traumatisés vivant au-delà des frontières du territoire de la bande de Gaza. La seconde, c'est de continuer à aider la clinique de Jabalya où notre partenaire palestinien du PMRS doit faire face à des besoins immenses. La neutralité du Secours Populaire Français dans le conflit est pour nous très importante pour venir en aide aux victimes et en particulier aux enfants. Pour finir, il faut le souligner : dans toute son action, si le Secours Populaire Français a été une des rares associations a avoir réussi à mener des opérations sur la bande de Gaza, c'est grâce à son partenaire Egyptien de l'Egypt's Daughter Association for Developement and Services. Mais le Secours Populaire Français ne peut mener à bien ses missions, à Gaza ou ailleurs, que grâce à tous ceux qui, en France, par leur engagement ou leur don financier s'associent à son action. A Gaza, il y a toujours urgence.
Propos recueillis par Jérôme Skalski
http://www.liberte62.com/article-29524455.html
INTERVIEW DE NOAM CHOMSKY-L'IVRESSE DE LA FORCE
Professeur émérite de linguistique du Massachussets Institute of Technologie, créateur de la grammaire générative et transformationnelle, figure majeure de la gauche américaine , théoricien du pouvoir et des médias, intellectuel engagé ayant signé, notamment, la pétition en faveur de la libération des «5 patriotes cubains» injustement incarcérés aux Etats-Unis, Noam Chomsky s'entretient avec liberté 62 au sujet de Cuba et de la politique étrangère nord-américaine.
Liberté 62 : “Dans votre livre L'ivresse de la Force vous déclarez que «les Etats Unis sont le pays hors la loi par excellence, totalement affranchi du droit international». Le blocus étasunien de Cuba qui dure depuis maintenant près de 50 ans, blocus dénoncé par de nombreuses résolutions de l'Assemblée Générale de l'ONU et que vous qualifiez de «stratégie d'étranglement de Cuba», semble illustrer ce fait de manière exemplaire. Comment les Etats-Unis, en l'occurrence, peuvent-ils simultanément violer le droit international et se présenter, en Amérique latine et à Cuba, comme le champion du droit et de la démocratie ?
Noam Chomsky : «La guerre terroriste contre Cuba, qui a atteint son apogée sous Kennedy, a été incontestablement menée en violation du Droit International. Le but explicite de l’embargo a bien été de punir les Cubains : selon les mots même employés par Kennedy, il provoquerait «un inconfort croissant parmi les Cubains affamés» qui, alors, renverseraient le gouvernement. Ceci apparaît comme une violation claire des lois humanitaires internationales, et a été condamné en ces termes à plusieurs reprises par l’Organisation des Etats Américains – organisation par ailleurs d'ordinaire plutôt soumise à la cause américaine. Mais ce ne sont que de mineures illustrations du mépris qu’a Washington pour le Droit international – mépris largement partagé par d’autres grandes puissances, bien que peu d’entre-elles soient capables de violer le Droit international de manière aussi outrancière que la super puissance mondiale.
Comment Washington peut-il se présenter comme le champion de la justice et de la démocratie au regard de cette attitude persistante ? La réponse fondamentale à cette question a été fournie par Hans Morgenthau, un des fondateurs de l’école réaliste de la théorie des relations internationales. Il a souvent écrit sur «notre asservissement conformiste à l'égard de ceux au pouvoir» en faisant référence aux classes intellectuelles et parmi elles au grand nombre de ceux qui se regardent eux-même comme de courageux et d'indépendants esprits critiques.»
Liberté 62 : «Vous vous êtes engagés pour soutenir les «5 de Miami», agents cubains accusés de conspiration contre la sécurité des États-Unis. Pouvez-vous expliquer le sens de votre démarche ?»
Noam Chomsky : «L’accusation n’a fait aucun effort sérieux pour montrer qu’ils avaient conspiré contre la sécurité américaine. Il a été plutôt concédé qu’ils cherchaient à déjouer les attaques terroristes basées sur le sol américain contre Cuba en infiltrant les organisations terroristes aux Etats-Unis. En fait, ils ont fourni énormément d’informations au FBI concernant ces organisations, leurs plans et leurs opérations. La réaction de Washington a été de laisser les mains libres aux les organisations terroristes, et d’arrêter et d’emprisonner ceux qui cherchaient à les dénoncer.
Pour ceux que cela intéresse, il y a une «doctrine Bush» qui soutient que «ceux qui abritent des terroristes sont aussi coupables que les terroristes eux-mêmes», selon les propres mots du Président, et que par conséquent ces protecteurs doivent être soumis aux bombardements et à l’invasion. Selon le spécialiste des Relations Internationales de l’Université de Harvard Graham Alison , «la doctrine Bush est déjà un règle de facto dans les relations internationales», doctrine qui révoque «la souveraineté des états qui offrent l’asile aux terroristes.» Certains Etats, cela dit...
Mais on devrait ajouter qu’offrir l'asile aux terroristes n’est pas du tout une action secrète aux Etats-Unis. Ainsi Bush I a offert l’asile au terroriste Américano-Cubain Orlando Bosch, et ceci malgré les objections du FBI et du Ministère de la Justice qui voulaient l’expulser car il présentait une menace pour la sécurité des Etats-Unis au vu d’une douzaine d’actions terroristes qui lui étaient attribuées. Et Bush II a permis à l’associé de Bosch, Luis Posada Carriles, une autre pointure du terrorisme, de le rejoindre à Miami. Ces exemples ne sont que les plus flagrants...
Liberté 62 : «Dans un chapitre que vous consacrez à l'Amérique latine dans votre livre (Amérique latine : ça bouge dans l'arrière-cour), vous déclarez que «ceux qui tiennent la matraque exigent l'amnésie historique». A l'occasion du cinquantenaire de la révolution cubaine et à l'heure où «c'est la première fois depuis la conquête espagnole que l'Amérique latine prend des mesures orientés vers l'indépendance et l'intégration», comment lutter contre cette amnésie et en faveur de ce processus d'émancipation historique ?
Noam Chomsky : «L’amnésie historique est secrétée par ceux que Morgenthau condanne. On n’a pas besoin de pouvoirs magiques pour surmonter cette amnésie : il faut juste de l’honnèteté et du dévouement pour révéler la vérité et participer aux mouvements populaires pour civiliser le pays. Cela a déjà souvent eu lieu par le passé, et même récemment. Et il y a toujours plus à faire.
Pour prendre un exemple en cours, en septembre 2008, l' UNASUR – la récente Union des Etats Sud Américains – s’est réunie à Santiago pour évaluer les actions violentes menées par le mouvement des élites Boliviennes soutenues par les Etats-Unis dans leurs efforts pour renverser le gouvernement démocratiquement élu. Le sommet s’est terminé par une déclaration de soutien très fort au gouvernement de Morales. Morales a remercié l'UNASUR pour son soutien, observant que pour la première fois dans l’histoire de l’Amérique du Sud, les pays de la région avaient décidé par eux-même de la manière de résoudre leurs problèmes, sans la présence des Etats-Unis.
Ceci est d’une importance considérable et n’a pas fait l’objet de reportages aux Etats-Unis. Sans doute parce que la vérité, une fois de plus, rentrait de manière dramatique en conflit avec les doctrines du soutien américain et de la bienveillance américaine à l'égard de la démocratie, doctrines brandies haut et fort par les intellectuels conformistes – média inclus. Mais la «trahison des clercs» peut être vaincue, comme cela a souvent été le cas par le passé.
Propos recueillis par Jérôme Skalski
Traduction, Marie Nivet
«Offrir l'asile aux terroristes n’est pas du tout une action secrète aux Etats-Unis»
Article publié dans Liberté 62 n°847
« C'est nous qui commandons »
L’ivresse et la force , expression par laquelle Lise Chemla traduit la formule Wath we say goes, le titre original du dernier recueil d'entretiens de Noam Chomsky et de David Barsamian, c'est l'ivresse de la force qu'exprime la politique étrangère mise en oeuvre par les classes dirigeantes des Etats-Unis.
George Bush Père, en février 1991, à la fin de la première guerre du golfe, en a donné la formule à la fois concise et brutale : «What we say goes» : «C'est nous qui commandons». Mais, ainsi que le montre Noam Chomsky en procédant dans son ouvrage à un examen critique serré de l'actualité récente, de l'Amérique latine au Moyen-Orient, le «nouvel ordre mondial» que les Etats-Unis entendait instaurer après la chute de l'URSS, «extension au monde entier de la doctrine de Monroe», se fissure aujourd'hui. Evocation de quelques passages développés par Noam Chomsky dans les pages de son livre à propos de l'Amérique latine, traditionnelle «arrière-cour» des Etats-Unis.
«C'est la première fois depuis la conquête espagnole que l'Amérique latine prend des mesures orientées vers l'indépendance et l'intégration» déclare Noam Chomsky commentant l'entrée du Vénézuéla dans le marché commun du Mercosur et son rapprochement avec la Chine. «Enfin pas tout à fait précise-t-il, il y a déjà eu des tentatives mais elles ont été écrasées. Le Brésil par exemple, a eu au début des années 1960 un gouvernement démocratique d'un populisme modéré. L'administration Kennedy a organisé un putsch militaire pour le remplacer par un Etat néonazi de sécurité nationale, le premier de la vague qui allait ensuite submerger tout le continent, du Chili à l'Argentine en passant par l'Amérique centrale, et y perpétrer un immense massacre. Donc les peuples d'Amérique latine ont déjà essayé, comme ils avaient essayé plusieurs fois de secouer le joug espagnol. Il y a eu de nombreuses tentatives, mais c'est la première fois qu'il y a une vraie chance de succès, car ils se sont soustraits, jusqu'à un certain point, au contrôle occidental – d'abord européen, puis américain. Du Vénézuéla à l'Argentine, on a assisté à une vague d'élections démocratiques à forte participation populaire et orientée plutôt à gauche.»
«Ça bouge dans l'arrière-cour»
D'un autre côté, les principaux leviers de la politique de domination des Etats-Unis en Amérique latine se sont affaiblis explique-t-il : «Historiquement, l'un d'eux a été la violence, la politique de la force, et l'autre, les pressions économiques, exercées dans la dernière période par l'intermédiaire du FMI, du département du trésor et de la banque Mondiale. Les deux perdent en efficacité. La dernière tentative des Etats-Unis pour soutenir la violence, le moyen traditionnel, s'est produite au Vénézuéla pendant le coup d'Etat de 2002. Washington a dû reculer, et prétend aujourd'hui, qu'il n'avait rien à voir avec la tentative de putsch. Il a reculé à cause de la réaction populaire au Vénézuéla, mais aussi de l'ampleur de l'indignation de toute l'Amérique latine». Même si «la menace de la violence» ou de «l'étranglement économique» des Etats-Unis sont loin d'avoir disparu tempère Noam Chomsky – «les Etats-Unis ont plus de forces militaires en Amérique latine aujourd'hui qu'aux pires moments de la guerre froide» - , un constat s'impose : «Washington n'a plus les moyens d'autrefois. Il ne peut plus être le simple instigateur d'une dictature militaire, puis la soutenir.»
«Un pays qui vit encore dans la peur»
Les séquelles de cette période sont cependant encore nombreuses aujourd'hui. Dans un chapitre de son ouvrage intitulé Les Etats-Unis contre les Evangiles, Noam Chomsky évoque à cet égard, au Chili, une expérience personnelle : «Les Chiliens ont vécu dix-sept ans de dictature, et l'on sent vraiment que la peur est toujours là. La villa Grimaldi était l'un des pires centres de torture de Pinochet. Pendant mon récent séjour, un homme qui y avait été torturé -aujourd'hui avocat international reconnu, professeur et militant des droits de l'homme – m'a fait visiter les lieux. Il a pris à part quelques-uns d'entre nous et nous a tout expliqué point par point : voilà ce qu'ils faisaient ici, voilà comment ils torturaient là. Il nous a dit qu'il lui avait fallu des années avant de pouvoir parler de son expérience. Les tortures étaient monstrueuses (...) toutes supervisées par des médecins. Leur rôle était de garantir que la victime ne meurt pas : il fallait la garder en vie pour pouvoir continuer à la torturer. Ils disaient donc aux tortionnaires à quel moment arrêter, administraient quelque chose au prisonnier pour le ranimer, et la scéance pouvait reprendre. «Mais où sont-ils ces médecins ?» ai-je demandé à l'avocat. «Ils exercent, ils ont leur cabinet à Santiago », m'a-t-il répondu. Et personne ne peut même imaginer de faire quelque chose contre eux. C'est comme si Joseph Mengele se promenait en toute liberté dans votre quartier. Et ce n'est qu'un aspect de ce qu'on voit là-bas, la peur.»
«Ceux qui tiennent la matraque exigent l'amnésie historique»
«Ceux qui tiennent la matraque exigent l'amnésie historique» souligne Noam Chomsky. L'évocation précédente rend plus sensible la signification du danger pesant actuellement, entre autres, sur la Bolivie - malgré le fait que la «menace» des Etats-Unis se soit «amoindrie» en Amérique latine . «Non seulement l'Amérique latine échappe [aux Etats-Unis], mais c'est la première fois que les populations indigènes entrent sur la scène politique, en nombre conséquent déclare Noam Chomsky à propos de l'élection d'Evo Morales en 2005. : «Les indigènes sont également très nombreux au Pérou et en Equateur, tous deux aussi gros producteurs d'énergie. Des groupements d'Amérique latine exigent même la création d'une nation indienne. Ils veulent avoir le contrôle de leurs ressources – que certains d'entre eux, d'ailleurs, ne souhaitent pas développer : ils préfèrent rester maître de leur vie, ils ne veulent pas que leur culture et leur société soient détruites pour qu'à New York on puisse faire du surplace dans les embouteillages. Tout cela est une grande menace pour les Etats-Unis.»
Jérôme Skalski
Liberté 62 : “Dans votre livre L'ivresse de la Force vous déclarez que «les Etats Unis sont le pays hors la loi par excellence, totalement affranchi du droit international». Le blocus étasunien de Cuba qui dure depuis maintenant près de 50 ans, blocus dénoncé par de nombreuses résolutions de l'Assemblée Générale de l'ONU et que vous qualifiez de «stratégie d'étranglement de Cuba», semble illustrer ce fait de manière exemplaire. Comment les Etats-Unis, en l'occurrence, peuvent-ils simultanément violer le droit international et se présenter, en Amérique latine et à Cuba, comme le champion du droit et de la démocratie ?
Noam Chomsky : «La guerre terroriste contre Cuba, qui a atteint son apogée sous Kennedy, a été incontestablement menée en violation du Droit International. Le but explicite de l’embargo a bien été de punir les Cubains : selon les mots même employés par Kennedy, il provoquerait «un inconfort croissant parmi les Cubains affamés» qui, alors, renverseraient le gouvernement. Ceci apparaît comme une violation claire des lois humanitaires internationales, et a été condamné en ces termes à plusieurs reprises par l’Organisation des Etats Américains – organisation par ailleurs d'ordinaire plutôt soumise à la cause américaine. Mais ce ne sont que de mineures illustrations du mépris qu’a Washington pour le Droit international – mépris largement partagé par d’autres grandes puissances, bien que peu d’entre-elles soient capables de violer le Droit international de manière aussi outrancière que la super puissance mondiale.
Comment Washington peut-il se présenter comme le champion de la justice et de la démocratie au regard de cette attitude persistante ? La réponse fondamentale à cette question a été fournie par Hans Morgenthau, un des fondateurs de l’école réaliste de la théorie des relations internationales. Il a souvent écrit sur «notre asservissement conformiste à l'égard de ceux au pouvoir» en faisant référence aux classes intellectuelles et parmi elles au grand nombre de ceux qui se regardent eux-même comme de courageux et d'indépendants esprits critiques.»
Liberté 62 : «Vous vous êtes engagés pour soutenir les «5 de Miami», agents cubains accusés de conspiration contre la sécurité des États-Unis. Pouvez-vous expliquer le sens de votre démarche ?»
Noam Chomsky : «L’accusation n’a fait aucun effort sérieux pour montrer qu’ils avaient conspiré contre la sécurité américaine. Il a été plutôt concédé qu’ils cherchaient à déjouer les attaques terroristes basées sur le sol américain contre Cuba en infiltrant les organisations terroristes aux Etats-Unis. En fait, ils ont fourni énormément d’informations au FBI concernant ces organisations, leurs plans et leurs opérations. La réaction de Washington a été de laisser les mains libres aux les organisations terroristes, et d’arrêter et d’emprisonner ceux qui cherchaient à les dénoncer.
Pour ceux que cela intéresse, il y a une «doctrine Bush» qui soutient que «ceux qui abritent des terroristes sont aussi coupables que les terroristes eux-mêmes», selon les propres mots du Président, et que par conséquent ces protecteurs doivent être soumis aux bombardements et à l’invasion. Selon le spécialiste des Relations Internationales de l’Université de Harvard Graham Alison , «la doctrine Bush est déjà un règle de facto dans les relations internationales», doctrine qui révoque «la souveraineté des états qui offrent l’asile aux terroristes.» Certains Etats, cela dit...
Mais on devrait ajouter qu’offrir l'asile aux terroristes n’est pas du tout une action secrète aux Etats-Unis. Ainsi Bush I a offert l’asile au terroriste Américano-Cubain Orlando Bosch, et ceci malgré les objections du FBI et du Ministère de la Justice qui voulaient l’expulser car il présentait une menace pour la sécurité des Etats-Unis au vu d’une douzaine d’actions terroristes qui lui étaient attribuées. Et Bush II a permis à l’associé de Bosch, Luis Posada Carriles, une autre pointure du terrorisme, de le rejoindre à Miami. Ces exemples ne sont que les plus flagrants...
Liberté 62 : «Dans un chapitre que vous consacrez à l'Amérique latine dans votre livre (Amérique latine : ça bouge dans l'arrière-cour), vous déclarez que «ceux qui tiennent la matraque exigent l'amnésie historique». A l'occasion du cinquantenaire de la révolution cubaine et à l'heure où «c'est la première fois depuis la conquête espagnole que l'Amérique latine prend des mesures orientés vers l'indépendance et l'intégration», comment lutter contre cette amnésie et en faveur de ce processus d'émancipation historique ?
Noam Chomsky : «L’amnésie historique est secrétée par ceux que Morgenthau condanne. On n’a pas besoin de pouvoirs magiques pour surmonter cette amnésie : il faut juste de l’honnèteté et du dévouement pour révéler la vérité et participer aux mouvements populaires pour civiliser le pays. Cela a déjà souvent eu lieu par le passé, et même récemment. Et il y a toujours plus à faire.
Pour prendre un exemple en cours, en septembre 2008, l' UNASUR – la récente Union des Etats Sud Américains – s’est réunie à Santiago pour évaluer les actions violentes menées par le mouvement des élites Boliviennes soutenues par les Etats-Unis dans leurs efforts pour renverser le gouvernement démocratiquement élu. Le sommet s’est terminé par une déclaration de soutien très fort au gouvernement de Morales. Morales a remercié l'UNASUR pour son soutien, observant que pour la première fois dans l’histoire de l’Amérique du Sud, les pays de la région avaient décidé par eux-même de la manière de résoudre leurs problèmes, sans la présence des Etats-Unis.
Ceci est d’une importance considérable et n’a pas fait l’objet de reportages aux Etats-Unis. Sans doute parce que la vérité, une fois de plus, rentrait de manière dramatique en conflit avec les doctrines du soutien américain et de la bienveillance américaine à l'égard de la démocratie, doctrines brandies haut et fort par les intellectuels conformistes – média inclus. Mais la «trahison des clercs» peut être vaincue, comme cela a souvent été le cas par le passé.
Propos recueillis par Jérôme Skalski
Traduction, Marie Nivet
«Offrir l'asile aux terroristes n’est pas du tout une action secrète aux Etats-Unis»
Article publié dans Liberté 62 n°847
« C'est nous qui commandons »
L’ivresse et la force , expression par laquelle Lise Chemla traduit la formule Wath we say goes, le titre original du dernier recueil d'entretiens de Noam Chomsky et de David Barsamian, c'est l'ivresse de la force qu'exprime la politique étrangère mise en oeuvre par les classes dirigeantes des Etats-Unis.
George Bush Père, en février 1991, à la fin de la première guerre du golfe, en a donné la formule à la fois concise et brutale : «What we say goes» : «C'est nous qui commandons». Mais, ainsi que le montre Noam Chomsky en procédant dans son ouvrage à un examen critique serré de l'actualité récente, de l'Amérique latine au Moyen-Orient, le «nouvel ordre mondial» que les Etats-Unis entendait instaurer après la chute de l'URSS, «extension au monde entier de la doctrine de Monroe», se fissure aujourd'hui. Evocation de quelques passages développés par Noam Chomsky dans les pages de son livre à propos de l'Amérique latine, traditionnelle «arrière-cour» des Etats-Unis.
«C'est la première fois depuis la conquête espagnole que l'Amérique latine prend des mesures orientées vers l'indépendance et l'intégration» déclare Noam Chomsky commentant l'entrée du Vénézuéla dans le marché commun du Mercosur et son rapprochement avec la Chine. «Enfin pas tout à fait précise-t-il, il y a déjà eu des tentatives mais elles ont été écrasées. Le Brésil par exemple, a eu au début des années 1960 un gouvernement démocratique d'un populisme modéré. L'administration Kennedy a organisé un putsch militaire pour le remplacer par un Etat néonazi de sécurité nationale, le premier de la vague qui allait ensuite submerger tout le continent, du Chili à l'Argentine en passant par l'Amérique centrale, et y perpétrer un immense massacre. Donc les peuples d'Amérique latine ont déjà essayé, comme ils avaient essayé plusieurs fois de secouer le joug espagnol. Il y a eu de nombreuses tentatives, mais c'est la première fois qu'il y a une vraie chance de succès, car ils se sont soustraits, jusqu'à un certain point, au contrôle occidental – d'abord européen, puis américain. Du Vénézuéla à l'Argentine, on a assisté à une vague d'élections démocratiques à forte participation populaire et orientée plutôt à gauche.»
«Ça bouge dans l'arrière-cour»
D'un autre côté, les principaux leviers de la politique de domination des Etats-Unis en Amérique latine se sont affaiblis explique-t-il : «Historiquement, l'un d'eux a été la violence, la politique de la force, et l'autre, les pressions économiques, exercées dans la dernière période par l'intermédiaire du FMI, du département du trésor et de la banque Mondiale. Les deux perdent en efficacité. La dernière tentative des Etats-Unis pour soutenir la violence, le moyen traditionnel, s'est produite au Vénézuéla pendant le coup d'Etat de 2002. Washington a dû reculer, et prétend aujourd'hui, qu'il n'avait rien à voir avec la tentative de putsch. Il a reculé à cause de la réaction populaire au Vénézuéla, mais aussi de l'ampleur de l'indignation de toute l'Amérique latine». Même si «la menace de la violence» ou de «l'étranglement économique» des Etats-Unis sont loin d'avoir disparu tempère Noam Chomsky – «les Etats-Unis ont plus de forces militaires en Amérique latine aujourd'hui qu'aux pires moments de la guerre froide» - , un constat s'impose : «Washington n'a plus les moyens d'autrefois. Il ne peut plus être le simple instigateur d'une dictature militaire, puis la soutenir.»
«Un pays qui vit encore dans la peur»
Les séquelles de cette période sont cependant encore nombreuses aujourd'hui. Dans un chapitre de son ouvrage intitulé Les Etats-Unis contre les Evangiles, Noam Chomsky évoque à cet égard, au Chili, une expérience personnelle : «Les Chiliens ont vécu dix-sept ans de dictature, et l'on sent vraiment que la peur est toujours là. La villa Grimaldi était l'un des pires centres de torture de Pinochet. Pendant mon récent séjour, un homme qui y avait été torturé -aujourd'hui avocat international reconnu, professeur et militant des droits de l'homme – m'a fait visiter les lieux. Il a pris à part quelques-uns d'entre nous et nous a tout expliqué point par point : voilà ce qu'ils faisaient ici, voilà comment ils torturaient là. Il nous a dit qu'il lui avait fallu des années avant de pouvoir parler de son expérience. Les tortures étaient monstrueuses (...) toutes supervisées par des médecins. Leur rôle était de garantir que la victime ne meurt pas : il fallait la garder en vie pour pouvoir continuer à la torturer. Ils disaient donc aux tortionnaires à quel moment arrêter, administraient quelque chose au prisonnier pour le ranimer, et la scéance pouvait reprendre. «Mais où sont-ils ces médecins ?» ai-je demandé à l'avocat. «Ils exercent, ils ont leur cabinet à Santiago », m'a-t-il répondu. Et personne ne peut même imaginer de faire quelque chose contre eux. C'est comme si Joseph Mengele se promenait en toute liberté dans votre quartier. Et ce n'est qu'un aspect de ce qu'on voit là-bas, la peur.»
«Ceux qui tiennent la matraque exigent l'amnésie historique»
«Ceux qui tiennent la matraque exigent l'amnésie historique» souligne Noam Chomsky. L'évocation précédente rend plus sensible la signification du danger pesant actuellement, entre autres, sur la Bolivie - malgré le fait que la «menace» des Etats-Unis se soit «amoindrie» en Amérique latine . «Non seulement l'Amérique latine échappe [aux Etats-Unis], mais c'est la première fois que les populations indigènes entrent sur la scène politique, en nombre conséquent déclare Noam Chomsky à propos de l'élection d'Evo Morales en 2005. : «Les indigènes sont également très nombreux au Pérou et en Equateur, tous deux aussi gros producteurs d'énergie. Des groupements d'Amérique latine exigent même la création d'une nation indienne. Ils veulent avoir le contrôle de leurs ressources – que certains d'entre eux, d'ailleurs, ne souhaitent pas développer : ils préfèrent rester maître de leur vie, ils ne veulent pas que leur culture et leur société soient détruites pour qu'à New York on puisse faire du surplace dans les embouteillages. Tout cela est une grande menace pour les Etats-Unis.»
Jérôme Skalski
A LA RENCONTRE DES RROMS D'ALBANIE
Liberté 62 n°804
À la rencontre des Rroms d’Albanie
À l’occasion de la quatrième journée mondiale des Rroms qui s’est déroulée cette année ce mardi 8 avril, un ensemble d’initiatives culturelles et festives ont été prises un peu partout en France. En mission en Albanie, le Secours Populaire Français du Pas-de-Calais est allé à la rencontre des Rroms de Fushë-Krujë, une ville située à une vingtaine de kilomètres de Tirana. L’évocation de cette rencontre est une autre occasion de faire connaissance avec la communauté Rroms.
REPRÉSENTATIFS de leur communauté en Albanie, les Rroms de Fushë-Krujë sont sédentaires. Ils pratiquent le nomadisme, pour à peu près un tiers d’entre eux, pour fuir vers les montagnes les grandes chaleurs de l’été Albanais.
Les Rroms de Fushë-Krujë
À Fushë-Krujë, une ville moyenne située à une vingtaine de kilomètres de Tirana, la capitale de l’Albanie, les Rroms vivent, pour la plupart d’entre eux, dans un quartier distinct de situé au bord du Fleuve Noir. Installés à cet endroit depuis une quarantaine d’années, les terres sur lesquelles ils ont aménagé leur habitat ne leur appartiennent pas. Elles leur ont été octroyées, à titre gratuit, dans un esprit de solidarité, par d’autres membres de la société civile albanaise.
Un pays où l’Etat est insuffisamment impliqué dans le développement du bien et de l’intérêt public
La vie des Rroms de Fushë-Krujë, si elle est différente du fait de leurs traditions et de leurs coutumes, est similaire de celles des autres Albanais. Entre le petit commerce, le petit artisanat, le rare travail salarié et la débrouille, leurs conditions de vie sont précaires et difficiles. Dans un pays où l’Etat est peu impliqué dans le développement du bien et de l’intérêt public – une des raisons pour laquelle l’Albanie, pays en plein développement économique, souffre singulièrement de nombreuses carences dans les domaines de l’aide sociale, de la santé, de l’éducation ou encore de la collecte des déchets – la vie des Rroms est cependant plus particulièrement touchée par la pauvreté, la sous-qualification, l’analphabétisme et l’isolement social. À Fushë-Krujë, 50% des Rroms sont au chômage et 60% d’entre eux ne sont pas inscrits au bureau légal d’état civil.
Les maisons du quartier Rroms de Fushë-Krujë
Faites pour la plupart de bois, de tissus et de tôle, les maisons du quartier Rroms de Fushë- Krujë n’offrent souvent que les conditions minimales d’une vie familiale et sociale épanouies. Les habitants du quartier soulignent la promiscuité de leurs conditions de vie ou de celles de leurs voisins : les problèmes qu’ils rencontrent pour s’approvisionner en eau potable, pour se chauffer, pour garantir l’isolation des murs et des toits de leurs maisons. Dans ce domaine comme dans ceux de la santé ou de l’éducation, la solidarité intracommunautaire ou celle dont font preuve les autres membres de la société civile albanaise ne suffit pas. Dans la mesure où l’Etat Albanais ne s’implique pas pour améliorer leur condition économique et sociale, elle requiert un engagement important de la solidarité internationale.
La situation du quartier Rroms évolue cependant, des maisons «en dur» se construisent et certaines d’entre elles atteignent le standard de la maison individuelle de l’Albanais de condition sociale moyenne. En fait, entre l’extrême précarité des maisons en toile, en tôle ou en bois et les maisons de deux étages, il existe toute une palette intermédiaire d’habitats dans le quartier.
Une vie associative riche
Possédant une vie associative riche et vivant en bonne intelligence avec les autres membres de la société civile albanaise – il faut souligner ce dernier point : la bonne entente entre membres «ordinaires» de la communauté nationale et des Rroms est trop rare, non seulement dans les Balkans mais encore dans notre propre pays- , la vie des Rroms de Fushë-Krujë est appelée, comme celle des autres Albanais, à s’améliorer. Elle bénéficie d’un terrain propice du fait de l’esprit de tolérance, de respect et de laïcité qui règne dans la société civile albanaise. L’action des femmes du quartier – au centre de la vie sociale des Rroms de Fushë-Krujë comme dans celles des autres communautés Rroms d’Albanie – va résolument dans ce sens. Elle doit rencontrer d’urgence notre solidarité.
Jérôme Skalski
dimanche 15 mars 2009
L'ACCUEIL DE LA MISSION "SOLIDARITE POUR LES VICTIMES D'UNE EXPLOSION EN ALBANIE" PAR LE SECOURS POPULAIRE DE FUSHE-KRUJE
Arrivée à l'aéroport de Tirana le jeudi 3 avril en début d'après midi, l'équipe de la mission “Solidarité pour les victimes d'une explosion en Albanie” du Secours Populaire Français est accueillie par les membres du Secours Populaire de Fushë-Krujë. Les présentations faites, très vite, la conversation s'engage sur la situation des victimes de l'explosion de Gërdec. Francis Jankowski, pour la Fédération du Pas-de-Calais, est venu avec une dotation d'urgence de 2 500 euros à leur faire parvenir. La toute première urgence est passée. La nécessité d'une action suivie et durable est soulignée. Elle sera confirmée par la suite.
Les autres buts de la mission sont examinés. Un programme de visites et de rencontres est établi. La question de l'intervention du Secours Populaire Français auprès de l'Ambassade de France en Albanie afin d'identifier le Secours Populaire de Fushë-Krujë comme son partenaire historique est soulevée. Vendredi, une rencontre avec le Dr Shkelqim Ziri, président du Secours Populaire de Fushë-Krujë, député de l'Assemblée d'Albanie et médecin cardiologue à l'Hôpital de Krujë, est prévue. Deux valises de médicaments collectés auprès du Centre Hospitalier d'Arras par la Fédération du Pas-de-Calais lui seront remises à l'hôpital de Krujë. L'immense besoin d'actions solidaires en faveur de l'Albanie est évoqué. Dans ce pays, le mauvais état des infrastructures scolaires, médicales et sanitaires en général requiert une action énergique à laquelle celle du Secours Populaire Français et de ceux qui la soutienne est associée. L'équipe du Secours Populaire de Fushë-Krujë rappelle que le Secours Populaire Français peut compter sur sa détermination.
Le Secours Populaire de Fushë-Krujë Créé en octobre 2000, suite aux contacts établis entre la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français et des citoyens Albanais bénévoles engagés à ses côtés lors de son action en faveur des réfugiés du Kosovo en 1999, “100 camions pour les Balkans”, le Secours Populaire de Fushë-Krujë développe son action sociale auprès des enfants (écoles) et des femmes d'Albanie (en collaboration, notamment, avec l'association de la communauté Rroms de Fushë-Krujë). Avec le Secours Populaire Français, il anime un programme d'actions alimentaires, sanitaires et médicales. L'Albanie, pays souffrant de graves carences dans les domaines relevant de l'investissement public – secteurs de la santé, de l'éducation, de l'aide sociale, du ramassage des ordures et de distribution de l'eau – est riche de ses hommes et de ses femmes de bonne volonté. Cette bonne volonté cependant ne suffit pas toujours face à l'ampleur de la tâche à laquelle ils et elles sont attelés.
Partenaire privilégié de la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français en Albanie, le Secours Populaire de Fushë-Krujë a pour président le médecin cardiologue et député Shkelqim Ziri et pour vice-président le chef d'entreprise Shkelqim Miri.
Les autres buts de la mission sont examinés. Un programme de visites et de rencontres est établi. La question de l'intervention du Secours Populaire Français auprès de l'Ambassade de France en Albanie afin d'identifier le Secours Populaire de Fushë-Krujë comme son partenaire historique est soulevée. Vendredi, une rencontre avec le Dr Shkelqim Ziri, président du Secours Populaire de Fushë-Krujë, député de l'Assemblée d'Albanie et médecin cardiologue à l'Hôpital de Krujë, est prévue. Deux valises de médicaments collectés auprès du Centre Hospitalier d'Arras par la Fédération du Pas-de-Calais lui seront remises à l'hôpital de Krujë. L'immense besoin d'actions solidaires en faveur de l'Albanie est évoqué. Dans ce pays, le mauvais état des infrastructures scolaires, médicales et sanitaires en général requiert une action énergique à laquelle celle du Secours Populaire Français et de ceux qui la soutienne est associée. L'équipe du Secours Populaire de Fushë-Krujë rappelle que le Secours Populaire Français peut compter sur sa détermination.
Le Secours Populaire de Fushë-Krujë Créé en octobre 2000, suite aux contacts établis entre la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français et des citoyens Albanais bénévoles engagés à ses côtés lors de son action en faveur des réfugiés du Kosovo en 1999, “100 camions pour les Balkans”, le Secours Populaire de Fushë-Krujë développe son action sociale auprès des enfants (écoles) et des femmes d'Albanie (en collaboration, notamment, avec l'association de la communauté Rroms de Fushë-Krujë). Avec le Secours Populaire Français, il anime un programme d'actions alimentaires, sanitaires et médicales. L'Albanie, pays souffrant de graves carences dans les domaines relevant de l'investissement public – secteurs de la santé, de l'éducation, de l'aide sociale, du ramassage des ordures et de distribution de l'eau – est riche de ses hommes et de ses femmes de bonne volonté. Cette bonne volonté cependant ne suffit pas toujours face à l'ampleur de la tâche à laquelle ils et elles sont attelés.
Partenaire privilégié de la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français en Albanie, le Secours Populaire de Fushë-Krujë a pour président le médecin cardiologue et député Shkelqim Ziri et pour vice-président le chef d'entreprise Shkelqim Miri.
VISITE DE L'ECOLE DE QUEREKE
Peu après avoir été accueillie par l'équipe du Secours Populaire de Fushë-Krujë, la mission du Secours Populaire Français visite l'école de Querekë. Etablissement scolaire situé non loin de l'aéroport de Tirana, l'école de Querekë accueille de nombreux élèves en classe de français.Accompagné de Kujtim Tali, professeur de français, son directeur, Nazmi Visha ouvre les portes. Sans eau courante dans les toilettes, avec des classes chauffées au poêle et dotées d'installations électriques vétustes, l'école de Querekë est une ancienne caserne de l'armée Albanaise. L'action du Secours Populaire Français en faveur de la scolarisation des enfants et de la francophonie est interpellée. L'idée de doter l'école d'un matériel scolaire moderne en faveur de l'apprentissage de la langue française est évoquée. Celle aussi de participer financièrement ou matériellement à son équipement de base est soulignée ainsi que le besoin de développer des échanges culturels entre élèves français et albanais – jumelages, échanges entre les familles...
La Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français est particulièrement sensible à la question de l'aide à la scolarisation des enfants et du développement de la francophonie en Albanie. En août 2005 elle avait permis d’accueillir, pendant une semaine, 8 enfants du district de Krujë à Calais et les avait associés à l’opération “Soleil du monde”. En mars 2007, lors de sa “Mission d'évaluation et d'observation en Albanie”, le projet de jumelages interscolaires et des besoins en fournitures et en matériel informatique avaient été évoqués par ses partenaires. En mai de la même année, au cours de son opération “30 palettes pour l'Albanie”, une dotation de gilets pour les 40 écoles du district de Fushë-Krujë avait été effectuée. A la hauteur des aspirations de l'Albanie dans ce domaine, beaucoup d'efforts lui restent à faire. Grâce à celles et à ceux qui soutiennent son action, elle espère, au plus vite, l’inscrire au tableau d'honneur.
La Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français est particulièrement sensible à la question de l'aide à la scolarisation des enfants et du développement de la francophonie en Albanie. En août 2005 elle avait permis d’accueillir, pendant une semaine, 8 enfants du district de Krujë à Calais et les avait associés à l’opération “Soleil du monde”. En mars 2007, lors de sa “Mission d'évaluation et d'observation en Albanie”, le projet de jumelages interscolaires et des besoins en fournitures et en matériel informatique avaient été évoqués par ses partenaires. En mai de la même année, au cours de son opération “30 palettes pour l'Albanie”, une dotation de gilets pour les 40 écoles du district de Fushë-Krujë avait été effectuée. A la hauteur des aspirations de l'Albanie dans ce domaine, beaucoup d'efforts lui restent à faire. Grâce à celles et à ceux qui soutiennent son action, elle espère, au plus vite, l’inscrire au tableau d'honneur.
A LA RENCONTRE DES RROMS DE FUSHE-KRUJE
De retour à Fushë-Krujë, l'équipe du Secours Populaire se rend à la rencontre des habitants du quartier Rroms. Ceux-ci lui font part des difficultés qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne : le problème de l'accès à l'eau potable, de la faim, du chômage, de l'accès à l'aide sociale et médicale, de la promiscuité et du manque d'isolation de certains de leurs habitats. Cette prise de contact, stimulée par l'énergie communiquée par les femmes de la communauté Rroms est l'occasion aussi du renforcement de la prise de conscience des potentialités de l'action solidaire du Secours Populaire Français à son égard. C'est en s'appuyant sur les structures associatives de la communauté Rroms de Fushë-Krujë et de la solidarité portée par le Secours Populaire local qu'elle doit continuer à trouver sa place. C'est, sans la diviser, en s'appuyant sur les traditions de tolérance, de respect et de fraternité de la communauté albanaise toute entière qu'elle continuera à porter au mieux son aide aux Rroms de Fushë-Krujë.
En lien avec l'association du quartier et le Secours Populaire de Fushë-Krujë, la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français avait apporté une aide matérielle, alimentaire et vestimentaire à 50 familles Rroms de la ville, au cours de son opération “30 palettes pour l'Albanie” (mai 2007). En mars, lors de sa “Mission d'observation et d'évaluation en Albanie”, elle avait rencontré la responsable de l'association Rroms de Fushë-Krujë pour s'entretenir avec elle des besoins et des attentes de sa communauté.
En lien avec l'association du quartier et le Secours Populaire de Fushë-Krujë, la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français avait apporté une aide matérielle, alimentaire et vestimentaire à 50 familles Rroms de la ville, au cours de son opération “30 palettes pour l'Albanie” (mai 2007). En mars, lors de sa “Mission d'observation et d'évaluation en Albanie”, elle avait rencontré la responsable de l'association Rroms de Fushë-Krujë pour s'entretenir avec elle des besoins et des attentes de sa communauté.
CONTACT MEDIATIQUE ET RENCONTRES OFFICIELLES SUR TIRANA
La matinée du vendredi 4 avril est consacrée aux rencontres officielles sur Tirana, la capitale de l'Albanie. Marion Bachelet obtient un entretien avec Alfred Olli, le directeur de la Cellule de Coordination de l'Urgence du ministère de l'Intérieur du gouvernement albanais, afin de s'entretenir avec lui de la situation des victimes de l'explosion de Gërdec et de l'aide que le Secours Populaire Français peut leur apporter. Les difficultés liées à la reconstruction et à la réhabilitation de la zone sont soulignées par le représentant de l'Etat albanais. La possibilité d'un versement du Secours Populaire Français sur un compte destiné aux victimes et ouvert par le gouvernement albanais est envisagée. Intéressé par une action ciblée destinée à l'école de Gërdec, le Secours Populaire Français obtient les contacts et les garanties nécessaires, dans le cadre d'une mission ultérieure, pour un rendez-vous avec le maire de Vorë, la ville dont dépend le village de Gërdec.
De leur côté, Francis Jankowski et Sonila Tabaku-Tavassoli se rendent à l'Ambassade de France d'Albanie. Au premier plan de leur intervention, la situation et les besoins des victimes de Gërdec auxquelles les autorités françaises ont fait parvenir, dès les premiers jours, une aide matérielle importante – en particulier des tentes et du matériel médical. Après le dépôt des statuts officiels, remis à jour, du Secours Populaire de Fushë-Krujë auprès des représentants de l'Ambassade de France en Albanie, le principe d'une rencontre des membres de l'institution française et de quatre référents du Secours Populaire de Fushë-Krujë en vue d'une reconnaissance formelle est posé. Cette reconnaissance constituera une première étape pour l'application, aux référents du Secours Populaire de Fushë-Krujë, des accords de septembre 2007 assouplissant les modalités d'obtention des visas de courts
séjours à entrées multiples entre la Communauté européenne et l'Albanie. Cette condition administrative remplie, le Secours Populaire de Fushë-Krujë pourra, entre autres, envisager de multiplier ses contacts avec les différentes fédérations du Secours Populaire Français en vue d'optimiser son action solidaire.
Contact est pris avec la direction de Vizion Plus, chaine de télévision albanaise. Le lendemain soir, sera effectuée, l'annonce, au cours d'une émission très populaire dans le pays (Njerëz te humbur), du versement par la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français de 2 500 euros en faveur des victimes de l'explosion de Gërdec sur un compte ouvert par la chaine nationale.
De leur côté, Francis Jankowski et Sonila Tabaku-Tavassoli se rendent à l'Ambassade de France d'Albanie. Au premier plan de leur intervention, la situation et les besoins des victimes de Gërdec auxquelles les autorités françaises ont fait parvenir, dès les premiers jours, une aide matérielle importante – en particulier des tentes et du matériel médical. Après le dépôt des statuts officiels, remis à jour, du Secours Populaire de Fushë-Krujë auprès des représentants de l'Ambassade de France en Albanie, le principe d'une rencontre des membres de l'institution française et de quatre référents du Secours Populaire de Fushë-Krujë en vue d'une reconnaissance formelle est posé. Cette reconnaissance constituera une première étape pour l'application, aux référents du Secours Populaire de Fushë-Krujë, des accords de septembre 2007 assouplissant les modalités d'obtention des visas de courts
séjours à entrées multiples entre la Communauté européenne et l'Albanie. Cette condition administrative remplie, le Secours Populaire de Fushë-Krujë pourra, entre autres, envisager de multiplier ses contacts avec les différentes fédérations du Secours Populaire Français en vue d'optimiser son action solidaire.
Contact est pris avec la direction de Vizion Plus, chaine de télévision albanaise. Le lendemain soir, sera effectuée, l'annonce, au cours d'une émission très populaire dans le pays (Njerëz te humbur), du versement par la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français de 2 500 euros en faveur des victimes de l'explosion de Gërdec sur un compte ouvert par la chaine nationale.
GERDEC...(0)
Le samedi 15 mars dernier, vers midi, à Gërdec, un village situé à une quinzaine de kilomètres de Tirana, une déflagration se fait entendre. Un dépôt de désarmement de munitions de l'armée albanaise vient d'exploser. Elle sera suivie de trois autres déflagrations dont la dernière fut la plus importante.
La puissance de l’explosion est telle qu'elle sera entendue dans un rayon de 50 kilomètres. Près de 2 500 maisons et bâtiments sont détruits ou endommagés. Aussitôt, l’état d’urgence est déclaré dans les hôpitaux de Tirana et de Durrës - à une trentaine de kilomètres de Tirana, la deuxième ville d’Albanie. Jusque dans la soirée, ils accueilleront et soigneront près de 250 blessés. L'ensemble des hôpitaux de la région est mobilisé. La police et l’armée évacuent 4 000 civils habitant à proximité de la zone sinistrée. Les plus proches sont en état de choc.
Les munitions et les obus projetés continuent d'exploser pendant la nuit du samedi au dimanche jusqu’à 2 heures du matin. Dans la presse du lendemain, est évoqué un “Hiroshima albanais”. Le bilan des victimes n'est pas encore établi. Il s'élèvera, vingt jours après l’événement, officiellement, à 25 mort et 300 blessés, beaucoup dans un état grave. A cette date, plus de 700 personnes étaient encore déplacées à Durrës.
Dans l'après midi du vendredi 4 avril, l'équipe de la mission “Solidarité pour les victimes d'une explosion en Albanie” prend la route pour Gërdec. Encaissé, le site est d'un accès difficile. Les chemins sont peu praticables. En accédant dans la vallée le long de laquelle est situé le village sinistré, les membres de l’équipe du Secours Populaire Français prennent la mesure de l’ampleur de la catastrophe qui l’a touché. Vitres brisées, routes défoncées, sols retournés, détrempés ou jonchés de munitions ou d’obus entiers ou éclatés, toits, façades et murs effondrés, maisons et bâtiments détruits ou criblés, végétation brûlée, arbres étêtés ou couchés… Au fur et à mesure de la progression de l'équipe du Secours Populaire Français et de ses accompagnateurs du Secours Populaire de Fushë-Krujë, la désolation du lieu lui est de plus en plus sensible.
La puissance de l’explosion est telle qu'elle sera entendue dans un rayon de 50 kilomètres. Près de 2 500 maisons et bâtiments sont détruits ou endommagés. Aussitôt, l’état d’urgence est déclaré dans les hôpitaux de Tirana et de Durrës - à une trentaine de kilomètres de Tirana, la deuxième ville d’Albanie. Jusque dans la soirée, ils accueilleront et soigneront près de 250 blessés. L'ensemble des hôpitaux de la région est mobilisé. La police et l’armée évacuent 4 000 civils habitant à proximité de la zone sinistrée. Les plus proches sont en état de choc.
Les munitions et les obus projetés continuent d'exploser pendant la nuit du samedi au dimanche jusqu’à 2 heures du matin. Dans la presse du lendemain, est évoqué un “Hiroshima albanais”. Le bilan des victimes n'est pas encore établi. Il s'élèvera, vingt jours après l’événement, officiellement, à 25 mort et 300 blessés, beaucoup dans un état grave. A cette date, plus de 700 personnes étaient encore déplacées à Durrës.
Dans l'après midi du vendredi 4 avril, l'équipe de la mission “Solidarité pour les victimes d'une explosion en Albanie” prend la route pour Gërdec. Encaissé, le site est d'un accès difficile. Les chemins sont peu praticables. En accédant dans la vallée le long de laquelle est situé le village sinistré, les membres de l’équipe du Secours Populaire Français prennent la mesure de l’ampleur de la catastrophe qui l’a touché. Vitres brisées, routes défoncées, sols retournés, détrempés ou jonchés de munitions ou d’obus entiers ou éclatés, toits, façades et murs effondrés, maisons et bâtiments détruits ou criblés, végétation brûlée, arbres étêtés ou couchés… Au fur et à mesure de la progression de l'équipe du Secours Populaire Français et de ses accompagnateurs du Secours Populaire de Fushë-Krujë, la désolation du lieu lui est de plus en plus sensible.
GERDEC...(1)
GERDEC...(2)
GERDEC...(3)
Sur la crête de la colline, l'armée albanaise veille. Les citernes sont détruites ou défoncées. L'équipe du Secours Populaire se dirige vers le centre du village. Depuis le chemin on aperçoit un troupeau. Un berger monte la garde parmi les débris de bâtiments.
A LA RENCONTRE DES HABITANTS DE GERDEC
Arrivée au centre du village de Gërdec, l’équipe du Secours Populaire Français va à la rencontre des habitants. L’un d’entre eux les conduit vers ce qui reste de l’école. Une conversation s’engage.
Dans cette partie du village où l’on compte près de 90 maisons, beaucoup de gens sont partis se réfugier à Durrës. D’autres sont logés par leurs familles aux alentours. Ceux qui sont encore ici vivent sous des tentes apportées par les secours. D’autres déplacent des matelas vers ce qui reste de leur maison. Si quelques personnes sont revenues chez elles après avoir fuit l’explosion, c’est, pour la plupart, pour s’occuper de leur bétail, leur gagne pain principal. L’interlocuteur de l’équipe du Secours Populaire est berger. Dans cette partie de la vallée protégée par des collines, l’explosion a fait moins de dégâts qu’en aval. Si les murs sont debout, l’intérieur des maisons est complètement détruit. C’est aussi le cas de l’école de Gërdec. Les vitres brisées ne laissent apercevoir qu’un chaos de meubles soufflés par l’explosion. Dans la remise de l’école comme dans certaines maisons, des obus dorment encore.
Dans la voix du berger, l’amertume. Les gens d’ici se sentent abandonnés. L’eau n’est pas potable. Les citernes endommagées. L’aide distribuée arrive à la mairie de Vorë, au-delà de la crête, trop loin. L’homme évoque l’événement. Une première explosion. La fuite des villageois. Un voisin mort après avoir reçu un éclat d’obus. Les autres explosions. Les hélicoptères emportant enfants et vieillards.
Au départ, l’usine de désarmement de munitions a fait travailler des gens du centre du village. Ils ont pris peur. Le travail était trop dangereux. Ils n’y sont pas retournés. Tout le monde savait qu’un accident pouvait se produire. L’usine est allée recruter son personnel ailleurs. Plus bas, plus près… Une “chance” que l’explosion se soit passée un samedi à l’heure du déjeuner. En Albanie, il n’y a pas de classe le samedi. Une “chance” que la première explosion ait été la moins importante et que les gens aient pu se sauver et se protéger. Une chance. Pour ce berger de Gërdec, la chose reste à voir. Dans l’école de Gërdec dont le souffle a brisé l’ensemble des vitres, des tables, des chaises et dont les murs sont criblés d’impacts, au moment de l’explosion, il y aurait eu près de 200 enfants.
Dans cette partie du village où l’on compte près de 90 maisons, beaucoup de gens sont partis se réfugier à Durrës. D’autres sont logés par leurs familles aux alentours. Ceux qui sont encore ici vivent sous des tentes apportées par les secours. D’autres déplacent des matelas vers ce qui reste de leur maison. Si quelques personnes sont revenues chez elles après avoir fuit l’explosion, c’est, pour la plupart, pour s’occuper de leur bétail, leur gagne pain principal. L’interlocuteur de l’équipe du Secours Populaire est berger. Dans cette partie de la vallée protégée par des collines, l’explosion a fait moins de dégâts qu’en aval. Si les murs sont debout, l’intérieur des maisons est complètement détruit. C’est aussi le cas de l’école de Gërdec. Les vitres brisées ne laissent apercevoir qu’un chaos de meubles soufflés par l’explosion. Dans la remise de l’école comme dans certaines maisons, des obus dorment encore.
Dans la voix du berger, l’amertume. Les gens d’ici se sentent abandonnés. L’eau n’est pas potable. Les citernes endommagées. L’aide distribuée arrive à la mairie de Vorë, au-delà de la crête, trop loin. L’homme évoque l’événement. Une première explosion. La fuite des villageois. Un voisin mort après avoir reçu un éclat d’obus. Les autres explosions. Les hélicoptères emportant enfants et vieillards.
Au départ, l’usine de désarmement de munitions a fait travailler des gens du centre du village. Ils ont pris peur. Le travail était trop dangereux. Ils n’y sont pas retournés. Tout le monde savait qu’un accident pouvait se produire. L’usine est allée recruter son personnel ailleurs. Plus bas, plus près… Une “chance” que l’explosion se soit passée un samedi à l’heure du déjeuner. En Albanie, il n’y a pas de classe le samedi. Une “chance” que la première explosion ait été la moins importante et que les gens aient pu se sauver et se protéger. Une chance. Pour ce berger de Gërdec, la chose reste à voir. Dans l’école de Gërdec dont le souffle a brisé l’ensemble des vitres, des tables, des chaises et dont les murs sont criblés d’impacts, au moment de l’explosion, il y aurait eu près de 200 enfants.
VIVRE ET RECONSTRUIRE (1)
Retournant vers l’entrée de la vallée de Gërdec, l’équipe du Secours Populaire Français rencontre les membres de plusieurs familles devant leurs maisons détruites. A cet endroit, sur le versant de la vallée en face de l’usine de désarmement, le souffle de l’explosion n’a pas été atténué par la présence d’une colline.
Une femme évoque l’événement. La première explosion, la stupeur, la fuite… Plusieurs membres de sa famille ont été touchés. Sa belle soeur travaillait dans l’usine. Son cousin, un enfant de six ans qui passait en vélo sur la route est mort suite à ses brûlures. Son témoignage est bouleversant.
Les personnes rencontrées confirment le témoignage recueilli au centre du village. Elles le précisent. Loin d’être des “experts”, ceux qui travaillaient à l’usine étaient des habitants de la vallée ou des alentours, pour la plupart des paysans, lancés sur les chaînes de désamorçage de munitions sans précaution, sans protection et sans formation, à partir de 14 ans et pour l’équivalent de 8 à 10 euros par jours…
Une femme évoque l’événement. La première explosion, la stupeur, la fuite… Plusieurs membres de sa famille ont été touchés. Sa belle soeur travaillait dans l’usine. Son cousin, un enfant de six ans qui passait en vélo sur la route est mort suite à ses brûlures. Son témoignage est bouleversant.
Les personnes rencontrées confirment le témoignage recueilli au centre du village. Elles le précisent. Loin d’être des “experts”, ceux qui travaillaient à l’usine étaient des habitants de la vallée ou des alentours, pour la plupart des paysans, lancés sur les chaînes de désamorçage de munitions sans précaution, sans protection et sans formation, à partir de 14 ans et pour l’équivalent de 8 à 10 euros par jours…
VIVRE ET RECONSTRUIRE (2)
Participer à la reconstruction de l’école. Apporter au plus vite une aide alimentaire et sanitaire aux habitants. Les aider à se remeubler et à s’équiper de nouveau et ceci en leur apportant cette aide directement, jusqu’à sa réception effective. Telle est l’urgence à laquelle est confronté le Secours Populaire Français à Gërdec. Apporter des pompes à eau pour drainer les sols.
REMISE DE VALISE DE MEDICAMENTS A L'HOPITAL DE KRUJE
Au cours de la soirée, l'équipe du Secours Populaire se rend à l'Hôpital de Krujë pour remettre les deux valises de médicaments apportés par la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français et collectés auprès du Centre Hospitalier d'Arras. Le Dr Shkelqim Ziri, président du Secours Populaire de Fushë-Krujë, cardiologue à l'Hôpital de Krujë les reçoit dans son bureau. L'entretien porte sur le contenu des valises et sa destination, d'abord, les victimes de l'explosion de Gërdec. La nécessité de faire parvenir en Albanie matériel médical et véhicules d'intervention d'urgence est évoquée. Les progrès dans la construction et l'équipement de l'Hôpital de Krujë sont soulignés. Le représentant de la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français s'engage à tout mettre en mouvement pour faire parvenir des ambulances, le plus rapidement possible, en Albanie.
En décembre 2002, la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français avait organisé la livraison de matériel médical pour l’hôpital de Krujë - couveuses, tables de chirurgie néonatale, petit matériel. En juillet 2004, elle avait initié et participé à la coopération des hôpitaux de Krujë et de Béthune.
En décembre 2002, la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français avait organisé la livraison de matériel médical pour l’hôpital de Krujë - couveuses, tables de chirurgie néonatale, petit matériel. En juillet 2004, elle avait initié et participé à la coopération des hôpitaux de Krujë et de Béthune.
VISITE AU PERSONNEL DE LA POLYCLINIQUE DE BORIZANE
Samedi 5 avril. L'équipe de la mission “Solidarité pour les victimes d'une explosion en Albanie” se met en route pour Shkodër, dans le nord ouest du pays. Sur son chemin, elle se rend à la rencontre du personnel de la polyclinique de Borizanë, un village situé au nord de Fushë-Krujë. L'important besoin de médicaments, de matériel d'intervention médical et, en particulier, obstétrique est soulignés par les interlocuteurs du Secours Populaire. A nouveau, le besoin de véhicules d'intervention et d'ambulances est évoqué.
En mars 2005, la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français avait livré, en partenariat avec l'association Ambulance Sans Frontière, une ambulance à la polyclinique de Borizanë. Elle est toujours opérationnelle dans les alentours du village. Sa présence, pour le secteur, est particulièrement apréciée par le personnel de la polyclinique et par la population. Intervenir rapidement est l'occasion de sauver des vies ou d'atténuer la gravité des accidents. Inversement, l'absence de véhicules de secours et d'ambulances, situation fréquente en Albanie, se fait, souvent plutôt que parfois, cruellement sentir.
En mars 2005, la Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire Français avait livré, en partenariat avec l'association Ambulance Sans Frontière, une ambulance à la polyclinique de Borizanë. Elle est toujours opérationnelle dans les alentours du village. Sa présence, pour le secteur, est particulièrement apréciée par le personnel de la polyclinique et par la population. Intervenir rapidement est l'occasion de sauver des vies ou d'atténuer la gravité des accidents. Inversement, l'absence de véhicules de secours et d'ambulances, situation fréquente en Albanie, se fait, souvent plutôt que parfois, cruellement sentir.
SOUTENIR LA RECONCILIATION
Arrivée à Shkodër, l’équipe du Secours Populaire est accueillie par Mustapha Daija et Asllan Cafi, respectivement président et coordinateur de la Ligue des Missionnaires de la Paix. Avec Asllan Cafi, elle se rendra à la rencontre d’une personne recluse victime de la Reprise du Sang et de membres de la communauté Rroms de Shkodër. Dans les deux cas, la nécessité d’une intervention rapide et soutenue du Secours Populaire Français en faveur de l’aide alimentaire et vestimentaire dans la région de Shkodër a été particulièrement évoquée.
La Reprise du Sang, le Secours Populaire Français et
l’action de la Ligue des Missionnaires de la Paix
Dans le nord de l’Albanie, au début des années 1990 et
de la période de troubles civils qui s’ouvre à cette
époque, le Kanun, ou plus précisément le Kanun de Lek
Dukagjin – du nom du seigneur albanais qui l’a établi
et instauré au XVème siècle selon la tradition – retrouve
le statut de référence juridique pour de nombreux
Albanais.
Code de droit coutumier régissant de nombreux aspects
de la vie sociale et quotidienne, le Kanun définit en
particulier les règles de la vengeance en cas de crime
de sang. Partant, elle la codifie, la ritualise et, dans le
cadre de ses propres normes, la temporise. Les lois de
la Reprise du Sang – Gjakmarrja – sont strictes. Suite à
un homicide, après une trêve de 24 heures, le meurtrier
doit participer aux obsèques et au repas funèbre donné
en l’honneur de la victime. Une nouvelle trêve de
30 jours peut alors lui être accordée, trêve pendant
laquelle ses amis ou ses représentants peuvent
engager négociations et pourparlers auprès de la
famille de la victime en vue d’une réconciliation. Cette
période de négociation peut se prolonger de nombreuses
années moyennant la réclusion, de l’auteur du
meurtre, dans les limites de son domicile. Au cas de
non-respect de ces règles, l’auteur de l’homicide et les
membres masculins de sa famille deviennent, hors de
l’étroit espace de leur habitat, la cible légitime
– selon le Kanun – de la vengeance – meurtre pour
meurtre – de la famille lésée.
On le comprend, les conséquences sociales de l’application
des règles de la Reprise du Sang sont lourdes de
conséquences – enfermements prolongés, veuvages,
enfants orphelins et, dans une région montagneuse et
agricole, très grande pauvreté... Elles le sont d’autant
plus, que l’application des règles de la Reprise du Sang
est souvent entachée d’irrégularités – femmes et
enfants victimes de la vengeance meurtrière – voire,
devient le paravent et le prétexte de règlements de
comptes.
Actuellement, dans la région et l’arrière-pays de
Shkodër – une ville de 80 000 habitants située sur la
frontière de l’Albanie et du Monténégro –, près de
2 500 familles sont directement touchées par les conséquences
de la Reprise du Sang. Prés de 1 000 enfants,
sous menace de mort, vivent reclus, sans accès à l’école,
aux soins, aux loisirs.
Militant en faveur de la réconciliation des groupes
familiaux engagées dans les processus de Reprise du
Sang, la Ligue des Missionnaires de la Paix est, dans
un milieu social et naturel d’un abord extrêmement
difficile, un partenaire essentiel et privilégié de la
Fédération du Pas-de-Calais du Secours Populaire
Français. Lors de sa mission “30 palettes pour l’Albanie”
en 2007, elle lui avait permis de faire parvenir son
aide alimentaire à de nombreuses familles de la région
de Shkodër.
A LA RENCONTRE DES RROMS DE SHKODER
La situation des Rroms de Shkodër est dramatique. Leur dénuement est extrême. Soutenus tant bien que mal par d’autres membres de la société civile albanaise, ils survivent dans des conditions difficilement imaginables. En Albanie, la pauvreté frappe à toutes les portes. Son chemin doit être barré à toutes les portes. En mai 2007, avec les membres de la Ligue des Missionnaires de la Paix, lors de son opération “30 palettes pour l'Albanie”, le Secours Populaire du Pas-de-Calais, en même temps qu'il apportait son soutien aux familles victimes de la Reprise du Sang, leur était venu en aide. L'urgence, pour les Rroms de Shkodër, c'est l'aide alimentaire, vestimentaire et sanitaire. Mais leurs besoins s'élèvent aussi haut que s'étend la pénurie que leur impose la misère économique.
AGIR AVEC LE SECOURS POPULAIRE DE FUSHE-KRUJE
La mission “Solidarité pour les victimes d'une explosion en Albanie” a pour objectif de répondre à une urgence. L'urgence, l'équipe du Secours Populaire Français ne l'a pas seulement rencontrée en ce qui concerne les victimes de l'explosion de Gërdec mais à chaque rencontre avec ses interlocuteurs Albanais. Urgence d'agir pour l'Albanie en matière d'équipements sanitaires, médicaux et scolaires. Urgence d'agir pour l'Albanie pour ce qui est de l'aide alimentaire et vestimentaire auprès des populations victimes de la pauvreté.
Urgence pour solliciter la solidarité non seulement de la France envers l'Albanie mais, en s'appuyant sur l'action de partenaires Albanais, au sein même de la société civile albanaise. Urgence aussi pour soutenir l'esprit de tolérance et de respect qui, s'il règne en Albanie traditionnellement, n'en demeure pas moins une acquisition fragile qui doit trouver pour rempart l'action de tous les hommes et femmes de bonne volonté. Urgence, ce mot, au cours des nombreuses conversations de l'équipe du Secours Populaire Français avec Skelqim Miri, vice-président du Secours Populaire de Fushë-Krujë, n'a pas cessé de passer de l'albanais au français et du français à l'albanais. Impatience aussi. Beaucoup de choses ont été faites. Beaucoup de chantiers restent à ouvrir.
L'Albanie est le Pays des Aigles... Il convient que la fraternité et la solidarité chantée par notre oiseau national et portée en Albanie, notamment, par le Secours Populaire Français, grâce à ceux qui soutiennent matériellement, personnellement et financièrement son action, y prenne le chemin des cîmes.
Jérôme Skalski
RENDEZ-VOUS EST PRIS
Dimanche 6 avril, la mission de l'équipe du Secours Populaire Français touche à sa fin. Après avoir tiré le bilan de la mission “Solidarité pour les victimes d'une explosion en Albanie” avec les membres du Secours Populaire de Fushë-Krujë, décision est prise, au plus vite, de faire parvenir des pompes à eau pour intervenir dans la région de Gërdec – le drainage et l'assèchement des sols est en effet une condition indispensable au début de toute opération de reconstruction sur place. Est aussi évoquée la nécessité d'un engagement plus ample de l'aide financière du Secours populaire Français en direction, notamment, des populations de Gërdec ainsi que le projet de faire du centre social de Fushë-Krujë – un bâtiment flambant neuf situé en plein coeur des quartiers de la ville mais déséspérement vide – le siège de l'antenne locale du Secours Populaire ainsi qu'un magasin de distribution de vêtements d'occasion – friperie. Celle aussi de faire parvenir des véhicules de secours et d'assistance aux blessés ainsi que des ambulances est, à nouveau, soulignée. Rendez-vous est pris.
LES METALLURGISTES DE LA CGT MOBILISES POUR UN SYNDICALISME AU SERVICE DES SALARIES
Les métallurgistes de la CGT mobilisés pour un syndicalisme au service des salariés
Liberté 62 n°803 Par Jérôme Skalski
Les responsables de la métallurgie CGT du Nord et du Pas-de-Calais dressent le bilan du dernier congrès de leur fédération. Une journée nationale d'actions et de grèves dans les entreprises de la métallurgie est programmée pour le début du mois de juin.
C'EST au cours d'une conférence de presse qui s’est déroulée récemment à Arras que les responsables de l’USTM-CGT du Nord et du Pasde- Calais ont voulu dresser le bilan du 38ème congrès de leur fédération professionnelle dont les travaux se sont achevés à Lyon ce vendredi 21 mars.
Un mécontentement grandissant des travailleurs de la métallurgie
Ils ont tout d’abord insisté sur le mécontentement grandissant des travailleurs de la métallurgie concernant les questions de l'emploi, des conditions de travail, du pouvoir d’achat, des retraites et de la pénibilité. «Il y a un mécontentement important qui grandit actuellement a déclaré Jean- Pierre Delannoy, responsable de l'USTM pour la région Nord, parce que, non seulement, les salariés ne voient pas le fruit des richesses qu'ils créent mais en plus, parce qu'il y a une accentuation de lasouffrance quotidienne des salariés qui, de plus en plus, sont soumis à des rythmes et à des cadences de travail infernales.»
Afin d'exprimer ce mécontentement et le faire aboutir par des avancées sur le terrain social, une journée d'action régionale avait été programmée, pour le mois de mai, par les USTM du Nord etdu Pas-de-Calais au cours de leurs congrès régionaux. Relayant cette initiative, le congrès national des métallurgistes de la CGT a décidé d'appeler à une journée nationale de grève et de manifestation pour le début du mois de juin, l'action nationale prévalant sur ce qui avait été décidé et anticipé au niveau du Nord et du Pas-de-Calais.
Des revendications qui correspondent aux besoins des salariés
Abordant la question des salaires et du pouvoir d'achat, les responsables de l'USTM du Nord et du Pas-de-Calais ont souligné certains faits et indiqué le niveau et l'esprit de quelques unes de leurs revendications. «Nous réclamons 1 600 euros net pour vivre correctementa expliqué Gérard Six, responsable du Collectif Automobile CGT du Nord/Pas-de-Calais. C'est vrai, lorsque nous interpellons un salarié qui gagne 1 200 euros net et que nous l'engageons à se battre avec nouspour aller obtenir 1 600 euros net, cela peut lui paraître utopique. Etpourtant, c'est la réalité du coût de la vie qui impose cette revendication comme notre but. Sur la base d'une enquête sur les salaires faite avec les salariés, c'est ce à quoi nous aboutissons : un salaire minimum à 1 600 euros net, c'est un salaire qui colle parfaitementavec les dépenses qui correspondent aux besoins des salariés.»
«Contrairement à ce qui est dit ici et là, a précisé Jean-PierreDelannoy, les trois quarts des entreprises, et pas seulementcelles du CAC 40, font des bénéfices. Ce que nous réclamons, c'est la reconstruction des grilles salariales sur la base d'un SMIC à 1 600 euros net. Il faut savoir qu'en 1983, un ouvrier qualifié percevait, en moyenne, un salairede 25 % à 30 % au-dessus du SMIC. Pour un ouvrier hautementqualifié, cela se chiffrait à 35 % voire 40 % au-dessus du SMIC. Aujourd'hui, l'ouvrier hautement niveau du SMIC !»
Donner une nouvelle impulsion au mouvement revendicatif
«Est-ce que nous sommes capables et est-ce que nous avons la volonté de mobiliser les salariés sur des mots-d'ordre clairs et précis qui les fassent se mobiliser ensemble pour obtenir des avancées?», s'est enfin interrogé Jean-Pierre Delannoy concernant la stratégie syndicale en débat au sein de la CGT : «La condition pour faire reculer lesuper-représentant du capital qu'est Sarkozy, c'est de créer les conditions d'un mouvement de grève très large.Aujourd'hui, nous dénonçons lastratégie qui consiste à morcelerles mouvements revendicatifs.Par exemple, récemment : le4 mars, une action nationale sur la pénibilité ; le 6 mars, une journéed'action sur le pouvoir d'achat desretraités, le 12 mars, les cheminotssur la pénibilité et pour le fret et enfin le 29 mars, à nouveau, unejournée sur les retraites : 4 journées nationales d'action en un seul mois ! Ne pouvions-nous pas appeler à une grande action nationale derassemblement ? Il est nécessaire aujourd'hui que nous dépassions ce stade et que nous donnions une réelle impulsion au mouvement revendicatif.»
«Contrairement aux orientations de la stratégie de «syndicalisme rassemblé» au sommet, la meilleure revendication, celle qui crée l'unité de tous les salariés, a conclu Jean-Pierre Delannoy c'est celle qui vient des salariés. Aà partir de là, les organisations syndicales doivent se mettre à leur service et se faire leur outil.»
Liberté 62 n°803 Par Jérôme Skalski
Les responsables de la métallurgie CGT du Nord et du Pas-de-Calais dressent le bilan du dernier congrès de leur fédération. Une journée nationale d'actions et de grèves dans les entreprises de la métallurgie est programmée pour le début du mois de juin.
C'EST au cours d'une conférence de presse qui s’est déroulée récemment à Arras que les responsables de l’USTM-CGT du Nord et du Pasde- Calais ont voulu dresser le bilan du 38ème congrès de leur fédération professionnelle dont les travaux se sont achevés à Lyon ce vendredi 21 mars.
Un mécontentement grandissant des travailleurs de la métallurgie
Ils ont tout d’abord insisté sur le mécontentement grandissant des travailleurs de la métallurgie concernant les questions de l'emploi, des conditions de travail, du pouvoir d’achat, des retraites et de la pénibilité. «Il y a un mécontentement important qui grandit actuellement a déclaré Jean- Pierre Delannoy, responsable de l'USTM pour la région Nord, parce que, non seulement, les salariés ne voient pas le fruit des richesses qu'ils créent mais en plus, parce qu'il y a une accentuation de lasouffrance quotidienne des salariés qui, de plus en plus, sont soumis à des rythmes et à des cadences de travail infernales.»
Afin d'exprimer ce mécontentement et le faire aboutir par des avancées sur le terrain social, une journée d'action régionale avait été programmée, pour le mois de mai, par les USTM du Nord etdu Pas-de-Calais au cours de leurs congrès régionaux. Relayant cette initiative, le congrès national des métallurgistes de la CGT a décidé d'appeler à une journée nationale de grève et de manifestation pour le début du mois de juin, l'action nationale prévalant sur ce qui avait été décidé et anticipé au niveau du Nord et du Pas-de-Calais.
Des revendications qui correspondent aux besoins des salariés
Abordant la question des salaires et du pouvoir d'achat, les responsables de l'USTM du Nord et du Pas-de-Calais ont souligné certains faits et indiqué le niveau et l'esprit de quelques unes de leurs revendications. «Nous réclamons 1 600 euros net pour vivre correctementa expliqué Gérard Six, responsable du Collectif Automobile CGT du Nord/Pas-de-Calais. C'est vrai, lorsque nous interpellons un salarié qui gagne 1 200 euros net et que nous l'engageons à se battre avec nouspour aller obtenir 1 600 euros net, cela peut lui paraître utopique. Etpourtant, c'est la réalité du coût de la vie qui impose cette revendication comme notre but. Sur la base d'une enquête sur les salaires faite avec les salariés, c'est ce à quoi nous aboutissons : un salaire minimum à 1 600 euros net, c'est un salaire qui colle parfaitementavec les dépenses qui correspondent aux besoins des salariés.»
«Contrairement à ce qui est dit ici et là, a précisé Jean-PierreDelannoy, les trois quarts des entreprises, et pas seulementcelles du CAC 40, font des bénéfices. Ce que nous réclamons, c'est la reconstruction des grilles salariales sur la base d'un SMIC à 1 600 euros net. Il faut savoir qu'en 1983, un ouvrier qualifié percevait, en moyenne, un salairede 25 % à 30 % au-dessus du SMIC. Pour un ouvrier hautementqualifié, cela se chiffrait à 35 % voire 40 % au-dessus du SMIC. Aujourd'hui, l'ouvrier hautement niveau du SMIC !»
Donner une nouvelle impulsion au mouvement revendicatif
«Est-ce que nous sommes capables et est-ce que nous avons la volonté de mobiliser les salariés sur des mots-d'ordre clairs et précis qui les fassent se mobiliser ensemble pour obtenir des avancées?», s'est enfin interrogé Jean-Pierre Delannoy concernant la stratégie syndicale en débat au sein de la CGT : «La condition pour faire reculer lesuper-représentant du capital qu'est Sarkozy, c'est de créer les conditions d'un mouvement de grève très large.Aujourd'hui, nous dénonçons lastratégie qui consiste à morcelerles mouvements revendicatifs.Par exemple, récemment : le4 mars, une action nationale sur la pénibilité ; le 6 mars, une journéed'action sur le pouvoir d'achat desretraités, le 12 mars, les cheminotssur la pénibilité et pour le fret et enfin le 29 mars, à nouveau, unejournée sur les retraites : 4 journées nationales d'action en un seul mois ! Ne pouvions-nous pas appeler à une grande action nationale derassemblement ? Il est nécessaire aujourd'hui que nous dépassions ce stade et que nous donnions une réelle impulsion au mouvement revendicatif.»
«Contrairement aux orientations de la stratégie de «syndicalisme rassemblé» au sommet, la meilleure revendication, celle qui crée l'unité de tous les salariés, a conclu Jean-Pierre Delannoy c'est celle qui vient des salariés. Aà partir de là, les organisations syndicales doivent se mettre à leur service et se faire leur outil.»
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