dimanche 8 mars 2009

LE PCF S’ENGAGE DANS LA PRÉPARATION D’UN CONGRÈS EXTRAORDINAIRE

LE PCF S’ENGAGE DANS LA PRÉPARATION D’UN CONGRÈS EXTRAORDINAIRE

Liberté 62 n°763 - Le 29 Juin 2007-p.3 et 4- Politique

LE PCF S’ENGAGE DANS LA PRÉPARATION D’UN CONGRÈS EXTRAORDINAIRE

Par Jérôme Skalski

Réuni ce vendredi 22 et ce samedi 23 juin place du Colonel Fabien à Paris, le Conseil national du PCF a convoqué un congrès extraordinaire pour les 8 et 9 décembre de cette année.

LA proposition faite par la Direction nationale du PCF programmant la tenue d’un congrès extraordinaire fin 2007 a été approuvée au terme de 2 jours de débats par 73,7 % des délégués présents a indiqué Michel Laurent, membre du Comité exécutif du parti.

Tout doit être examiné et réexaminé

Introduisant le débat et défendant le principe de ce congrès, Marie- George Buffet, secrétaire nationale du PCF, a invité les communistes à ouvrir une réflexion "sans tabou" sur les causes de l' «échec» électoral du parti et son «déclin». "Tout doit être examiné, réexaminé, sans tabou, ni a priori" a-t-elle affirmé. Marie-George Buffet a également plaidé pour un "débat d'idée" à mener "dans la durée" pour préparer une "contre-offensive idéologique" et parvenir à un "projet alternatif".

Mise en place d’une commission d'animation du débat

Les délégués ont également adopté à 77 % la proposition de la direction de constituer une "commission d'animation du débat", pour préparer ce congrès. La question d'un changement de direction, envisagée par Marie- George Buffet pour la fin de cette année au lendemain de l’élection présidentielle a été reportée a XXXIVe congrès prévu fin 2008.

Un congrès en plusieurs étapes

Le relevé des décisions prises par le Conseil national définit plusieurs étapes dans la préparation du congrès de décembre. D’ici le mois d’octobre, "un questionnaire sera adressé à tous les membres du PCF visant, explique le texte, à mieux appréhender leur point de vue", "la rédaction de contributions communistes" étant "encouragée". "De même, poursuit-il, à l’échelle nationale comme locale la création d’espaces d’échange et de confrontation, de forums ou groupes de travail initiés par le parti communiste ou d’autres favoriseront la participation de tous les communistes, de tous les progressistes qui le désirent à cet effort partagé".

Un collectif désigné par le Conseil national étant en charge d’animer cette phase de préparation du congrès extraordinaire, début octobre, seront déterminées plus précisément ses formes et ses modalités.






"CE QUE PROPOSE LA DIRECTION NATIONALE EST EN DEHORS DE TOUTE RÉALITÉ"


De retour de la réunion du Conseil national qui s’est déroulée vendredi et samedi derniers à Paris, Cathy Apourceau, secrétaire de la fédération PCF du Pas-de-Calais répond aux questions de Liberté 62.

• Liberté 62 : "Suite aux élections présidentielles et législatives, la direction nationale du PCF vient de proposer d’engager un débat et une réflexion "sans a priori" et "sans tabou". Que pensez-vous de cette proposition ?"


Cathy Apourceau – "Je suis de celles et de ceux qui pensent qu’il faut, effectivement, avant toute chose, engager un vrai débat dans le Parti, un débat ouvert, franc et sans complaisance sur les erreurs stratégiques qui nous ont mené droit dans le mur.

L’affaiblissement réel du Parti doit nous faire réfléchir sur notre avenir et non pas nous replier une nouvelle fois dans une analyse simpliste, surfaite, rejetant la responsabilité sur les autres. Bien évidemment, les grands médias, le bipartisme consécutif au quinquennat et au renversement du calendrier électoral sont en partie responsables de la situation actuelle mais cette réalité n’explique pas tout."


• Liberté 62 : "Que pensezvous de l’idée de programmer dans cette perspective la tenue d’un congrès extraordinaire en décembre prochain ?"


Cathy Apourceau – "Je crains que l’annonce d’un congrès extraordinaire qui plus est, à la va-vite, ne favorise pas le débat en profondeur. Une très large majorité des adhérents de notre fédération s’opposent à ce congrès extraordinaire et ceci pour trois raisons essentielles : d’un point de vue tactique, d’un point de vue stratégique et d’un point de vue financier. Deux choses doivent primer : d’une part l’unité des communistes et d’autre part la volonté de redonner au militants communistes des armes pour mener la bataille idéologique face à Nicolas Sarkozy et au Medef. Dans le cadre des élections législatives, c’est notre ancrage local qui nous a permis de sauver les meubles et certainement pas notre stratégie. Là où nous avons peu d’ancrage et là où nous sommes en état de faiblesse d’organisation, c’est l’effondrement ! Et que nous propose-ton de faire ? Deux congrès, l’un à l’automne et l’autre un an plus tard. Une nouvelle fois ce que propose la direction nationale est en dehors de la réalité. Dès septembre, chaque fédération, chaque section va préparer municipales et cantonales. Ouvrir un congrès à la veille de ces élections importantes pour notre ancrage local est une aberration, une erreur tactique et une source de division.

Enfin, deux congrès alors que les finances du Parti sont au plus mal, c’est un luxe ! Un seul congrès après les municipales aurait amplement suffit pour définir une stratégie qui nous conduise à la reconquête de l’électorat populaire et nous permette dans la sérénité et avec détermination de mener la lutte et de préparer les échéances des européennes en 2009 et des régionales en 2010. "


• Liberté 62 : "Certains membres du PCF avancent l’idée d’une recomposition politique "à gauche de la gauche" dans le sens d’une continuation de l’inspiration fondamentale de la stratégie dite "unitaire". Est-ce souhaitable ?


Cathy Apourceau – "Nos reculs idéologiques de congrès en congrès nous ont désarmés face à la bataille menée contre notre peuple par la droite et le patronat. Apparaissons-nous encore comme anticapitalistes ? Comme porteur d’un projet de société alternatif au capitalisme ? Malheureusement, je ne le pense pas. Et c’est là, une des principales sources de nos maux : nous sommes devenus, pour la plupart des gens, un parti comme les autres. Nous ne créons plus l’espoir dans une société nouvelle débarrassée de l’exploitation capitaliste et nos abandons idéologiques successifs nous font apparaître comme étant tout juste bons à panser les plaies du capitalisme.

L’avenir du Parti et l’efficacité de notre lutte en faveur des travailleurs, des chômeurs, des jeunes et des retraités n’est pas dans le réformisme. Les gens préfèrent toujours l’original à la copie et c’est une des raisons essentielles du vote utile en faveur du PS qui plombe en permanence nos résultats à chaque élection nationale. Où est passée notre originalité ? Notre identité ancrée dans la transformation radicale de la société ? Je pense que depuis des années elle se sont diluées dans un consensus sans aucun véritable bilan, sans aucune remise en cause réelle de nos stratégies passées. Il nous faut d’urgence les retrouver."

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