Liberté 62 n°797 - Le 22 Février 2008
COUPURES ET EXPULSIONS HORS LA LOI !
Par Jérôme Skalski
Le combat judiciaire, engagé par les maires communistes contre les coupures d'eau, de gaz et d'électricité ainsi que les expulsions, continue. A Harnes, une réunion rassemblant divers acteurs de cette bataille en faveur des droits fondamentaux s'est déroulée ce vendredi 15 février. Bilan d'étape et perspectives.
CONVOQUÉ devant le tribunal administratif de Lille le 18 décembre 2007 pour avoir publié trois décrets municipaux contre les expulsions locatives, les coupures d’eau et les coupures d’électricité (Lire Liberté 62 n°788), Yvan Druon, maire de Harnes et conseiller général du Pas-de-Calais, a décidé de faire appel de la décision judiciaire du 8 janvier 2008 annulant ces arrêtés.
Une bataille qui remet en cause ce qui fait l'axe essentiel de la construction européenne actuelle
Pour préparer cet appel, dresser un bilan d'étape et ouvrir de nouvelles perspectives, une réunion rassemblant divers acteurs de ce combat judiciaire s'est déroulée vendredi dernier en mairie de Harnes. Avec Yvan Druon et Me Roland Weyl, élus, représentants du PCF, syndicalistes de la CGT, représentants du DAL, du Secours populaire et de la CNL sont intervenus pour échanger et partager leurs réflexions. «Il s'agit pour nous aujourd'hui, a expliqué Yvan Druon, au travers de notre appel et au-delà de lui, de nous engager sur d'autres champs de bataille et de tracer des perspectives d'action qui soient davantage partagées. Ensemble, nous avons à mener les réflexions qui nous amènent à être plus efficace et réussir sur le plan de la justice mais aussi sur le plan du rassemblement. Notre bataille est importante. Elle remet en cause ce qui fait l'axe essentiel de la construction européenne actuelle .»
Les valeurs du service public, de défense des intérêts des usagers sont abandonnées au fur et à mesure de la marche en avant de la privatisation
Ce dernier aspect de la lutte antiexpulsion et anti-coupures a été souligné à de nombreuses reprises en cours de débat. «En ce moment, a fait ainsi remarquer Henri Tobo, syndicaliste CGT à EDF-GDF , nous sommes en train d'assister, sans doute du fait de consignes gouvernementales, à un gel ou du moins à un ralentissement important des coupures de gaz et d'électricité. Mais, il ne faut pas s'y tromper. A coup sûr, le reveil de la situation après les élections municipales va être important. Avec l'ouverture totale du marché de l'électricité et du gaz à partir de juillet 2007, la déshumanisation du service que nous présentions est en train de se mettre en oeuvre. La nouvelle consigne donnée aux personnels de GDF et de EDF est claire : non pas faire du «social» mais faire du «commercial ». Les valeurs du service public, de défense des intérêts des usagers sont abandonnées au fur et à mesure de la marche en avant de la privatisation.»
Ce constat, appuyé sur de nombreux exemples évoqués par les divers intervenants, a posé avec acuité la question centrale qui les rassemblait. «Il faut amener les gens à sortir du repli sur soi et les amener à se battre avec nous et participer plus largement au rapport de force», a insisté Bernadette Leroy de l'Indecosa-CGT.
«Le droit, c'est un combat et ce combat, c'est le nôtre ! »
Dans son intervention, avant d'évoquer, sur le terrain judiciaire, une séries de pistes concrètes pour réaliser cet élargissement de la mobilisation contre les coupures et les expulsions et préciser les démarches envisagées pour l'appel, Me Roland Weyl a insisté sur les progrès réalisés et sur le sens fondamental de cette action et de cette mobilisation : «A force de mener ces batailles, a-t-il déclaré , on arrive à ce point que ceux qui sont dans le zèle à l'égard de l'idéologie du pouvoir sont repoussés dans leurs retranchements et en arrivent à la «minute de vérité». Cela a été le cas dans notre affaire à Harnes quand nous avons vu le commissaire du gouvernement reconnaître, officiellement, devant le tribunal administratif, que les arrêtés municipaux anti-coupure et anti-expulsion étaient inacceptables parce que contraires à l'intérêt des distributeurs, c'est-à-dire mettre l'intérêt des distibuteurs autrement dit l'économie de marché en opposition avec l'intérêt des usagers, c'est-à-dire le service public. Mieux encore ! Quand on l'a vu venir nous dire que c'était contraire au principe de la liberté du commerce et de l'industrie ! Mais, en l'occurence, n'y at- il pas contradiction entre la liberté du commerce et les droits fondamentaux ? La liberté du commerce et de l'industrie ne doit-elle pas, justement, avoir pour limite le respect des droits fondamentaux ? C'est une grande bataille idéologique à l'échelle de l'humanité qui est en jeu. Et c'est de cela que les maires sont porteurs dans les arrêtés qu'ils prennent ! Nous sommes engagés dans une grande bataille de principe, face à une responsabiilité historique. Le droit, c'est un combat et ce combat, c'est le nôtre ! »
http://www.liberte62.com/article-17022874.html
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