Liberté 62 n°757 - Le 18 Mai 2007 – p.7 - Social
ASSISTANTS SOCIAUX SCOLAIRES EN RÉSISTANCE
Par Jérôme Skalski
Répondant à l'appel de la Fédération Syndicale Unitaire, une quarantaine de personnes s'est rassemblée, vendredi 10 mai, pour dénoncer un projet de redéploiement intra-académique de postes d'assistants sociaux scolaires. Ce rassemblement, organisé dans le cadre d'un mouvement régional de grève, s'est déroulé en matinée devant le siège de l'Inspection Académique du Nord à Lille. Une délégation syndicale a été reçue pour l'occasion par l'Inspection Académique. Une pétition a été déposée. Présent sur place, Liberté 62 a interrogé Anouk Breton, responsable du Syndicat National Unitaire des Assistants Sociaux des Fonctions Publiques - SNUAS FP FSU- sur le sens de cette mobilisation.
Une quarantaine d’assistants sociaux scolaires était rassemblée vendredi 10 mai devant l’Inspection
académique à Lille. (Photo Liberté 62).
— Liberté 62 : "Les assistants sociaux scolaires de la région Nord-Pas-de-Calais, ce vendredi 10 mai, se sont mis en grève et ont organisé un rassemblement devant l'Inspection Académique. Pouvez-vous nous expliquer les motifs de cette grève et de ce rassemblement ?"
— Anouk Breton : "Nous sommes rassemblés aujourd'hui pour contester un projet de redéploiement intra-académique de postes d'assistants sociaux scolaires et plus généralement pour protester contre la réorganisation du service social qui se voit mis à mal depuis quelques années avec des redéploiements voire des pertes de postes dans des secteurs extrêmement douloureux et extrêmement sensibles. Nous dénonçons la mise en oeuvre d'une politique antisociale et répressive où, sous couvert de manque de moyen et sous prétexte de répartition équitable et égalitare des moyens, sont décidées des suppressions de postes qui fragilisent les jeunes et affaiblissent les service public d'éducation."
— L62 : "Quelle est la fonction des assistants sociaux dans les établissements scolaires ?"
— A. B. : "Les assistants sociaux scolaires forment l'un des maillons de la chaîne de l'éducation nationale. Ils font partie des équipes éducatives au même titre que les enseignants. Ce sont des travailleurs sociaux dont le champ d'intervention est axé sur le parcours du jeune, sur son mal être, sur sa réussite ou son échec scolaire. De fait, ils sont les interlocuteurs privilégiés du jeune face à une école qui, soit ne lui laisse pas toute sa place, soit ne prend pas suffisamment en compte son parcours social ou familial. Ils sont présents aux côtés du jeune pour tenter de rétablir son équilibre et son bien être dans l'école."
— L62 : "Comment comprendre le mouvement de réduction de postes dans le secteur des
assistants sociaux scolaires ?"
— A. B. : "Ce sont des choix politiques qui sont faits. Nous faisons face à une politique de réduction des postes publics, des postes de fonctionnaires et à la volonté exprimée par les directives européennes de réduire les postespublics et, à ce titre, ceux de l'éducation nationale. Le service social en particulier n'échappe pas à cette politique de liquidation des postes publics."
— L62 : "Quelle est l'attitude de votre hiérarchie à cet égard ?"
— A. B. : "Nous sommes confrontés à un climat social assez difficile où, depuis maintenant cinq ans, le dialogue social est extrêmement pauvre et où sous couvert de groupe de travail d'information sur les décisions et sur les projets, nous nous voyons imposer, sans discussion, des directives décidées sans consultation. Dans ce cadre, le dernier mouvement des assistants sociaux scolaires remonte à 2003 et avait été victorieux en se mobilisant contre la décentralisation et le transfert du service social scolaire vers les départements. Depuis, même si le climat social s'est durci, même si le projet de réorganisation du service social dans le Nord- Pas-de-Calais nous est imposé, nous voulons marquer le coup, nous faire entendre, nous rassembler et manifester notre volonté de résistance."
Propos recueillis
par J.S.
LE RECTORAT, PETIT SOLDAT DU MINISTÈRE DE DROITE...
Dans un communiqué publié le lundi 7 mai, le SNUAS FP-FSU dénonce la mise à mal de la profession des assistants sociaux scolaires et un "retour en arrière" dont "le résultat est que le travail accompli depuis ces dernières années" est "méprisé et bafoué au profit d’une logique comptable". Extraits.
"DANS un contexte politique explosif où la chasse aux pauvres est lancée, où la peur de l’autre, le rejet de la différence, l’exclusion des exclus, l’individualisme forcené, deviennent les valeurs de référence, il n’est pas étonnant que notre profession soit mise à mal. Sous couvert de rationalisation des moyens, le Rectorat, petit soldat du Ministère de droite, a décidé unilatéralement de modifier les secteurs des assistants sociaux scolaires de l’Académie de Lille (...) Que se passe-t-il ? Depuis plus de 5 ans, les créations de postes d’assistant social diminuent, voire sont inexistantes. Par exemple, cette année seulement deux créations pour l’Académie… Alors, pour combler ce manque de postes, le Rectorat via les Inspections Académiques, crée une illusion de "dynamique de service" en modifiant les secteurs pour redistribuer les postes du Nord vers le Pas-de-Calais, dans un esprit soi-disant d’équilibrage ou d’équité. Pour ce faire, il décide de supprimer les doublons des zones "violence" - pour rappel, en 1998, le gouvernement avait abondé certains établissements dits "violents" en postes d’assistant social et d' infirmière…. résultat : dans la plupart des zones RELEV, il y a 2 assistants sociaux par établissement. Nous (...) refusons ce marchandage qui risque de nous diviser et surtout de dégrader les conditions de travail et la qualité de l’aide que nous apportons aux élèves, aux familles et aux équipes éducatives. Nous assistons à un retour en arrière qui voit l’augmentation des établissements couverts par l’assistant social - 2, 3 voire 4 établissements-, et qui voit d’ici 3 ans la suppression des "doublons" des zones RELEV. Il est question de supprimer 15 postes dans le Nord en faveur du Pas-de-Calais. Ce n’est pas l’apport de postes dans le Pas-de-Calais que nous dénonçons, mais bien le sentiment d’être "déshabillés". Le résultat est que le travail accompli depuis ces dernières années nous semble méprisé et bafoué au profit d’une logique comptable. Nous dénonçons également la faible dotation des frais de déplacements qui ne fera qu’aggraver les difficultés, déjà existantes, pour remplir nos missions de service public. Nous dénonçons l’absence de créations de postes."
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